28 janv. 2022

POUSSER DES PORTES


Diversité des portes. 
Elles délimitent et dessinent, 
Elles interdisent et relient, 
Elles sont physiques ou virtuelles. 
 
Si fermée, 
L’après est imagination. 
La pousser pour savoir, 
Ou se contenter de rêver ? 
 
Si entrouverte, 
L’après est esquisse. 
Céder à la tentation, 
Ou fuir le chant des sirènes ? 
 
Toujours, il y a un avant et un après, 
Toujours, le franchissement engage. 
On ne ressort jamais indemne du voyage. 
Et parfois, le retour en arrière est impossible.
 
 
 
« Voilà presque quarante ans que je poussais des portes. L’une après l’autre. Sans réfléchir. Par curiosité. Par paresse. Ou juste parce qu’elle était là. Difficile de résister au charme de l’inconnu. Du mystère. 
Mais derrière une porte, on ne trouve que par accident ce que l’on cherche. Ai-je jamais d’ailleurs cherché quoi que ce soit ? Qui que ce soit ? Qui peut prétendre savoir pourquoi il fait tel choix plutôt que tel autre ? 
Et personne ne m’avait prévenu que pousser certaines portes conduisait à des glissades définitives. Une fois franchie, on perd le contrôle de sa vie pour dépendre de ce qui se trouve au-delà. 
Certaines portes délimitent et dessinent des espaces, quand d’autres sont les trous des peaux de mondes successifs, des passerelles qu’il suffit d’emprunter pour basculer de l’un à l’autre. 
Fermées, elles interdisent l’accès, et cachent ce qui est inconnu. Fermées, elles laissent place à l’imagination. Pourquoi vouloir savoir ? Pourquoi ne pas laisser son esprit voguer, et se contenter de rêver ce que l’on ne voit pas ? 
Entrouvertes, elles sont un appel, une invitation à se glisser le long d’elles. Il faut les saisir vite de peur qu’elles ne se referment. Mais ce que l’on entraperçoit, est-ce un mirage, un chant de sirènes visuel, une prison tentatrice ? Faut-il s’encorder avant de s’avancer ? Fuir ? 
D’autres ne sont que virtuelles. Pas de porte, pas de charnières. Juste le symbole d’un franchissement, la matérialisation d’un avant et après. Il ne semble n’y avoir aucun risque, puisque tout est visible. N’est-ce qu’un jeu de passe-passe ? Une tentation à aller de l’autre côté, pour ensuite se retourner et découvrir sous un angle nouveau, ce que l’on vient de quitter ? Est-ce si simple ? N’y a-t-il vraiment aucun danger ? On ne ressort jamais indemne d’un voyage, fusse-t-il le plus facile. 
En rencontrant Marc, c’est une telle porte que j’avais involontairement poussée. Invisible, virtuelle et pourtant intensément réelle et essentielle. 
Et si je n’étais pas allé ce soir-là au sauna IDM ? Ou beaucoup plus tard ? Ou m’étais endormi dans la cabine ? Et si, et si, et si… Mais la porte avait été franchie ouvrant en moi tant d’autres closes. Je n’étais plus étanche. Des voies multiples étaient créées. 
Aucun retour en arrière n’était possible… »

27 janv. 2022

PEUR D’ÊTRE ABANDONNÉ

UNE POUPÉE DE CHIFFONS
Tapie dans l’ombre, 
Abritée d’un rameau, 
Cachée dans le Maïdan, 
Elle m’attendait. 
 
Blottie dans mes bras, elle se réchauffe. 
Envahie de ses émotions, je revis. 
Replongé dans une enfance oubliée, 
J’ai retrouvé mon doudou perdu. 
 
Maman, j’ai perdu ta main. 
Où es-tu ? 
Pourquoi es-tu partie ? 
Seuls les pleurs m’habitent. 
 
Maman, ce n’est plus ta main, 
Ta main qui me manque. 
C’est celle de Jacques, 
Jacques, le neveu parti. 
 
Assis à même le sol, 
Sur une sente obscure, 
Appuyé contre un tronc, 
Longuement je pleure. 
 
