Affichage des articles dont le libellé est Prévision. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Prévision. Afficher tous les articles

13 sept. 2012

NOUS IMAGINONS LE MONDE AVANT LE VIVRE

Nos neurones sont organisés pour ne coder que les écarts (Neurosciences 28)
Nous ne voyons donc le monde non pas tel qu’il est – d’ailleurs que voudrait donc dire voir le monde tel qu’il est ? –, mais tel que nous l’avons connu, compris et mémorisé. Nos perceptions sont constamment enrichies, et donc déformées, par tout ce que nous avons déjà appris précédemment.
Est-ce vraiment tout ?
Non, car nous ne nous contentons pas de voir le monde tel que nous l’avons connu, nous dressons constamment des visions du futur : notre cerveau, et toutes nos neurones, sont un système prédictif.
En effet, à partir de nos données sensorielles et de notre expérience, nous anticipons, et nous n’arrêtons pas de rêver le monde avant de le vivre. Nous créons au plus profond de nous-mêmes, une vision de ce qui devrait ou pourrait arriver : notre savoir-faire bayésien ne nous sert pas seulement à comprendre le monde, mais aussi à penser ce qu’il pourrait devenir.
Alors quand nous regardons ce qui se passe, nous le comparons à ce futur que nous avions imaginé, à ce futur qui devrait être devenu notre présent.
Pourquoi l’évolution a-t-elle permis et encouragé l’apparition d’une telle compétence ?
Voici les réponses de Stanislas Dehaene sur les avantages d’une telle capacité à prévoir le futur :
-        Gagner du temps : anticiper, c’est avoir l’information à l’avance, parfois avant même qu’elle atteigne nos récepteurs sensoriels, et donc se tenir prêt à faire face,
-      Filtrer les entrées : utiliser le passé pour prédire le présent, c’est bénéficier d’un filtre optimal qui peut aider à interpréter une entrée bruitée, voire remplacer totalement un stimulus masqué, manqué ou absent.
-        Simplifier l’architecture et le traitement des données : il n’est pas la peine de représenter ou de transmettre ce que l’on peut prédire.
-     Tirer des inférences optimales : maximiser la vraisemblance d’un modèle des entrées sensorielles implique de minimiser l’erreur de prédiction sur ces entrées.
En reprenant la vision de Karl Friston, il termine en ajoutant un dernier bénéfice : selon ce dernier, ceci correspondrait à la logique de tout système auto-organisé, qui obéirait au principe de la minimisation de l’énergie libre, ce qui supposerait d’imaginer un ordre à venir, et chercher à « minimiser la moyenne à long terme de la surprise ».
Voilà donc nos cellules qui, nourries de cette vision d’un futur imaginé, ne codent plus le présent que comme un écart. Si le présent est tel qu’il a été prévu, rien n’est transmis. A quoi bon en effet, annoncer ce qui a déjà été anticipé !
Nous sommes donc organisés pour vivre l’incertitude comme une perturbation, et n’avoir à dépenser de l’énergie que quand le présent n’est pas tel que nous l’avons prévu.

Comme le présent est de moins en moins en ligne avec ce qui s’était passé avant, comme la logique du monde est de plus en plus l’incertitude, comme notre liberté est d’abord liée à ces ruptures imprévues, merci donc à Stanislas Dehaene de nous avoir aidés à comprendre le chemin qu’il nous reste à parcourir !

Nous ne percevons pas le monde, mais ce sont nos pensées que nous percevons : nous ne voyons, n’entendons, ne sentons, ne goûtons, et ne touchons que les images, les bruits, les odeurs, les saveurs et les formes de nos neurones. Et nous parcourons le monde, avec en nous, une idée de ce qu’il devrait être : nous l’imaginons avant de le vivre. Aussi sommes-nous en avance sur ce que nous vivons… au risque de nous retrouver dans un présent imaginaire, comme un voyageur dans le temps qui serait parti dans un futur irréel…

