La vie végétale bricole comme elle peut… (4)
Je n’ai aucun élément pour le démontrer, mais je suis prêt à parier que
c’est le cas… surtout quand l’observe que cette incertitude va continuer à
accélérer avec l’apparition du monde animal, puis des humains, et plus
récemment avec le Neuromonde.
Prenons-le donc comme le principe de l’accélération de l’incertitude que
j’énoncerais ainsi : non seulement tout système isolé évolue spontanément en
augmentant le nombre de ses possibles et devient d’instant en instant moins
prévisible, mais la vitesse de l’augmentation du nombre de ses possibles est
croissante.
Retournons au tout début de notre univers, juste après le big-bang. Que
se passe-t-il alors ? Non seulement la loi de l’entropie, mais aussi la
multiplication du nombre de corps en interaction. Un seul ou quasiment à
l’instant initial, puis les particules, et etc.
Or Henri Poincaré a démontré dès le début du XXe siècle, que l’équation
dynamique d’un système à trois corps était déjà insoluble. Plus le nombre de
corps est grand, plus dans toute portion de l’espace, j’en trouverai plus de
trois. Ainsi, l’accroissement exponentiel du nombre de corps en interaction
vient non seulement accroître l’incertitude, mais le faire de plus en plus
vite.
J’avais donc omis ce point essentiel quand j’ai reformulé la loi de
l’entropie (1) : même avant le vivant, non seulement l’incertitude
s’accroissait, mais cela arrivait de plus en plus vite. Le nombre d’états qui
composent l’univers non seulement s’accroît, mais la vitesse d’accroissement
aussi.
Que s’est-il passé alors ?
Est-ce que cette vitesse arrivait à une asymptote dans la matière inerte
? Est-ce que cette accélération continue devait nécessairement conduire à des
interactions dynamiques, à l’homéostasie, et donc à la vie ? Est-ce que la
naissance du vivant était inéluctable ?
Je crois que le mot inéluctable n’est pas le bon. En effet, rien n’est
jamais ni inéluctable, ni écrit à l’avance : comme je l’ai indiqué précédemment
dans « Le champ des possibles n’existe pas », l’univers ne fait que définir ce qui ne peut pas advenir, pas
l’inverse.
Donc ce que l’on peut dire, c’est que l’apparition du vivant est logique,
car c’est une façon pertinente d’accélérer la croissance de l’incertitude :
tout se passe dans des intervalles de temps plus court.
Est-ce qu’il aurait pu ou pourrait exister d’autres façons pertinentes de
l’accélérer ? Peut-être, et même probablement oui. Est-ce qu’elles existent
quelque part dans l’univers ? Peut-être, et même probablement…
Mais comme je ne suis inclus que dans la réalité de ce monde et du
vivant, je vais me centrer sur celle-ci…
(à suivre)