Il faut intégrer l’incertitude dans le temps de calcul
Voilà maintenant quinze minutes que j’attendais le commercial qui devait m’accompagner à ce rendez-vous quand il arriva tout essoufflé :
« A cause de toi, nous allons être en retard !
- Désolé, mais j’ai été pris dans un embouteillage.
- Bon, on en reparlera après. Inutile d’accroître notre retard. »
Une heure plus tard, assis dans le café voisin, je repris la conversation.
« Donc, tu m’as dit que tu avait été en retard, à cause d’un embouteillage. Dis-moi, juste une question, des embouteillages, il n’y en a jamais à Paris ?
- Si, bien sûr !
- N’est-ce pas… Quand tu es parti pour notre rendez-vous, d’où venais-tu ?
- De l’autre bout de Paris.
- Et tu estimais à combien ton temps de parcours.
- A quarante-cinq minutes.
- Et combien de temps avant, es-tu donc parti ?
- Eh bien, quarante-cinq minutes, évidemment !
- Mais si tu estimais ton temps de parcours à quarante-cinq minutes, l’incertitude due aux conditions du trafic est au minimum de quinze minutes, en plus ou en moins, non ?
- Oui, probablement.
- Donc en partant quarante-cinq minutes avant, tu avais une chance sur deux d’être en retard. Pour avoir une bonne chance d’être à l’heure, tu devais mettre l’incertitude dans ta marge, et partir soixante minutes avant. Merci la prochaine fois de faire ainsi. Tu ne seras pas à l’heure à coup sûr, car il reste les impondérables, mais cela t’évitera d’être en retard à coup sûr… »