FIN

5 sept. 2012

NOUS N’ARRÊTONS PAS DE FAIRE DES ERREURS DE CALCUL

Nous sommes très sensibles à l’énoncé du problème (Neurosciences 23)
Nous voilà donc tous devenus statisticiens, des Monsieur Jourdain du calcul de probabilité. Mais sommes-nous de bons statisticiens ? Ou faisons-nous des erreurs de calculs quasi-systématiques ?
La réponse à cette deuxième question est malheureusement oui : nous nous trompons souvent, et ce en fonction de la formulation du problème. En effet, notre cerveau est fortement influencé par la perception qu’il a de la situation, de ce qu’il en comprend ou, si elle lui est présentée par un tiers, de comment cela a été fait.
Stanislas Dehaene reprend ainsi les travaux de 1981 de Amos Tversky et Daniel Kahneman, qui ont montré que nous étions influencés par la formulation d’un problème. Le cas présenté alors était le suivant :
-        Deux échantillons de personnes aux caractéristiques identiques sont soumis les unes au problème 1, les autres au problème 2 :
o   Problème 1 : Vous imaginez que les États-Unis se préparent à l’arrivée d’une maladie asiatique dont on pense qu’elle va tuer 600 personnes. Deux programmes alternatifs de lutte sont proposés :
§  Si le programme A est choisi, 200 personnes seront sauvés,
§  Si c’est le B, il y a 1/3 de chances que les 600 personnes seront sauvés, et 2/3 de chances que personne ne le soit.
o   Problème 2 : La situation est la même, mais les programmes proposés sont différents :
§  Si le programme C est adopté,  400 personnes mourront.
§  Si c’est le programme D,  il y a un 1/3 de chances que personne ne meure, et 2/3 que 600 meurent
-        Dans le problème 1, les personnes choisissent le programme A à 72%, alors que dans le problème 2, c’est le D qui est préféré par 78%.
-        Et pourtant les programmes respectivement A et C, B et D sont identiques.
Manifestement, notre cerveau statisticien n’a pas fait les calculs de la même façon : le fait d’affirmer que 400 personnes vont mourir de façon certaine est-il « vécu » comme une telle menace que le calcul en est faussé ? Est-ce que la formulation plus complexe des hypothèses B et D rend le calcul plus difficile, ce qui fait que nous traitons essentiellement l’énoncé des programmes A et C ?
Autre hypothèse avancée par Stanislas Dehaene : la difficulté du problème posé suppose un traitement conscient, et donc la mobilisation de notre espace de travail global, qui serait mal armé pour faire des calculs bayésiens Ce serait nos processus inconscients, ces processus ultrarapides et massivement parallèles qui seraient les plus efficaces pour évaluer correctement des plausibilités.
Finalement nos processus conscients ne seraient capables de traiter que des problèmes simples, et de type mono-causal.
A l’appui de ceci, Stanislas Dehaene reprend une autre expérience, celle menée en 2007 par Krynski, T. R., & Tenenbaum, J. B.. La question posée portait cette fois sur le cas du cancer :
-        0.3% des adultes de 60 ans sont atteints d’un cancer colorectal.
-        La moitié de ces cancers (50%) peuvent être détectés par un test.
-        Il y a 3% de chances que le test s’avère positif chez une personne qui n’a pas le cancer.
-        Si le test est positif, quelle est la probabilité que la personne ait effectivement un cancer?
Les résultats à ce test sont catastrophiques (essayez donc vous-mêmes de trouver la réponse) : les réponses des médecins allaient de 1 à 99%, et la moitié l’estiment à 50% ou 47%. Or la bonne réponse est 4,8%. (1)
Si maintenant, on introduit une donnée supplémentaire comme la présence d’un kyste, et que l’on formule le problème ainsi : « Il y a 0,3% des adultes qui ont un cancer, et 3% qui ont un kyste. Si l’on a un kyste, le test sera positif, alors que l’on n’a pas le cancer. », alors plus personne ne se trompe, et tout le monde arrive à un résultat voisin de la réalité. Et pourtant le problème reste le même.
Il semble bien que nous ne sachions traiter convenablement que les problèmes où le modèle causal est apparent…
(à suivre)
(1) Sur 10,000 personnes, 30 ont un cancer colorectal. Sur ces 30, la moitié, soit 15, auront un test positif. Sur les 9970 autres, 3% soit 299 auront un test positif. Parmi un échantillon de gens qui ont un test positif, quelle fraction ont vraiment un cancer ? La réponse est donc 15 / (15+299), soit 4.8%

3 sept. 2012

NOUS EXTRAYONS SANS CESSE DES MÉTARÈGLES À PARTIR DE NOTRE EXPÉRIENCE

Si toutes les balles sont rondes, le fait d’être rond a un lien avec le fait de s’appeler une balle (Neurosciences 21)

