Les PME créent-elles vraiment de l’emploi ? (3)
Mais à y bien réfléchir, est-ce
si surprenant de ne pas retrouver de croissance nette de l’emploi dans les
petites entreprises, quand on sait le nombre de disparitions annuelles
et combien les emplois y sont souvent vulnérables.
Regardons par exemple le cas des
entreprises créés, et leur taux de survie en fonction de leur nombre d’années
d’existence. L’INSEE a publié une étude sur la survie des entreprises créées en
2002 et en 2006 (1) : au bout de 3 ans, 1/3 des entreprises
ont disparu ; au bout de 5 ans, la moitié.
Une autre étude (2)
donne plus d’éléments d’analyse sur les entreprises créées en 2006, en
précisant quel est leur taux de survie à 3 ans en fonction de leur taille
initiale. A la lecture de ce tableau, il semble que la vulnérabilité augmente
avec la taille initiale…
Ceci donne une idée de la
vulnérabilité initiale des entreprises. Il faudrait pour être complet savoir si
les entreprises ayant survécu se sont développées – ce qui est probable –, et
combien elles ont créées d’emploi.
De ce tour d’horizon
malheureusement trop superficiel, il ressort que l’affirmation « ce sont
les petites entreprises qui créent des emplois » mériterait pour le moins
d’être démontrée, et semble bien être largement fausse. Si les statistiques
montrent qu’elles embauchent effectivement, on oublie de tenir compte de la
durabilité de ces emplois, et inclure combien sont détruits en même temps par
d’autres petites entreprises. Si les petites entreprises créaient durablement
de l’emploi, on verrait alors leur part relative s’accroître dans la
répartition de l’emploi.
Je reste convaincu que la réelle
relance d’une dynamique de l’emploi repose beaucoup plus sur le développement
des entreprises moyennes, et plutôt des « grandes moyennes »,
c’est-à-dire celles qui ont plus de 500 emplois.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de
l’écrire il y a presqu’un an (voir « Faut-il
que les PME financent les grandes entreprises ? » et « Qui
arrêtera l’hémorragie financière des PME françaises ? »), c’est là où
le tissu industriel français est fragile. Vouloir les conforter demanderait de
s’attaquer enfin au problème du crédit inter-entreprises qui pompe la
trésorerie des petites entreprises industrielles – ce au profit de la
distribution, des grands donneurs d’ordre… et des banques qui financent leur
besoin de trésorerie correspondant…
D’ici-là, affirmer que ce sont
les petites entreprises qui créent de l’emploi, est très vraisemblablement un déni
de réalité et un vœu pieux… pour l’instant.