18 juin 2012

POURQUOI S’INTÉRESSER AU MONDE DES NEUROSCIENCES ?

Comprendre comment on comprend, ou du moins essayer… (Neurosciences 1)
Le domaine des neurosciences est fascinant pour de nombreuses raisons.
D’abord bien sûr parce qu’il part à la découverte de notre cerveau, et peut donc venir éclairer comment se constituent chacun d’entre nous, et nos systèmes collectifs. Il se penche à la fois sur des questions « simples » comme la commande de nos muscles ou la régulation de notre corps, des questions beaucoup plus complexes comme l’apparition de l’écriture ou celle de savoir compter, et enfin d’autres qui sont des puits sans fonds, comme les relations entre système conscient et non-conscient, la mémoire, les émotions ou le sentiment d’être soi.
Ensuite parce que c’est un domaine qui n’en est qu’à ses premiers balbutiements, et qui, du coup, bouge très rapidement. Les neurosciences n’ont vraiment décollé qu’avec le développement de l’imagerie cérébrale, c’est-à-dire depuis les années 90. Je ne dis pas bien sûr que tout ce qui a été fait avant, est quantité négligeable, mais il y a réellement eu un point d’inflexion à ce moment-là et un décollage depuis lors. On n’est donc qu’aux débuts, ou, si vous préférez, à une vraie renaissance de nos connaissances sur le cerveau.
Enfin, et surtout pour ce qui me concerne, parce que cette science n’en est pas une, du moins pas au sens classique du terme comme on peut parler des mathématiques, de la physique ou de la chimie. En effet elle est profondément intriquée avec la pensée philosophique dont elle est inséparable. Comment en effet travailler sur des questions comme l’apparition du sens, de la pensée ou de l’identité, sans s’appuyer sur tout ce que la philosophie nous a appris ou nous apprend encore. De ce point de vue, la neuroscience, du moins la vraie, est une science de la modestie et de la réflexion sur ses propres limites.
Mon intérêt pour elle est finalement très récent, puisqu’il ne date que de 2006. Mon premier livre, Neuromanagement, est né de cette rencontre. En effet les découvertes de cette science, et singulièrement l’importance, voire souvent la prépondérance, des processus non conscients, m’ont apporté une clé pour revisiter ce que je pensais du management : j’ai mis l’accent sur la présence aussi dans les entreprises de processus non conscients, au sens de processus non voulus, et non pilotés par la direction générale.
Dans mon deuxième livre, les Mers de l’incertitude, je me suis aussi appuyé sur les neurosciences pour expliquer pourquoi l’incertitude était irréductible et croissait avec le développement de la vie. Comment en effet prévoir une évolution si les actions humaines relevaient massivement de processus non conscients ?
Depuis lors, les neurosciences ont poursuivi leur chemin, et des découvertes toujours plus étonnantes, et riches de conséquences ont été faites.
Un des moyens pour s’en rendre compte est de suivre le cours de psychologie cognitive expérimentale de Stanislas Dehaene, au Collège de France. Ancien élève de l’École normale supérieure, mathématicien d’origine, Stanislas Dehaene est notamment le directeur de l’unité de Neuroimagerie Cognitive, unité mixte INSERM-CEA, à Neurospin dans l’Essonne. Il est ainsi un des plus grands spécialistes mondiaux dans son domaine.
Son cours est une merveille de clarté, de richesse et de profondeur dans le questionnement. Il est accessible en ligne sur le site du Collège de France ou via iTunes U.
Sans avoir évidemment l’intention, ni la prétention de résumer un tel travail, je vais consacrer les articles des jours qui viennent, à ce que j’en ai retenu, à ce qui m’a le plus interpellé, éléments qui seront le moment venu intégrés dans un futur livre…
(à suivre)

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