Reprise de mon blog après ces quelques semaines de best of avec l’approfondissement du cours 2012 de Stanislas Dehaene sur le cerveau statisticien.
J’avais terminé lors de mon article du 19 juillet par un résumé des conclusions que Stanislas Dehaene en avait tiré, et singulièrement par le fait que notre cerveau construisait continûment une vision du futur probable et comparaît ce qu’il observait à cette vision préalable. (voir Nous ne percevrions le présent que comme écart par rapport à nos prévisions).
Revenons donc maintenant plus en détail sur les différents points.
D’abord, deux premiers commentaires essentiels dans cette analyse du cerveau statisticien :
-        La méthode de calcul suivie par notre cerveau l’amène à privilégier les solutions les plus simples : dès qu’il identifie un modèle explicatif qui correspond aux données observées, et rien d’autre, il le privilégie. Ainsi, il prend le contre-pied du proverbe Shadok, « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », et reprend un principe de raisonnement énoncé depuis l’Antiquité : « Une pluralité ne doit pas être posée sans nécessité », ou encore « Les entités ne doivent pas être multipliées au delà du nécessaire ». Nous sommes ainsi programmés pour aller vers la simplicité.
-        Notre cerveau ne sait pas s’en tenir aux faits observés : il ne peut pas s’empêcher de tirer des conclusions et des inférences, même quand il n’a pas assez de données. Voilà la justification scientifique de notre tendance naturelle à confondre corrélation et causalité, et toujours induire à partir de rien.
Mais, comment notre cerveau peut-il induire à partir de presque rien ?
Essentiellement parce qu’il ne se contente pas de tirer des conclusions à partir de ce qu’il observe, mais parce qu’il mobilise des règles apprises dans le passé : il est capable de transférer des règles et donc de progresser ainsi rapidement.
Par exemple, si l’on tire une boule bleue d’une urne, on ne peut rien en conclure dans l’absolu pour les tirages suivants. Mais si l’on a appris, par l’expérience, que les urnes ne contiennent toujours que des objets identiques, et de même couleur, on saura que les tirages suivants seront aussi des boules bleues.
C’est ce type de transfert d’expérience qui permet l’apprentissage du langage :
-        Étape 1 : un enfant est face à une ensemble de cinq objets, trois sortes de balles et deux sortes de tasses. Il apprend alors que trois s’appellent des balles et deux des tasses.
-        Étape 2 : il constate que les formes des balles et des tasses sont différentes, mais que toutes les tasses ont la même forme, ainsi que les tasses.
-        Étape 3 : il en conclut qu’à chaque nom, correspond une forme spécifique. Les « choses » ont une forme donnée qui les caractérise.
-        Étape 4 : il transfère ce savoir acquis à d’autres noms, et comprend qu’une girafe est un animal qui a une forme de girafe, qu’un crayon la forme d’un crayon, etc.
C’est le principe du méta-apprentissage : nous apprenons à apprendre ; chaque progrès nous transforme et facilite l’acquisition future.
Les Shadoks ne sont d’ailleurs pas en reste, et quand ils affirment que la notion de passoire est indépendante de celle de trou, ils énoncent une métarègle.
Cette capacité essentielle à tout apprentissage est directement liée au fait que notre cerveau est capable d’appliquer des inférences bayésiennes. C’est ce qui lui permet d’inférer les métarègles, et de les généraliser ensuite.
Mais bien sûr, ceci n’est pas sans inconvénient, car cela ne nous prédispose pas à l’inconnu et à la nouveauté : nous aurons toujours tendance à la lire, en y appliquant les vraisemblances et les règles issues de notre passé…
(à suivre)

