17 févr. 2011

LES ROIS SONT NUS

Digression dans un neuromonde (fin)
Nous voilà donc entrés dans ce Neuromonde, où, pour reprendre les ruptures mises en avant par Michel Serres(1), nous venons de sortir du Néolithique :
  • Nous n’avons plus de relation physique avec le monde que nous habitons (les agriculteurs ne représentent que 1% de la population),
  • Notre relation avec la vie et la mort change (grâce à la médecine devenue efficace, la durée de vie s’allonge, la douleur est de mieux en mieux contrôlée…),
  • Notre adresse est virtuelle et non spatiale (nous sommes joints par le téléphone mobile et l’email),
  • Nous sommes tous voisins, les uns des autres, et c’est aussi la porte ouverte à de nombreux nouveaux problèmes (l’autre n’est pas gênant tant qu’il est loin),
  • Nous sommes devenus des individus et être ensemble n’est plus naturel (nous ne faisons plus équipe)
  • Le politique et la morale sont à réinventer
Pas étonnant donc que nous soyons dans une crise profonde et qu’un malaise profond flotte tout autour du globe. Ce d’autant plus que tous ces changements se sont produits sans que nous y ayons pris garde. Nous nous réveillons douloureusement dans ce monde nouveau. Nous sommes sortis d’une nouvelle caverne.
Le monde politique n’est pas mieux loti. Il est lui aussi largement désemparé, pris de court, avec une légitimité d’autant plus chancelante que la relation au territoire s’affaiblit. Et comme il est pris dans une course sans fin, il n’a pas le temps de réfléchir : tout homme politique saute de réunion en réunion, de décision en décision, de meeting en meeting, ce d’autant plus qu’il est au pouvoir.
Il serait temps de comprendre que le monde dans lequel nous sommes, ce neuromonde, n’a pas grand-chose en commun avec celui où nous étions nés, que c’est un monde infiniment plus complexe, plus riche et plus incertain, que l’on ne peut plus réfléchir à partir du passé, et que c’est en partant du futur, des mers qui attirent le cours des fleuves, que l’on pourra inventer de nouveaux d’organisation sociale et politique.
Quand on observe ce qui se passe au plan politique, et singulièrement en France - mais pas seulement là -, on voit que, comme on dit, « Ce n’est pas gagné ». Espérons que la campagne présidentielle sera l’occasion d’amorcer un changement.
Sinon, le décalage entre le jeu politique et la réalité sociale va continuer à croître, et, un matin, chacun se lèvera en constatant que « le Roi est nu ». Alors tout deviendra possible, le meilleur… comme le pire…
(1) Voir mon article de ce lundi « Nous avons besoin de nouveaux Robins de Bois »

Aucun commentaire: