Affichage des articles dont le libellé est Photographie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Photographie. Afficher tous les articles

30 janv. 2015

FIN DE PARTIE

Mon tombeau
Qui suis-je à le regarder ? Rien qu’un voyeur de passage.
Lui aérien, lunaire, ne marche pas, il flotte.
Même le Taj Mahal ne se fait que silhouette, arrière-plan,
Un décor pour celui qui est le roi des lieux, un enfant Dieu.
Le sablier est figé, rien ne va plus, les jeux sont faits,
À la roulette de ma vie, je sais que j’ai tout perdu.
Il est l'enfant venu me cueillir, rien n’y fera,
Inutile de tenter l’escapade ou la fuite. Aucune issue.
Le ciel est bleu, le marbre blanc, le vent calme,
Tout passant ne sentirait rien à la tension qui n’est que mienne.
Bientôt l’elfe s’arrêtera, se tournera vers moi et d’un regard,
Mettra fin à ce temps qui, jusqu'à présent, coulait en moi.
Qui étais-je à le regarder ? Rien qu’un mortel de passage.
Lui aérien, lunaire, s’est arrêté et me sourit.
Même le Taj Mahal se fait petit, évitant d’être témoin
Du cri qui m’échappe, au moment où je m’effondre.

(photo prise à Agra en août 2008)

23 janv. 2015

VIDE

En vain
Mon Dieu, mon Dieu, que t’ai-je donc fait ?
J’ai beau marcher, beau prier, beau pleurer,
Rien, rien, rien n’y fait. Le monde reste vide.
Vide à mes cris, vide à mes prières.
Sur combien de plages, mes pas ont erré ?
Dans combien de flots, mes bras se sont plongés ?
Sur combien de joues, mes larmes se sont arrêtées ?
En vain, toujours en vain. Le monde reste vide.
Mon Dieu, mon Dieu, que t’ai-je donc fait ?
N’es-tu qu’une immense mystification, l’ultime ?
Comment savoir, si tu ne réponds pas ?
A qui demander, puisque toi seul le peux ?
Alors je vais errer encore et encore.
Alors je vais nager encore et encore.
Alors je vais pleurer encore et encore.
En vain, toujours en vain, puisque le monde reste vide.

(Photos prises en juillet et août 2010 en Inde, à Bénarès pour celle du haut et à Puri pour celle du bas)

16 janv. 2015

ENVOÛTEMENT

Off Bombay
Debout, son regard perdu dans un futur impossible, 
Il guette l’arrivée de celle qui ne viendra pas.
Va-t-il plonger dans l’eau qui murmure à ses pieds ?

Allongé, son coeur arrêté depuis bien longtemps,
Il sait que rien ne sert d’attendre.
Va-t-il se lever pour s’extraire du sol qui le boit ?

Derrière, juste derrière, palpite la folie de Bombay.
Comment le savoir à regarder l’un ou l’autre ?
Rien ne prévient jamais de la violence ambiante.

L’un et l’autre ont réussi à s’en abstraire.
L’un en verticale, mimant les tours de la baie,
L’autre en horizontale, se fondant dans la chaussée.
Par la force de leurs volontés, l’Inde a été gommée.
Ne reste qu’un temps immobile, une fiction urbaine,
Une parenthèse qui, comme eux, m’absorbe.

Bientôt, en horizontale ou en verticale,
En guetteur ou en ventouse,
Je serai à mon tour figé, sur Marine Drive.
(photos prises à Bombay sur Marine Drive en juillet 2012)

12 déc. 2014

DISPARUS

Avant…
Bouts de vêtements sur une patère,
Bribes de tissus verticales,
Odeur et humidité suantes en prime, 
Tâches sur l’ocre d’une paroi lisse.
Autre mur, un trou pour un plein,
Une flèche vers un passé révolu,
Vie disparue, vie ravagée,
Du blanc déchiré dans un ocre
Souvenirs télescopés en terre indienne,
Scories moites d'une marche de touriste,
Béance d'un salon de beauté disparu, 
Quelques mètres qui font fossé.

