4 avr. 2009

POURQUOI ENSEIGNER ?

Eveiller ou formater ?

Témognage musical du Pink Floyd : Another brick in the wall

3 avr. 2009

PAUSE DEMENAGEMENT...

Changer d'endroit aide à changer de point de vue, et à maintenir "frais" son œil.

Fort de cette conviction, je viens de déménager. Rien de bien spectaculaire, un glissement du Marais vers la Bastille.
Occasion de jouer au jeu en deux temps du carton : le remplir et le vider. Mais alors que garder, où ranger, tiens ce truc-là, mais pourquoi j'ai cela, je le jette, et puis non, au fonds de ce tiroir, il ne gênera personne.

Aussi le jeu du "je démonte", "je remonte", avec dans les rôles-clés le tournevis et la perceuse.

Avec tout cela, pas facile de trouver le temps d'écrire un article... à part ces quelques lignes...

2 avr. 2009

NOUS ENTRONS DANS LE NEUROMONDE

Histoires de télescopages

« Un dimanche soir, gare de Montélimar, dans le Sud de la France, il est 17 h 10 et j'attends un TGV pour Paris qui doit arriver dans une dizaine de minutes. Je ne pense à rien de précis, et mon esprit surfe sur les conversations voisines. Mon attention est attirée par l'une d'elles : un petit groupe parle de l'évolution du parti communiste et de la montée en puissance des mouvements d'extrême gauche. Je comprends que ce sont des sympathisants. Brutalement, sans transition réelle, l'un d'eux change de sujet et dit d'une voix assurée : « Pour l'éducation de mes enfants, la seule chose que je leur demande à l'école, c'est d'apprendre l'anglais. Le reste pour moi n'est pas important : le français, les mathématiques, cela ne leur servira pas pour parler plus tard. Avec l'anglais, ils pourront voyager partout et se faire comprendre. Vraiment, c'est l'anglais qui compte ». Étonnante affirmation, surtout vu ses convictions politiques : plus besoin d'avoir quelque chose à dire, il suffirait de pouvoir parler. L'échange ne serait plus un moyen, mais une fin en soi…

Quelques jours plus tard, je déjeune à Paris avec un client. Il est de retour de deux semaines de vacances en Iran et me relate une soirée au cours de laquelle il a pu passer quelques heures avec des Iraniens.

« Mais comment avez-vous communiqué, lui demandai-je ? Ils parlaient anglais, français ?

– Non, ils ne parlaient ni français ni anglais, me répondit-il. Mais étrangement, on a réussi à se comprendre avec des gestes et des expressions ! »

Étonnant télescopage de ces deux anecdotes. Deux extrêmes : l'un qui privilégie le contenant au contenu et pense que, demain, l'important ne sera plus le fond ; l'autre qui, en l'absence de tout langage, suffisamment avide de comprendre les différences, arrive à échanger…

En repensant à cela, j'écoute la radio. Le débat porte sur le sujet récurrent de l'assimilation de nouvelles cultures en France : est-il normal ou non par exemple que des musulmans ne se conforment pas aux habitudes culturelles historiques françaises ? Témoignage d'une auditrice qui parle de la France comme si elle en était propriétaire, comme si le fait d'y être né lui donnait le droit d'en définir les conditions d'accès. L'animateur lui rappelle que certains musulmans sont nés en France comme elle. Elle n'en démord pas et fait appel à une sorte de droit de propriété historique : ceux qui sont arrivés récemment seraient moins légitimes qu'elle…

Voilà notre neuromonde : un monde fait de télescopages et parfois d'incompréhensions, un monde où les frontières s'abolissent, un monde dont certains voudraient lisser les différences, un monde face auquel les structures politiques géographiques sont souvent inadaptées.

Pourquoi neuromonde ? Parce que, grâce ou à cause des technologies de l'information, nous sommes de plus en plus interconnectés et que la neurobiologie est, me semble-t-il, une clé de lecture pertinente pour comprendre le fonctionnement nouveau de nos sociétés et de nos relations interpersonnelles. Ce n'est finalement que la prolongation et l'extension de l'analyse que je viens de faire au niveau des entreprises.

