Histoire de caverne (Saison 4 – Épisode 2)
Coco, chef des gorilles et président de la toute nouvelle CGC (confédération des gorilles et des chimpanzés) déguste son succès, mais commence à se demander ce qu'il va faire de son temps et de son argent. De mon côté, j'ai mandat pour ouvrir des discussions avec Isabella et voir comment l'impliquer dans nos affaires.
« Cela fait bien longtemps, Isabella, commença Jordana.
- Oui, très exactement depuis que tu as choisi de préférer Jacques et de m'abandonner, répondit-elle »
Silence glacial. Je savais que je n'aurais pas dû venir avec Jordana, mais elle avait su s'imposer.
« Nous ne sommes pas là pour parler du passé, Isabella, lui dis-je. Quoiqu'il ait pu se passer, cela ne doit pas nous empêcher de ne pas nous entredéchirer.
- Peut-être… Que proposes-tu au juste ?
- Tout et rien. Tout, parce que nous voulons vraiment trouver une solution. Quand je dis « nous », je parle aussi au nom de Christina. Rien parce que je ne suis pas venu avec un schéma préétabli, mais avec une offre de collaboration, ouverte et sans limites. Je te crois beaucoup trop intelligente pour entrer dans un schéma préétabli. Tu es trop imaginative et épris de liberté pour cela. Au fait, bravo pour ton double coup : m'obliger à reprendre les cinquante cabanes au moment où, à cause de la grève, tous les coûts salariaux explosent, bravo !
- Merci, je savais que tu apprécierais… Mais ce n'est qu'un début… Imagine, par exemple, que je répande l'information que tu es en train de multiplier les billes. Car c'est bien ce que tu es en train de faire pour faire face à tous ces surcoûts non prévus, non ? Donc, imagine que je répande ce bruit et que je suggère à tous de demander à ce que l'on reprenne leurs billes…
- Arrête. C'est pour cela que je suis là. Pour te faire comprendre que tu ne peux pas jouer contre nous comme cela. Qu'à trop remonter les chimpanzés et les gorilles contre les humains, c'est aussi contre toi que tu les remontes. Fais attention à l'effet boomerang. D'autant plus que moi, je ne t'ai jamais voulu de mal.
- Oui, peut-être.
- Allez, je suis sûr que tu as réfléchi et que tu sais ce que tu veux faire.
- Effectivement.
- Alors, dis-moi.
- Non, je ne veux pas te le dire tout de suite. Je vais juste te dire ce que je veux, mais pas ce que je vais faire. Je n'ai pas assez confiance. Pas encore assez.
- OK. Que veux-tu ?
- L'usage de vingt des cinquante cabanes que tu as récupérées, et une option sur les trente autre, option valable pendant six mois. Pour la location des vingt premières, la moitié du prix du marché (1), ce payable annuellement, en fin d'année ; pour le reste, le prix du marché. Une pleine page de publicité dans l'Écho du monde, gratuite pendant un an, page garantie dans chaque numéro. Un accord d'utilisation croisé entre mon réseau de relais sonores, l'Intervox, et ton réseau Internex. Ils sont complémentaires.
- Je ne peux pas te répondre immédiatement, il faut que je consulte mes associés. Mais cela me paraît jouable. »
Pendant tout notre échange, Jordana n'avait rien dit, semblant même regretter d'être venue. Là, elle ne put s'empêcher de marmonner :
« Vouloir récupérer vingt cabanes sans valeur, cela n'a aucun sens.
- Tu verras bientôt si cela n'a aucun sens, Jordie, lui répondit-elle en la fixant »
Ce fut à mon tour de regarder Jordana. Pourquoi Isabelle l'avait-elle appelée Jordie ? Qu'est-ce qui se tramait ? Sans savoir pourquoi, je n'aimais pas trop cela…
(à suivre)
(1) Le prix du marché est fixé par la société d'études et de cotation de Jojo et Paulo. Ils garantissent la sincérité des informations. Tout est basé sur une mesure quotidienne de toutes les transactions. Pour plus d'information, se référer au numéro 212 de l'Écho des Cavernes (prédécesseur de l'Écho du Monde), dans lequel Paulo expose en détail le fonctionnement de tous les indicateurs publiés.
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