31 juil. 2012

IMPOSSIBLE DE SAVOIR SI LE TAUX DE CROISSANCE FRANÇAIS EST DE -0,5 OU +3,5%

BEST OF (19 janvier 2012)
Arrêtons de dire et faire n’importe quoi
L’ensemble des experts économiques, et des responsables politiques prennent actuellement leurs décisions au vu des taux de croissance des économies, et de leur évolution. Comme ceci se traduit dans l’évolution effective des taux d’intérêt que chacun de nous, directement ou indirectement, payons, ainsi que dans le niveau de nos impôts et la qualité effective des services publics, il est important de s’assurer que ces taux sont bien pertinents.
Reprenons donc comment ils sont calculés.
Tout part du PIB, c’est-à-dire du produit intérieur brut. Il faut d’abord accepter que ce PIB soit représentatif effectivement l’économie réelle du pays en question. Cela reste à démontrer, mais, soyons bon prince, et acceptons-le…
Ensuite, on calcule donc le taux de croissance du PIB, c’est-à-dire la variation de ce PIB pour une durée donnée, qui est le plus souvent l’année : on prend donc le PIB d’une année N que l’on compare à celui de l’année N-1.
Supposons que le PIB soit mesuré à 1% près. Cela signifie que l’on ne sait pas si la réalité se situe en dessus ou en dessous, et ce à un pour cent. Comme les phénomènes de la vie sont chaotiques, on ne peut pas non plus dire que l’on se trompe toujours dans le même sens. On peut juste au mieux espérer avoir borné le taux d’erreur à 1%. Donc si l’on se trompe par excès lors de l’année N-1, rien ne dit que l’on ne se trompe pas par défaut en année N, ou l’inverse.
Que se passe-t-il alors pour le taux de croissance ?
-        Si le taux de croissance calculé est de 2%, le taux de croissance est en fait compris entre 0 et 4%, et sans que l’on puisse dire où il se trouve dans l’intervalle. (1)
-        Si le taux de croissance calculé est de 1%, l’imprécision est cette fois plus forte, car on ne peut même plus être certain qu’il y a bien une croissance, car le taux se situe entre -1 et 3% ! (2)
Supposons maintenant que le PIB soit calculé dix fois plus précisément, c’est-à-dire à 0,1% près, que se passe-t-il ?
-        Si le taux de croissance est de 2%, il est compris entre 1,8 et 2,2%.(3)
-        Si le taux de croissance est de 1%, il est compris entre 0,8 et 1,2%.
Comme les taux de croissance de tous les pays occidentaux se situent entre 1 et 2%, et que l’on tire des conclusions sur eux-mêmes et leurs variations, j’en déduis donc que l’on sait calculer les PIB à 0,1% près.
Comment sérieusement pourrais-je croire cela ? Mon expérience de consultant m’a montré que la réalité du  chiffre d’affaires d’une entreprise est au mieux approchée à quelques % près. Comment pourrait-on faire mieux pour un pays, réalité infiniment plus complexe et mouvante ?
J’en conclus donc que tout ce que l’on raconte et énonce à partir des taux de croissance est sans fondement…
Pour ce qui est de la France, le taux de croissance est annoncé à 1,5% pour 2010. Si l’on admet que le PIB de 2009 et 2010 est exact à 1% près, le taux français est en fait compris entre -0,5% et 3,5%, et nous n’avons aucun moyen de savoir où il se situe au sein de cet intervalle.
Or on discute d’évolution du taux de croissance de + ou – 0,2%, évolution qui ne serait même pas mesurable, si le PIB était exact à 0,1% près !
Et je fais remarquer que le plus probable est que l’on se trompe de beaucoup plus que de 1% sur le PIB, ou encore que l’écart entre le PIB et la réalité de l’économie française est de plus de 1%...
Et dire qu’en plus, on parle de taux de croissance prévisionnel !
Tout ceci ne serait pas grave si l’on était en train de jouer au Monopoly avec de faux billets. Mais c’est bien de l’argent, du travail et de la vie de tout un chacun qu’il s’agit !
Mon propos n’est évidemment pas de dire que l’on devrait se désintéresser de savoir comment va l’économie de nos pays, et si elle est ou non en croissance, mais que ces taux ne le mesurent pas, et ne veulent rien dire.
Ne serait-il pas temps de s’en rendre compte, et d’arrêter de – excusez la brutalité de mon propos – dire, et  donc de faire collectivement n’importe quoi ? Il y a urgence…

(1) Le PIB initial est donc compris entre 99 et 101, et le PIB après croissance entre 101 et 103 (102 ± 1). Comme on ne peut pas affirmer que l’erreur est toujours dans le même sens, le taux de croissance est compris entre (103/99 - 1) et (101/101 - 1), soit 4% et 0%.
(2) Le PIB initial est toujours compris entre 99 et 101, et après croissance cette fois, il est entre 100 et 102 (101 ± 1). Le taux de croissance est donc compris entre (102/99 – 1) et (100/101 – 1), soit entre 3% et -1%
(3) Le PIB initial est compris cette fois entre 99,9 et 100,1, et après croissance entre 101,9 et 102,1. Le taux de croissance est donc entre (102,1/99,9 - 1) et (101,9/100,1)/100,1 – 1), soit  entre 2,2 et 1,8 %.
(4) LE PIB initial est toujours entre 99,9 et 100,1, et après croissance cette fois entre 101,1 et 100,9. Le taux de croissance est donc entre (101,1/99,9 – 1) et (100,9/100,1 – 1), soit entre 1,2 et 0,8%.

