Comment savoir a priori ce qui est essentiel ?
« Mais, allez donc à l’essentiel ! », « Arrêtez de vous perdre dans les détails, vous perdez de vue l’essentiel. », « Je vous fais confiance, vous saurez aller à l’essentiel et nous dire ce qu’il en est la semaine prochaine »,…
Combien de fois n’ai-je pas entendu, sous une forme ou sous une autre, des apologies du « Aller à l’essentiel » ! Dans notre monde du zapping, toujours en train de courir, confondant vitesse et précipitation, nous n’avons plus de temps à consacrer qu’à l’essentiel. En dehors de lui, pas de salut !
Tout ceci est correct si l’on est face à une situation connue, s’il s’agit de résumer d’un rapport, ou de synthétiser des conclusions. Oui, bien sûr quand on doit faire le « pitch » d’un film, on doit aller à l’essentiel. Je n’ai aucun problème avec cela, bien au contraire.
Mais quand on est face à une situation nouvelle et inconnue, quand il s’agit de comprendre, quand on doit faire une analyse complexe pour identifier les causes d’un dysfonctionnement, comment pourrait-on aller à l’essentiel ? Comment distinguer a priori entre ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas ?
Dans ce cas, il est dangereux d’aller à l’essentiel, car, à ce stade, rien n’est essentiel et tout est détail. Pas moyen d’éviter de se laisser perdre pour avoir une chance de comprendre. Aller à l’essentiel, c’est presque, à coup sûr, passer à côté de ce qui est précisément essentiel !
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