19 nov. 2013
L’ENTREPRISE, UN EMBOÎTEMENT COMME UN AUTRE
14 nov. 2013
LA NAISSANCE DU « NOUS »
13 nov. 2013
DÉCIDER EN FONCTION DE CE QUE L’ON A VÉCU
3 oct. 2013
SANS DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE, PAS DE SURVIE COLLECTIVE
Sans diversité, pas de performance globale... (3)
La diversité est donc un élément essentiel pour garantir la performance collective : sans elle, pas de flexibilité, pas d'adaptation rapide à un changement dans l'environnement. Dans le processus qui, à partir de plusieurs, donne naissance à un nouvel être, doté de l'esprit de la ruche, le fait que ces plusieurs soient différents est important.
Mais donc, faut-il que cette diversité soit innée, c'est-à-dire que les abeilles soient génétiquement diverses, ou suffit-il qu'elle soit acquise, suite aux différences entre les expériences individuelles vécues ?
Poursuivant son émission consacrée au rôle du renouvellement permanent de la diversité, Jean-Claude Ameisen relate les expériences qui se sont déroulées depuis les années 2000, et qui ont démontré que la différence génétique était essentielle.
L'expérience la plus frappante est celle menée par Heather Mattila et Thomas Seeley (1). Ils ont comparé l'évolution au moment critique de la naissance d'une nouvelle ruche : qu'advient-il si la colonie provient d'une reine ayant été inséminée par un seul mâle, versus une où elle a été inséminée par quinze mâles différents ?
La réponse est sans appel :
- Au bout de deux semaines, les colonies issus d'un patrimoine génétique plus divers ont construit un tiers de rayons de cire en plus, et les butineuses y ont collecté 40% de réserves supplémentaires,
- Au bout d'un mois, lorsque la floraison est maximum, le nombre des ouvrières des colonies génétiquement diverses est multiplié par trois, versus une augmentation de seulement 50% pour les autres,
- Fin août, une baisse de température provoque la disparition de la moitié des colonies génétiquement homogènes, alors que toutes les autres survivent.
- À la fin de l'hiver, toutes les colonies génétiquement homogènes ont disparu, alors qu'un quart des autres ont réussi à survivre et seront toujours en activité au printemps.
Ainsi l'évolution est sans pitié, et élimine ce qui est génétiquement homogène : c'est bien la diversité des gènes qui apporte la puissance à l'esprit de la ruche. Être confronté à des expériences diverses ne suffit pas : si l'on est initialement homogène, on ne sait pas en tirer parti... et l'on disparaît.
Et dire que d'aucuns dans nos sociétés ont peur de la diversité, et voudraient cloisonner le monde...
(à suivre)
(1) Genetic in Honey Bee Colonies Enhances Productivity and Fitness, Heather R. Mattila, Thomas D. Seeley, July 2007
2 oct. 2013
LA PERFORMANCE COLLECTIVE SUPPOSE DES DIFFÉRENCES
Pour nous, animaux à sang chaud, nous avons notre propre système de régulation de la température, et nous sommes capables de nous adapter par nous-mêmes aux variations extérieures, du moins tant que celles-ci restent à l'intérieur de certaines limites. Nous sommes en quelque sorte "auto-climatisé".
Rien de tel avec les abeilles. Or il est vital de maintenir la zone centrale de la ruche, là où se trouvent les larves, le plus proche possible de 35° C. Alors les voilà qui ventilent si la température au sein de la ruche devient trop élevée, ou vont chercher de l'eau pour qu'elle s'évapore. Si jamais c'est l'inverse, et que le centre est trop froid, elles frissonnent pour produire de la chaleur. Comment ceci est-il possible ? Parce que les abeilles sont "programmées" pour agir ainsi : dès que la température dépasse une certaine valeur, elles ventilent ; dès qu'elle devient inférieure, elles frissonnent. Efficace et simple.
Certes, mais imaginez que toutes les abeilles réagissent exactement à la même température de déclenchement : d'un seul coup, toutes les ouvrières ventileront ou frissonneront, et la température variera brutalement et de façon trop importante. Par exemple, si elles ventilent toutes ensemble, la température va devenir rapidement trop basse. Alors toutes ensemble, elles vont se mettre à contracter leurs muscles pour élever la température. Et cette fois, elle redeviendra trop élevée... Ainsi la température oscillera sans cesse, et les ouvrières n'auront jamais de repos, ne pourront jamais rien faire d'autre, et mourront d'épuisement.
Ce n'est pas ce qui se passe, car, parce que toutes les abeilles ne sont pas identiques, elles n'ont pas exactement la même température de déclenchement : au départ, seules, quelques-unes vont intervenir. Si c'est suffisant, les autres n'interviendront pas. Si c'est insuffisant, le nombre d'abeilles intervenant augmentera progressivement. Et ainsi la température est efficacement régulée.
Mais ceci vient-il d'un processus d'adaptation et d'apprentissage, ou est-ce génétique ?
Ou formulé autrement, la performance collective suppose-t-elle une hétérogénéité structurelle et initiale, ou peut-elle être issue d'individus initialement identiques, et qui ont appris à être complémentaires ?
(à suivre)
1 oct. 2013
LA PUISSANCE COLLECTIVE NAÎT-ELLE DES SIMILITUDES ?
Qu'est-ce qui ressemble plus à une abeille à miel que sa sœur voisine ? Impossible de les distinguer. Pour nous, elles ne sont que des clones, et la force de la ruche vient précisément de cette unicité : une seule mère, toutes sœurs, toutes identiques.
Aucun conflit potentiel, pas d'étranger à surveiller, chacune n'a qu'un seul et même objectif : contribuer à la puissance du groupe. De la petitesse de chacune prise isolément, grâce à la merveille du collectif, naît ce que l'on appelle "l'esprit de la ruche". C'est la similitude qui permet la puissance du pack...
C'est ce que l'on a longtemps pensé : une seule reine, un seul patrimoine génétique, une tribu de jumelles parfaites.
Mais en fait, il n'en est rien, car si les abeilles ont bien une seule mère, elles n'ont pas le même père : lors de son vol nuptial, la reine est fécondée par une vingtaine de mâles, ce qui garantit une diversité génétique.
Mais est-ce si important, ou n'est-ce pas plutôt une source de faiblesse ? Une ruche ne serait-elle pas d'autant plus puissante que les abeilles qui la composent sont plus identiques ?
Et la réponse est décoiffante, et apporte comme un vent frais, au moment où tant de racismes latents et de peurs de la différence hantent nos sociétés...
(à suivre)
18 sept. 2013
QUELLE COULEUR UN CAMÉLÉON PREND-IL FACE À UN MIROIR ?
16 sept. 2013
CE QUI EST MERVEILLEUX AVEC « L’ESPRIT DE LA RUCHE », C’EST QUE PERSONNE NE LE CONTRÔLE
21 août 2013
COMPRENDRE CE QUI ÉMERGE ET DIRIGER SANS DÉCIDER
(Article paru le 13 mai 2013)