12 nov. 2014

LE CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ FORCÉ

Histoire de pomme (3)
Acte 5 : Quand, en septembre, l’énervement amène à casser l’écran et que le besoin de le réparer rapidement empêche d’aller chez Apple
Mi septembre, alors que, une fois de plus, je venais d’avoir la joie de passer par la case « Écran bleu », je sortis irrité de ma voiture, et le tenant insuffisamment, il m’échappa. Gagné : l’écran en mille morceaux. 
« Sept ans de malheur, pensai-je ». La réunion qui suivit se passa bien, démentant le proverbe. La suite démontra que le proverbe n’était si erroné…
Il ne pouvait être question de rester longtemps avec cet écran en miettes, car je n’avais pas fait dans la demi-mesure. Dans ma famille, quand on casse, on le fait vraiment !
« Parfait, me dis-je, je vais faire d’une pierre deux coups : faire réparer l’écran et signaler mon problème d’écran bleu ».
Entre deux rendez-vous, imaginant que l’urgence de la situation allait me dispenser de passer par la case Genius Bar, je me rendis au magasin Apple de l’Opéra.
Erreur. Impossible d’avoir accès à quiconque sans rendez-vous. J’eus beau montrer la mosaïque qui me tenait lieu d’écran, rien n’y fit.
« Qu’à cela ne tienne, je vais donc prendre rendez-vous ».
Certes, mais l’affluence était telle que ce fut rigoureusement impossible. Aussi puisque je ne pouvait continuer avec cet écran qui n’en était plus un, je commis la faute ultime, celle qui est l’outrage à l’oligopole parfait d’Apple : je fis réparer mon écran chez un vendeur non agréé.
Me voilà donc avec un iPhone à nouveau en état de marche, mais ayant toujours la maladie de l’écran bleu. J’étais donc en partie soulagé, inconscient du crime de lèse-majesté que je venais de commettre, et qui m’excluait définitivement du paradis Apple.
(à suivre)

10 nov. 2014

PLUS DE SON, PUIS TROP DE BLEU !

Histoire de pomme (2)
Acte 3 : Remplacement de l’iPhone 5S initial par un clone apparemment flambant neuf fin juillet 2014
Décidant qu’il ne pouvait être question de me satisfaire d’un iPhone qui me ramènerait au temps du cinéma muet – et pourtant ce serait charmant de retourner un nouvel arroseur arrosé ! –, je décide de m’adresser à Apple pour qu’il me le répare.
Je découvre alors les joies du « Genius bar », ce système qui contraint tout utilisateur d’Apple à prendre rendez-vous pour qu’une intervention pourtant couverte par la garantie puisse avoir lieu. Première rencontre avec la conception étrange du service client version pomme : l’obliger à accepter les contraintes de la firme, tout en lui faisant croire que c’est pour son bien.
Grâce à mon expertise de la navigation web, me voilà donc disposant d’une réservation pour un rendez-vous au magasin Apple à côté de l’Opéra de Paris. Une demi-heure d’attente et une analyse rapide faite par un spécialiste compétent, suffirent à me doter d’un nouvel iPhone 5S qui me faisait à nouveau pénétrer dans les joies du cinéma parlant.
J’imaginai un instant demander à ma fille, à mon nouveau gendre et à la myriade d’invités de revenir pour retourner les vidéos manqués, mais je compris rapidement qu’il ne pouvait pas en être question. 
Je mis donc mon mouchoir sur ma peine – ce n’est qu’un image, car je ne me serais pas permis de recouvrir une merveille technologique comme un iPhone d’un objet aussi vulgaire… –, et quittai, heureux, le magasin de l’Opéra.
Acte 4 : Quand le nouvel iPhone se révèle aimer redémarrer de lui-même, ce de préférence à un moment critique
Rapidement je dus déchanter, car si ce nouvel iPhone tournait d’excellentes vidéos, il était doté d’un esprit autonome et taquin qui l’amenait, sans raison et sans prévenir, à redémarrer à tout moment. Je découvris la joie des écrans bleus à répétition.
Certes le redémarrage est rapide, mais quand il survient au milieu d’une conversation téléphonique, ou juste quand on est en train d’envoyer un message critique, c’est pour le moins irritant. D’autant plus qu’il faut ensuite rentrer le mot de passe pour déverrouiller le téléphone, car après redémarrage la reconnaissance tactile ne fonctionne pas.
Pris par un agenda encombré, ayant le souvenir de la difficulté de l’obtention d’un rendez-vous au fameux Genius Bar, et pensant naïvement que le problème allait se résoudre à l’occasion d’une mise à jour du système, le fameux 8.0 tant attendu, je me décidai à endurer le problème.
Ce fut mon erreur…
(à suivre)

