Affichage des articles dont le libellé est Faits. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Faits. Afficher tous les articles

18 janv. 2009

QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE UNE BROSSE À DENTS ET UN ÉCUREUIL ?

Notre culture occidentale nous pousse à privilégier la pensée par rapport aux actes.
Depuis la culture grecque, le « logos » est premier et nous avons tendance à voir les actes simplement comme seconds, comme le moment de la mise en œuvre.
Nous sommes devenus des « experts des mots » : pour preuve, le poids du « Grand oral » du concours d’admission à l’ENA, épreuve où l’on va juger de la capacité du candidat à « improviser » brillamment sur un sujet qu’il ne connaît pas. Le discours en lui-même et pour lui-même.
Écoutez au hasard un journal, un débat ou un congrès quelconque, et vous y entendrez essentiellement un art de la dialectique, plus qu’une connaissance et une analyse des faits.
Or, comme le sait la culture populaire, avec les mots, on peut faire ce que l’on veut. Mais dans l’action, c’est plus difficile.

Pour faire passer cette idée, j’ai l’habitude de raconter l’histoire de la brosse à dent et de l’écureuil. L’histoire est la suivante.
« Quelle est la différence entre une brosse à dent et un écureuil ?
Si je me contente de rester au niveau des mots, je vais pouvoir progressivement gommer les différences : finalement les deux ont une queue ; je trouve aussi des poils ; et puis la longueur n’est pas si éloignée…
Mais, au pied d’un arbre, je n’ai jamais vu une brosse à dents être capable de monter en haut !
Donc pour faire la différence, inutile de parler. Mettez-les au pied d’un arbre et regardez celui qui monte. »

Dans la vie, c’est pareil. Nous devrions accorder plus d’importance aux actes et ne pas s’appuyer d’abord sur le discours.
C’est d’ailleurs ce que font la plupart des employés d’une entreprise : ils regardent ce que font concrètement les dirigeants et se méfient de plus en plus des discours…

Aussi, ayons tous le réflexe de planter des arbres quand nous voulons savoir si nous avons affaire à des écureuils ou des brosses à dents.

28 déc. 2008

COMMENT SAVOIR S’IL Y A UNE BOULE DERRIÈRE ?

Voici l’expérience suivante décrite par Michel Bitbol dans « Mécanique quantique, une introduction philosophique » : le tirage aléatoire d’une boule est observé au travers de 2 caméras spécialisées, l’une dans la mesure de la position (à gauche ou à droite), l’autre dans celle de la couleur (rouge ou blanche).
Le résultat se présente sous la forme de 2 listings, l’un composé d’une succession de positions (« gauche », « gauche », « droite », …), l’autre de couleurs (« verte », bleue », « bleue », …).

Si vous êtes à l’origine de l’expérience et de sa mise au point, vous n’avez pas de problème à réunifier les 2 listings et à « savoir » que, derrière ce dédoublement, il s’agit de « boule verte à gauche », « boule bleue à gauche », « boule bleue à droite »…
Maintenant, imaginez que vous n’avez aucune information à part les 2 listings. Vous allez devoir supposer une corrélation dont vous n’avez pas la preuve.

Comme l’écrit Michel Bitbol, « dire que c’est une boule dont une caméra spécialisée vient de détecter la position, et que cette boule possède en même temps une couleur, cela revient à présupposer que rien n'empêche en principe de conjoindre ou d'unifier les contextes, même si les conditions d'une telle conjonction ne sont pas remplies à l'heure actuelle et que rien n'indique comment elles pourraient l'être… ».

Dans la vie de tous les jours, c’est bien la situation dans laquelle nous nous trouvons. Le réel ne nous est pas accessible directement. Nous n’avons que des successions d’informations partielles.
A nous de détecter ce qui se cache derrière et les cas où il y a bien « des boules ».
Attention à ne pas les inventer…

25 déc. 2008

LA CLÉ DU SUCCÈS DU CHRISTIANISME : UN JUDAÏSME LIGHT FAÇON MC DO ?

En ce jour qui célèbre la naissance du Christ (même si Noël est devenu largement une fête païenne, avec pour preuve son développement récent dans un pays non chrétien comme la Chine), et donc le lancement de la religion chrétienne, se poser la question de comment elle s’est développée m’a paru pertinent.