(Souvenir de Hampi en Inde – juillet 2012)

5 déc. 2014

DIVINES COLÈRES

Ciels d’orage
J’aime la Provence pour la chaleur de ses étés, l’azur de ses ciels, la multitude de ses étoiles, le chant de ses cigales ou les alignements de ses lavandes.
Mais les instants qui précèdent les orages sont habités d’une tension irremplaçable.
Le temps est alors suspendu, la violence latente, le déchirement à venir. L’encre des nuages est le barrage qui contient le flot qui va se déverser.
Dans quelques minutes, le vent se lèvera, les éclairs exploseront, et le déluge s’épandra, torrent d’énergie, sans merci, déchirant les feuillages, lessivant sols et peaux.
A l’abri de ma terrasse, je contemplerai la colère des Dieux, priant qu’elle soit la plus brève possible, et regrettant déjà d’avoir aimé, un temps, la noirceur qui l’a précédée.

28 nov. 2014

OÙ ?

Partis… (suite)
La fuite fut brutale, et pourtant tout est en ordre.
Les chevaux ne sont plus là, mais les licols sont rangés.
Le cycliste est parti, mais son vélo est appuyé contre le mur.
Le temps a évité le lieu, pour ne rien dégrader.
Assis, immobile, je regarde respectueusement ce musée caché.
Un objectif claque pour immortaliser ce qui, demain, va disparaître.
Sur la gauche, cachées dans une cave obscure,
Des chauves-souris, les seuls hôtes permanents, me narguent.
Souvent je reviendrai, longtemps je rêverai.
Face à ces témoins abandonnés, je reconstruirai ces vies que je n’ai pas croisées,
Comblant les vides, je dessinerai des moments oubliés à tout jamais.
Jardinier du passé, je maçonnerai de chair ce qui n’est plus que mort.
(Les photos ont été prises en 1999 par Michel Cabot dans ma maison de Grignan)

21 nov. 2014

SANS VIE

Partis...
Ils ont dû sortir précipitamment, laissant leur vie intacte.
Les casseroles et les poêles, à peine nettoyées, sont accrochées,
Devenues sculptures, témoin d’une agitation passée.
Le fourneau ne ronfle plus, et aucune chaleur ne s’en échappe. 
Une bouteille le coiffe, reste d’une dernière gorgée avant la route.
Que s’est-il passé ? Où sont-ils ?
Aucun fantôme, aucun bruit, aucun souffle.
Rien pour rappeler la vie échappée. Rien à part ces objets.
Le mistral dehors hurle, amenant en ces lieux de mort,
Le bruit du mouvement des choses…

(La photo a été prise en 1999 par Michel Cabot dans ma maison de Grignan)

14 nov. 2014

LES RENAISSANCES SONT À VENIR…

Les unes avec les autres
En ces jours qui raccourcissent,
En ces moments où le froid est de retour,
Alors que l’hiver s’approche et la nature se referme,
Attendons en confiance le printemps à venir.
Temps magique des télescopages de la vie,
Anarchie des couleurs et des naissances,
Poussées qui bousculent et heurtent leurs voisines,
Harmonie émergente d’une nature hybridée.
Savoir ne pas se racornir, savoir ne pas brider,
Laisser les brises glacées courir sur notre peau,
Ne pas se laisser emportés par un pessimisme ambiant,
Sentir l’énergie des graines qui bientôt germeront…

7 nov. 2014

DOMMAGE…

Étrange esprit frappeur
Immobile et attentif, il attend la main qui se saisira de la corde qui lui donnera vie.
Un peu plus loin, sur le côté, des sortes de cochons ailés, rient déjà du son aigrelet qui jaillira.
Cette scène potentielle et latente se tient sur les côtés d’une porte de ma maison en Provence.
Témoignages issus d’un voyage passé en Thaïlande, où les uns et les autres ont été conçus et sont nés.
J’aimerais connaître la main et le visage de l’artisan qui les ont façonnés.
Mais seuls résonnent derrière moi le chant des grillons et la vibration des lavandes…

31 oct. 2014

HISTOIRE DE MURS EN PIERRES SÈCHES

Sans logique ?
Juste des pierres, posées les unes sur les autres,
Comme jetées, sans logique apparente, sans tri,
Une verticale chaotique, un entremêlement de lignes.
Le soleil joue dedans, accusant une rupture,
Soulignant un alignement, ombrant une courbe,
Les faisant flamboyer quand il se couche.
Ainsi vont nos vies, nos gestes, nos rencontres.
Un moment sur un autre, une conversation sur une autre,
Un amour après un autre, une trahison après une autre.
Notre regard, tel le soleil, quand nous nous retournons,
S’arrête sur tel ou tel détail, souligne un instant,
Reconstruit un lien et un sens à ce qui n’était que succession.

