Le capital du XXIe siècle (18) – Inégalités (Best of - Billets parus entre 2 et 17/7/14)
Poursuite de ma promenade au sein du livre de Thomas Piketty après la croissance et le capital, parlons des inégalités.
Nous en arrivons donc au thème des inégalités, celui dont on a le plus parlé au sujet du livre de Thomas Piketty, Le capital du XXIe siècle.
D’abord rien ou presque, puis l’immobilier, les actifs financiers tout en haut…
Première observation de Thomas Piketty, les inégalités face au capital sont toujours plus fortes que face au revenu :
«
Pour donner un premier ordre de grandeur, la part des 10 % des personnes recevant le revenu du travail le plus élevé est généralement de l’ordre de 25 %-30 % du total des revenus du travail, alors que la part des 10 % des personnes détenant le patrimoine le plus élevé est toujours supérieure à 50 % du total des patrimoines, et monte parfois jusqu’à 90 % dans certaines sociétés.
De façon peut-être plus parlante encore, les 50 % des personnes les moins bien payées reçoivent toujours une part non négligeable du total des revenus du travail (généralement entre un quart et un tiers, approximativement autant que les 10 % les mieux payés), alors que les 50 % des personnes les plus pauvres en patrimoine ne possèdent jamais rien – ou presque rien (toujours moins de 10 % du patrimoine total, et généralement moins de 5 %, soit dix fois moins que les 10 % les plus fortunés). »
Ainsi la moitié inférieure de la société ne posséderait que sa force de travail, et n’aurait accumulé aucun capital.
Une autre différence importante, cette fois à l’intérieur du capital, est la différence de sa composition en fonction de sa taille. Aujourd’hui, dans nos sociétés développées, le patrimoine net moyen est d’environ 200 000 € par adulte, et il est composé pour 2/3 par de l’immobilier, et 1/3 par des actifs financiers et professionnels.
Que devient cette répartition si on analyse par niveau de richesse ?
Les plus pauvres qui représentent 50% de la population ne détiennent que 5% du capital total, et pour eux le patrimoine moyen par adulte n’est que 20 000 €. Le plus souvent, ce sont des locataires, et leur patrimoine est composé de biens durables comme du mobilier ou une automobile. La part supérieure peut être propriétaire de son appartement, mais il est grevé des emprunts restant à rembourser, d’où un actif net modeste.
Les 40% suivants qui détiennent 35% du capital total, ont un actif moyen de 175 000 €. C’est au sein de cette tranche qu’apparaissent les premiers réels actifs financiers et économiques : quand le patrimoine dépasse les 300 000 €, l’immobilier représente encore l’essentiel, mais le patrimoine financier devient significatif, surtout quand les emprunts ont fini d’être remboursés.
Venons en maintenant aux 10% les plus favorisés. Leur patrimoine moyen est de 1,2 M€. Zoomons au sein de cette tranche.
Les premiers 9% ont un patrimoine de 900 000 €, versus 5M€ pour le 1% du haut. Ils sont tous propriétaires de leur appartement. Mais alors que les actifs immobiliers représentent de la moitié aux trois-quarts du patrimoine des premiers 9%, pour le décile supérieur, ce sont les actifs financiers et professionnels qui dominent : « Entre 2 et 5 millions d’euros, la part de l’immobilier est inférieure à un tiers ; au-delà de 5 millions d’euros, elle tombe au-dessous de 20 % ; au-delà de 20 millions d’euros, elle est inférieure à 10 %, et les actions et parts constituent la quasi-totalité du patrimoine. »
Des populations qui partagent le même territoire, mais n’ont pas les mêmes préoccupations
Résumons en simplifiant la structure du capital telle qu’elle se présente dans un pays développé moyen, c’est-à-dire peu ou prou comme la France.
La première moitié de la population est locataire et n’a pour actif que ce qu’elle met dans l’appartement et dans quoi elle roule.
Puis à partir des patrimoines autour de 100 000€, commence le monde des propriétaires immobiliers, et le poids de cet investissement représente d’abord la totalité, et encore l’essentiel de leur patrimoine, ce jusqu’à 1M€, c’est-à-dire quand on atteint les derniers pourcentages de la population.
