Lit, fauteuil, eau.
Couché, assis, nageant.
Jour après jour,
Métronome du temps.
Jalons identiques,
Monotonie des successions,
Plaisir hypnotique,
Suspension du temps.
Ne rien changer,
Ne rien attendre.
Vivre arrêté,
Vive en dehors du temps.
Viens là, oui là.
Contre moi, tout contre moi.
Et toi, toi aussi
Closer to you
Marée humaine,
Fourmilière,
Chaleur humaine.
Closer to you.
Glisser sur la vie,
Rebondir l’un sur l’autre,
S’aider et se combattre.
Closer to you
Tu cours plus près de moi.
J’ai peur et envie,
Peur et envie de toi.
Closer to you…
Bloqué,
En boucle sur moi-même,
Impossible d’en sortir.
Changer de lieu,
Me décentrer,
Me voir du dehors.
Jouer des rencontres,
Réapprendre à regarder,
Savoir s’émerveiller.
Pour enfin me rasseoir,
Apaisé et serein,
Et boire à la vie qui coule.
Étroit, ondulant, séduisant.
Une piste ocre vers un ailleurs.
Un inconnu aujourd’hui lointain.
De chaque côté, le vide.
Ne pas trembler, ne pas faillir.
Pour ne pas tomber.
Et survivre un peu plus.
Demain, je verrai bien.
Demain, j’aurai avancé.
Demain, je serai là-bas.
Là où je ne suis pas.
Pas encore…
(inspiré par le site de Pai Canyon où ont été prises ces photos)
À gauche, à droite.
Sans cesse.
L’un après l’autre.
Sans fin.
Où est la raison,
Où est le sens,
De cet enchaînement,
De ce désordre.
À gauche, à droite.
Sans cesse.
L’un après l’autre.
Sans fin.
Né par hasard et pour rien,
Échappé d’une rambarde,
Sauvé d’un coup de volant,
Je reste sans direction.
À gauche, à droite.
Sans cesse.
L’un après l’autre.
Sans fin.
Avance, continue,
Laisse le sens émerger.
Approche-toi des autres.
Eux, ils savent.
Peut-être…
(inspiré par la route entre Chiangmai et Pai : 80 km et 762 virages)
24 décembre 2004,
Un mur d’eau balaie tout.
Plus de cinq mille morts en Thaïlande.
Sur la plage de Patong,
Hôtels, restaurants, bars
Tous détruits.
De longues années,
Pour panser les plaies,
Reconstruire,
Revivre.
Janvier 2020,
Une pandémie s’abat.
Plus de trente mille morts en Thaïlande.
Sur la plage de Patong,
Hôtels, restaurants, bars
Tous fermés.
Pendant trois ans.
Aujourd’hui,
Tout reprend.
Mais tout ce que j’ai connu a disparu.
Debout, verticaux, inertes.
Seuls, leurs bras bougent.
Un peu.
Aucun ne nage.
À quoi bon ?
Ne leur manquent que des verres.
Quelques toasts aussi peut-être.
Un barman sûrement.
Incomplétude.
Manque.
Les bières sont loin.
La mer à quitter,
La sable à traverser,
L’échoppe à atteindre.
A quoi bon ?
Je les regarde.
Perplexe.
Je les traverse,
M’écarte d’eux,
Et nage au loin.
Musique
Gauche ou droite,
S’arrêter ou avancer,
Comment savoir ?
Néglige le flux,
Ferme les yeux,
Crois aux sons.
La musique dit le vrai,
La musique montre la voie,
La musique est là pour toi.
Trouve une chaise,
Assieds-toi comme tu peux,
Oublie le reste.
Music
Left or right,
Stop or go,
How to know?
Forget the flow,
Close your eyes,
Trust your ears.
Music tells you the truth,
Music shows you the way,
Music is there for you.
Find a chair,
Sit where you can,
Enjoy the moment.
Regard de dupes, tromperies.
Pai, tu te caches derrière des touristes anonymes.
Tes rues se sont remplies d’hôtels, de restaurants et bars.
Tes street food n’ont plus le goût du passé.
Je marche à la recherche de ce que j’ai perdu.
Et pourtant quand le jour se tait,
Quand l’alcool remplit mon verre,
Quand je glisse dans un bar obscur,
Quand l’odeur d’une herbe prohibée,
Quand le son d’un rock éraillé me heurtent,Quand autour de moi, les sacs à dos sont de retour,
Je te retrouve.
Allongé plus qu’assis,
Ta main fouille ma nuque,
La musique enivre nos corps.
Prélude à ce qui adviendra.
Dans un moment,
Dans plusieurs.
Savoir attendre,
Laisser mijoter,
Cuire et recuire.
Ta main, tes doigts, ta bouche.
Et la musique.
Encore et encore.