18 janv. 2010

ON EST TROMPÉ PAR SES CONVICTIONS OU SES INTÉRÊTS

Quatre récits, quatre interprétations, une seule vérité

Dans "Le Cercle de la croix", Iain Pears donne successivement quatre interprétations des mêmes faits : Nous sommes en 1663 à Oxford et le professeur Grove a été assassiné. Que s'est-il passé ? Pourquoi a-t-il été tué et par qui ? Quels sont les rôles respectifs de tous les personnages qui tournent autour ? …
Quatre personnes présentes à ce moment-là à Oxford, et directement impliquées dans les faits, vont tour à tour expliquer ce qui, selon elles, s'est passé.
Parmi les quatre récits, seul le dernier approche la vérité : c'est celui d'un historien qui détient directement une partie de l'énigme, et qui sait, sans affect et sans biais personnel, analyser la situation et les agissements de chacun. 
A l'opposé, le premier récit est faux, mais, non pas parce que celui le fait se trompe, mais parce qu'il veut nous tromper : il n'a pas écrit sa version des faits pour donner les clés de la réalité, mais pour contribuer à la dissimulation de ses propres actes.
Les deux autres récits sont aussi inexacts, mais « de bonne foi » : trompés par la force des émotions qui les animent – la volonté de blanchir à tout prix l'honneur de son père pour l'un, l'obsession du complot pour l'autre –, ils ne regardent les faits sans a priori, mais sont à la recherche de ce qui peut nourrir leurs causes.
Au-delà de la qualité intrinsèque du livre – à la fois excellent roman historique et suspense policier –, il montre brillamment comment une même situation peut être vue différemment et comme il est facile de se laisser embarqué par ses propres convictions ou intérêts.

A garder en mémoire dans la vie quotidienne des entreprises : seule l'attitude d'un historien qui s'en tient aux faits et confronte les analyses peut permettre d'approcher le sens caché…

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