20 déc. 2011

PERSONNE NE COMPREND CE À QUOI IL CONTRIBUE… À PART NOUS ?

Emboîtements et émergences (4)
Dans Fourmiz, Woody Allen prête sa voix à l’ouvrière Z-4195, une fourmi pleine d ‘états d’âme et amoureuse de la princesse Bala.
Personnellement, à la différence de l’auteur de ce film, c’est une autre question qui m’interpelle : une fourmi est-elle capable de comprendre, ou simplement de percevoir les propriétés de la fourmilière, propriétés qui la dépassent, mais auxquelles elle participe, et qui n’existeraient pas sans elle.
Ainsi quand une de ses étonnantes fourmis d’Amérique du Sud, s’associe à ses voisines pour créer un radeau qui va permettre à la fourmilière de devenir insubmersible, sait-elle ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait ? Ou quand une autre de ses congénères se livre à la culture de champignons, est-elle consciente de participer à créer une nourriture indispensable à la survie future ? Et quand d’autres viennent au secours de nymphes pour faire partir des prédateurs, ont-elles en tête le nectar que cette même nymphe pourra donner en retour ? (voir La fourmi est petite, mais la fourmilière est grande)
Pas sûr non ? Pas sûr du tout, même…
Prenons maintenant un quelconque des microorganismes qui peuplent notre organisme. Nous avons l’embarras du choix, car ils sont des millions de milliards à se promener sur notre peau et en nous. Certains ne sont que de passage, rencontres fortuites dues aux chocs aléatoires de la vie, mais d’autres participent à notre bon fonctionnement.
Imaginez-vous un instant de la « peau » d’un de ceux-là. Si pour la fourmi, vous pouviez tout à l’heure avec moi avoir un doute, cette fois, aucune chance de comprendre ce à quoi vous participez. La propriété à laquelle vous contribuez – par exemple vous êtes en train de lutter contre un microbe mortel pour un homme –, vous dépasse littéralement.
Prenons maintenant une de nos cellules, et choisissons une des plus « nobles », à savoir un neurone. Il s’agit bien d’un être vivant, mais à nouveau, comment pourrait-il « savoir » ce à quoi il participe ? Ou alors il y aurait des neurones géniaux, capables de se dire : « Tiens, je viens d’intervenir dans le processus de mémorisation d’une émotion ». Non, évidemment !
Telle est bien la logique dominante des emboîtements et des émergences : on ne comprend pas ce à quoi on participe, on agit et c’est tout... Et on n’a pas le choix, car on n’a jamais vu une fourmi se rebeller contre ses congénères, un antibiotique ne pas attaquer l’infection pour laquelle il était adapté, ou un neurone bloquer volontairement sa synapse.
Ainsi va la monde… sans une réelle compréhension de ce qui se passe.
Heureusement que nous sommes arrivés, nous les humains avec notre intelligence et notre capacité à tout analyser et comprendre. Certes, certes…
(à suivre)

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