27 févr. 2015

L’OUBLI EST NÉCESSAIRE POUR AVANCER

Devons-nous brûler tous les protestants ? (billet paru le 31 mars 2011)
Il devient ou redevient « à la mode » en France de se replonger dans l’histoire et dans nos racines pour se définir. Certes l’idée est louable et apparemment sympathique. Mais que va-t-on y trouver ? N’est-ce pas le même risque que celui couru par Jeanne dans Incendies ? Les apôtres de la mémoire et des racines ne vont-ils pas mettre le feu à ce pays ? Ne vont-ils pas allumer l’incendie qui va rendre impossible tout vivre ensemble, tout vivre au futur ?
Suivons-les pour un temps et plongeons dans notre passé :
  • Faut-il, au nom des guerres de 14-18 et 39-44, rompre toute relation avec l’Allemagne ? 
  • Ou alors c’est la Grande Bretagne qui est l’ennemie ? La guerre de Cent ans n’est pas si loin, car pourquoi ne pas remonter jusque là ? Y a-t-il une limite au devoir de mémoire ?
  • Côté religion, faut-il se méfier des protestants ? Ils ne sont quand même pas de catholiques. Aurions-nous fait la guerre de religion pour rien ? Pourquoi aller faire une croisade en Lybie alors que l’on peut la faire chez nous ?
  • Inutile de parler des juifs, nous les avons maltraités à de multiples moments, aucune raison d’arrêter.
  • Et pourquoi ne pas non plus réhabiliter l’inquisition ?
  • Et les italiens ne sont-ils pas les héritiers de ces romains qui ont ridiculisé les Gaulois ?
  • Et pourquoi aider les Grecs alors qu’ils ont dominé le monde ? 
  • Et les Égyptiens, où sont donc leurs pharaons ?
Certes, j’exagère. Mais qui a commencé ? 
Qui nous parle de la France en nous parlant de son passé ? Qui a peur de ceux qui la rejoignent ? Qui croit que c’est dans son passé que la France trouvera et construira son avenir ? Qui prône le devoir de mémoire ?
Tout individu se construit sur une part d’oubli qui est la seule façon d’avancer, de pardonner et de penser au futur. Il en est de même avec les nations et les pays : la France ne sera généreuse et porteuse d’avenir que si elle ne se pense pas au passé  et ne cherche pas dans le futur le prolongement de ses origines. 
Méfions-nous des incendiaires qui pourraient réveiller des démons du passé…

5 commentaires:

ZL a dit…

Êtes vous vraiment certain des vertus que vous attribuez à l'oublie. Il est facile d'oublier seul... mais que faire si vos ennemis eux n'oublient pas, ne pardonnent pas ? Faire semblant de ne pas voir qu'ils sont prêts à vous réserver le pire des sorts ? Avec quelles conséquences pour vous pour vos proches, pour votre civilisation ?

Robert Branche a dit…

Savoir oublier, c'est aussi savoir se souvenir. Sans tri, il n'y a pas de place pour la mémoire (voir la nouvelle de Borges : Funes ou la mémoire).
De plus, je ne dis pas non plus qu'il faut être naïf.
Et tout le monde oublie ! Simplement les oublis sont différents et sélectifs (souvent involontairement).
Ainsi nous avons tendance à oublier que le christianisme est né du judaïsme, puis l'islam du christianisme. Nous sommes d'abord proches avant d'être différents... et comme entre frères et soeurs, nous avons tendance à nous battre Attention à ne pas se laisser submerger par le flot de nos émotions et de nos peurs

G.PATTON a dit…

Je ne pense pas qu'il y ait de limite au devoir de mémoire. Je porte le bleuet chaque 11 novembre, mais ce n'est pas pour honorer la France, c'est pour faire vivre le souvenir d'un suicide collectif. Suicide qui, sans devoir de mémoire pourrait se répéter à court terme. Nous ne sommes pas responsable du passé, mais nous avons le devoir de ne pas en reproduire les erreurs.



Mais je suis parfaitement d'accord que nous n'avons pas besoin de nous replonger dans le passé pour nous définir. Le futur appartient à ceux qui ont une vision de l'avenir à proposer à leurs contemporains.

Suicufnoc (jr) a dit…

On peut ne pas être rancunier et avoir de la mémoire. L’oublie est une terrible négation du passé, il est souvent sélectif et conduit à commettre sans cesse les mêmes erreurs. N’oublions pas, mais pardonnons… éventuellement.

Robert Branche a dit…

Que nous le voulions ou pas, nous oublions sans cesse...