Un régal à déguster sans retenue…
Petit pause au milieu de la découverte des Radeaux de feu, avec trois anecdotes tirées de la lecture récente de Middlesex de Jeffrey Eugenides.
Dans le début du livre, quand nous l’accompagnons au pays des vers à soie et de leurs cocons, il relate une légende chinoise selon laquelle, en 2640 avant Jésus Christ, la princesse Si Ling-chi aurait reçu dans sa tasse de thé un cocon de vers à soie. Quand elle a voulu l’enlever, elle vit que la chaleur du liquide avait son office. Avec l’aide de sa servante, elle déroula le cocon, et constata que le fil faisait un demi mile. Jeffrey Eugenides conclut son propos, en faisant remarquer qu’il avait fallu trois millénaires à cette légende pour passer à l’Ouest, et devenir celle du physicien et de la pomme.
Comme il le fait remarquer : « D’une façon ou d’une autre, les significations sont les mêmes : les grandes découvertes, que ce soit la soie ou la gravité, proviennent toujours d’aubaines. Elles arrivent quand on traîne sous un arbre. »
Beaucoup plus loin, alors que son récit nous a emmené aux États-Unis, pour y suivre la course en avant de sa saga familiale, j’ai trouvé une belle définition du réel : « La seule façon de savoir si c’est vrai, est que nous le rêvions tous les deux. Voilà la réalité, c’est un rêve que tout le monde fait ensemble. »
Enfin vers la fin, une amusante explication des différences entre les sexes. Je ne sais si l’on peut s’y fier, mais au moment où l’on a un peu tendance à tout vouloir confondre, pourquoi ne pas s’y arrêter quelques instants :
« Pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas communiquer ? Parce que ils ont dû se taire pendant la chasse. Pourquoi les femmes communiquent-elles si bien ? Parce qu’elles ont dû s’appeler les unes les autres pour se dire où trouver des fruits et des baies. Pourquoi les hommes ne peuvent-ils jamais retrouver leurs affaires chez eux ? Parce qu’ils ont une vision étroite, ce qui est utile pour suivre la trace d’une proie. Pourquoi les femmes retrouvent-elles leurs affaires si facilement ? Parce que pour protéger le nid, elles ont l’habitude de surveiller tout autour. Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas se garer le long du trottoir ? Parce que le bas niveau de testostérone inhibe la capacité spatiale. Pourquoi les hommes ne demandent-ils pas leur chemin ? Parce que le demander est un signe de faiblesse, et les chasseurs ne montrent jamais de faiblesse. »