Comment relier nos actes et nos croyances sur nos actes (Neurosciences 13)
Savoir que l’on ne sait pas n’est
pas surprenant. Mais savoir que l’on devrait savoir alors que l’on ne sait plus
est déjà plus étrange. Et enfin, savoir quelque chose, tout en sachant que l’on
n’est pas si sûr que cela de le savoir, devient un peu complexe, non ?
Voilà pourtant le cheminement de
notre métacognition.
Posons d’abord quelques
définitions, ce qui est toujours utile pour être sûr de savoir de quoi on
parle :
-
Cognition
: l’ensemble des processus mentaux qui nous permettent de traiter des informations
(internes ou externes),
-
Métacognition:
l’ensemble des connaissances et des croyances que nous possédons sur nos
propres processus cognitifs (passés, présents ou futurs), ainsi que les
processus qui permettent de les manipuler.
-
Méta-mémoire:
nos connaissances et nos croyances sur nos processus de mémorisation et de
récupération en mémoire
-
Introspection
(littéralement le regard intérieur) : Capacité d’accéder consciemment à nos
opérations mentales, et de les rapporter à nous-mêmes ou à autrui
Sur ces
bases, Stanislas Dehaene présente un début de cadre théorique de la
métacognition (1), qui distingue :
- Les opérations mentales ou représentations,
- Les méta-représentations, c’est-à-dire les connaissances que l’on a de ses représentations,
- Le contrôle métacognitif qui va des méta-représentations vers les représentations, et assure une fonction de contrôle des représentations
- L’introspection qui va des représentations aux méta-représentations et assure une fonction de régulation pour vérifier que les méta-représentations ne dérivent pas, d’où le nom aussi de « metacognitive monitoring ».
Tout
ceci peut sembler en première lecture compliqué et obscur.
Pour le
rendre plus lisible, je vais l’appliquer au cas de l’entreprise :
- Les opérations, c’est-à-dire la réalité de l’entreprise, ce qui se passe concrètement dans les usines, chez les commerciaux, dans les laboratoires…
- La Direction Générale qui se fait une idée de ce qui se passe dans l’entreprise, et correspond aux méta-représentations,
- Les actions et décisions de la Direction Générale qui cherchent à piloter les opérations (ceci incluant la stratégie, les tableaux de bord, les arbitrages…), ce qui correspond au contrôle métacognitif
- Les fonctions d’audit et les tableaux de bord qui cherchent à remonter vers la Direction générale la réalité des opérations, ce qui correspond à l’introspection
Tout
devient plus clair, comme cela, et donne envie de continuer à suivre le cours
de Stanislas Dehaene, non ?
(à suivre)
(1)
Repris de Nelson, T.O. & Narens, L. (1990). Metamemory: A theoretical
framework and some new findings. In G.H. Bower (Ed). The Psychology of Learning
and Motivation, 26, 125-173. New York: Academic Press