1 avr. 2010

IL N’Y A PAS D’ESPOIR SANS INCERTITUDE

Voulez-vous parier sur la création ou la copie ?

Quand nous nous lançons dans une recette de cuisine, l'espoir n'est pas dans l'incertitude : elle est dans la conformité du résultat à ce qui a été anticipé. Pour cela, nous ne ménageons pas nos efforts : nous lisons avec attention la recette, nous la suivons scrupuleusement, pesant chaque ingrédient, préchauffant le four à la température indiquée.

Quand un artiste se lance dans la création d'une nouvelle œuvre – peinture, sculpture, musique, écriture, … –, il ne sait pas où il va. Il suit l'idée qui a commencé à combler le vide de la page blanche qu'il avait devant lui, mais cette idée est obscure et mystérieuse. Il est attentif à en suivre les méandres et avide de découvrir où elle va l'emmener.

Pas besoin d'être un grand cuisinier pour suivre une recette. En fait surtout pas, car alors vous pourriez être tenté de ne pas la suivre, et très probablement vous la manqueriez. Faire ainsi la cuisine n'est pas une affaire d'intelligence, un minimum de notre intellect est sollicité. C'est probablement pour cela qu'elle est tellement prisée par tous ceux qui ont une activité professionnelle débordante : il est plus reposant de suivre une recette de cuisine que de diriger une usine.

Impossible de créer une œuvre quelconque sans imagination personnelle. Si vous n'avez pas d'imagination, la page restera durablement blanche, le pinceau sèchera en vain, le marbre restera de marbre… Créer suppose d'être capable de construire des images mentales qui se matérialisent continûment devant vous. Ainsi la création est d'abord une affaire d'intelligence, mais une intelligence complexe et non linéaire, celle qui sait appréhender le complexe et avoir des fulgurances.

Dans Le Diable et le Bon Dieu, Jean-Paul Sartre écrit qu'il préfère le désespoir à l'incertitude. Il pensait manifestement aux recettes de cuisine ! En effet, l'incertitude est le cauchemar du pseudo-cuisinier, celui qui ne fait que reproduire ce qu'un autre à inventer.

Pour ma part, je crois plutôt qu'il n'y a pas d'espoir sans incertitude. Cela tient probablement au fait que je pense que l'avenir est plus à la création qu'à la reproduction, aux artistes qu'aux mécaniciens, à l'intelligence qu'à la peur.

Et vous ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce qu'un autre a inventé
errare humanum est