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12 déc. 2011

APPLIQUER À SOI-MÊME CE QUE L’ON RECOMMANDE AUX AUTRES

De la sécurité des actions à celle des processus de décision
Il y a quelques jours à l’occasion d’une visite dans une usine, j’ai vu, inscrites sur un tableau, trois risques développant l’insécurité :
-        Inattention du regard,
-        Perte d’équilibre,
-        Mauvaise ligne de tir
Le directeur de l’usine m’expliqua alors ces trois points : « Tout d’abord, si l’on regarde trop vite ou mal, on va prendre les mauvaises décisions et faire courir des risques pour soi-même et pour les autres. Ensuite, avoir une mauvaise assise, c’est souvent provoquer une chute, et un accident. Enfin, ne pas viser là où il faut, c’est ne pas se préoccuper des bonnes choses ».
Amusant comme ces trois règles de sécurité rejoignent ce que je crois être celles d’un bon diagnostic ou d’un bon processus de prise de décision :
-        Si l’on n’a pas un regard attentif, si l’on procède par zapping, on restera à la surface de la situation et on n’en percevra pas la vraie dynamique.
-        Si l’on n’a pas une bonne assise personnelle, on ne va pas suffisamment lâcher prise.
-        Si l’on est distrait ou si l’on n’est pas focalisé dans la bonne direction, on se trompera de sujet.
Les dirigeants devraient intégrer plus dans leurs propres processus de décision, les règles de sécurité qu’ils promeuvent dans leurs usines…

18 mai 2011

TROUVER DES TRUFFES EST UNE AFFAIRE D’ATTENTION

On ne peut pas comprendre seulement en se promenant le nez en l’air…
Une fois le vide fait, une fois que l’on s’est préparé à observer une situation sans a priori, telle qu’elle est, pour pouvoir comprendre, comment arriver à comprendre vraiment une situation ?
Sur ce thème, en introduction du chapitre consacré à comment « être intensément intensif », j’écrivais dans les Mers de l’incertitude :
« Chercher des truffes, c’est voir un spectacle de prestidigitation. Au départ, il n’y a rien, juste des chênes, de la terre et quelques plantes éparses. Et puis quelques secondes après, grâce à l’odorat du chien et au talent de son maître, les truffes sont là. Comme un lapin sorti du chapeau !
Je pourrais marcher pendant des heures au milieu des chênes truffiers, même à quatre pattes, je n’en trouverais pas une. Et pourtant elles sont bien là, cachées dans le sol, à quelques centimètres de moi. Pour le chien, c’est facile, évident. Il détecte l’odeur, arrive à la repérer parmi le bruit ambiant et fonce sur la truffe. Quelques coups de pattes et il s’arrête.
La truffe n’attend que d’être révélée… par le bon passeur : celui qui sait repérer ses effluves et les distinguer des autres, celui qui sera aussi assez patient pour attendre le bon moment. Trop tôt : la truffe n’est pas mûre et ne sent pas, donc impossible de la trouver. Trop tard : elle aura pourri et sera sans intérêt. Trouver des truffes est une affaire d’attention, mais pas celle de l’attention superficielle de l’humain en train de marcher au milieu des arbres, il faut celle, intense, du chien qui se déplace lentement, le nez (sa truffe !) soit au ras du sol, soit aux aguets du moindre effluve porté par le vent.
Comme le disait Henri Poincaré dans Sciences et méthodes : « Ce que le vrai physicien seul sait voir, c’est le lien qui unit plusieurs faits dont l’analogie est profonde, mais cachée ». »
(à suivre)

7 avr. 2011

DIRIGER AVEC PARCIMONIE, RESPECT DU PAYSAGE, ET MANAGEMENT EFFICACE

Un management efficace a à voir avec l’art de faire des murs en pierres sèches
Agir pour un dirigeant, c’est construire des murs en pierres en sèches, c’est-à-dire dessiner les lignes qui vont structurer le paysage, tout en se fondant dans son histoire.
Pourquoi cette métaphore ? Pas seulement parce que je construis effectivement des murs en pierres sèches, mais parce qu’elle illustre de façon multiple ce qui me semble de plus en plus essentiel dans le management :
1. Le changement brutalise les organisations et les hommes, il doit être mené avec parcimonie et discernement
Une organisation aussi complexe qu’une grande entreprise implantée sur tous les continents, suppose beaucoup de continuité pour fonctionner efficacement. C’est à cette condition que les hommes pourront se connaître, que les cultures diverses et multiples pourront contribuer à l’émergence de la culture de l’entreprise, que les clients apprendront, eux-aussi, à connaître et apprécier l’entreprise.
Je vois trop de dirigeants qui imaginent que la performance sortira de la brutalité et du changement constant. C’est l’inverse. C’est la stabilité et la persistance qui amènent la performance. Le changement est un mal nécessaire qui doit se mener doucement, comme on dessine un nouveau mur en pierres sèches dans un paysage.
2. Il y a dans le passé de l’entreprise des choses apparemment simples et qu’il ne faut pas oublier
Aucune entreprise n’a réussi par hasard, et rien de ce qui existe aujourd’hui n’a été fait sans raison. Il est important de garder vivantes les recettes de ce succès, ces tours de mains si vite oubliés. Les repérer n’est ni simple, ni évident, car elles font tellement partie du patrimoine de l’entreprise qu’on peut très bien ne plus les voir.
Si une entreprise ne s’appuie pas sur son passé,  elle va s’épuiser dans une innovation constante et coûteuse(1). Il est encore pertinent de se servir des pierres pour faire des murs, faut-il encore savoir comment les construire…
3. Il est nécessaire de faire simple, mais ce n’est pas facile
La simplicité est source d’efficacité tant en interne – meilleure compréhension mutuelle, moindre consommation d’énergie, plus de fluidité – qu’en externe – moindre coût marketing, plus grand impact –. Mais il n’est pas facile de l’atteindre. C’est le fruit d’une intelligence progressive qui va élaguer ce qui peut l’être, trouver le geste efficace.
Elle suppose une compréhension en profondeur et donc de prendre son temps. Il n’est pas si facile de comprendre comment on construit un mur aussi simple qu’un mur en pierres sèches…
Voilà pourquoi j’ai raconté cette semaine cette histoire de murs en  pierres sèches(2)
(1) Le succès de L’Oréal repose notamment sur sa capacité à ne jamais accepter de voir disparaître un de ses produits phare. Elnett, Ambre Solaire ou Elsève sont toujours là…