Au-delà, pour le dernier %, le poids de l’immobilier baisse, et nous entrons dans le monde des actifs financiers et professionnels, actifs qui deviennent dominants quand on dépasse les 2 M€.
Enfin après 20 M€, l’immobilier devient marginal.
Une autre façon de formuler cela, serait de dire :
- La moitié de la population est préoccupée par le niveau des loyers, et épargne pour meubler son appartement et acheter sa voiture. Aucun capital, uniquement des revenus, donc une très grande sensibilité à toute évolution des conditions de travail, ainsi que des loyers qui constituent une part essentielle des dépenses contraintes (plus de 20% aujourd’hui en France).
- 45% sont préoccupés par la valeur de l’immobilier qui constitue l’essentiel de ses actifs. La chute de la bourse et des placements financiers aura un impact sur leur capital, mais de deuxième ordre par rapport à l’évolution de l’immobilier. Une fois les emprunts remboursés, et si aucun nouveau projet d’agrandissement immobilier n’est nécessaire, une variation des revenus peut être amortie.
D’une société de rentiers à une société de cadres
Que s’est-il passé selon Thomas Piketty en matière de réduction des inégalités de revenus ? Beaucoup à cause des guerres, rien à cause d’un processus structurel de compression des inégalités. Telle est une des thèses majeures de son livre : les inégalités perdurent, et même se développent comme nous le verrons plus loin.
« Dans une large mesure, la réduction des inégalités au cours du siècle écoulé est le produit chaotique des guerres, et des chocs économiques et politiques qu’elles ont provoqués, et non le produit d’une évolution graduelle, consensuelle et apaisée. Au XXe siècle, ce sont les guerres qui ont fait table rase du passé, et non la paisible rationalité démocratique ou économique. »
Cette assertion est loin de faire l’unanimité aux seins des économistes. Comme un de mes amis me disait dernièrement : « Au temps des rois, seuls les nobles pouvaient lire la nuit. Au dix-neuvième siècle, toute la bourgeoisie le pouvait. Aujourd’hui tout le monde. Belle réduction des inégalités, non ? »
Il est vrai que l’accès au confort et technologies diverses se diffuse de plus en plus…
Sans entrer dans cette polémique entre experts, force est de constater que la tranche où les revenus du capital dominent les revenus du travail ne représente de nos jours que 0,1% des revenus les plus élevés, soit cinq fois moins qu’en 1930, et dix fois moins qu’en 1910.
Mais si les inégalités liées au capital se sont réduites, celles liées aux salaires restent, car, comme Thomas Piketty le rappelle, le salariat n’a jamais été un bloc homogène.
Thomas Piketty ramasse cela en une formule adroite : « Dans une large mesure, nous sommes passés d’une société de rentiers à une société de cadres. » Et il précise : « C’est-à-dire d’une société où le centile supérieur est massivement dominé par des rentiers (des personnes détenant un patrimoine suffisamment important pour vivre des rentes annuelles produites par ce capital) à une société où le sommet de la hiérarchie des revenus – y compris le centile supérieur – est composé très majoritairement de salariés à haut salaire, de personnes vivant du revenu de leur travail. »
Le monde des super-cadres anglo-saxons
Arrêtons-nous maintenant sur une comparaison au sein des pays développés entre les pays anglo-saxons versus les autres, car depuis les années 70, nous vivons une évolution divergente.
Du côté des pays anglo-saxons, les inégalités de revenus se creusent.