7 nov. 2014

DOMMAGE…

Étrange esprit frappeur
Immobile et attentif, il attend la main qui se saisira de la corde qui lui donnera vie.
Un peu plus loin, sur le côté, des sortes de cochons ailés, rient déjà du son aigrelet qui jaillira.
Cette scène potentielle et latente se tient sur les côtés d’une porte de ma maison en Provence.
Témoignages issus d’un voyage passé en Thaïlande, où les uns et les autres ont été conçus et sont nés.
J’aimerais connaître la main et le visage de l’artisan qui les ont façonnés.
Mais seuls résonnent derrière moi le chant des grillons et la vibration des lavandes…

6 nov. 2014

TOUT AVAIT SI BIEN COMMENCÉ...

Histoire de pomme (1)
Avertissement : Si cette histoire ressemble à une histoire réelle, c’est juste parce qu’elle est fidèle à 100% à ce qui m’est arrivé !
Acte 1 : Finir par être séduit en septembre 2013 par les atours de l’iPhone 5S
Difficile de résister aux talents marketing de la firme à la pomme. Ce n’est pas pour rien qu’elle a choisi comme emblème l’icône de la tentation, et que le fruit est déjà croqué. 
Ni Steve Jobs, ni Tim Cook, son successeur, ne se sont encore déguisés en Ève à l’occasion d’un de ces lancements dont la firme s’est faite la championne, mais peut-être en ont-ils eu l’idée, qui sait ?
Bref, me voilà donc muni en septembre 2013 de l’objet miracle. Et je dois alors l’avouer en être tout à fait content. 
Acte 2 : Avoir un micro qui ne fonctionne plus lors du mariage de sa fille en juillet 2014 
Les semaines et les mois passèrent, faisant de moi, un iPhoneur heureux et satisfait. 
Quel plaisir non seulement de téléphoner – et oui de temps en temps, il m’arrivait de m’en servir bêtement comme d’un téléphone –, mais de surfer, utiliser toute une noria d’applications pour la plupart inutiles, mais tellement plaisantes, prendre des photos, écouter de la musique, et tourner des vidéos.
Enfin, pour ce qui est des vidéos, tout se passa bien jusqu’au jour où je m’en suis servi pour immortaliser mi-juillet 2014, quelques moments de la soirée de mariage de ma fille. 
Était-ce un mauvais sort jeté par mon surmoi refusant de la voir partir ? Allez savoir ! Toujours est-il que les vidéos furent muettes.
(à suivre)

5 nov. 2014

RECRÉER DU LIEN ENTRE FRANÇAIS, ET ENTRE LES TERRITOIRES ET LE MONDE

La France périphérique (8)
Que faire donc face à la montée de la vague bleue, et comment se positionner sur le terrain politique français ?
Faut-il lui abandonner cette France Périphérique ? Certainement pas !
Faut-il alors entrer en compétition avec le Front National en faisant assaut de démagogie et en accroissant la fracture entre cette France rurale et des villes moyennes avec celles des métropoles ? Non plus !
Le défi est autre : reconnaître la réalité de cet abandon territorial, et recréer du lien entre tous les territoires. 
Il y a presque 50 ans, le Général de Gaulle lançait une politique d’Aménagement du Territoire ambitieuse pour mettre fin à Paris et le Désert français (1). Aujourd’hui, il faut lancer une nouvelle politique d’Aménagement du Territoire pour retisser les liens entre les métropoles et le reste de la France.
Tel est très probablement un champ de travail essentiel des futures grandes Régions que Nous Citoyens appelle de ses vœux (2) : construites autour des grandes métropoles qui assurent la connexion de la Région avec le reste du Monde, elles devront les relier avec tout le territoire régional, et faire qu’elles ne siphonnent pas le développement et les richesses, mais au contraire contribuent à un développement mieux réparti et harmonieux.
En parallèle avec cette recréation d’un lien territorial, il faudra aussi recréer un lien social entre tous ceux qui composent la France : que l’on soit grand ou petit, droitier ou gaucher, hétérosexuel ou homosexuel, blanc, black ou beur, Français de souche ou né de l’immigration, seul ou en famille, avec ou sans enfants, que l’on habite Paris, Lyon, Saint Denis, Nogent le Rotrou, ou Montélimar, salarié ou entrepreneur, ouvrier ou agriculteur, nous sommes tous Français. 
Nous devons tous faire société ensemble. C’est à ce prix que la France sera collectivement forte. Il ne peut y avoir de succès individuel.
Voilà un bel objectif pour Nous Citoyens : être le Parti du lien. Celui qui va le récréer, non pas à partir du haut, mais à partir de chaque citoyens. Passer d’une juxtaposition de Je qui ne sentent plus citoyens, à un Nous Citoyens !
(1) Livre de  Jean-François Gravier, paru en 1947, et qui a fortement orienté la politique d’Aménagement du Territoire lancée ensuite
(2) Voir Une organisation territoriale à 3 niveaux au lieu de 5