24 oct. 2014

FIGÉS

Au Québec
Drôles de rencontres faites cet été au Québec, dans la Belle Province.
Devant les maisons de Saint Anne des Monts en Gaspésie, les humains se sont statufiés.
Ont-ils passé trop de temps à contempler les baleines qui jouent dans la baie du Saint Laurent ?
Ou est-ce un reste d’un hiver trop rigoureux qui les aurait figés ? Mais qui alors a pris le temps de les dévêtir ?

Et que penser de ces trois garçons d’une rue du vieux Québec, qui sont devenus plantes ?
Sont-ils des triplés ? Appelés par une Juliette disparue, ont-ils sauté de concert pour se trouver cloués sur ce balcon ?
Ou étaient-ils en train d’en descendre quand un djinn, de passage et malicieux, les a figés, voulant faire un jeu de mot entre son nom et leurs pantalons ? 
Allez donc savoir…

17 oct. 2014

RECYCLER UNE GARE EN UN COCKTAIL BOURGEOIS-BOHÊME

So fashion
Drôle d’endroit découvert récemment Porte de Clignancourt à Paris : La Recyclerie, une ancienne gare reconvertie en un cocktail à dominante de restaurant, avec une pincée de nature et de mini-ferme, une louche d’atelier de bricolage.
Au bord des rails désaffectés, quelques tables qui transforment un ancien quai en terrasse, style guinguette revisitée. On se surprend à regretter qu’un vieux train tiré par une machine à vapeur ne passe pas.
Côté restaurant, une sorte de grande cuisine de ferme où le self est de rigueur avec l’apport de la technologie sans fil (une mini soucoupe volante buzze quand votre plat est prêt).
Et dans la journée, des ateliers divers. J’imagine des postures de yoga prendre place sur l’escalier, des potiers maculer les tables, ou des arcs à souder redonner vie à des lampes abandonnées.
Étrange donc…
J’y vois surtout le dernier témoignage du grignotage constant des anciens quartiers populaires de Paris. Comme un exemple vivant de la France Périphérique que je chroniquais dernièrement.
Quand le marché aux puces qui n’est plus qu’à un pas, va-t-il se retrouver transformé à un immense Ikea horizontal et en plein air ?

10 oct. 2014

AUTOMNE EN ÉTÉ

Temps déréglé ?
Août au Québec. Promenades multiples. Des marches qui s’emparent d’une sente, d’un ruisseau ou d’un murmure.
Chaleur un peu moite, transpiration. Aucune fatigue, car les pas sont lents et la foulée progressive.
Mon regard rebondit sur le paysage, ici un rocher, là de l’eau, et de partout des érables.
Parfois un trou noir temporel, un morceau d’automne surgissant, le rouge dans le vert.
Est-ce un dérèglement local, un apéritif avant la grande transformation, un arbre albinos ?
Interloqué, je m’arrête, m’imprègne de ces anomalies, accepte sans comprendre… avant de reprendre mon errance, calme et sans but.

3 oct. 2014

PERSPECTIVES

Lâcher prise
M’asseoir sur un banc, être là, juste là,
Face à rien, au temps qui passe, à l’eau immobile.

Ne plus penser, ne plus agir, respirer à peine,
Me dissoudre, me fondre, me supprimer.

Me ressourcer doucement, lentement, sans but,
Laisser la perspective à laquelle je fais face, devenir mienne.

Puis repartir plus fort, plus solide, plus déterminé,
Avoir digéré ce rien croisé par hasard…

26 sept. 2014

MONSTRES MODERNES

Comme des crocodiles au repos
Instantanés pris dans les rues canadiennes,
Fascination d’un européen face à la puissance immobile de ces monstres urbains,
Retour en enfance au pays des contes et des mythes.
Où est la queue sur laquelle il ne faut pas marcher ?
Que cachent ces grilles aux lueurs polies ? Une bouche qui pourrait m’avaler ?
Sont-ils des amis prêts à m’emmener, à m’accepter sur leur dos ?
En absence de réponse à ces questions qui me hantent, 
Mes pas se font glissements,
Mes paroles sont chuchotements.
Inutile de courir le risque de les réveiller…

19 sept. 2014

JEU DANS LES AIRS

Rêverie
Étrange télescopage. Est-ce une photo montage ou l’expression d’une relation cachée ?
Peut-être ce cerisier a-t-il voulu sortir des sentiers battus, et se lancer dans une innovation créative. Était-il las de pousser droit, de fleurir mécaniquement avant de se garnir de fruits écarlates ?
Souvent nous voyons dans les nuages des visages, alors pourquoi ce visage ne serait-il pas tissé des branches de cet arbre ?

