21 janv. 2015

AU PAYS DE L’IMPROVISATION

Le Pouvoir (3)
Au milieu des ors de la monarchie républicaine, le bateau présidentiel n’a aucun cap, aucun projet.
Ceci est flagrant tout au long du film. Et c’est d’autant plus net que ce n’est pas intentionnel : on sent bien que Patrick Rotman ne se veut ni juge, ni accusateur, il se contente de filmer ce qu’il voit, et de nous faire entendre ce qui est dit.
Et voilà un Président qui dit : « Je ne pensais pas que la situation de la France était si grave ». 
Mais sur quelle planète vivait-il ces dernières années ? Est-ce que la rue de Solferino l’avait à ce point isolé de la réalité de son propre pays ? N’avait-il donc rencontré aucun Français pendant sa campagne, aucun dirigeant d’entreprise, aucun économiste ? Mais il est vrai que son ennemi était la finance…
Un peu plus loin, son Secrétaire Général, Pierre-René Lemas, indique qu’il va falloir faire des économies dans la dépense publique, mais que cela ne va pas être facile. Sic ! Et François Hollande d’ajouter : « Et cela comprend aussi les dépenses des collectivités locales et les dépenses sociales ». Merci pour les précisions. Se croît-il à un oral d’entrée à l’ENA ?
Si c’était le cas, il aurait eu une bonne note, puisque sa précision est exacte, mais il est Président et sensé avoir un projet… Mais cette discussion montre que ni l’un, ni l’autre n’y avaient réfléchi avant. 
Résumons : donc aucun des deux premiers dirigeants du pays – car dans le fonctionnement de la cinquième république, le Secrétaire général de l’Élysée a de fait plus de pouvoirs que le Premier ministre –, n’avait réfléchi à l’avance sur les dépenses publiques. Fallait-il oui ou non les réduire, et comment ? 
Bizarre, non ? Car on pourrait penser que leur première responsabilité est précisément de piloter ces dépenses. 
Si l’on voulait avoir une preuve du niveau d’impréparation de François Hollande à l’exercice du pouvoir, avec ce film, on a l’embarras du choix.
Je pourrais multiplier les exemples, mais je vous laisse les découvrir ! 
Juste une dernière pour le plaisir : je ne résiste pas à l'envie de relayer l’anecdote relative au G8 et aux négociations internationales. A ce propos, François Hollande dit d’abord qu’il n’en avait pas l’expérience, ce qui, comme il le mentionne à juste titre, est normal quand on n’a pas été Président. Puis rapidement, il enchaîne que, après une réunion, il maîtrise le sujet. Cela saute aux yeux effectivement !
(à suivre)

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