Ainsi selon les calculs de Thomas Piketty, « si l’on cumule la croissance totale de l’économie américaine au cours des trente années précédant la crise, c’est-à-dire de 1977 à 2007, alors on constate que les 10 % les plus riches se sont approprié les trois quarts de cette croissance ; à eux seuls, les 1 % les plus riches ont absorbé près de 60 % de la croissance totale du revenu national américain sur cette période ; pour les 90 % restants, le taux de croissance du revenu moyen a été ainsi réduit à moins de 0,5 % par an. »
Bien plus, c’est le millième supérieur qui a capté l’essentiel : à eux seuls, ils ont absorbé plus de 30% cette croissance. Qui sont-ils ? D’abord des cadres dirigeants, et seulement pour moins de 5%, des sportifs, acteurs ou artistes. D’où une nouvelle formule de Piketty, concernant les USA : « Les nouvelles inégalités américaines correspondent bien plus à l’avènement des « super-cadres » qu’à une société de « superstars ». »
Cette évolution, on la retrouve dans les autres pays anglo-saxons, mais deux à trois fois moins forte.
A l’inverse dans les autres pays développés, aussi bien en Europe qu’au Japon, on ne retrouve pas cette évolution : la part du centile supérieur est sensiblement stable depuis les années 70, ce qui signifie que la captation des revenus s’est fait à due proportion de sa situation antérieure. Les inégalités ne diminuent, ni se creusent.
Même remarque pour le millime supérieur. Ainsi les salaires extrêmement élevés de quelques cadres dirigeants y sont suffisamment rares pour que ceci ne se traduise pas dans les indicateurs macroéconomiques.
En résumé, dans les pays anglo-saxons, l’inégalité des revenus a retrouvé ou est en passe de retrouver les niveaux records des années 1910-1920, alors qu’en Europe continentale et au Japon, elle est beaucoup plus faible et a peu changé depuis 1945.
Ceci est bien résumé par la comparaison entre les États-Unis et l’Europe : la part du décile supérieur évolue de façon synchrone jusqu’en 1970, puis diverge. En 2010, le décile supérieur représente près de 50% des revenus aux USA, contre 35% en Europe.
Une Europe devenue moins inégalitaire en terme de patrimoine que les États-Unis
Passons maintenant aux inégalités de patrimoine.
Là encore, on constate en France, et plus généralement en Europe, que la période des deux guerres mondiales a fortement réduit les inégalités de patrimoine, et que depuis, peu ou prou, la situation est stable, mais toujours avec un fort niveau de concentration :
- 65% du patrimoine est détenu en 2010 par le décile supérieur, contre près de 90% en 1910 et autour de 80% pendant tout le 19ème siècle.
- 25% par le centile supérieur en 2010, contre 60% en 1910, et 45 à 50% pendant le 19
ème siècle.
Une autre façon de formuler cette évolution est de dire qu’il faut dix fois plus de personnes pour obtenir le niveau de détention : 10% de la population au lieu de 1% un siècle plus tôt.
Que dire de la comparaison entre Europe et États-Unis ?
D’abord une inversion des positions : l’Europe de 1910 était nettement plus inégalitaire que les États-Unis, le décile supérieur y détenant plus de 60% des biens contre 45%. Cent ans plus tard, de partout les inégalités ont diminué, mais nettement moins aux USA qui se retrouvent plus inégalitaires, avec 35% détenu par le décile supérieur contre 25% en Europe.
Selon Thomas Piketty, c’est cette forte réduction des inégalités, couplée avec la forte croissance qui est à l’origine de l’image si positive des Trente Glorieuses sur le vieux continent : « On a l’impression d’avoir dépassé le capitalisme, les inégalités et la société de classes du passé ».
Et comme depuis la croissance s’est enrayée et que les inégalités ne régressent plus, nous serions en train de vivre le temps de désillusion. Thèse intéressante et probablement pertinente…
Le retour de l’héritage
Autre angle d’analyse concernant le patrimoine : celui de l’héritage. Quel est son poids ?
Je ne vais pas reprendre ici le détail des calculs de Thomas Piketty qui portent sur l’impact de l’allongement de la durée de vie, de la mortalité due aux deux guerres, du baby-boom qui en a suivi, puis du développement récent des donations.
Je vais me contenter de la synthèse qu’il en fait, c’est-à-dire de la part des patrimoines hérités dans le patrimoine total en France, et dans les ressources totales :
- Avant 1910, ils représentaient 85 à 90 % du patrimoine total, et 24% des ressources totales,
- Entre 1910 et 1970, chute rapide jusqu’à ne plus représenter que 45% du patrimoine, et 10% des ressources,
- Remontée depuis 1970 pour atteindre en 2010, 65% du patrimoine et 22% des ressources.
