26 févr. 2009

GRAN TORINO OU LA FORCE DE LA FAIBLESSE ASSUMÉE

Quand Clint Eastwood montre que la vraie force est dans l'abandon de soi et le « lâcher prise »


Face à face initial quasi classique et banal : d'un côté un homme usé sur la fin de sa vie, hanté par le souvenir de sa guerre de Corée, muré dans la solitude de sa rancœur accumulée ; de l'autre un jeune garçon presqu'encore adolescent, fragile et vulnérable, d'origine asiatique et dominé par les femmes de sa famille.

Chacun fait comme il peut.
Le vieil américain vient de perdre son épouse – on ne saura rien d'elle –, regarde ses enfants et petits-enfants comme des étrangers importuns et encombrants – ceci même pendant l'enterrement de sa femme – et se protège de toute vie, et notamment de celle de ses voisins asiatiques, se réfugiant dans des bières qui s'enchaînent, soit dans son fauteuil au bord de sa maison, soit dans un bar.
Le jeune asiatique laisse couler sa vie comme elle vient, accepte toutes les tâches ménagères normalement dévolues aux femmes – vaisselle ou jardinage – et devient le souffre-douleur des gangs locaux, obligé d'accepter la protection de celui où se trouve un cousin.
Ce vieil américain tient des propos racistes, joue facilement le mâle dominant avec ou sans armes, et, comme l'acteur-réalisateur est Clint Eastwood, on s'attend à voir un remake de plus du fort venant au secours de la victime.
C'est effectivement ce qui semble s'enclencher au début, ce en plus autour d'un symbole de la puissance virile : une Gran Torino, une Ford décapotable rutilante de 1972. Cette voiture était celle de Starsky et Hutch, c'est tout dire !
Mais finalement tout se transforme petit à petit.
Sans vouloir raconter le film – je veux vous laisser le découvrir –, c'est l'inverse qui va se produire : la rédemption ne va pas venir de la force, mais du recours à la faiblesse, de la transformation de la mort en salut.
Ce film est une ode à l'acceptation de l'autre et de ses différences, sans émettre de jugement ni d'opinion. C'est aussi un merveilleux conte pour montrer la puissance du « lâcher prise » et de l'abandon de soi.
Un message puissant et utile au moment où montent tant d'appels, explicites ou implicites, à la haine de l'autre et à la pertinence de la force et de la puissance « virile ». On est bien loin de l'Inspecteur Harry et de toutes les discours simplificateurs.
A la fin du film, après quelques minutes passées immobile sur mon fauteuil, je suis sorti habité de cet appel à la puissance de la faiblesse.

Puisse-t-il être entendu…



2 commentaires:

Anonyme a dit…

un commentaire ou plutôt un clin d'oeil : le jeune homme d'origine asiastique est dominé par les femmes de sa famille au point d'être, comme vous l'écrivez : "dominée" ! (ligne 3)

Robert Branche a dit…

merci et corrigé ! Les frontières entre le masculin et le féminin ne sont absolues que dans la grammaire !