Évaluer un individu ne dit pas grand chose sur le collectif
Comme je l’indiquais hier,
mesurer la performance individuelle n’a pas grand sens, et peut même être
dangereux en masquant les effets de système.
Tout personne qui prend le temps d’analyser le fonctionnement des
entreprises, ne peut qu’être d’accord avec cette affirmation – elle risque même
probablement de la trouver triviale –, mais alors pourquoi tant de primes
individuelles, tant de carottes personnelles ?
D’autant que, comme j’ai déjà eu
l’occasion de le dire1, l’esprit de compétition et le développement
de « carottes » sont contreproductives : elles ne fonctionnent
réellement que pour des tâches simples, élémentaires et non dépendantes des
autres. Connaissez-vous beaucoup de telles situations ?
Pourquoi continuer ainsi ?
Par conformisme ? Par paresse ? Ou alors par expérience ? Mais
cela voudrait dire que les expériences en entreprise viennent contredire toutes
les analyses et recherches faites de par le monde. Étrange, non ?
Je repense aux fourmis et aux
abeilles dont je parlais début septembre2, et à l’émergence de
l’intelligence collective. Est-ce qu’il nous viendrait l’idée de mesurer la
performance d’une fourmilière à l’aune de celle d’une fourmi, ou de considérer
que la force d’une ruche est la multiplication de la force d’une abeille par le
nombre d’abeilles ? Non, n’est-ce
pas ? Nous savons que c’est la collaboration entre les individus, et la
bonne répartition des tâches qui font la force collective.
Mais bien sûr, nous ne sommes ni
des fourmis, ni abeilles, et chacun d’entre nous est infiniment plus
intelligent que ces êtres si petits et si primaires. Certes, je n’en
disconviens pas.
Mais ce qui est vrai pour une
fourmilière ou une ruche, est vrai pour une entreprise : la performance
collective n’est pas l’addition des performances individuelles. Et le système
collectif permet l’émergence de nouvelles propriétés, ou ne le permet pas… et
c’est cela qui compte et qu’il faut évaluer…
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