L'ampleur du sujet mériterait un livre à lui seul. Ce ne sera ici qu'une digression avec l'amorce de quelques questions… »

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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

1 avr. 2009

MANGÉS DE L’INTÉRIEUR

Ces statues sont des miroirs de nos sociétés

Un dimanche, je marchais Place des Vosges quand, dans la galerie de Medicis, j'ai aperçu les statues de Catalano.

Des statues étranges mangées de l'intérieur. Impression d'un effacement progressif.

Ces personnages sont aussi toujours en mouvement, un bagage ou un sac à la main.

Pourquoi marchent-ils ? Que fuient-ils ? Cherchent-ils à échapper à un cancer qui les ronge ? Y a-i-il un espoir dans ce mouvement ?

Je n'ai pas vraiment l'impression. Sensation plutôt d'une tension supplémentaire qui viendrait accélérer le processus de destruction. Peut-être en est-il même à l'origine. Peut-être ces personnages se vident d'un mouvement incessant.

Je vois dans tout cela comme une métaphore douloureuse de notre société d'aujourd'hui.

Nos sociétés sont comme mangées de l'intérieur par des évolutions qui leur échappent et dont elles sont en même temps à l'origine. Nous sommes pris dans un tourbillon chaotique qui nous emporte…

31 mars 2009

ON PEUT AUSSI S’AMUSER EN LISANT LE POINT !

Poursuite de ma promenade aléatoire dans la presse française : arrêt du jour sur le Point du 30 mars

« François Fillon décrète la fin des comportements irresponsables » : Me voila rassuré. Notre Premier Ministre s'attèle à une tâche essentielle. Telle fut ma réaction immédiate. Puis rapidement, j'ai repensé à la réponse célèbre de de Gaulle qui, suite au cri de « Mort aux cons », avait répondu « Vaste programme ! ».

Il y a un peu de cela dans les propos de Fillon. Est-ce bien raisonnable de vouloir s'attaquer à la « fin des comportements irresponsables », surtout sans mettre aucune limite ou définition ?

Une question parmi d'autres : est-ce que les hommes politiques sont visés ? Si oui, comment compte-t-il définir l'irresponsabilité en politique ? Est-ce ne pas être aux responsabilités, c'est-à-dire dans l'opposition ? Je ne pense pas, car alors Fillon voudrait nous voir basculer dans un régime autoritaire, sans opposition. Non, cela doit être autre chose. Peut-être pense-t-il aux hommes politiques qui ont fait des promesses et ne les ont pas tenus ? Mais là c'est son propre parti qui va se trouver aussi visé, et même son président !

Décidément, vaste programme !


« Jean-François Copié » : Selon cette confidence – comme j'aime le concept des confidences dans la presse …–, les enfants de Sarkozy appelleraient Jean-François Copé, Jean-François Copié, car il emploierait la même stratégie vis-à-vis de leur père que celui-ci avec Chirac.

Tout d'abord bravo pour l'humour. Je ne dis pas que Nicolas Canteloup, Laurent Baffie ou le regretté Pierre Desproges risquent quoique ce soit. Mais quand même, je n'imaginais la famille Sarkozy se permettre des blagues sur un sujet pareil.

Ensuite, n'y a-t-il pas un autre message subliminal ? Dans la famille Sarkozy, la trahison est une valeur que l'on apprend dès l'enfance et que l'on a pris l'habitude de détecter et d'en comprendre toutes les subtilités et toutes les variantes. Belle précocité donc.


« Le chiffre de Jacques Marseille » : Où l'on apprend que 31 932 emplois (dont 21092 dabs l'industrie) ont été créés en 2008 par des entreprises étrangères, pour 541 projets d'investissements. J'aime la précision quasi mystique de ces chiffres, le sens de la précision à l'unité près. Le goût du vrai et de l'authentique.

Manque de chances, il y a un peu plus de 20 ans, je me trouvais alors à la Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (la DATAR) et ai eu à fournir ces mêmes données aux « Jacques Marseille » d'alors. Je sais le côté « fantaisiste » des calculs (de quelle période parle-t-on ? Emplois nouveaux ou reconvertis ? Annoncés ? Réalisés ? …), sans parler des erreurs possibles d'addition (tous ces calculs sont faits au coin d'un bureau et j'ai moi-même le souvenir d'une des mes erreurs de calcul qui avait in fine permis de « créer » 100 emplois de plus !).