 
 
« Pour la troisième fois, je finis ma promenade par le Maïdan, la version locale de Central Park située au cœur de Calcutta et à proximité de mon hôtel. (…) Je choisis de m’écarter de la partie centrale, et m’engageai dans un chemin de terre serpentant entre des bosquets. 
Là, tapie dans l’ombre, à moitié cachée par une branche qui s’inclinait sur elle, dormait une poupée de chiffon. Innocente, érodée par les pluies qu’elle avait endurées, elle gisait. À qui avait-elle appartenu ? Où était l’enfant qui l’avait perdue ? 
Je me sentis envahi par un flot d’émotions, comme si je venais de retrouver mon doudou perdu. Machinalement, ma main se porta à ma bouche, et je dus me retenir de sucer mon pouce. Besoin de la prendre dans mes bras. 
Je me laissai glisser sur le sol juste à côté d’elle, et posai ma main délicatement sur elle. Attention à ne pas appuyer. Le coton était tellement usé que mes doigts passeraient au travers. Presque transparent. Sous ce voile, elle était nue. Si douce, si fragile. 
Je la pris, la déposai sur mes genoux et m’appuyai contre le tronc de l’arbre voisin. L’endroit était calme et paisible, suffisamment reculé pour que les passants ne s’y aventurassent pas. C’était sans doute pour cela que la poupée était encore là. J’étais en dehors du monde. Juste avec elle. Je la caressai lentement, et fermai les yeux. 
Je sens la chaleur de la main de ma mère et la peur de la perdre. Je sais pourtant que cela va se produire. De rage, mes pleurs redoublent. (…) 
Oui, tout petit, je ne supportais pas de lâcher la main de ma mère, aucune raison de mettre en doute les récits de ma famille. Mais rien de présent dans ma mémoire. 
Non, la main dont je me souvenais, celle que j’avais perdue pour toujours, beaucoup plus tard mais trop tôt, trop brutalement, c’en était une autre : celle de Jacques. Jacques, mon neveu, qui avait grandi à mes côtés. Jacques qui était mort à quatre ans, quand moi je n’en avais que quinze. 
Assis à même le sol dans le parc Maïdan, seul avec une poupée abandonnée, je pleurai. Longuement… »

26 janv. 2022

COURIR POUR FUIR ET NE PLUS PENSER

COURIR 
Sous mes pas, le sol, 
Élastique et résistant. 
Dans les oreilles, la musique, 
Monotone et enivrante. 
 
Toujours le même parcours, 
Courir sans y penser. 
Drogué par les endorphines, 
Quitter mon corps. 
 
Retrouver mon passé évanoui, 
Enfant ou adolescent. 
Croire à un futur simple, 
Imaginer avoir tout résolu. 
 
Réémerger sans guérison, 
Toujours sans solution. 
Juste calmé, 
Heureux d’avoir plané. 
 
Demain, de jour comme de nuit, 
Tiraillé entre des choix impossibles. 
Demain, une autre dose nécessaire, 
Plus forte, plus intense.
 
 
« C’étaient les seuls moments où la tension qui m’habitait disparaissait. La morphine du rythme hypnotique et la monotonie du parcours toujours identique me conduisaient à ne plus penser. Je ne percevais plus que l’élasticité du sol, la régularité de mes foulées. 
Enfoui dans la bulle de la musique et la pulsation du sang qui vibrait dans mes tempes, coupé de tous, de Cécile comme de Marc, je m’immergeais au plus profond de mes neurones. Je quittais mon corps. Seul, il continuait la course. Plus tard, je le réintégrerais. 
Je retrouvais la chaleur de lieux accessibles et connus que de moi-même. Je redevenais l’enfant quasiment autiste à qui personne – ni mes parents, ni mes sœurs, ni quiconque – n’avait jamais eu accès. Pas de vrais amis, peu ou pas de jeux à plusieurs. Solitaire avant tout. Reclus en moi. 
Assis sur ma chaise, face à mon petit bureau, je rejouais des parties contre moi-même, scrabble ou échec. J’inventais mes propres règles. Ou alors un problème de mathématiques. Ce n’était pas pour rien que j’avais excellé dans cet art des constructions théoriques et mentales. J’élaborais des scénarios complexes et enchevêtrés. Je construisais des univers où les symétries n’en étaient pas, où les additions n’existaient pas, où les nombres n’étaient pas encore nés. (…) 
Je revoyais l’adolescent qui hantait les vestiaires des piscines, guettait des corps dénudés, et aimait s’y exhiber. Celui qui déjà n’aimait que des sexes semblables au sien, mais sans le comprendre, ni même s’en rendre compte. Je réhabitais les tentes de mes nuits de scout, où, glissé en slip dans mon duvet, j’attendais en vain un partenaire aventureux. Je repensais à ce petit voisin avec qui je me cachais sous une table couverte de multiples tissus la transformant en abri étanche à tous les regards. (…) 
Je réémergeais de mes courses sans guérison, ni solutions. Juste provisoirement calmé, heureux d’avoir plané. Un long shoot. Je savais que demain, une autre dose me serait nécessaire. Plus forte. Plus intense. Plus profonde. La journée comme la nuit seraient longues. Tiraillé entre un passé et un présent incompatibles. Marc ou Cécile. Quel futur ? » 

