20 nov. 2012

NOUS SOMMES PAS SI DOUÉS QUE CELA EN CALCUL !

A la découverte de « Thinking, Fast and Slow » de Daniel Kahneman (5)
Voici quelques exemples tirés du livre de Daniel Kahneman, qui montrent que nous ferions souvent mieux de ne pas laisser la main à notre Système 1 :
- Si l’on vous demande de deviner quelle est la spécialisation d’un étudiant, vous allez choisir celle qui correspond le plus au profil de la personne, sans vous poser la question de l’importance de cette spécialité, et donc de la probabilité qu’elle puisse être effectivement la sienne. Nous nous demandons à qui il ressemble, et non pas ce qui est le plus probable. Autre exemple de cette confusion entre représentativité et probabilité : ce n’est pas parce que quelqu’un lit le New York Times dans le métro, qu’il a plus de chance d’avoir un doctorat que de ne pas avoir de diplôme universitaire…
- Entre les propositions « Linda est une employée de banque » et « Linda est une employée de banque et elle est active au sein du mouvement féministe », même si la deuxième nous séduit spontanément davantage que la première, la première reste la plus probable, car elle contient la deuxième. Comme l’écrit Daniel Kahneman, « c'est un piège pour les prévisionnistes et leurs clients : le fait d'ajouter des détails à des scénarios les rend plus plausibles, mais moins susceptibles de se produire. »
- Nous allouons une valeur plus faible à un service de vaisselle de cinquante pièces dont huit sont ébréchées, qu’à un service de 40 pièces toutes intactes. Pour que ce biais n’existe pas, il faut que nous les comparions simultanément. Pour calculer une valeur, nous accordons plus de poids à la valeur moyenne, qu’à la somme.
- Si nous subissons un examen extrêmement douloureux, et qu’il se termine brutalement, nous en garderons un souvenir plus pénible, que le même examen prolongé par une période où nous ressentons une douleur plus faible. A nouveau, ce qui compte pour nous, ce n’est pas tant la quantité de douleur ressentie que la douleur moyenne, et surtout celle de la fin.
Ceci me rappelle une constatation faite lors d’une mission pour une compagnie aérienne : ce qui est important, ce n’est pas tant ce qui se passe durant le vol, mais le souvenir que nous en avons. En effet dans le domaine du service, comme nous n’avons pas le produit sous la main, ce qui comptera lors de la décision pour un rachat éventuel, c’est bien ce souvenir. Pourtant la plupart des questionnaires client sont administrés durant le vol, et non pas quelques jours après.
Or, comme Daniel Kahneman le montre, il y a un écart important entre ce que nous expérimentons, et ce dont nous nous souvenons, entre nos deux moi, celui qui vit une situation, et celui qui la revit…
(à suivre)                                                     

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