25 sept. 2009

MALGRÉ TOUT, ON ARRIVE QUAND MÊME À SE COMPRENDRE… PARFOIS


La compréhension émerge (suite)

Plus ma mémoire est riche, plus j'ai le souvenir de mes interprétations passés, plus le nombre d'interactions possibles entre tous ces souvenirs et le présent tel que perçu est grand, plus ma compréhension pour être riche. Ainsi elle se construit progressivement au cours de la vie et se sophistique de plus en plus. A tel point que, face à certaines situations, nous savons avoir compris.

Le plus souvent, il ne suffit pas de comprendre soi-même, mais il faut faire partager cette compréhension à un tiers.

Pas facile, quand cette compréhension a émergé et n'est pas le résultat d'un raisonnement simple. Si comprendre se résumait toujours à « Je comprends pourquoi 0+0=0 », ce ne serait pas trop compliqué à expliquer (Quoique… Essayez d'expliquer simplement à quelqu'un pourquoi 0+0 = 0…). Mais ce que nous avons à comprendre est toujours plus complexe.

Souvenir de ce dirigeant pour lequel je travaillais et qui m'avait posé la question suivante : « Pouvez-vous me préciser pourquoi vous voyez cette évolution pour notre marché ? ». 
Comment répondre à cette question ? Comment expliquer d'où me venait la compréhension de la situation et la conviction qui s'en est dégagée ? Un seul moyen : avoir compris que je ne comprends pas « logiquement », mais par « émergence » et l'avouer à mon interlocuteur.
« Je sens que vous avez envie que je vous démontre la solidité de ce que je viens de vous dire, lui répondis-je. L'idéal serait un bon enchaînement logique qui, à partir d'une analyse de la situation actuelle, de prévisions de marché et des actions des concurrents, montrerait ce qui va arriver. C'est bien cela ?
- Oui, vous formulez plus précisément ma pensée, mais c'est bien ce que j'attends de vous.
- Désolé, mais cela ne va pas être possible. Par contre, ce que je peux faire, c'est vous exposer l'ensemble des faits que j'ai réunis, sur votre position actuelle, sur des futurs possibles, sur des hypothèses d'actions des concurrents, sur l'évolution de la société en général. Puis tâcher de vous faire percevoir comment j'en suis arrivé à la conviction que je viens de vous exprimer, il y a quelques minutes. Mais cela reste une conviction, et non pas une certitude. »


Comment alors arriver à bâtir ces compréhensions communes qui vont être indispensables au moment de l'action ? Pas de recettes miracles malheureusement. Quelques conseils simplement :
-    Savoir que la compréhension commune est un but indispensable à atteindre et en même temps illusoire,
-    Toujours faire partager les faits de base sur lesquels repose sa compréhension : c'est le seul moyen d'espérer une compréhension commune émerge.
-    Se confronter sur l'analyse de ces faits pour synchroniser au mieux les interprétations 
Malgré toutes ces difficultés, il est possible de construire des compréhensions communes car, comme l'écrit Wittgenstein  : « Il serait étrange de dire : La hauteur du mont Blanc dépend de la manière dont on le gravit ». Donc on doit pouvoir arriver à se mettre d'accord, le pire n'est pas certain !

2 commentaires:

pascal a dit…

Bravo pour vos analyses qui me passionnent tous les matins. En fait surtoût parce que vous traduisez plus clairement ce que je sens confusément depuis très longtemps. Sur les bases communes, j'avais une expression raccourcie:" le mariage est souvent une définition de language commune qui permet de se comprendre sur l'essentiel". Pour preuve (?) en fin de relation, ce qui faisait la complicité et le plaisir de se retrouver, le suggéré et la compréhension muette, devient la raison de l'affrontement sur la base de l'incomprehension voulue ou non. Ex:"passe moi le sel s'il te plait" phrase totalement intelligible et neutre devient le sujet d'affrontement par le célèbre "t'as vu comment tu me parles ?". Communiquer c'est éventuellement avoir un discours de base et des définitions de vocabulaire communes. La première cause de suicide n'est pas le mal d'amour mais le suicide des personnes qui ne comprennent plus le monde dans lequel ils vivent. Les codes ont changé. Il serait bon d'apprendre très tôt, non pas à évoluer, mot unpeu trop galvaudé, mais, à être mobile dans sa vie et ses idées rester curieux et ouvert avec le droit de ne pas apprécier ce qui est présenté mais toujours avec une volonté de comprendre le discours de l'autre. A bientôt. Pascal

Robert Branche a dit…

Merci pour ce commentaire très pertinent et complémentaire.