Monsieur Jacques Marseille ferait mieux de se méfier un peu plus des chiffres qu'il relaie…

Il est vrai qu'avec la crise, il n'est plus à une erreur près…


« Le thé brulant favorise les cancers de l'œsophage » : Comme la communication est souvent le résultat visible de la guerre des lobbies, je me demande si, derrière cet article, on ne trouverait pas les associations viticoles.

En effet, fatiguées de se voir attaquées de toutes parts – on ne parle plus du vin que comme une source de problèmes –, elles chercheraient à déplacer le tir en direction des anglais et de leur cher « tea time ». En effet, comment imaginer un tea time avec un thé tiède ! Donc subrepticement, c'est toute l'identité culturelle anglaise qui est prise à partie.

Bravo au vin français si il est l'origine de ce combat !

30 mars 2009

SANS DÉSORDRE, AUCUNE DÉMOCRATIE NE PEUT SURVIVRE

Une trop grande primauté accordée à l'ordre conduit à déstabiliser en profondeur l'équilibre d'un système

Dans son livre « Introduction à la pensée complexe », Edgar Morin aborde notamment la question du fonctionnement des organisations et leur capacité à « vivre et traiter avec le désordre » :

« Le facteur « Jeu » est un facteur de désordre mais aussi de souplesse : la volonté d'imposer à l'intérieur d'une entreprise un ordre implacable est non efficiente…

Autrement dit, l'économie de l'URSS a fonctionné grâce à cette réponse de l'anarchie spontanée de chacun aux ordres anonymes d'en haut et, bien entendu, il faut qu'il y ait des éléments de coercition pour que cela marche. Mais ça ne marche pas seulement parce qu'il y a la police, etc. ça marche aussi parce qu'il y a une tolérance de fait à ce qui se passe à la base et cette tolérance de fait assure à la marche d'une machine absurde qui, autrement, ne pourrait pas fonctionner…

C'est la résistance à l'intérieur de la machine qui a fait marcher la machine…

On peut dire grossièrement que plus une organisation est complexe, plus elle tolère le désordre…

A la limite, une organisation qui n'aurait que des libertés, et très peu d'ordre, se désintégrerait à moins qu'il y ait en complément de cette liberté une solidarité profonde entre ses membres. La solidarité vécue est la seule chose qui permette l'accroissement de complexité. »

Ce texte vient pour moi comme en résonance avec le fonctionnement actuel de notre démocratie et de pas mal de débats d'aujourd'hui.

Par exemple, c'est un des thèmes abordés par le film Welcome et les discussions qui en ont suivi : Est-ce que l'application brutale et sans faille de la loi ne conduit pas à une attitude inhumaine face à la détresse des sans-papiers en transit à Calais ? Est-ce que l'humanité ne vient de ce facteur de désordre local où des individus vont décider d'enfreindre la loi pour apporter assistance ? Est-ce que, si l'on refuse d'accepter ce « désordre » local, on ne va pas aboutir à un rejet complet de la loi et donc à l'éclatement de tout le système ?

Plus généralement, la volonté de Sarkozy de contrôler au maximum la mise en œuvre et de viser à une stricte application revient à ramener au minimum tout désordre. Or, pour reprendre l'expression d'Edgar Morin, le désordre est le « facteur jeu » qui apporte la souplesse nécessaire. Du coup, Sarkozy déstabilise en profondeur tout le fonctionnement de notre démocratie : ne pouvant plus « jouer » dans le système, bon nombre d'acteurs sont poussés à s'y opposer globalement. Les tensions montent, au fur et à mesure que se réduisent les marges de manœuvre.

Est-ce parce que Sarkozy pense que la solidarité entre français – quelle que soient leurs origines et leurs positions – n'est pas assez profonde pour une organisation avec beaucoup de libertés, qu'il développe une organisation fondée sur l'ordre ? Je ne suis pas sûr que ce soit le fruit d'une réflexion consciente, mais c'est une réalité.

On voit que la question de l'accroissement des solidarités est au centre de toute réflexion sur la mise en place d'une nouvelle politique plus ouverte et plus désordonnée…

29 mars 2009

À LA PRÉADOLESCENCE ON N'EST PAS FORCÉMENT CONDAMNÉ À LA STAR AC !