4 nov. 2014

LE FN SURFE SUR LA FRANCE PÉRIPHÉRIQUE

La France périphérique (7)
Cette différence de positionnement sous-tendrait l’évolution actuelle des trois grands partis : PS, UMP et FN
Le PS et l’UMP sont tous deux connectés aux métropoles, mais l’UMP qui est essentiellement focalisé sur les personnes âgées bénéficie du vieillissement de la population, alors que le PS s’effondre avec le déclin de la classe moyenne.
Ainsi il voit l’UMP sous une dynamique démographique favorable : « L’UMP bénéficie très largement du vieillissement de la société, sa base électorale étant constituée de retraités. Dans une société vieillissante, cette base offre un socle solide et durable si ce parti arrive à conserver une part majoritaire des retraités, les « retraités pauvres », définis par le sociologue Serge Guérin. Car si les jeunes et les actifs issus de ces milieux populaires sont désormais très éloignés des partis de gouvernement, ce n’est pas le cas de ces catégories. »
En parallèle, il va jusqu’à poser la question de la fin du PS : « Mais les jours heureux ont pris fin : tout se grippe aujourd’hui avec l’implosion de cette classe moyenne majoritaire. Le socle électoral du PS se réduit comme peau de chagrin. Si les salariés et surtout les retraités du secteur public constituent encore le socle électoral du parti, la dynamique électorale est désormais à chercher du côté des catégories intellectuelles et supérieures des grandes villes. Le PS, parti des jours heureux, se replie ainsi lentement sur quelques territoires, ceux des jours heureux de la mondialisation, les grandes villes. »
Le FN, lui, surfe sur la dynamique des nouvelles classes populaires, celles qui vivent abandonnées dans la France périphérique :  « Né sur les ruines de la classe moyenne et la précarisation des actifs employés et ouvriers, ce parti réunit désormais une majorité des catégories modestes, jeunes et actifs qui subissent directement les effets de la mondialisation et de l’émergence d’une société multiculturelle. La très forte dynamique sociologique est en outre renforcée par une dynamique territoriale. Ce vote s’inscrit ainsi fortement dans les territoires de la France périphérique. À l’écart des métropoles, c’est un considérable réservoir de voix qui se dessine pour le parti frontiste… s’il réussit à convaincre les abstentionnistes. »
Tel est le paysage pour le moins inquiétant qui ressort du livre, La France Périphérique. Alors que faire, et qu’en tirer pour Nous Citoyens ?

(à suivre)

