Le temps de l’engagement
Tous pourris, tous incapables, tous complices ?
La France bruisse actuellement d’une triple ritournelle, délétère et destructrice, qui susurre ou hurle suivant les moments : « Tous pourris, tous incapables, tous complices ».
Tous pourris d’abord. Les affaires se succèdent à un rythme effréné, et il ne s’agit pas de bonnes affaires comme celles que l’on peut faire au temps des soldes, mais d’affaires où le sordide surenchérit sur le nauséabond. Après un PS qui fut un temps englué dans celles-ci, c’est à l’UMP et à Nicolas Sarkozy de se trouver pris dans les nasses de leurs propres filets. Sensation d’avoir une classe politique qui est plus préoccupée de la protection de ses intérêts, de sa réélection ou de son retour au pouvoir, que de servir le pays qu’elle est censée représenter et diriger.
De ce magma de mensonges et trahisons, monte de plus en plus une odeur de pourriture qui envahit tout.
Tous incapables ensuite. Les déficits publics dérivent depuis des dizaines d’années ; le manque français en entreprises de taille moyenne est connu depuis quarante ans, et rien n’est fait ; le crédit interentreprises vient siphonner chaque jour davantage la trésorerie des petites entreprises, les empêchant de précisément grandir et renouveler le tissu industriel ; au lieu de simplifier notre organisation territoriale, on imagine de nouvelles couches pour le millefeuille, en rêvant une simplification miraculeuse… Et voilà notre président actuel, François Hollande, qui parle d’un plan d’économies de 50 Mds €, qui ne représente en fait qu’une économie annuelle réelle de 6 à 7 milliards, alors que notre handicap réel dépasse largement les 100 Milliards annuels.
De cet enchaînement de mensonges et d’incompétences, monte de plus en plus la preuve d’une incapacité qui fait douter tout le monde.
Tous complices enfin. Les hommes politiques ne sont pas les seuls en jeu. Que penser de nos syndicats dont la représentativité est bien faible au regard de celles de leurs homologues des pays voisins ? Comment ne pas voir qu’avec les organisations patronales, ils sont eux aussi partie du problème français, puisque le paritarisme est aux commandes d’une majeure part des dépenses publiques ? Comment croire que l’on pourra s’en sortir par le haut, si la formation professionnelle reste coupée de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur ? Comment imaginer qu’une politique de l’emploi efficace peut rester centralisée ?...
De cet entremêlement de responsabilités, monte de plus en plus la sensation d’une complicité de fait qui semble interdire tout changement.
Fuir ou se jeter dans les bras des extrêmes ?
N’y aurait-il donc qu’à désespérer ? Faut-il donc jeter l’éponge, et quitter la France si l’on en a les moyens ? La France est-elle un Titanic qu’il faut abandonner ?
Non, certainement pas. Il suffit de voyager à l’étranger, puis au sein de notre pays pour redécouvrir ses potentialités, ses richesses accumulées, les intelligences individuelles et collectives. Mais attention ce capital ne sera pas éternel. À ne pas faire face à nos problèmes et à ne pas vouloir les résoudre, nous pourrions décrocher fortement, à l’instar de l’Inde qui a complètement manqué la révolution industrielle faute de s’être remise en cause, et a longtemps sombré dans le sous-développement…
Faut-il alors, au nom du « Tous pourris, tous incapables, tous complices » se jeter dans les bras des extrêmes ?
Non plus ! La réponse ne peut pas venir de ces discours d’exclusion qui nient les différences et ignorent la réalité du monde contemporain. En effet, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon partagent le même archaïsme, rêvent tous deux d’une France forte parce qu’isolée, ne comprennent pas que notre monde est devenu horizontal et transverse, nient que la diversité fait la créativité et le développement, refusent de voir que la richesse de la France est d’être en Europe…
Certes l’euro est à reconsidérer dans ses modalités opératoires, certes l’Europe, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, est inefficace, obscure et bien peu démocratique, certes notre vivre ensemble et les relations de confiance sont à reconstruire… mais ceci ne se fera pas dans une forme réinventée du village gaulois d’Astérix. N’oublions pas que, dans la bande dessinée de Goscinny et Uderzo, sans potion magique, rien n’aurait été possible face aux légions de César. Or d’une telle potion, la France n’est pas dotée !
Que faire alors ?
Puisque la solution ne vient pas des partis et des organisations en place, puisque fuir serait lâche et ignorer le potentiel de notre pays, puisque les extrêmes ne sont que des poisons dangereux, il ne nous reste plus qu’à nous lever et à prendre en main le changement nécessaire.
Est-ce utopique ? Peut-être, mais c’est une utopie positive. Ne rien faire, ce serait accepter le déclin et le risque croissant de l’explosion sociale.
Est-ce que cela peut venir d’un homme miracle ? Non, car notre monde est devenu trop complexe et multiple. Dans mon dernier livre, Les Radeaux de feu, j’explique pourquoi le management d’une grande entreprise en système incertain est celui de l’émergence, et pourquoi diriger n’est plus seulement décider. Ce qui est vrai pour une entreprise, l’est encore plus pour un pays.
Est-ce que ceci doit rester des initiatives locales et individuelles ? Non, sinon la puissance sera insuffisante pour faire face à celle du système en place et à transformer. Non, car seul le collectif peut dépasser nos faiblesses individuelles. Non, car il faut contribuer à faire émerger de réelles alternatives politiques, nouvelles et originales.
Au cours du quatrième trimestre 2013, deux nouveaux partis sont nés, tous deux affirmant avoir la volonté de transformer notre pays et de réinventer la politique : Nouvelle Donne et Nous Citoyens.
Nouvelle Donne est issu du Mouvement Roosevelt, et assez largement du Parti Socialiste. Tout en voulant sincèrement transformer notre pays et en portant quelques idées justes et nécessaires – comme celle par exemple de limiter le nombre de mandats non seulement à un moment donné, mais successivement dans le temps –, il porte de fait, implicitement ou explicitement, un regard négatif sur les entreprises, et parie insuffisamment sur la force des énergies individuelles. Certes un État est nécessaire et indispensable, mais, à condition qu’il soit régulateur et porteur du droit, car l’énergie de demain viendra de moins en moins de lui, et de plus en plus de la société civile.
Nous Citoyens, créé par Denis Payre, est lui, porteur de ce message. Ce parti regroupe aujourd’hui plus de 7000 adhérents et 15000 sympathisants, et représente déjà largement toutes les composantes de la société civile. Il ne remet pas en cause l’importance et la nécessité d’avoir un État central, mais sait que l’énergie collective sera de plus en plus issue des maillages locaux et interindividuels. Ce n’est pas au temps de l’Internet et des réseaux horizontaux, que le futur pourra être pensé et poussé depuis le sommet.
C’est donc au sein de Nous Citoyens, que j’ai personnellement décidé de m’investir, et ce depuis quelques mois.
Ne laissons pas la vague des « Tous pourris, tous incapables, tous complices », pousser les uns vers la fuite loin de la France, les autres dans les sirènes des extrêmes de gauche ou de droite.
Agissons, ici et maintenant, pour construire une vraie alternative redonnant confiance et incluant au lieu d’exclure.
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