Parfois le goût du journalisme politique et du blog citoyen commence jeune.
Dans le cas d'Alex Joubert, on peut vraiment parler de précocité, car il n'a que 13 ans...

28 mars 2009

27 mars 2009

CE N’EST PAS PARCE QUE L’ON COURT VITE QUE L’ON AVANCE VRAIMENT

Ou beaucoup de bruit pour rien !

Souvenir d'une anecdote qui m'est arrivée, il y a quelques années. J'étais alors l'un de ces cadres dirigeants vibrionnaires et habitués à sauter d'un train à un avion, et à vivre toujours entre deux localisations. A ce moment-là, ma maison en Provence, je ne faisais qu'y passer.

Un week-end, j'ai réussi à m'extirper de la capitale pour m'y rendre : 3h de TGV, une voiture de location à l'arrivée du train et 30 mn plus tard, j'étais arrivé. Ce samedi après-midi, j'avais prévu une partie de tennis avec un ami qui, lui, habitait sur place. Je suis arrivé sur le court, tout content d'être enfin là, et naïvement, je lui ai dit : « Finalement, c'est facile de venir jouer au tennis ici : grâce au TGV et à une location de voiture, cela ne m'a pris que 3h 30 en tout et me voici sur le court avec toi. »

Il m'a regardé avec un sourire amusé : « Tu sais, il y a plus simple. Il suffit d'habiter ici comme moi ! ».

Eh oui, j'étais une victime de ce que j'ai coutume d'appeler « le syndrome de la course en rond ». Comme la plupart des dirigeants, j'avais confondu vitesse de déplacement avec efficacité. Certes, dans la plupart des entreprises, tout le monde court – et singulièrement l'encadrement–. Mais est-ce réellement pour créer de la valeur ? Quel est le résultat concret de cette agitation ? Et ce surtout, si on laisse un peu de temps passé et la poussière retomber.

Souvent finalement, on constate avec un peu de recul, que nous sommes comme des coureurs sur un stade : nous courons en rond en repassant régulièrement au même endroit…

26 mars 2009

APPRENONS À VIVRE SANS DIEU(X)

A-t-on besoin de "sous-traiter" la morale et la responsabilité à un Dieu ?

Le nombre des commentaires suscités par mes articles « Ciel, Dieu me parle ! » et « Ciel, je suis né par hasard et pour rien » m'incite à prolonger encore un peu mon propos.

Tout d'abord je vais vous demander de retourner pour un moment dans le corps de ce jeune devin que vous aviez abandonné au milieu du deuxième article. Que mes lectrices m'excusent par avance de leur demander de façon aussi peu cavalière de rejoindre la peau d'un homme – l'une d'elles, à juste titre, m'en a fait le reproche dans un commentaire –, mais qu'elles le prennent comme une expérience provisoire, et finalement toujours enrichissante. Je leur promets que, à l'occasion d'un prochain article, j'inciterai tous mes lecteurs à se mettre dans la peau d'une femme.

Nous voilà donc redevenu ce jeune devin. Rappel rapide (pour ceux qui ont perdu le fil, le plus simple serait d'aller relire l'article précédent) : nous sommes au temps des hommes préhistoriques, et, suite à la réception d'images mentales, tout le monde est persuadé que Dieu existe. Comme vous êtes plus malin que les autres, vous avez rapidement compris qu'il y avait une opportunité pour vous : vous vous êtes installé devin, c'est-à-dire comme le grand interprète de toutes ces images mentales.

Rapidement vous êtes débordé : l'ensemble de la tribu n'arrête pas de défiler devant vous, pour oui ou pour un non, ou plutôt pour la moindre image mentale qui surgit. Vous comprenez qu'il faut émettre des règles, des codes, un système prêt à l'emploi : une sorte de « do it yourself » qui va faire un pré-tri et ne vous laisser que les cas hors normes. Vous édictez donc ce vadémécum de l'image mentale, une sorte de pré-bible, un avant-avant testament. Pas question de perdre le revenu de votre expertise : vous « vendez » ce vadémécum au prix d'un sanglier, prix jugé astronomique, mais comme vous parlez au nom de Dieu, personne n'ose trop rien dire.