3 nov. 2014

LA FRACTURE POLITIQUE EN MIROIR À LA FRACTURE SOCIALE ET GÉOGRAPHIQUE

La France périphérique (6)
Quelles sont les conséquences politiques de cette fragmentation de la France ?
Tout d’abord Christophe Guilluy affirme qu’un parti c’est « une sociologie + une géographie. Ce sont les électeurs qui choisissent les partis et influencent leurs discours, pas l’inverse. » Propos d’abord surprenants, mais très éclairants, et surtout vrais quand le discours politique est aussi peu visionnaire qu’aujourd’hui. Nous avons des « pseudo-leaders » qui courent après leurs électeurs, plus qu’ils ne les orientent !
Alors qu’en est-il des partis de gouvernement, c’est-à-dire du PS et du coupe UMP-UDI, et du FN ?
Selon lui, les partis de gouvernement sont focalisés sur les villes métropoles, banlieues incluses, et sont déconnectés de la France périphérique, alors que le FN s’est progressivement centrée sur elle :
« Portés au pouvoir par des catégories protégées ou gagnantes des effets de la mondialisation, soutenus par un pouvoir économique et financier mondialisé, il est difficile d’imaginer que les partis de gouvernement puissent prendre en compte les attentes de catégories qui contestent cette politique. (…) Le vote pour l’UMP et pour le PS est de plus en plus celui des protégés (retraités et fonctionnaires) ou bénéficiaires (catégories supérieures) de la mondialisation tandis que l’électorat FN est celui des catégories qui sont depuis des décennies au front de la mondialisation (ouvriers, employés, chômeurs). »
C’est cette connexion avec la France périphérique qui expliquerait la « gauchisation » croissante du discours du FN : « Une sociologie électorale où les classes populaires, les actifs et les jeunes sont surreprésentés ; une « sociologie de gauche » qui contraint les dirigeants frontistes à abandonner un discours libéral pour défendre l’État-providence. »
Cette focalisation différente conduirait inexorablement vers une fracture croissante entre partis de gouvernement et FN correspondant la fracture géographique et sociale :
« Protégé, l’électorat PS et UMP l’est de plus en plus. Il est aussi de plus en plus âgé : alors que seuls 15 % des électeurs FN sont âgés de 65 ans ou plus, cette proportion s’élève à 31 % chez le PS et 45 % à l’UMP. Mieux, 74 % des électeurs FN sont âgés de 35 à 64 ans, contre seulement 50 % de ceux du PS et 42 % de ceux de l’UMP ! Jeunes, actifs occupés, chômeurs, issus de catégories populaires, le FN est devenu le parti des catégories les plus fragiles et au front de la mondialisation. Inversement, les partis traditionnels ne rencontrent plus que l’adhésion d’un électorat vieillissant et/ ou protégés et/ ou bénéficiaires du modèle économique contemporain. »
Ceci conduit notamment le PS à tenir un discours de plus en plus hors sol : « C’est un mode de vie hors sol, dans un monde sans frontières et de croissance illimitée, que la gauche valorise comme le sommet de l’esprit tolérant et ouvert, alors qu’il est simplement la façon typique de la classe dominante d’être coupée du peuple. On a souvent parlé de gauche caviar, [je] me demande s’il ne faudrait pas parler de gauche kérosène pour désigner ce que devient la nouvelle gauche. »
(à suivre)

31 oct. 2014

HISTOIRE DE MURS EN PIERRES SÈCHES

Sans logique ?
Juste des pierres, posées les unes sur les autres,
Comme jetées, sans logique apparente, sans tri,
Une verticale chaotique, un entremêlement de lignes.
Le soleil joue dedans, accusant une rupture,
Soulignant un alignement, ombrant une courbe,
Les faisant flamboyer quand il se couche.
Ainsi vont nos vies, nos gestes, nos rencontres.
Un moment sur un autre, une conversation sur une autre,
Un amour après un autre, une trahison après une autre.
Notre regard, tel le soleil, quand nous nous retournons,
S’arrête sur tel ou tel détail, souligne un instant,
Reconstruit un lien et un sens à ce qui n’était que succession.

30 oct. 2014

LES TROIS FRANCE

La France périphérique (5)
On aboutit ainsi selon Christophe Guilluy à trois France qui cohabitent vaille que vaille : 
« La relocalisation des nouvelles catégories populaires dans la France périphérique, la concentration dans les quartiers de logements sociaux des catégories populaires d’immigration récente dans les grandes métropoles, et enfin la concentration des catégories supérieures dans le parc privé de ces mêmes métropoles dessinent les contours de trois ensembles socioculturels. »
« Premier ensemble La France périphérique et populaire : les catégories populaires d’origine française et d’immigration ancienne : Loin des débats gauche/ droite, la France périphérique portera la question de l’alternative économique au modèle de l’économie mondialisée, la relocalisation, l’introduction du protectionnisme mais aussi celle de la circulation des hommes et donc de l’immigration. »
« Deuxième ensemble : Banlieues ethnicisées, des valeurs traditionnelles au cœur de la mondialisation libérale : Si l’on tient compte du fait que ces territoires sont devenus des sas entre le Nord et le Sud, il apparaît au contraire que l’intégration économique et sociale fonctionne pour leurs habitants, notamment grâce au dynamisme du marché de l’emploi métropolitain et aux politiques publiques. L’enjeu est d’abord celui de la gestion de la société multiculturelle. »
« Troisième ensemble : Métropoles mondialisées et gentrifiées, le modèle libéral de la société ouverte : Tenantes du pouvoir économique et culturel, elles sont aujourd’hui les derniers soutiens des grands partis et surtout du modèle économique dominant. Rempart autodésigné au « populisme », elles interdisent de fait la visibilité des aspirations des catégories populaires. »
Toujours selon Christophe Guilluy, ceci expliquerait largement la critique de l’État providence : 
« Il faut comprendre cette évolution à la lumière d’une société multiculturelle naissante. Le sentiment général n’est pas que l’on souhaite « moins d’État » ni moins de prestations sociales pour soi-même mais pour les « autres ». (…) En effet, la remise en cause de la légitimité de l’État-providence dans un pays qui attache par ailleurs autant d’importance aux services publics et à l’État est le signe d’un basculement politique et sociétal majeur. C’est le paradoxe de la situation actuelle qui dénote la perversité d’un système libéral et mondialisé : demain, la critique de l’État-providence ne sera plus portée par en haut mais par ceux-là mêmes qui en ont le plus besoin. »
Avant d’en venir à mes conclusions personnelles, prenons le temps de revenir sur les conséquences qu’il en tire pour l’évolution politique française. En quoi tout ceci pourrait-il expliquer la montée du Front National, la fragilisation croissante du Parti Socialiste, et le maintien problématique de la droite classique ?
(à suivre)