Le titre n’est pas une provocation, il m’est venu à partir de la série Apocalypse diffusée sur Arte. Cette série a cherché à répondre à la question suivante : « Comment et pourquoi l’attente imminente de la Fin des temps qui anime une petite secte juive de disciples de Jésus a-t-elle pu, en à peine plus de trois cents ans, aboutir à la religion officielle et unique de l’Empire romain, tournant capital de la civilisation occidentale ? »

Dans le dernier épisode, un des chercheurs historiens interviewés avance l’hypothèse suivante : une des raisons du succès du christianisme pourrait être de s’être présenté initialement comme un « judaïsme allégé », c’est-à-dire avec moins de contraintes – pas de shabbat, pas de règles alimentaires notamment – et plus de souplesse d’adaptation aux situations locales.

Il a pu ainsi « profiter » de l’affaiblissement des religions polythéistes et de l’attraction créée par le monothéisme judaïque, des infrastructures de l’empire romain qui ont facilité sa diffusion, de la décentralisation en s’adaptant aux régimes locaux.

Finalement, si l’on suit cette hypothèse en la caricaturant, le christianisme apparaît une « industrialisation » du judaïsme bien adapté au « marché local ». Un peu comme Mc Donald a su industrialiser le concept du burger et le propager dans le monde entier.

On est bien loin de la vision habituelle, telle qu’enseignée dans le catéchisme (j’ai été dans l’enseignement catholique jusqu’à la terminale et avais alors suivi un « training » intensif…).

Je ne sais pas si cette hypothèse est exacte, mais elle me semble ne pas pouvoir être balayée d’un revers de main.

Plus généralement cette série d’Arte a le mérite de resituer le développement du christianisme dans son contexte initial historique. Elle fait ainsi réémerger bon nombre d’informations et de questions passées dans notre inconscient collectif.


16 déc. 2008

UN QUIZZ PEUT EN CACHER UN AUTRE…

Merci pour toutes vos réponses au jeu-quizz. Comme il a été relayé sur AgoraVox, cela a augmenté sa diffusion.
Ceci dit – ou plutôt écrit –, en fait le quizz lui-même n’était qu’une illusion : comment, en effet, pouvoir répondre à des questions « D’où vient la crise ? » ou « Pourquoi un État a-t-il des problèmes économiques ? » en une phrase ? Impossible non ?
Et pourtant bon nombre d’entre vous, pris dans le « jeu » d’un quizz, vous avez répondu.
La plupart ont même accepté ma liste et choisi la réponse ou les réponses qui leur paraissaient adaptées (dans ce cas ont été retenues le plus souvent A2/A5 – B2/B5 – C2/C5 – D2/D5 – E2/E5),
Certains ont refusé la liste, mais ont écrit leur propre réponse.
D'autres ont pris le quizz au pied de la lettre et m’ont accusé d’approche simpliste, voire de manipulateur dévoué à la logique des multinationales. Ils n’ont alors fourni aucune réponse, mais ont écrit une diatribe contre moi et le système. Vision d’un monde où il y a clairement d’identifiés « des bons et des méchants », moi faisant pour l’occasion office de « méchant »…

Incompréhension.

Donc si la liste des questions ne pose pas de problème et recouvre bien des questions que tout le monde se pose (D’où vient la crise actuelle ? Pourquoi des Entreprises délocalisent-elles une activité ? Pourquoi un État a-t-il des problèmes économiques ? Comment un État peut-il améliorer les chances des entreprises à faire face à une crise ? Que peuvent faire les habitants de ce même état pour aider le pays et les entreprises à faire face à la crise ?), les réponses ne sont que des caricatures et rien de plus…

Nous ne pouvons faire l’économie d’une compréhension en profondeur et probablement de la remise en cause de pas mal d’idées reçues et d’habitudes.
Il faut apprendre à ne plus respecter les règles et les normes imposées de l’extérieur, qu’elles soient sous la forme d’un quizz ou toute autre forme.


