Pékin, cité impériale
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Escapade sur la Grande Muraille. Soixante-quinze kilomètres depuis Pékin pour découvrir le serpent de pierres qui couronne la ligne de crête des montagnes. Hérissé de miradors, il escalade les neiges environnantes et domine le vide ambiant. Glacé par le froid polaire, porté par la violence du vent, je monte sur son dos. Le plus lentement et le plus doucement possible pour ne pas le réveiller. Il me tolère. Heureusement.
Parvenu à un point haut, je me retourne et mon regard dégringole l’escalier vertigineux que je viens d’emprunter. Air vif et pur, vision à trois cent soixante degrés. Tout autour des montagnes. Partout, le serpent chemine sur leurs sommets, interminable ruban minéral. Fruit du travail de milliers d’hommes dont la plupart ont payé de leur vie l’outrage fait à la nature.
Autant la calligraphie à l’eau est impermanente et évanescente, autant cette gravure est définitive. Un chien urine pour marquer son territoire, l’empereur a fait de même : avec des pierres et le sang de ceux qui ont construit la muraille, il a tatoué la peau de la Terre. Tatouage définitif qui se voit depuis la lune.
Matérialisant à jamais la bordure de son empire, il a défini le Pays du Milieu : la Chine a existé parce que tatouée. Et elle veille aujourd’hui à préserver ses marques. Son passé est son futur.
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