25 janv. 2022

VIVRE AVEC UN ALIEN EN MOI

ALIEN  
Une réunion après l’autre, 
Un dîner après l’autre, 
Un mensonge après l’autre, 
Un moi officiel 
Parade dans la lumière. 
 
Un bar après l’autre,
Un sauna après l’autre, 
Une backroom après l’autre, 
Un Alien homosexuel 
Éjacule dans le noir. 
 
Dual sans comprendre. 
Sans me comprendre. 
Jusqu’à Marc. 
 
Moi fissuré, 
Nu, 
Sans carapace, 
Sans repère, 
Rongé de l’intérieur.
 
Peur de le rejoindre, 
Incapable de continuer, 
Déchiré. 
 
Que faire ?
 
« Dans ma maison en Provence, j’avais patiemment remonté tous les murs en pierres sèches. J’avais appris l’art de poser à cru les pierres les unes sur les autres. (…) J’avais fait pareil avec ma vie. Depuis vingt ans, j’avais posé une pierre après l’autre. Rien de gros, rien de spectaculaire. Juste de petites pierres. Un geste après l’autre. Une réunion après l’autre. Un dîner après l’autre. Un mensonge après l’autre. Le tout aboutissait à un mur immense et résistant à tous les chocs. 
Au cœur, bien caché, végétait mon Alien. Un homosexuel qui, afin de ne pas exploser, éjaculait dans des saunas ou des bars obscurs. Vidange nécessaire et sans lendemain. Oui, un tout solide, à défaut d’être cohérent. Aucun ciment, aucun liant, juste des pierres. Sèches. Sec. 
Décider de rejoindre Marc dynamiterait ce mur. Me dynamiterait. De ma nouvelle vie potentielle avec lui, je n’avais aucun repère, aucune expérience. Ce futur inconnu n’était pas moi. Du moins ni le moi d’hier, ni le moi d’aujourd’hui. Quitter Cécile et les enfants, c’était me quitter. Tout le monde ne me connaissait que grimé et déguisé. Mes amis, mes camarades de travail, ma famille. Tout le monde. 
Que deviendrais-je ? À leurs yeux, je n’existerais plus. Sans mur, je ne serais rien. Le mur n’était pas une protection, il était moi. Sans lui, je me dissoudrais. Il n’était pas ma carapace, mais mon ossature. Sans lui, je serais flasque, mou, sans consistance. 
Mais, rester avec Cécile n’avait pas non plus de sens. L’Alien ne rentrerait plus jamais dans sa niche, je le savais. Il était sorti pour de bon. Je sentais encore dans ma chair le moment où, dans l’avion pour Cagliari, il avait surgi et m’avait pour un temps dévoré, englouti. Ensuite, il avait laissé un peu d’espace à mon passé. Un peu, mais pas tout. Il était là et bien là. J’étais définitivement un "Je-Il". 
L’Alien tapait chaque jour plus fort contre les fondations qui me soutenaient. Mon mur n’y résisterait pas. Pas longtemps. Déjà il se fissurait. Le barrage volerait bientôt en éclat, et le torrent de l’eau contenue me submergerait. 
Que faire ? »

24 janv. 2022

COMING OUT OU COMING IN ?