Sachons refuser les approches simplistes, les caricatures – il n’y a ni « bons » ni « méchants » dans l’absolu, tout est contextuel et lié à une situation donnée -, les messies de la pensée ou de l’action – qu’ils soient président, gourou ou spécialistes -.
Arrêtons-nous pour comprendre. Repérons les anomalies non pas pour les éradiquer, mais comme des signaux de phénomènes nouveaux ou encore mal compris.
Interdisons-nous de répondre par des A2/ B4/C3/D5/E1…


12 déc. 2008

QUIZZ SUR LA CRISE, LES ENTREPRISES, L’ÉTAT, ET LES CITOYENS

A. D’où vient la crise actuelle ?
1. Des Américains qui sont décidément le peuple le plus stupide et le plus arrogant
2. Du refus des pays en développement de continuer à être exploités au profit des pays occidentaux
3. De la Chine qui, après l’affaire du Tibet, a décidé de se venger
4. De Ben Laden qui s’ennuyait et a trouvé un moyen plus efficace pour relancer le terrorisme mondial
5. De l’incapacité des systèmes financiers de mesurer réellement la performance économique d’une grande entreprise et d’un pays

B. Pourquoi des Entreprises délocalisent-elles une activité ?
1. Pour nuire à l’économie où se trouvaient localisés les emplois jusqu’à présent
2. Parce que les conditions de la concurrence les y obligent
3. Pour s’amuser parce que le management s’ennuie
4. Parce que, là-bas, il fait plus chaud et que ce sera plus agréable pour la Direction Générale quand elle devra aller visiter l’usine
5. Parce que l’entreprise a moins confiance dans l’évolution du pays où se trouvent actuellement cette activité

C. Pourquoi un État a-t-il des problèmes économiques ?
1. Par malchance, car il a tiré un mauvais numéro à la loterie
2. Parce que les décisions successives ont conduit le pays à une situation comparative moins compétitive
3. Parce que son Président a eu une rage de dents au mauvais moment
4. Parce que les entreprises ont décidé de lui créer des problèmes
5. Parce qu’il se trouve relié à une économie mondiale qui a des problèmes

D. Comment un État peut-il améliorer les chances des entreprises à faire face à une crise ?
1. En multipliant les Églises de toutes les religions et en encourageant la population à s’y rendre en masse
2. En faisant porter l’effort d’adaptation sur les classes les plus aisées pour éviter de paupériser encore plus les autres
3. En improvisant une guerre quelle qu’elle soit, car, a minima, cela fera passer le temps
4. En ayant à sa tête un président omnipotent qui met en place une version modernisée et contemporaine du communisme par laquelle il va progressivement piloter toutes les entreprises
5. En comprenant pourquoi les entreprises délocalisent leurs activités

E. Que peuvent faire les habitants de ce même État pour aider le pays et les entreprises à faire face à la crise ?
1. Rien, sinon cela se saurait depuis longtemps, et puis il y a les dirigeants qui sont là pour cela
2. Voyager, s’informer, refuser les analyses trop hâtives pour se forger un point de vue autonome et réaliste
3. Aller aux cérémonies religieuses que l’État a généreusement sponsorisé
4. Faire confiance à son Président omnipotent qui sait ce qu’il fait et, même le cas échéant, accroître son pouvoir
5. Développer une éthique de solidarité au sein du pays, mais surtout à l’échelle de la planète

Avec ce quizz, je vous propose un "jeu" interactif : indiquez-moi dans un commentaire vos réponses (sous la forme par exemple de A2, A4, B5, ....).
Je me charge ensuite de faire une synthèse, d'en tirer tous les enseignements et de les remettre en débat !
Bien sûr, vous pouvez diffuser largement ce quizz. Plus nombreuses serons les réponses, meilleur ce sera !


10 déc. 2008

NE TOMBONS PAS DANS LA « FASHION » ÉCONOMIE !

Nous vivons dans l’instant, dans la réaction. Nous sommes tous de plus en plus, individuellement et surtout collectivement, dans l’émotion du moment. Nous sautons sur la nouvelle mode, le dernier film, le dernier meurtre ou le dernier attentat.
Nous devrions du coup être sensible à l’évanescence des choses, au fait que seule la disparition est pérenne… Mais non, nous sommes comme hypnotisés par ce mouvement incessant.