29 oct. 2014

LA PEUR DE SE RETROUVER MINORITAIRE SERAIT UNIVERSELLE

La France périphérique (4)
Afin d’enrichir sa recherche, Christophe Guilluy nous invite à prendre conscience que la peur de se retrouver minoritaire dans son propre lieu de vie, n’est pas l’apanage des Français les moins favorisés. Loin de là ! On retrouve cette peur de partout.
Tout d’abord la population immigrée est elle-même inquiète de se voir submergée par de nouveaux arrivants :
« Ainsi, si 82 % des musulmans franciliens interrogés sont favorables au droit de vote des étrangers, ils sont la moitié à juger « qu’il y a trop d’immigrés », et 52 % à considérer que l’on « ne se sent plus chez soi comme avant » (…) Les Français musulmans vivent au quotidien la question des flux migratoires, dans des villes ou des quartiers où se concentrent les flux d’immigration récente, c’est-à-dire dans des espaces où les mobilités résidentielles sont fortes et l’instabilité démographique permanente. Or, une part importante de la population musulmane francilienne, souvent en phase d’ascension sociale et vieillissante, vit difficilement l’intensification des flux migratoires récents, souvent subsahariens, qui contribuent fortement à une forme d’insécurité culturelle. »
Et ceci se retrouve dans les pays de par le Monde :
« En novembre 2012, le magazine Maroc Hebdo avait suscité l’émoi en affichant sur sa « une » le titre « le péril noir » pour dénoncer l’immigration subsaharienne. »
« Personne ne souhaite être minoritaire : Dans une société multiculturelle où l’autre ne devient pas soi, la question du nombre devient essentielle : combien va être « l’Autre » dans ma ville, mon village, mon quartier, mon immeuble ? (…)Il n’est scandaleux que s’il se réfère à une hiérarchie entre les peuples et les cultures, mais légitime quand il répond à l’angoisse compréhensible de ne pas souhaiter être ou devenir « minoritaire » sur un territoire donné. »
« Devenir ou être minoritaire, c’est dépendre de la bienveillance d’une majorité : Avec Israël, les juifs passent du ghetto au village. Ce passage d’une minorité structurelle à une majorité relative soulève évidemment des questions touchant le rapport à l’autre, le développement de logiques séparatistes, la création de colonies autour de Jérusalem qui visent par exemple à maintenir le fait majoritaire. » 
Partout les classes dirigeantes vivent le multiculturalisme positivement car, elles « ont les moyens de la frontière invisible avec l’autre, ne veulent pas de cette séparation. Ce sont elles qui demandent, au nom du bien, toujours plus de « mixité ». »
D’où une incompréhension croissante entre les deux :
« Le décalage entre la perception des élites et celles du peuple se lit dans cette gestion du multiculturel. Aux classes dominantes, qui vivent le multiculturalisme à 5 000 euros par mois, et pour qui la solution passe par plus de mixité, les classes populaires, celles qui vivent le multiculturalisme à 1 000 euros par mois, répondent séparatisme. (…) Les catégories modestes souhaitent préserver leur capital social et assurer la transmission de leur patrimoine et de leur « village » à leurs enfants. Il s’agit d’une démarche de protection, pas de fermeture, elle n’interdit donc pas l’accueil de l’autre ni la fraternité mais exige un entre-soi majoritaire. »
Difficile cohabitation, et défi collectif…
(à suivre)