Histoire de jeux de
mots (4)
Un des jeux de mots
les plus étonnants sur Internet est celui inventé par le Captcha. Quel est le
sens de cet acronyme, et pourquoi se répand-il progressivement sur tous les
sites WEB ? Captcha veut dire : « Completely Automated Public
Turing Test to Tell Computers and Humans Apart », c’est-à-dire qu’il a
pour but de différencier l’homme de la machine. Comment procède-t-il ? Il
nous présente un mot que nous devons reconnaître et prouver ainsi que nous
sommes bien humains.
Voilà donc les mots
définitivement réhabilités par Internet : ils sont l’ultime moyen trouvé
pour prouver notre humanité. Pourquoi seulement face aux machines, et pas aux
autres membres de l’espèce animale ou végétale ? Parce que ceux-ci surfent
bien peu sur Internet, et qu’il n’a pas été jugé utile de vouloir nous
différencier d’une fourmi ou d’une abeille. Notons quand même que, dans ce cas,
ce test marcherait aussi, car, si les fourmis ou les abeilles ont des moyens
pour communiquer entre elles, les unes par les phéromones, les autres par des
danses, aucune ne saurait lire un mot et réussir un Captcha !
Dernièrement les
Captcha ont franchi un nouveau cap, et nous présentent souvent non plus un seul
mot, mais deux. Est-ce pour renforcer la fiabilité du test ? Un seul mot
s’est-il révélé insuffisant ? Non, pas du tout. L’identification se fait
toujours à partir d’un seul mot.
Alors pourquoi
devons-nous reconnaître un deuxième mot ? Le but n’est plus de prouver que
nous sommes des humains, mais de mettre à contribution notre qualité d’être
humain, et notre capacité à reconnaître les mots de notre langue. En effet, le
deuxième mot est tiré d’un livre qui vient d’être scanné et dont on cherche à
s’assurer de l’orthographe.
L’idée est de
mettre à contribution l’intelligence des millions d’êtres humains constamment
connectés. Plutôt que de payer quelques spécialistes à tout relire, créant un
surcoût considérable et un goulot d’étranglement, il a imaginé se servir des
Captcha pour nous faire travailler tous, un peu et gratuitement : si notre
appartenance à l’espèce humaine a été prouvée par le premier mot, notre réponse
au second est archivée.
Quand je vous
disais dans mon article précédent, qu’Internet était une affaire de mots, et
qu’ils en étaient les granulats !