2 nov. 2010

ON NE CHANGE PAS DE STRATÉGIE COMME ON CHANGE DE CHEMISE !

La route sera longue et difficile

La marque de vêtements Loft Design by a inscrit sur bon nombre de ses produits : « Art is a dirty job, but somebodys got to do it». C'est un peu la même chose qu'il faut graver de partout dans l'entreprise : « Achieving our goals is a dirty job, but somebody's got to do it » !

Mais pourquoi ne pas juste se laisser glisser paresseusement vers sa mer ? Puisque l'on a choisi la bonne, puisque le chemin est là, puisque les potentiels de situations sont favorables, pourquoi aurions-nous des efforts à faire ? Malheureusement, ce n'est pas si simple : construire la bonne stratégie garantit seulement de pouvoir atteindre la mer, l'existence des potentiels de situations favorables de ne pas s'épuiser en allant à contre-courant. Mais comme le trajet précis est inconnu, comme des concurrents peuvent chercher à doubler, comme des difficultés transitoires vont surgir, il va falloir inventer les solutions en temps réel et trouver des voies pour franchir les obstacles.
Ce sont les débuts qui sont les plus critiques. Un fleuve qui vient de quitter sa source, est petit, faible, et fragile. Il ne peut franchir une difficulté qu'en contournant un rocher ou en accumulant de l'énergie pour repousser une branche. Puis, petit à petit, au fur et à mesure de son avancée, il va gagner en puissance et en force. Seuls de grands obstacles vont le ralentir, mais rien ne pourra l'arrêter : il ira jusqu'à la mer.
Idem pour une entreprise. Les débuts sont les plus dangereux. Aussi ne faut-il pas enchaîner les commencements !

Aussi attention aux allers-retours coûteux :
- En 1980, le cimentier Lafarge entre dans la biochimie au travers de la création d'Orsan, et s'en retire complètement en 1994.
- En 1979, Schlumberger, entreprise spécialisée dans les services pétroliers, prend le contrôle de Fairchild, société spécialisée dans l'électronique et la revend en 1987 ; en 2001, Schlumberger achète Sema, société de services dans l'informatique et la revend deux ans plus tard.
Les « aventures » de la Compagnie Générale des Eaux se transformant en Vivendi pour renaître en Veolia sont un autre cas d' « errance stratégique ».

Extrait des Mers de l'incertitude

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a un avantage à l’exécution d’une mauvais stratégie : Vous apprenez qu’elle est mauvaise rapidement !

On prend souvent exemple de la réussite de Steve Jobs. Toute le monde semble se rappeler ses succès tels que celui de l’Ipod, l’Ipad. Mais Steve Jobs a fait beaucoup d’erreurs stratégiques : Apple III, le Lisa qui a été un flop financier, le Mac cube. Mais comme ironise l’un des ses collaborateurs, « il tire la chasse rapidement lorsque quelque chose le marche pas » ou dit autrement « dans certaines conditions il faut savoir changer de chemise rapidement »

La stratégie n’est pas une œuvre d’art figée pour l’éternité, elle doit juste permettre de faire bouger (pivoter) l’entreprise dans une autre direction en mettant l’accent sur le mouvement.

Patrick Jaulent

Robert Branche a dit…

Je ne crois pas que Steve Jobs n'ait jamais changé de stratégie et les exemples que vous prenez sont des cas de lancement de produits dans le cadre de la stratégie. Ces lancements réussissent ou échouent, et il est important de réagir vite.
C'est par exemple aussi une des grandes forces de L'Oréal qui, sans changer de stratégie, lance continûment de nouveaux produits, parfois avec des échecs.
Pour reprendre la métaphore de mon dernier livre, le fleuve va toujours vers sa mer, mais son cours fluctue.