8 déc. 2010

TRAVAILLE-T-ON À SON BUREAU ?

Une conférence qui remet la notion de travail en perspective

Jason Fried, dans une conférence qui vient d'être mise en ligne sur TED.com (voir l'intégrale ci-dessous) porte un regard intéressant et amusant sur les conditions de travail au bureau. Il commence avec cette question « simple » : "Pourquoi toutes les entreprises dépensent-elles autant d'argent pour créer et équiper des bureaux, alors que, quand on interroge quelqu'un sur l'endroit où il veut aller pour réellement faire quelque chose, il ne répond jamais 'son bureau' ? »

Voici un florilège de cette conférence :

« Vous n'avez plus jamais une journée de travail, vous avez des moments de travail. »

« A cinq heures de l'après-midi, vous réalisez que vous n'avez pas fait grand chose. (…) J'étais au travail, assis à mon bureau ; je me suis servi de mon ordinateur dernier cri et du nouveau logiciel pour lequel j'ai été formé. Je suis allé aux réunions auxquelles je devais assister. J'ai eu des conférences par téléphone. J'ai fait des choses, mais je n'ai rien accompli de vraiment important. »

« Vous êtes comme quelqu'un qui, quand il se lève le matin, se dit : je n'ai pas bien dormi. J'ai fait ce qu'il fallait, je suis allé au lit, je me suis couché, mais je n'ai pas vraiment dormi. On dit que l'on va dormir, mais, en réalité, on ne va pas dormir, on s'en rapproche et cela prend un moment. (…) Aussi comment bien dormir si l'on est interrompu tout le temps ? (…) Alors pourquoi s'attendre à ce que les gens travaillent bien au bureau alors qu'ils y sont tout le temps interrompus ? »

« Toutes les discussions et décisions que vous pensiez avoir à prendre à 9 heures du matin le lundi, oubliez-les simplement et tout ira bien. Les gens auront le matin libre, ils pourront vraiment réfléchir, et vous verrez que peut-être tout ce que vous aviez prévu de faire, vous n'aviez pas vraiment à le faire. »


24 juin 2010

SAVOIR TROUVER LES TRUFFES

Être intensément attentif

Chercher des truffes, c'est voir un spectacle de prestidigitation. Au départ, il n'y a rien, juste des chênes, de la terre et quelques plantes éparses. 

Et puis quelques secondes après, grâce à l'odorat du chien et au talent de son maître, les truffes sont là. Comme un lapin sorti du chapeau !

Je pourrais marcher pendant des heures au milieu des chênes truffiers, même à quatre pattes, je n'en trouverais pas une. Et pourtant elles sont bien là, cachées dans le sol, à quelques centimètres de moi. 

Pour le chien, c'est facile, évident. Il détecte l'odeur, arrive à la repérer parmi le bruit ambiant et fonce sur la truffe. Quelques coups de pattes et il s'arrête.

La truffe n'attend que d'être révélée… par le bon passeur : celui qui sait repérer ses effluves et les distinguer des autres, celui qui sera aussi assez patient pour attendre le bon moment. Trop tôt : la truffe n'est pas mûre et ne sent pas, donc impossible de la trouver. Trop tard : elle aura pourri et sera sans intérêt. 

Trouver des truffes est une affaire d'attention, mais pas celle de l'attention superficielle de l'humain en train de marcher au milieu des arbres, il faut celle, intense, du chien qui se déplace lentement, le nez (sa truffe !) soit au ras du sol, soit aux aguets du moindre effluve porté par le vent.

Comme le disait Henri Poincaré : « Ce que le vrai physicien seul sait voir, c'est le lien qui unit plusieurs faits dont l'analogie est profonde, mais cachée »1   

Extrait de mon livre "Les Mers de l'incertitude"

(1) Henri Poincaré, Sciences et méthodes, p.22