Ainsi la destruction engendrée par les deux guerres avait fait de la France un pays largement à reconstruire, et donc neuf en quelque sorte. Mais la reconstruction une fois faite, le poids de l’héritage est de retour.
Est-ce à dire que, comme Thomas Piketty le propose, cette part va continuer à croître dans les décennies à venir et que nous allons retrouver le pic de 1910 ? Cela dépendra des ruptures technologiques à venir et de la solidité des patrimoines actuels. Donc difficile d’être aussi affirmatif sur le futur.
Mais ce qui semble clair, est que le poids des héritages est aujourd’hui redevenu important. Ceci ne serait pas gênant si l’on pouvait compenser un handicap en patrimoine, par un avantage en revenu salarial. Malheureusement, et c’est bien un des problèmes de la société française contemporaine, l’un et l’autre ont tendance à se renforcer, l’importance des donations et le fonctionnement de l’Éducation nationale jouant de concert.
Poursuivons l’analyse de cette relation entre héritage et revenu…
Hériter ou travailler ?
Une autre façon d’analyser la relation entre héritage et revenu est de comparer le niveau de vie atteint par les personnes qui ont bénéficié du 1% des héritages les plus élevés, versus par les personnes qui ont atteint les 1% des emplois les mieux payés. Ou formulé plus simplement : pour être riche, vaut-il mieux hériter ou travailler ? C’est ce que Thomas Piketty appelle le dilemme de Rastignac : faut-il faire un bon mariage ou réussir professionnellement ?
Jusqu’en 1870, la réponse est sans appel : le niveau des héritiers favorisés est 2,5 fois plus élevé que celui des salariés favorisés. Donc pas de dilemme : si vous n’êtes pas un héritier et que vous êtes ambitieux, chercher la meilleure dot. Inutile de vous épuiser à faire des études.
Dès 1870, l’écart diminue et s’inverse en 1890, c’est-à-dire avant les deux guerres mondiales. Probablement l’impact de la révolution industrielle. Ainsi pendant plus de 60 ans, la réponse s’inverse : priorité à la réussite professionnelle.
A partir de 1930, et surtout de 1950, le niveau de vie des héritiers se redresse, et finalement à partir de 1970, les deux sont équilibrés : l’inégalité héritée équivaut à l’inégalité professionnelle. Thomas Piketty projette que les héritiers dans les années à venir vont dépasser les professionnels, mais à nouveau ses projections ne sont que spéculatives, et de plus l’écart est modeste.
Retenons donc en tout cas qu’en 2010, si vous êtes bien nés ou avez fait le bon mariage, cela équivaut à la meilleure réussite professionnelle.
Or comme Thomas Piketty l’indique : « Nos sociétés démocratiques s’appuient en effet sur une vision méritocratique du monde, ou tout du moins sur un espoir méritocratique, c’est-à-dire une croyance en une société où les inégalités seraient davantage fondées sur le mérite et le travail que sur la filiation et la rente. Cette croyance et cet espoir jouent un rôle tout à fait central dans la société moderne. Pour une raison simple : en démocratie, l’égalité proclamée des droits du citoyen contraste singulièrement avec l’inégalité bien réelle des conditions de vie, et pour sortir de cette contradiction il est vital de faire en sorte que les inégalités sociales découlent de principes rationnels et universels, et non de contingences arbitraires. »
Voilà bien un des défis actuels français : défendre une culture de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Comment arriver à ne pas retomber dans une forme d’inégalité héritée ? A sa façon, le livre de Piketty apporte des éléments montrant qu’en France, pour reprendre une expression populaire, « c’est pas gagné ! ».
La force des placements des plus grandes fortunes
Dernier volet de cette promenade au pays des inégalités guidé par Thomas Piketty, celui qui a trait aux plus grandes fortunes.