19 juil. 2012

NOUS NE PERCEVRIONS LE PRÉSENT QUE COMME ÉCART PAR RAPPORT À NOS PRÉVISIONS

Le cerveau se ferait constamment une idée du futur qui l’attend (Neurosciences 20)
En quoi donc notre cerveau est-il concerné par les mathématiques bayésiennes et les calculs de probabilité ?
Voici de façon synthétique les raisons avancées par Stanislas Dehaene (1):
1. Ces inférences rendent compte des processus de perception : étant donné des entrées ambiguës, notre cerveau en reconstruit l’interprétation la plus probable.
En effet, notre vue ne transmet au cerveau qu’une photographie de ce qui nous entoure. Notamment la plus plupart de ce qui nous entoure est partiellement caché, et nous n’en voyons qu’une partie. En tenant compte de la succession des images transmises (qui vont révéler une partie de ce qui est caché) et de ce que nous avons appris depuis notre naissance, le cerveau va interpréter ces informations pour nous permettre de comprendre ce qui nous entoure. Par exemple, si nous voyons la tête d’un ami dépasser d’un mur, nous allons inférer que cet ami est bien présent derrière ce mur.
2. Nos décisions combinent un calcul bayésien des probabilités avec une estimation de la valeur probable et des conséquences de nos choix.
Prendre une décision suppose d’avoir construit une interprétation du monde qui nous entoure, ce à partir de ce que nous en percevons. Cette interprétation est issue de la valeur la plus probable, telle que calculée selon les mathématiques Bayésiennes. Par exemple, si nous devons parier sur la couleur d’une bille tirée d’une urne, nous allons spontanément ne prendre en compte que les couleurs étant apparues lors des tirages précédents.
3. L’architecture du cortex pourrait avoir évolué pour réaliser, à très grande vitesse et de façon massivement parallèle, des inférences Bayésiennes.
Sur la base de ce qu’il connaît, notre cerveau construit dynamiquement une projection du futur, tel qu’il devrait être, c’est-à-dire tel qu’il est le plus probable qu’il soit (codage prédictif). Ensuite, les informations issues de la situation réelle ne sont pas codées telles qu’elles apparaissent, mais en tant qu’écarts par rapport à cette prévision. Ainsi ce sont les différences et les nouveautés qui ont transmises (propagation des signaux d’erreur).
4. Le bébé semble doté, dès la naissance, de compétences pour le raisonnement plausible et l’apprentissage Bayésien.
Dès la naissance, nous serions capables de combiner de façon quasi optimale les a priori issus de notre évolution et les données reçues du monde extérieur. Ainsi la théorie Bayésienne résoudrait le dilemme classique entre les théories empiristes et nativistes. L’apprentissage du langage, la reconnaissance des mots, et la théorie de l’esprit pourraient également être modélisés comme des inférences Bayésiennes.
Telle est toute l’étendue de ce cours 2012. Vous percevez déjà l’importance des conséquences de cette nouvelle vision du fonctionnement du cerveau, ce notamment sur notre approche de l’incertitude : si notre cerveau est structurellement et intimement construit pour prévoir le futur à partir du passé et du présent, il n’est pas surprenant que nous ayons du mal à appréhender la nouveauté et les ruptures.
Tout ceci mérite bien sûr de s’attarder davantage.
C’est ce que je ferai à la rentrée, à compter du lundi 3 septembre. Je reviendrai alors plus en détail sur ce cours 2012, et sur ces conséquences pour le management des entreprises.
D’ici-là, mon blog va, comme tous les ans, prendre quelques vacances. Pendant celles-ci, sera diffusé, au rythme de deux articles par semaine (un le lundi, un le jeudi), un best of tiré des articles parus jusqu’à présent.
Pendant cette période, je vais aller me laisser perdre dans l’effervescence de l’Inde du Sud, occasion de nouvelles découvertes, de prise de recul, et aussi très probablement de commencement de la rédaction de mon prochain livre…
Avant cela, juste quelques lignes demain, comme un pont entre ici et là-bas...

(à suivre le 3/9/12)

(1) Pour ceux qui veulent plus de détails, le mieux est de suivre l’intégralité du cours 2012

18 juil. 2012

PRÉVOIR LE PASSÉ À PARTIR DU PRÉSENT

Comment imaginer ce que nous ne connaissons pas à partir de ce que nous voyons (Neurosciences 19)
Voilà donc notre cerveau qui, à l’instar de Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, manipulerait sans cesse des statistiques, et ferait des inférences Bayésiennes.
En paraphrasant les célèbres dialogues de Molière dans le Bourgeois gentilhomme, on pourrait dire en imaginant un dialogue entre Stanislas Dehaene et un grand bourgeois contemporain :
« Non, Monsieur : tout ce qui n'est point inférence Bayésienne est certain; et tout ce qui n'est point certain est inférence Bayésienne.
- Et comme l'on pense qu'est-ce que c'est donc que cela ?
- De l’inférence Bayésienne.
- Quoi ? Quand je pense : "Je regarde le ciel, et j’en conclus qu’il va pleuvoir," c'est de l’inférence Bayésienne ?
- Oui, monsieur.
- Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je fais des inférences Bayésienne sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. »
Plus sérieusement de quoi s’agit-il ?
Faisons d’abord un flash-back au XVIIIème siècle, à l’époque où le révérend Thomas Blayes, pasteur dans la journée, écrivit un ouvrage, Une introduction à la doctrine des fluxions, et une défense des mathématiciens contre les objections faites à l'auteur de l'Analyse (sic !), ouvrage qui fut repris à sa mort par son ami Richard Price dans un essai intitulé Essai sur la manière de résoudre un problème dans la doctrine des risques.
Cet ouvrage institua ce qui fut appelé la «  règle de Bayes » et qui est une forme d’inversion du raisonnement suivi dans les probabilités :
-        Dans le calcul de probabilités, on cherche à avoir une idée du futur à partir de la situation actuelle : que risque-t-il d’arriver compte-tenu de tout ce que l’on sait de la situation actuelle (y compris de la situation passée).
-        Dans la « règle de Bayes », on cherche à partir de la situation actuelle et de tout ce que l’on en connaît, à imaginer ce qui a pu exister avant, et conduire à cette situation.
Pour être plus clair, prenons le cas d’une urne dans laquelle on procède à un tirage :
-        Si l’on procède à un raisonnement probabiliste, on va chercher à prévoir le futur tirage, et l’on va calculer les probabilités respectives, compte-tenu du contenu de l’urne : si l’urne contient p boules noires, et q boules rouges, on pourra dire que l’on aura soit une boule noire, soit une boule rouge, et les probabilités respectives seront de p/p+q et q/p+q.
-        Si l’on procède à une inférence Bayésienne, on va partir des tirages observés pour imaginer quel peut être le contenu de l’urne. Donc dans ce cas, comme on aura constaté que l’on n’a tiré que des boules noires et rouges, on inférera d’abord que l’urne ne doit contenir que des boules noires ou rouges. Ensuite en fonction du nombre de boules de chaque couleur, on inférera le nombre de boules probables se trouvant dans l’urne.
Mais comme dans la projection vers le futur, sauf à avoir accès au contenu de l’urne, on n’a pas de certitudes :
-        Ce n’est pas parce que, jusqu’à présent, on n’a tiré que des boules noires et rouges, qu’il est certain qu’il n’y a rien d’autres dans l’urne.
-        Le nombre de boules imaginé à partir du nombre de boules tirés n’est que le nombre le plus probable, ni plus, ni moins.
Ainsi les inférences Bayésiennes sont une forme de probabilités à rebours. Comme si un joueur au casino voulait savoir pourquoi il avait gagné ou perdu !
Mais en quoi cela concerne-t-il notre cerveau ?
(à suivre)