Souvent à la radio, à la télévision ou dans la presse, on entend parler de « coming out ». (…) Comme si l’homosexualité est une variété de furoncle qu’il faut percer pour que son pus jaillisse en plein jour : « Purgez donc cette vilaine boursouflure, et tout ira bien ensuite, vous verrez ! ». (…) 

Dans l’expression « coming out », il y a surtout implicitement l’idée d’une destruction, d’une implosion sentimentale. C’était précisément ce que je vivais actuellement : à force de trop de coming out, je me désintégrais. Je brûlais. Chaque morceau de mon identité s’écartait des autres, chaque parcelle de mon « Je » suivait sa propre trajectoire. Divergente. Toutes divergentes. (…) 

Non, le coming out n’est pas la solution, mais le problème. Il me fallait arrêter mon coming out, arrêter mon implosion. Tant qu’il en était encore temps. (…) Continuer mon coming out, ce serait l’échec assuré. Mon autodestruction. Au mieux, le rejet par tous ceux qui m’avaient connu autre : pourquoi accepteraient-ils de me découvrir différent ? Au pire, la rupture par fragmentation. Désintégration. (…) 

J’avais besoin de l’inverse. D’un coming in. 

Pour pouvoir décider ce que je voulais faire, et le décider pour moi ainsi que Marc me l’avait dit, il me fallait réparer ma fracture. De l’intérieur, et non pas de l’extérieur. In et non pas out. Prendre le temps de plonger en moi. 

Pour comprendre comment et pourquoi j’étais passé à côté de moi-même. Comment et pourquoi j’avais élaboré une identité fictionnelle et artificielle. Comment et pourquoi celle-ci n’était pas seulement « fictionnelle et artificielle », mais représentative de qui j’étais. Comment et pourquoi mes deux parties – mon identité apparente et celui que j’avais pris l’habitude d’appeler « mon Alien » – étaient indissociables et constituaient ensemble mon identité réelle. Comment et pourquoi l’Alien n’en était pas un. Comment et pourquoi cet Alien était moi. Moi aussi. Comment et pourquoi sans lui je ne serais pas moi. 

Bref comprendre qui j’étais.

 

(Extrait de mon livre "Coming in")

22 janv. 2022

COMING IN

Dans quelques jours, sortie de mon nouveau livre, "Par hasard et pour rien"
En apéritif, cette semaine, je reviendrai sur mon livre précédent, un roman largement autobiographique, "Coming in". 
En commençant aujourd'hui par un poème inédit…
 

COMING IN 
 
Réparer de l’intérieur, 
Pas de l’extérieur, 
Au moins essayer. 
 
Trouver caché, 
Derrière ma fiction, 
Un Alien maltraité. 
 
Accepter qu’il n’en soit pas un. 
Qu’il soit moi, moi aussi, 
Que sans lui, je ne serais pas moi. 
 
Inclure sans exclure, 
In et non pas out, 
Coming in, pas coming out. 
 
(Poème inspiré par mon livre « Coming in »)

21 janv. 2022

COMME QUOI…

Apprendre à vivre loin de toi,
Me contenter du présent réel. 
Il le faut bien. 
 
La plaie se fait cicatrice, 
La cicatrice, trace. 
L’absence devient nostalgie, 
La nostalgie, souvenir. 
 
L’espoir cherche des voies nouvelles,
L’avenir se reconstruit, 
Un peu, 
Maladroitement. 
 
Je croise des vies, 
Embrasse des bouches, 
Caresse des peaux, 
Esquisse des amours. 
 
Treize années passent.
 
Et un message dans les airs,
Imprévu et inattendu,
Nous découvre disponibles, 
Prêts à un nouveau futur commun. 
 
Comme quoi…

19 janv. 2022

ILLUSION

 

Sentir un courant,

Qui va, qui vient,

De mon épaule à ma nuque.

Caresser les draps froissés.

 

Nostalgie de ta présence,

De tes lèvres qui frémissent,

De ton corps qui s’abandonne,

De ton souffle qui s’accélère,

De ton énergie qui avale la mienne,

De mon énergie qui devenait la tienne.

 

Et me contenter du vent sur ma peau.

© Robert Branche

18 janv. 2022

LA BEAUTÉ CALME DES MURS EN PIERRES SÈCHES

Un art paradoxal : agir pour rien ne se voit


Tout autour, des coups de crayons d’artistes disparus soulignent là une courbe, ici délimitent des espaces, plus loin soutiennent une butte.

