Être intensément attentif
Chercher
des truffes, c'est participer à un spectacle de prestidigitation.
Au départ, il
n'y a rien, juste des chênes, de la terre et quelques plantes éparses.
Et
puis quelques secondes après, grâce à l'odorat du chien et au talent de
son maître, les truffes sont là. Comme un lapin sorti du chapeau !
Je
pourrais marcher pendant des heures au milieu des chênes truffiers,
même à quatre pattes, je n'en trouverais pas une. Et pourtant elles sont
bien là, cachées dans le sol, à quelques centimètres de moi.
Pour
le chien, c'est facile, évident. Il détecte l'odeur, arrive à la
repérer parmi le bruit ambiant et fonce sur la truffe. Quelques coups de
pattes et il s'arrête.
La
truffe n'attend que d'être révélée… par le bon passeur : celui qui sait
repérer ses effluves et les distinguer des autres, celui qui sera aussi
assez patient pour attendre le bon moment. Trop tôt : la truffe n'est
pas mûre et ne sent pas, donc impossible de la trouver. Trop tard : elle
aura pourri et sera sans intérêt.
Trouver
des truffes est une affaire d'attention, mais pas celle de l'attention
superficielle de l'humain en train de marcher au milieu des arbres, il
faut celle, intense, du chien qui se déplace lentement, le nez (sa
truffe !) soit au ras du sol, soit aux aguets du moindre effluve porté
par le vent.
Comme le disait Henri Poincaré : « Ce que le vrai physicien seul sait voir, c'est le lien qui unit plusieurs faits dont l'analogie est profonde, mais cachée »1
Extrait de mon livre "
(1) Henri Poincaré, Sciences et méthodes, p.22