1 mars 2012

RETROUVONS L’ÉNERGIE DES CARAVANES DU FAR WEST

Allier inquiétude et optimisme - Le management par émergence (5)
Après le lien entre action et mer, explicité hier, venons-en au deuxième point nécessaire à l’émergence efficace, à savoir la « paranoïa optimiste ». J’ai déjà eu l’occasion d’exposer à plusieurs reprises, ce que j’entendais par là, notamment dans mon article Soyons des paranoïaques optimistes.
Je vais reprendre ici les aspects qui sont essentiels, et les compléter en regard de mon propos sur l’émergence.
L’idée principale est la suivante : dans le monde de l’incertitude, il est illusoire de vouloir la contenir ou la limiter. Il faut simplement avoir pensé le pire sans en être tétanisé, s’être préparé pour y faire face tout en se mobilisant pour en limiter la probabilité.
Cet état d’esprit n’est ni courant, ni naturel.
Mon expérience de consultant m’a confronté, le plus souvent, soit à :
  • Des optimistes qui croyaient que le pire n’arriverait jamais, que l’improbable était impossible, ou que le plus raisonnable était de s’organiser sur un scénario médian. Ces optimistes avancent résolument, et ne se sont pas préparés à ce qu’ils ont ignoré ou négligé. Pire, ils ont souvent coupé toutes les ressources ne correspondant pas à leur vision du monde, et qu’ils ont jugées inutiles (1). Or, dans le monde de l’incertitude, comme on ne peut plus probabiliser le futur et que la notion même de médiane n’a plus grand sens, rien ne dit que leur vision est la bonne.
  • Des pessimistes qui, tétanisés par les périls dont ils se sentent entourés, construisent autour d’eux des lignes Maginot ou des murailles de Chine, supposées pouvoir contenir les déferlantes des tsunamis à venir. Mais rien ne dit qu’ils viendront, et même s’ils venaient, ces digues seraient bien insuffisantes. Je repense aussi aux officiers du fort du Désert des Tartares de Dino Buzzati. A quoi sert-il donc de passer son temps à attendre ce qui n’arrive pas ?
J’ai finalement trop rarement rencontré ce juste équilibre entre l’action résolue et volontaire, et la préparation à ce qui peut survenir à tout moment.
La meilleure image qui me vient est celle de ces caravanes qui, parties à la conquête de l’Ouest, se devaient de traverser des contrées hostiles.
Fortes de la vision qui les habitaient, riches des provisions stockées dans leurs chariots, avares dans l’utilisation de leurs ressources, informées constamment par des éclaireurs envoyés en reconnaissance, entraînées aux combats susceptibles d’advenir, elles avançaient. Le soir venu, elles meublaient les nuits de chants joyeux, lancées autour de grands feux de bois, qui ressourçaient leur enthousiasme…
(à suivre)
(1) Je reviendrai sur ce point lors de mon article traitant du « flou »