Premier mode d’analyse proposé, celui qui part du classement du magazine Forbes. Selon ce magazine, la part détenu par les milliardaires en dollar est passée de 0,4% du patrimoine privé mondial en 1987 à 1,5 % en 2013.
Autre façon proposée par Piketty : examiner l’évolution du patrimoine détenu par un pourcentage fixe de la population mondiale, par exemple le un vingt millionième le plus riche ou le un cent millionième. Dans le premier cas, le patrimoine moyen est passé de 1,5 Milliards $ en 1987 à 15 en 2013, soit une progression moyenne annuelle de 6,4% au-dessus de l’inflation. Dans le deuxième cas, le patrimoine moyen est passé de 3 à près 35 Milliards $, soit 6,8% au-dessus de l’inflation. Soit dans les deux cas, nettement plus que la progression annuelle du patrimoine moyen qui n’a été que 2,1%, ou encore le revenu mondial qui a été 1,4%.
Selon ses calculs, il y aurait donc bien une concentration croissante du capital : plus on est riche, plus son capital s’accroît rapidement.
Pour appuyer son étude, Thomas Piketty analyse alors les performances relatives des dotations en capital des universités américaines. C’est en effet une source homogène, avec un accès à toutes leurs performances, et de taille très variée (le capital géré par les plus grandes dépasse les 10 Milliards $ et s’apparentent donc aux plus grandes fortunes, alors que celui des plus petites est en dizaines de millions).
Première conclusion : elles ont toutes globalement surperformées, puisque le rendement moyen obtenu a été de 8,2% par an entre 1980 et 2010.
Deuxième conclusion : la performance s’accroît avec la taille puisqu’elle passe de 6,2 % pour les plus petites à 10,2% pour, Harvard (30 Milliards $ de capital géré), Yale (20 Milliards $) et Princeton (plus de 15 Milliards $), et cette croissance est systématique.
Un écart de 1% peut sembler modeste, mais comme il est renouvelé chaque année, il conduit à un écart de 22% en 20 ans, et 64% en 50 ans. L’écart annuel de 4% entre les deux extrêmes revient à multiplier par plus de 2 en 20 ans, et plus de 7 en 50 ans.
D’où vient cette divergence croissante ? D’abord, de l’effet de taille qui permet d’une part de mieux amortir les frais de gestion ;
Mais surtout selon Piketty, les très grandes fortunes bénéficient des meilleurs conseils et accèdent aux meilleurs placements. Ainsi plus le capital géré par l’Université est important, plus sa stratégie de placement est diversifiée, et plus elle a accès à des placements à très haut rendement tels que les actions non cotées (private equity), fonds spéculatifs (hedge funds), produits dérivés… : « On constate qu’ils (les placements alternatifs) représentent à peine plus de 10 % des portefeuilles pour les dotations inférieures à 50 millions d’euros, puis atteignent rapidement 25 % entre 50 et 100 millions d’euros, 35 % entre 100 et 500 millions d’euros, 45 % entre 500 millions et 1 milliard, pour finalement culminer à plus de 60 % des portefeuilles pour les dotations supérieures à 1 milliard d’euros. »
Tel est pour Piketty un des risques majeurs : voir les plus grandes fortunes progresser quasiment inexorablement à cause de cet accès réservé aux meilleurs produits financiers.
« Si l’on ajoute à cela l’inégalité du rendement du capital suivant la taille du capital initial, que la complexité croissante des marchés financiers globalisés peut avoir tendance à renforcer, on voit que tous les ingrédients sont réunis pour que la part détenue par le centile et le millime supérieurs de la hiérarchie mondiale des patrimoines dans le capital de la planète atteigne des niveaux inconnus. Il est certes difficile de dire à quel rythme se fera cette divergence. »
Dernière remarque tirée de son livre avant de conclure : la somme des actifs nets détenus par les ménages européens représentent 70 000 milliards €, soit plus de 20 fois la somme de tous les fonds souverains chinois et des réserves de la Banque de Chine. Donc pas d’inquiétude à avoir : nous ne sommes pas prêts d’être détenus par la Chine. Donc selon lui, le seul vrai risque est bien la divergence oligarchique