13 janv. 2011

« ON NE PEUT PAS VÉRIFIER CE QUI SE PASSE AU CIEL, ALORS QUE L’ON A PU VÉRIFIER CE QUI SE PASSAIT EN UNION SOVIÉTIQUE »

Quand Edgar Morin fait l'éloge de la résistance

Le 7 juin 2010, Edgard Morin a été l'invité d'une rencontre Fnac-Le Monde, intitulée « Éloge de la résistance ».
La vidéo ci-dessous reprend la troisième partie de cette rencontre(1) au cours de laquelle il en vient à ses réflexions sur la complexité et l'évolution actuelle du monde.
Il y développe notamment à partir de l'exemple de l'industrie du film à Hollywood l'importance de la relation entre production et création, et la nécessité de comprendre que la relation n'est pas antagoniste, mais complémentaire.

Voici aussi quelques échantillons de ses propos :
« Je vois la contradiction à l'intérieur d'un camp. (…) Le contraire d'une grande vérité n'est pas une erreur, mais une autre vérité. »
« Quand je suis rentré au CNRS, j'avais 30 ans. J'étais un jeune chercheur, ce que je suis resté, dans le langage du CNRS, jusqu'à presque 50 ans. Mais quand j'avais 22 ans, j'étais un jeune chef de la résistance. Personne ne m'a dit : Vous êtes un jeune chef. (…) Il fallait que je vieillisse pour que les critères académiques me trouvent jeune. »
« Le calcul est aveugle sur la vie. »
« Après cette religion du salut terrestre qu'était le communisme, ressuscitent les religions du salut céleste qui sont elles beaucoup plus solides, car on ne peut pas vérifier ce qui se passe au ciel, alors que l'on a pu vérifier ce qui se passait en Union Soviétique. »
« L'éthique est une double résistance : la résistance à la cruauté du monde, car la nature est notre mère et notre marâtre, et la résistance à la barbarie humaine »




(1) Les deux premières parties sont aussi disponibles sur YouTube (1ère partie, 2ème partie). Il y expose notamment ce qui l'a amené à devenir résistant face à l'occupation, sa relation complexe avec le communisme et son implication au moment de la guerre d'Algérie. L'intégrale de cette rencontre est disponible sur YouTube

1 commentaire:

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Si la construction de modèles nécessaires à la compréhension du réel passe à l'évidence pour importante et somme toute à juste titre,pour autant ,la distorsion entre ce qu'ils proposent(les modèles) et leur objet d'investigation repose sur le fait qu'ils le font paradoxalement oublier parfois,sinon souvent.Les sciences humaines elles-aussi peuvent oublier l'homme,selon ,notamment l'usage que l'on fera d'elles.Quant à la vérification par le réel mieux vaut qu'elle n'ait pas lieu s'il s'agit d'assurer le "paradis" du moins de le promettre...Enfin que vaut une existence s'il n'y a pas cette "résistance" que tu évoques cette "éthique"qui fait de nous ces "hommes contre" dont la double tâche est de composer avec l'éventuelle "indifférence "de la Nature aux effets qu'elle produit que E.Morin appelle "cruauté" et qui caractérise davantage l'autre versant de l'obstacle celui de la "barbarie" humaine.Il m'a toujours semblé plus insupportable d'avoir à lutter contre les actions humaines que l'on appelle exactions et dont aucun d'entre-nous n'est définitivement innocent...