Pourtant vos efforts pour rationnaliser votre rôle de devin sont insuffisants : votre réputation se propage et de nouveaux « clients » viennent de tous les villages voisins. Vous voilà obligé de former des disciples qui vont vous représenter tout autour…

Bon j'arrête là, au moins pour aujourd'hui. Laissons donc ce devin à la mise en place de cette religion qui n'a pas encore de nom…

Retour à nous et à vous. Nous qui sommes nés par hasard et pour rien.

Tout d'abord un double commentaire sur le sens des mots « hasard » et « pour rien ».

J'emploie le mot hasard pour dire que notre existence – la vôtre, la mienne – n'est pas le résultat d'une volonté, ni d'un dessein. Nous existons simplement parce que nous étions une des évolutions possibles du vivant, et que c'est celle-là qui est advenue. Ni plus, ni moins. Donc oui, bien sûr, a posteriori, on peut reconstruire la chaîne de causalité qui nous a amené à exister. Mais a priori, on n'aurait pas pu la dessiner, ou plutôt dire que c'était celle-là qui allait se produire. Ce n'était qu'une parmi une quasi-infinité d'autres possibles.

J'ai vu à la lecture des commentaires suscités par mes articles précédents que vous êtes nombreux à ne pas accepter cette existence due au hasard. Comment un monde aussi sophistiqué pourrait-il exister sans un architecte, sans un plan ? Mais justement c'est parce qu'il est si compliqué qu'aucun architecte – même un dieu ou plusieurs dieux – n'auraient a priori pu le définir. Par contre, grâce aux nouvelles approches de l'auto-organisation et du chaos, nous pouvons imaginer comment il a pu émerger… de lui-même et par hasard…

Pour rien, maintenant. Cette fois, c'est le couplet de l'irresponsabilité qui ressort des commentaires. Comment, si nous sommes là pour rien, si personne n'attend rien de nous, pourrions-nous nous intéresser à notre prochain ? Si nous sommes nés par hasard et pour rien, alors c'est la loi du chacun pour soi, la loi de la jungle ?

Permettez-moi de retourner ce propos. Avez-vous besoin d'un Dieu qui vous dit ce qui est bien et mal ? Avez-vous besoin d'une loi du talion qui va venir punir celui qui s'écarte du bon chemin ? Avez-vous besoin ainsi de sous-traiter la morale à une autorité externe et immanente ?

Finalement, selon vous, heureusement qu'il y a ces devins avec leurs vadémécum qui nous disent ce que nous devons faire !

Non, mille fois non ! Je ne peux pas adhérer à cette morale de l'irresponsabilité. L'engagement au profit de mon voisin, au profit de celui qui est différent de moi, au profit de la vie, ne doit pas être un choix imposé ou prescrit, mais un choix gratuit et voulu.

A nouveau, le fait d'être né pour rien et pour personne n'est pas un fardeau, mais l'occasion d'un choix libre.

Maintenant sur l'existence de Dieu(x), je voudrais leur poser une simple question : qu'est ce que c'est que ce ou ces Dieux capables de concevoir un monde aussi compliqué que le nôtre et laisser se faire autant de meurtres, de massacres – parfois en leur(s) nom(s) –, d'épidémies ? Ces dieux ne m'intéressent pas. Ou ils sont tout puissants et ils sont incompétents. Ou ils ne le sont pas, et alors sont-ce des dieux ? Dans les deux cas, je n'ai qu'une recommandation, laissons-les tranquilles et vivons notre vie d'humains … sans eux…

Que chacun de nous soit simplement conscient qu'il est là parce que la vie lui a permis d'exister, et qu'il est une forme de maillon dans ce relais sans fin et sans but. Nous avons reçu la vie. A nous de la transmettre dans les meilleures conditions.

Comme Clint Eastwood dans Gran Torino (voir « le Tao de la force du creux »), faisons chacun la découverte que la force et la solidarité sont dans l'acceptation de notre faiblesse et non pas dans une arme quelconque … divine ou pas. Acceptons de vivre sans Dieu(x). Apprenons à vivre de ce manque de ce sens.

Nous serons alors forts parce que vulnérables.

Nous serons alors libres parce qu'inutiles.

Nous deviendrons alors vraiment solidaires parce que chacun se sentira simplement partie prenante de la vie.