19 juil. 2011

POURQUOI PARLER DE LA CONSÉQUENCE, ET NON PAS DU PROBLÈME ?

Faut-il ou non un panneau annonçant les radars, un bon exemple du mauvais débat
Depuis le début du mois de juin, a fleuri en France une polémique autour des radars : faut-il ou non annoncer leur présence par des panneaux ? Les radars seraient dangereux, parce que les voitures, à cause de leur présence, freineraient brutalement à leur approche, créant ainsi potentiellement des risques d’accident.
Pourquoi en parler ici sur mon blog ? Parce que c’est pour moi le type même de débat mal posé, ou plutôt du débat qui évite la vraie question, et qui donc a peu de chances de déboucher sur une confrontation positive, confrontation qui est toujours le préalable à la construction d’une interprétation commune et partagée.
En effet, si les radars posent problème, c’est parce qu’il y a un nombre important de conducteurs qui ne respectent pas la limitation de vitesse. Sinon, pourquoi parlerait-on sans cesse de ces voitures qui doivent ralentir brutalement ? Et il ne s’agit pas de ceux qui dépassent légèrement la vitesse autorisée, sinon ces coups de frein ne seraient pas dangereux. Donc il y aurait visiblement un nombre important d’automobilistes dépassant largement la vitesse autorisée (probablement de plus de 20 km/h, sinon à nouveau le coup de frein ne serait pas dangereux).
Pourquoi donc n’avons-nous pas un débat collectif sur la justification ou non de la limitation de vitesse ? Et ensuite, des voies et moyens à mettre en œuvre pour que nos réflexes et habitudes individuels nous amènent à prendre l’habitude de la respecter.
Je ne préjuge pas des résultats d’un tel débat, mais ce dont je suis sûr, c’est que ce n’est pas en polémiquant sur la justification ou non des panneaux annonçant les radars que nous allons collectivement progresser…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quid des voitures toujours plus performantes et vendues comme plus fiable, avec des consommation reduites et vendues comme moins polluantes...
Le TGV à été testé à 475 km/h, devrait t'on pour autant reduire sa vitesse actuelle de 325 km/h à 275 sous pretexte que certains trains de marchandises ont percutés des automobiliste en campagne sur des passsages à niveaux ?
Qu'est ce qu'une attitude responsable? La société doit elle se donner le droit, avoir le droit, ou le devoir de faire que ses citoyens ai une attitude responsable ?
Isham Kay

Robert Branche a dit…

Précisément, le débat doit porter sur la vitesse autorisée, et les performances des voitures, et pas sur les radars

Anonyme a dit…

Un élément du débat, c'est aussi que la plupart des conducteurs équipés de voitures modernes sont dans des conditions de conduite fiable même à 30km/h au delà de la limite. Une fraction importante de la population pourrait même se passer de limites et s'auto-discipliner assez pour rouler sans accidents.

Mais voilà : nous payons tous pour des conducteurs imprudents. Et les conséquences des accidents sont tellement graves, tellement injustes pour les victimes qui ne sont pas des chauffards, et tellement coûteuses pour la société, que celle-ci intervient pour mettre des limites. Mais ces limites frappent tout le monde et vont parfois trop loin. Au bout d'un certain degré de coercition,il n'y a plus d'efficacité du tout : les limites sont régulièrement dépassées, et l'impunité ou l'absence de contrôle n'est qu'un élément marginal de cette incivilité. De même, les retraits de permis sont vécus parfois comme tellement abusifs que cela génère surtout des gens qui conduisent malgré l'interdiction, surtout si leur existence socio-professionnelle en dépend.

De leur côté, les pouvoirs publics semblent ne plus gérer que l'opinion et ne se soucier que marginalement de l'efficacité des mesures. L'Etat gère plus son image que ses responsabilité. Et l'incivilité routière menace aussi clairement l'image de l'Etat. C'est pourquoi la répression routière s'est accrue... Il y a une dizaine d'années encore, la répression n'était guère crédible, et l'on savait faire sauter les PV ou attendre les amnisties. Les vitesses limitées devenaient des conseils fraternels à valeur indicative, et il suffisait que, statistiquement, une fraction importante de conducteurs disciplinés les respectent pour que la limitation soit efficace en termes de prévention des accidents.

Le durcissement de la répression routière a inversé les choses, mais il a aussi renversé la représentation de l'Etat pour lui (re)donner son rôle d'autorité incontournable et impitoyable. Je reconnais qu'il a eu aussi des résultats respectables en matière de baisse de la mortalité routière. Je salue l'exploit, même si j'ai la conviction que le bon résultat a été atteint presque involontairement, à l'occasion de cette course à l'image de l'Etat.

Dans cette campagne de communication et d'autopromotion d'un Etat "viril" et autoritaire, il ne s'agissait que de trouver un optimum dans la gestion du curseur des insatisfactions, entre celles des conducteurs et celles des associations de victimes de la route... L'efficacité me semble passer totalement au second plan, même si elle a été, un temps, réellement atteinte.

Il se trouve que des contraintes aussi pesantes ne tiennent pas dans la durée, et que les incivilités recommencent à croître dès que la connaissance du système permet d'en mesurer les failles et de les exploiter...

La prochaine étape pourrait être qu'une juridiction internationale s'offusque des violations des droits des citoyens à qui l'on interdit de se munir de détecteurs de radars, en ce que cette interdiction est une atteinte à la liberté d'information : dès lors qu'une technologie la rend possible, est-il légitime qu'un Etat use de son autorité pour masquer ces informations aux citoyens ?

Mais bon... j'extrapole, j'extrapole ( de façon bien peremptoire et assez peu étayée, je vous le concède par avance), et je sors probablement du sujet.

Bien à vous,
L'Ankou