Les réactions à la crise économique actuelle en sont la quintessence : comme toujours, ce sont dans les tensions extrêmes que les comportements s’exacerbent…

Tout le monde – politique, économiste, journaliste, Mr et Mme Michu – y va de son commentaire journalier – si n’est pas plusieurs fois par jour – pour donner les dernières nouvelles, les derniers conseils…

Souvenir de ces moments un peu « surréalistes » de la Guerre du Golfe où les journalistes avaient pris l’antenne 24h/24 alors qu’ils n’avaient aucune information réelle sur ce qui se passait… Alors ils parlaient dans le vide, inventant des commentaires « champagne » mais dans lesquels ne restaient que les bulles… Vide…
Aujourd’hui, j’ai la même sensation, celle d'entendre un vrombissement continu de gens de tous bords qui parlent sans savoir ce qui se passe. Et sans qu’apparemment cela ne semble les gêner : puisqu’ils sont dans le mouvement, ils doivent bien être au bon endroit, non ?

Et si l’important était de s’arrêter un peu, de prendre du recul, de chercher à comprendre…

Un exemple parmi d’autres : si l’on regarde simplement l’évolution du CAC40 depuis 2000, on voit que la chute actuelle – d’environ 6000 à un peu plus de 3000 – est inférieure à celle observée entre 2001 et 2003 – de près de 7000 à 2500 -. Qui en parle ?

Une action vraie doit s’inscrire en prenant appui sur les tendances longues et non pas sur les vaguelettes : si l’on observe uniquement les méandres de la Seine, on a peu de chances de comprendre où se trouve la mer…


(voir aussi : « Action ou Transformation »)

8 déc. 2008

ASSURONS-NOUS QUE LE SCORE AFFICHÉ CORRESPOND À LA PARTIE JOUÉE…

Observons un match de rugby.

Imaginons que, au lieu d'afficher le score du match en train d'être joué sur ce stade, on affiche la moyenne des scores des matchs qui se jouent en ce moment.
Un essai vient d'être marqué par l'équipe des visiteurs. Or, dans le même temps dans la plupart des autres stades, c'est l'équipe qui reçoit qui marque un essai.
Dans ce cas, sur le tableau d'affichage, on va voir le score de l'équipe qui reçoit augmenter plus fortement que celle des visiteurs. Il y aura donc une contradiction entre le score affiché et la partie jouée dans ce stade.
Comment peut-on imaginer avoir des équipes et des spectateurs motivés ?

Continuons sur le rugby. Il y a quelques années, le jeu a été trouvé ennuyeux car composé de trop de coups de pieds et d’un nombre insuffisant d'essais. Les responsables du rugby auraient pu alors entrer dans du micro-management, comme donner des ordres en continu pendant le déroulement de la partie.
Une autre approche plus efficace a été retenue : marquer un essai rapporte plus de points que marquer un coup de pied. Ainsi quand un joueur a le choix entre jouer la balle pour chercher un essai ou tenter un drop, il va « spontanément » privilégier la recherche de l'essai si c’est possible.

Alors si l’entreprise ne marque pas les buts que la Direction Générale espérait, si la motivation n’est pas là, peut-être les scores affichés empêchent-ils la mobilisation efficace des "inconscients collectifs" ?
________________________________
(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

18 nov. 2008

SAVOIR DISTINGUER LES FAITS DES OPINIONS

L’objet de la réunion était de discuter de la relance d'un produit qui existait depuis une quarantaine d'années, et qui voyait sa part de marché décliner régulièrement. La promesse produit reposait fortement sur la présence d'un ingrédient, visible dans la texture même de la formule qui était en deux phases physiquement distinctes.
Le chef de produit présentait le résultat des études
« La présence de cet ingrédient vieillit le produit et toute rénovation ambitieuse suppose une nouvelle formule homogène, dit-il.
– Sur quelles données repose cette affirmation, l’interrompit le Directeur Général ? ».
Le chef de produit, interloqué, a repris sensiblement la même explication et terminé par la même affirmation. Il s'est tourné vers le Directeur Général qui, à nouveau, lui a demandé sur quels faits reposait sa conclusion. Blanc dans la salle.
Le chef de produit s'est mis à bredouiller et a fini par dire : « Je n'ai pas vraiment d'études, mais je sais bien que cet ingrédient est dépassé.
– Monsieur, la prochaine fois, vous êtes prié de préciser, quand vous parlez, s'il s'agit de faits ou d'une opinion personnelle, lui a alors asséné le Directeur Général. Vous avez bien sûr le droit d’avoir des opinions, mais, tant que vous n'aurez pas de faits probants montrant que cet ingrédient est dépassé, il sera maintenu. Sujet suivant.»
________________________________
(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)