12 sept. 2014

NAISSANCES

Émergence
Magie de la fragilité des débuts,
Surgissement insolite, rupture.
Là un bourgeon qui déchire une écorce,
Ici des fleurs qui éclosent,
Ailleurs une excroissance en lévitation.
Enracinement naissant,
Qui met la vie en émergence.
Demain un chêne qui défiera le temps,
Aujourd’hui juste un commencement…

5 sept. 2014

CAPTURÉ

Silhouettes
Le monde est peuplé de silhouettes figées, immobiles qui nous observent, nous les mobiles qui ne faisons que jouer à nous croire vivants.
D’aucuns les prennent pour des statues, des créations de mains d’hommes.
Peut-être ou peut-être pas... 
Comme je n’étais pas là lors de leurs naissances supputées, je préfère ne pas prendre le risque de les considérer secondes.
Je les vois primales, essentielles, occupant de tout temps, cet espace où je débouche.
Elles peuvent être petites ou majestueuses, à la tête penchée ou raides, en métal ou en terre, rieuses ou sinistres. Qu’importe !
Je m’arrête, me synchronise à leur fixité, me fige face à elles.
Alors parfois, au bout d’un moment, une minute, une heure, ce sont elles qui s’échappent.
A moi alors d’attendre un autre mobile qui aura la patience suffisante pour me libérer et prendre ma place...

18 juil. 2014

INFORMATIQUEMENT MIEN

Compagnon de voyage


Compagnon de voyage, jamais mon ordinateur portable ne me quitte. D’abord PC, il s’est fait Mac…
Il est mon carnet de notes, où j’inscris en quelques mots, des traces fugaces que je réutiliserai plus tard.
Il est le manuscrit que je lis et relis sans cesse, ajoutant là, retirant ici, corrigeant ailleurs, travail toujours recommencé.
Il est l’écran où se lisent les nouvelles du monde et se regardent des films.
Il est le lien avec ceux qui sont loin, dans ce là-bas quitté pour des semaines.
Aussi est-il normal que je prenne soin de lui, et que régulièrement il soit le sujet d’une photo.
Le voilà successivement de gauche à droite, de haut en bas, sur les rives du Mékong face au Laos, sur la plage de Boracay aux Philippines, à nouveau au bord du Mékong, cette fois dans les brumes, sur la rive d’une rivière à proximité de Chiang Rai en Thaïlande, sur une plage de Varkala au Kérala, et enfin dans l’île paradisiaque de Miniloc aux Philippines.

A partir de la semaine prochaine, mon blog prend ses quartiers d'été, et comme d'habitude, diffusera des billets récents sous forme d'un best of, au rythme d'un le lundi, un le jeudi.
Retour au live au 1er septembre.
Bon été à tous mes lecteurs !

11 juil. 2014

DRÔLES DE RENCONTRES

Au détour d’un regard attentif
Une bouteille est suspendue, accrochée, au bout de câbles qui parcourent le ciel. Elle doit se remplir doucement de ce qui coule en leur sein.
Petit à petit, à l’intérieur, le niveau monte et la bouteille se fait plus pesante.
Quand le poids devient trop important, elle commence à osciller, puis finit par tomber, tel un fruit trop mûr.
Alors le préposé aux bouteilles la ramasse, recueille le précieux fluide dont elle est garnie, puis, après être monté sur un escabeau, délicatement, il la suspend à nouveau dans le ciel.
Ainsi va la vie…
Comme un extrait de film. Quatre forts des halles se sont emparés d’un ballot gigantesque, et résolument ils avancent.
Le premier, le chef, celui qui donne le cap, porte une moustache qu’un ancien catcheur ne renierait pas.
Magie de l’Inde où les rues se font spectacle…
Dur, dur, d’être un bouddha parfaitement immobile, surtout quand un essaim d’abeilles est venu nicher dans le repli d’une manche de sa toge.
En effet, regardez bien, et vous verrez la masse compacte qui habite sa manche gauche – à droite pour vous.
Pourtant il reste serein. Sait-il que jamais elles ne le piqueront ? Ou alors son léger sourire est-il l’expression du chatouillement qu’il ressent. Allez donc savoir…

J’aime ces rencontres insolites qui surgissent continument pour peu que l’on soit suffisamment attentif à ce qui nous entoure.