21 févr. 2012

ON NE CHANGE PAS L’ÉCONOMIE PAR INCANTATION

« On peut sauter comme un cabri en disant… »
Le 14 décembre 1965, lors d'un entretien avec Michel Droit, entre les deux tours de l'élection présidentielle, le général de Gaulle prononce sa célébrissime "petite phrase" : « On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Je répète, il faut prendre les choses comme elles sont. »
Aujourd’hui presque cinquante ans plus tard, quand j’entends les différents candidats à l’élection présidentielle, parler de l’économie, de l’emploi et de la croissance, j’ai vraiment l’impression que l’histoire bégaie, et j’aimerais qu’un commentateur, paraphrasant le Général de Gaulle dise : « On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant le coût du travail ! le coût du travail ! le coût du travail !, ou les PME ! les PME ! les PME !, ou encore produire en France ! produire en France ! produire en France !… mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Je répète, il faut prendre les choses comme elles sont. »
Alors qu’elles sont elles, et pourquoi sommes-nous dans la situation actuelle ? J’ai déjà eu l’occasion d’aborder la plupart de ses points dans différents articles, je ne vais donc ici reprendre que les points essentiels, et les compléter.
1. Le coût du travail
La performance des entreprises dépend certes du coût du travail, mais celui-ci dépend d’abord d’autres paramètres que celui de la rémunération des salariés et du temps de travail. Ce coût est d’abord fonction du niveau d’engagement individuel et collectif, de la formation et son adéquation à la mission confiée, de la compréhension de la stratégie suivie et de l’efficacité des prises d’initiatives.
Croire en 2012 que l’on va redévelopper l’économie française en abaissant la rémunération des salariés (directement ou via la diminution des charges), c’est ignorer qu’en moyenne un français gagne quatre fois plus qu’un Brésilien, neuf fois plus qu’un Chinois et vingt-sept fois plus qu’un Indien (voir Faire face à la convergence des économies mondiales), et surtout se croire encore au temps des usines taylorisées. Les entreprises occidentales n’ont plus grand chose avec celles des Temps modernes de Chaplin…
Nos hommes politiques pensent-ils réellement que l’Allemagne a plus d’emplois industriels, car le niveau de rémunération y serait plus bas ? Si c’est le cas, c’est franchement affligeant. Si ce n’est pas le cas, savent-ils que l’écart avec l’Allemagne est constant depuis 1980 et qu’il ne s’est pas aggravé (voir Le coût du travail n'explique pas l'écart avec l'Allemagne) ? Ont-ils vu que toutes les politiques menées en France que ce soit sous les présidences de Mitterrand, Chirac ou Sarkozy n’ont rien changé ? Que faut-il de plus pour leur démontrer que l’on ne s’attaque pas au vrai sujet ?
2. Les PME
Depuis 1979, chaque gouvernement a lancé une politique en faveur des PME, et qui est peu ou prou la même. Comme il se trouve que j’ai participé à la définition de celle élaborée en 1979 – j’était alors chargé de mission à la Délégation à la Petite et Moyenne Industrie – et que j’ai une bonne mémoire, je suis formel : on retrouve toujours les mêmes idées autour de la création d’entreprises, l’innovation, le financement, l’exportation, les marchés publics… (voir Faut-il que les PME financent les grandes entreprises ?)
Pourquoi donc l’application des mêmes incantations viendraient miraculeusement apporter cette fois la solution ?
Autre leitmotiv : notre déficit en entreprises de taille moyenne, notamment versus l’Allemagne. Ce constat a été fait là aussi dès les années 1970, et rien n’a changé.
Comment les hommes politiques ne voient pas que le problème de fonds en France n’est pas tant la création d’entreprises – qui, selon les années, est plus ou moins en avance ou en retard –, mais l’incapacité des petites entreprises à se développer, à grossir pour devenir d’abord moyennes, puis demain grandes ? Que c’est ce déficit qui est à l’origine du retard en innovation et à l’exportation ?
Comment imaginer que c’est en sautant comme un cabri pour dire aux grandes entreprises « Aidez-les ! Aidez-les ! Aidez-les ! », et aux banques : « Financez-les ! Financez-les ! Financez-les ! » que tout va être réglé ?
Comment ne voient-ils pas que c’est le crédit inter-entreprises qui pompe la trésorerie des PMI au profit de la distribution et des grandes entreprises, et les rend dépendantes du système financier ?
3. Produire en France
La diminution de l’emploi industriel en France est une réalité, mais elle ne s’est pas effectuée plus vite en France que dans les pays voisins. Cette évolution touche toute l’Europe,  ainsi que l’Amérique du Nord, et sensiblement à la même vitesse. Simplement en France, nous partons d’une situation plus basse que nos voisins, car l’emploi industriel y était historiquement moins développé.
Aussi cette diminution n’a rien à voir avec les 35 heures ou un handicap en matière de rémunération du travail versus nos pays voisins. Elle est le fruit d’un rééquilibrage du monde et du transfert des emplois moins qualifiés vers les pays maintenant émergés. (voir Nous n'éviterons pas la baisse de notre niveau de vie)
