Nous ne percevons le monde qu’au travers de notre corps
Nous pensons à travers nos mots1, et nous ne percevons le monde qu’au travers des filtres de nos sens et de notre corps.
Ainsi, si nous pensons que le monde est fait de rouge, de bleu et de jaune, c’est parce que notre système visuel est construit ainsi.
Comme l’écrivait Francesco Varela dans L’inscription corporelle de l’esprit,
« Nous ne percevons jamais une couleur comme une combinaison du rouge et du vert, ou du jaune et du bleu, parce que nos canaux chromatiques ne peuvent signaler simultanément « rouge » et « vert », ou « jaune » et « bleu ». La théorie des processus opposants explique aussi pourquoi certaines couleurs sont élémentaires et d’autres binaires (…)
Les couleurs ne sont pas perçues indépendamment d’autres attributs tels que la forme, la talle, la consistance, le mouvement, l’orientation, etc. (…)
Nous ne pourrons pas expliquer la couleur si nous cherchons à la localiser dans un monde indépendant de nos capacités perceptives (…)
Plus intéressant néanmoins est le fait que certains animaux sont dichromates, d’autres tétrachromates, et que d’autres encore peuvent être pentachromates… Une riposte fréquente à la démonstration de l’existence du tétrachromatisme est la question suivante : « Quelles sont les autres couleurs que voient ces animaux ? »… Nous pourrions imaginer que notre espace de couleur contient une dimension temporelle supplémentaire : rose rapide, etc. (…)
C'est pourquoi notre monde de perception de la couleur ne doit pas être considéré comme la « solution » optimale apportée à un « problème » posé par l'évolution. Il résulte au contraire d'une voie phylogénique possible et viable parmi toutes celles qu’a empruntées au cours de l'histoire l'évolution des êtres vivants. »
« Nous ne percevons jamais une couleur comme une combinaison du rouge et du vert, ou du jaune et du bleu, parce que nos canaux chromatiques ne peuvent signaler simultanément « rouge » et « vert », ou « jaune » et « bleu ». La théorie des processus opposants explique aussi pourquoi certaines couleurs sont élémentaires et d’autres binaires (…)
Les couleurs ne sont pas perçues indépendamment d’autres attributs tels que la forme, la talle, la consistance, le mouvement, l’orientation, etc. (…)
Nous ne pourrons pas expliquer la couleur si nous cherchons à la localiser dans un monde indépendant de nos capacités perceptives (…)
Plus intéressant néanmoins est le fait que certains animaux sont dichromates, d’autres tétrachromates, et que d’autres encore peuvent être pentachromates… Une riposte fréquente à la démonstration de l’existence du tétrachromatisme est la question suivante : « Quelles sont les autres couleurs que voient ces animaux ? »… Nous pourrions imaginer que notre espace de couleur contient une dimension temporelle supplémentaire : rose rapide, etc. (…)
C'est pourquoi notre monde de perception de la couleur ne doit pas être considéré comme la « solution » optimale apportée à un « problème » posé par l'évolution. Il résulte au contraire d'une voie phylogénique possible et viable parmi toutes celles qu’a empruntées au cours de l'histoire l'évolution des êtres vivants. »
Pas facile à accepter. Nous sommes tellement pris dans nos modes de pensée… que nous ne pouvons pas penser autrement.
C’est ce qui fait écrire à Ludwig Wittgenstein dans Tractatus Logico-Philosophus :
« Ce que nous ne pouvons penser, nous ne pouvons le penser ; nous ne pouvons donc pas davantage dire ce que nous ne pouvons penser. »
Et dans Recherches Philosophiques, il nous pousse à prendre du recul sur ce que nous voyons… ou plutôt pensons avoir vu :
« Le triangle peut être vu comme un trou de forme triangulaire, un objet, un dessin géométrique, comme reposant sur sa base ou suspendu par son sommeil, comme une montagne, un coin, une flèche ou un signe indicateur, comme un objet renversé qui aurait dû (par exemple) reposer sur son côté le plus court, comme la moitié d'un parallélogramme, et comme d'autres choses encore. »
« Ce que nous ne pouvons penser, nous ne pouvons le penser ; nous ne pouvons donc pas davantage dire ce que nous ne pouvons penser. »
Et dans Recherches Philosophiques, il nous pousse à prendre du recul sur ce que nous voyons… ou plutôt pensons avoir vu :
« Le triangle peut être vu comme un trou de forme triangulaire, un objet, un dessin géométrique, comme reposant sur sa base ou suspendu par son sommeil, comme une montagne, un coin, une flèche ou un signe indicateur, comme un objet renversé qui aurait dû (par exemple) reposer sur son côté le plus court, comme la moitié d'un parallélogramme, et comme d'autres choses encore. »
(1) Voir l’article d’hier « La divergence ne porte nullement sur le sens des mots, elle porte sur le sens des choses signifiées par les mots »
1 commentaire:
Cela me rappelle toutes ces fois où je me suis torturée l'esprit à essayer de visualiser ou imaginer le néant.
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