Fruit de ce qui a été trouvé en labourant les champs, pratique d’un art transmis de génération en génération, les murs en pierres sèches architecturent les paysages de la Drôme provençale.

Agir pour se fondre dans le paysage

Un mur réussi semble avoir toujours été là. Un mur correctement réparé ne semble pas l’avoir été.

Tel est le paradoxe de cette activité : agir pour que rien ne se voit.
Le but de ce lent et laborieux travail est de disparaître, de ne surtout pas être remarqué.

À l’inverse du spectaculaire et de l’immédiateté, qui sont nos maladies contemporaines.

L’art des murs en pierres sèches est celui de la lenteur et de la modestie. C’est probablement pourquoi il émane d’eux une sensation de plénitude et de calme…

Comment procéder si d'aventure vous voulez en réparer un, voire en créer un nouveau ?

Pas si simple

Si, sans expérience, vous empilez des pierres les unes sur les autres, vous n'obtiendrez qu'un tas de pierres disgracieux et instable.

Si vous ne vous découragez pas, si, comme moi, vous vous obstinez, alors, petit à petit, d’échec en échec, d’observation en observation, vous apprendrez l’art ancestral des murs en pierres sèches.

Et un jour, vous pourrez, sans trahir le passé, ajouter à votre tour, un nouveau trait dans l'espace.

Comme l'entraide est importante, voici ce que j'ai appris...

Attention à ne pas privilégier les grosses pierres

Tentant de trier les pierres et de choisir les plus belles, celles qui sont grosses et plates. Logique non ? 

C’est ce que j’ai cru.

Mais aucune de ces pierres n’est ni parfaitement lisse, ni parfaitement plate. Aussi tout branle et est bancal.

Et in fine, que faire du tas des pierres délaissées ? Silencieuses et ironiques, accusatrices de notre façon de faire, elles se moqueront de nous.

Il y a manifestement un problème.

Observer un vieux mur pour comprendre comment il est construit

Tout d'abord les apparences sont trompeuses : la plupart des pierres de façade sont de taille moyenne, voire petite. D'où grâce à leur petitesse, aucun problème d’ajustement entre elles.

Ensuite puisque le mur est large, il existe un espace important entre les pierres de façade. Cette cavité est remplie de pierres de toutes tailles. 

Plus le mur est large, plus il est solide. Bénéfice collatéral, la quantité de pierres utilisée augmente, donc pas de risque d’en avoir en excès à la fin.

Enfin, de temps en temps, une grosse pierre est posée, et renforce la cohésion de l’ensemble. Une exception qui confirme la règle.

Ainsi toutes les pierres ont trouvé leur place... ou presque : ne reste que l'essentiel des grosses pierres. Elles vont servir à réaliser le sommet du mur.

Comment obtenir un haut de mur qui dessine une ligne horizontale

Le sommet du mur est constitué des grosses pierres posées sur la tranche. Cette technique contribue à la solidité du mur : elles sont mises en compression par de petites pierres plates glissées entre elles. Ainsi impossible d’en enlever une.

Certes, mais comment arriver à obtenir que le haut du mur dessine une ligne horizontale, alors que la largeur de ces pierres terminales varie du simple au double ?

En regardant un mur existant, on voit se dessiner, sous la dernière rangée de pierres, la ligne heurtée de leur base : si la ligne du sommet est presque parfaitement horizontale, c’était parce que l’avant-dernière rangée de pierres ne l'est pas.

Telle est la solution : choisir l’avant-dernière pierre mise à plat, voire les deux avant-dernières, en fonction de la largeur de celle qui sera mise dessus sur la tranche. 

Et voilà !

17 janv. 2022

APRÈS

 
 
Avant,

Avant toi,

Avant je vivais,

Avant, avant…

 

Mais j’ai bougé en toi,

Mais j’ai cru en toi,

Mais…

 

Faut-il que je meure

D’un trop-plein de souvenirs,

D’une douleur immergée ?

 

Faut-il poursuivre,

Blessé, meurtri,

Enrichi de ta perte ?

 

Tout ce que j’ai appris,

Vient de ton absence.

Tout ce que j’ai appris,

Vient de ta voix

Qui me déchire.

© Robert Branche