Elle est aussi liée à notre difficulté historique à développer l’industrie en France, ce qui provient d’une part au déficit d’entreprises moyennes évoquées ci-dessus, d’autre part du déficit de confiance. Ce déficit de confiance, clairement montré par les différentes menées par Yann Algan, se corrèle  directement avec la croissance. (voir Construire une société de confiance...)
*
*     *
Alors que faut-il faire pour passer de l’incantation à l’action ?
Pour rester dans la limite d’un court article, et éviter de me disperser, je vais me centrer sur les quatre mesures qui me semblent essentielles.
1. Apprendre collectivement à ne plus dépenser plus que nous ne gagnons.
Certains en parlent – singulièrement François Bayrou –, mais aucun n’a, me semble-t-il, vraiment mesurer la portée de l’effort à faire : nous ne vivons pas un crise, mais un transformation, et nous devons nous préparer à ce monde qui émerge (voir Non, le futur n’est pas la reproduction du passé en pire).
Croire que la croissance va revenir rapidement et que le retour au temps passé est imaginable est un contresens (voir Est-il raisonnable de continuer à déraisonner en économie ?). C’est à un effort long vers un futur meilleur qu’il faut se préparer. Ceci suppose de le dire, de l’expliquer et de faire supporter l’essentiel des efforts aux plus favorisés, en arrêtant aussi les dépenses inutiles (voir Peut-on être élu en parlant vrai ? et Sortir du double dogme de la croissance à tous prix et de la compétition)
2. Revoir les règles juridiques du transfert de propriété, avec un transfert au paiement, et non à la livraison.
C’est la différence clé avec les pays anglo-saxons, et c’est ce point de droit qui est à l’origine des abus dans les délais de paiement. L’enjeu en matière de financement est un transfert de plus de cent de milliards au profit des petites entreprises industrielles, qui ne les rendra plus dépendantes des banques, et facilitera grandement leur croissance. (voir Qui arrêtera l’hémorragie financière des PME françaises ?)
Qui seront les perdants de ce transfert ? Massivement la grande distribution et le système bancaire, c’est-à-dire des emplois qui ne peuvent pas se délocaliser, et secondairement les grandes entreprises qui ne pourront plus se financer en partie sur le dos de leurs sous-traitants.
3. Créer un label allant de "Assembler en France" à "Tout en France"
J’ai déjà présenté en détail cette idée simple dans mon article « Label France : et si Bayrou avait raison ? ». Quelle est-elle ? Elle part d’un double principe :
-        Pour tout produit manufacturé, on peut facilement mesurer la part de valeur ajoutée faite en France, si l’on ne cherche pas l’exactitude à 1% près, et si l’on demande à tout producteur de l’indiquer sur ses factures (ainsi par un effet de cascade, on aurait la part finale).
-        On crée un label avec trois niveaux : "Assemblé en France" quand la part de valeur ajoutée est comprise entre 25 et 50%, "fabriqué en France" quand elle est entre 50 et 75%, et "Tout en France" si elle est de plus de 75%.
Quel sera l’impact d’un tel label ? Cela dépendra du point suivant, c’est-à-dire de notre capacité à reconstruire une confiance entre nous et en nous. Mais comprenons que le moindre déplacement en faveur d’un tel label, favoriserait effectivement l’emploi industriel en France, même s’il n’est que d’assemblage.
Rien n’empêcherait évidemment de promouvoir aussi un tel label au plan européen.
4. Reconstruire la confiance en France entre nous et vis-à-vis de nos institutions
C’est le point majeur et le plus difficile. Il suppose de remettre à plat notre façon de vivre ensemble dans les quartiers, dans les entreprises, et plus largement en France. Elle impose de ne pas procéder par opposition et exclusion, mais par confrontation et inclusion. Elle suppose aussi de comprendre que nous sommes riches de nos différences et de nos origines multiples.
Agir sur ce point mobilisera, comme l’indique bien notamment Yann Algan, les efforts de tous. En conclusion de son dernier livre écrit avec Pierre Cahuc et André Zylberberg, « la Fabrique de la défiance », il écrit : « La confiance peut se construire dès le plus jeune âge, à l’école, par un enseignement adapté ; elle peut se développer dans l’entreprise grâce aux méthodes de travail et au dialogue social. La transparence et l’exemplarité des pouvoirs publics, l’égalité face à l’État-providence, face à l’impôt, et la vitalité de la démocratie participative constituent aussi des éléments décisifs. (…) Faut-il tout changer ? Oui. Est-ce possible ? Oui. (…) La situation est urgente, tant la perception de la corruption a augmenté au cours du dernier quinquennat. (…) Il est impossible d’avoir confiance en autrui lorsque le manque d’exemplarité des dirigeants suscite l’incivisme. Rétablir la confiance dans nos dirigeants en faisant en sorte qu’ils soient le plus exemplaires possible est la première des nécessités. »
On ne peut mieux dire.
Ce n’est pas en sautant comme des cabris et en procédant par incantation, que les candidats à l’élection présidentielle se mettent en situation de réellement remettre la France sur les rails…