Savoir prendre son temps - Le management par émergence (9)
Dernier point nécessaire à une
émergence efficace : le rythme.
Pourquoi ce thème et pourquoi
avoir choisi de terminer par lui ?
Précisons d’abord ce que
j’entends par « rythme ». Je mets un double sens derrière ce
mot : c’est la capacité, à la fois, à ajuster dynamiquement la vitesse à
ce que l’on fait (1) , et à agir au bon moment.
Or si l’on n’y prête pas garde,
les vagues tourbillonnantes de l’incertitude nous poussent d’une part à la
précipitation, et à la confusion entre vitesse et efficacité, mouvement et
concrétisation, d’autre part à l’action immédiate, au passage brutal de l’idée
à la réalisation, de la pensée à l’agir.
Est-il bien utile que je revienne
une fois de plus sur les dégâts de l’hystérie actuelle, et du rapport maladif
entretenu avec le temps. Car, enfin, comment imaginer que l’on peut réfléchir
vite à long terme ? Comment ne pas voir que, s’il suffisait de courir pour
mieux réussir, toutes les entreprises seraient agiles, puisque je n’y vois plus
que des gens qui courent ?
A l’inverse, je ne pousse pas non
plus à la sieste généralisée, ou à différer sans cesse ce que l’on peut faire
maintenant.
Non, je me fais l’apôtre de ce
que j’appelle « la paresse vertueuse » ! Qu’est-ce que je veux
dire par là ?
J’emploie volontairement le mot
provocateur de « paresse », car je suis convaincu qu’il faut
maintenant développer un esprit de résistance face à la violence des énergies
en cours, à la turbulence des remous de l’incertitude et à la folie collective.
C’est le pied sur le frein qu’il faut conduire, compte-tenu de la pente
naturelle des systèmes et des organisations.
J’y accole immédiatement le mot
de « vertueuse », pour ne faire l’apologie de l’inaction et du
laisser-faire : le lâcher-prise n’est pas le laisser-faire, il est tout le
contraire.
Le lâcher-prise est l’attention
portée aux courants en place, à la sensation de ces moments où vouloir agir ne
servirait à rien, et au contraire de ceux où l’action est démultipliée.
Le lâcher-prise est le refus de
se laisser emporté par ce qui n’est qu’une agitation inefficace, qu’une
dispersion d’énergies, un bruit ambiant.
Le lâcher-prise est la volonté de
se poser pour réfléchir, regarder et comprendre.
Voilà donc terminé, ce tour rapide et superficiel sur ces six points qui conditionnent, selon moi, l’émergence efficace, à savoir le lien action/mer, la paranoïa optimiste, la facilité, le flou, la confrontation, et le rythme.
Pour terminer cette série sur le
management par émergence, j’en viendrai demain à comment le mettre en œuvre
concrètement…
(à suivre)
1 commentaire:
Je partage ton analyse que l'on pourrait appliquer à tous les "champs"...Et il me semble utile de rappeler que la paresse est le plus vieux métier du monde...Qu'ensuite les impératifs que se sont imposés les hommes fassent loi et assignent un rythme (et des cadences infernales...)là est le problème.Il est donc bon de revenir aux fondamentaux et revoir de temps en temps ,comme tu le fais,de façon équilibrée en usant de ce concept de "paresse vertueuse" pour faire contrepoids ux jugements radicalisés.L'injonction biblique"tu travailleras à la sueur de ton front" a finalement pénalisé la paresse comme vice...il est urgent de revenir à des choses plus nuancées...Merci Robert
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