L’entreprise au cœur de l’incertitude et des émergences (4)
Au nom de la complexité des organisations, du foisonnement irréductible des décisions, de l’émergence continue, ne faut-il rien faire ? L’art du management par émergence serait-il celui d’un dirigeant spectateur, qui, depuis un pont ou un hélicoptère, admirerait son entreprise avancer vers sa mer, toute seule, et trouver d’elle-même le bon cap ? La bonne façon de diriger serait-elle de prendre de longues vacances, de ne surtout pas intervenir, de travailler son handicap au golf, ou de devenir un expert cinématographique ? Ou, alors dans un élan mystique, convaincu que, derrière la richesse du foisonnement de notre monde, une présence divine serait probable et que ce serait elle qui guiderait l’avancée des choses, faudrait-il passer son temps dans des églises, des mosquées ou des synagogues ?
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Sans leadership, l’entreprise se désagrégera aux hasards des initiatives prises : puisque chacune de ses composantes est soumise à un champ de forces spécifique, et que chaque dirigeant local construira progressivement sa propre interprétation et sa propre compréhension de ce qu’il faut faire, elle implosera. Rapidement la culture commune n’existera plus, et ses différentes composantes ne se comprendront plus. Dans le meilleur des cas, la solution passera par sa scission en autant d’ensembles qu’il y aura eu de dérives locales. Le plus souvent, elle disparaîtra, sans laisser d’autres traces que des souvenirs et des regrets.
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(…) Ainsi en résumé, la décision émergente doit être prise et assumée, tout en sachant que son impact en tant que telle est limité, car elle n’est qu’une au milieu d’un très grand nombre d’autres, et que sa rationalité propre est limitée.
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