9 oct. 2014

LA PUISSANCE DU COLLECTIF

Pour une France 2.0 (2)
Commençons donc notre promenade guidée au sein de France 2.0
Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument
« Le pouvoir propriétaire tend aussi à faire du poste visé le but, et des idées les moyens, au lieu du contraire hélas. »
« Pour les administrations, l’enjeu fondamental est celui d’exister, de se perpétuer. Car l’emploi y est garanti, mais pas l’activité. L’activité c’est à dire la liberté de faire et de produire ce dont on a envie, quelque chose dont on est fier. »
Un peu plus loin dans son essai, François Lainée aborde la propension des politiques à se contenter des effets d’annonce : les mots et le verbe deviennent le réel !
Ceci renvoie à un souvenir personnel qui date du temps, où j’étais au début des années 80, chargé de mission à la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR). Ayant alors été un moment en charge du pilotage des actions portant sur ce que l’on appelait l’Arc Nord-Est (du Nord Pas de Calais à la Lorraine), j’avais vu comment le fait qu’un projet industriel ne se réalisait pas, était devenu une aubaine, car au lieu d’être annoncé une seule fois, nous pouvions à chaque fois le confirmer. Ainsi sa non réalisation loin d’être un problème était une bonne nouvelle, puisque les annonces pouvaient être multipliées !
La puissance des foules
Encore plus loin, François Lainée décrit comment la mise en œuvre d’une gestion municipale réellement participative avait permis à la ville brésilienne de Belo Horizonte de décoller à la sortie de la dictature militaire .
Ceci fait écho avec la démocratie des abeilles, et leur façon fascinante de prendre des décisions (voir les différents articles que j’ai écrits sur ce thème – notamment « la démocratie des abeilles », « l’esprit de la ruche », et aussi dans mon dernier livre Les Radeaux de Feu)
Autre observation faite par François Lainée, ce mouvement collectif pour qu’il puisse émerger efficacement, ne nécessite pas la participation de tous, mais de l’existence d’un nombre suffisamment élevé de leaders et de faiseurs-suiveurs, et de relations entre chaque catégorie (on retrouve ici à nouveau la logique de la démocratie des abeilles, où « l’esprit de la ruche » est conduit par le petit  groupe des abeilles exploratrices, puis grâce à un système qui permet à toutes de voter)
« En revenant enfin à la lecture humaine que nous donne cette image, cela veut dire d’abord que l’on peut obtenir des propriétés de conduction du changement avec des mélanges des trois comportements humains rappelés plus haut (leader, faiseur-suiveur, consommateur-non participant). C’est une première bonne nouvelle car la présence de ces trois caractères est universelle dans tous les groupes humains.
La seconde bonne nouvelle c’est que ce régime de conductivité peut être compatible, suivant les types de mélange, avec des proportions faibles de grains conducteurs. Comme les hiérarchies de nombre entre les trois groupes de comportement sont typiquement de l’ordre de 1% - 10% - 90%, cela laisse à penser qu’il n’est pas nécessaire que tout le monde devienne un faiseur suiveur ou un leader pour aboutir, demain, à une société beaucoup plus dynamique à se remettre en cause et à s’améliorer. »
(à suivre)

8 oct. 2014

AUX ACTES CITOYENS !

Pour une France 2.0 (1)
Au cœur des projets et de la vision de Nous Citoyens, se trouve la volonté de passer d’une monarchie républicaine à une France 2.0, c’est-à-dire une France non seulement résolument tirée par une vision du monde dans laquelle elle est plongée et pour lequel elle dispose de tous les atouts potentiels, mais aussi une France citoyenne qui tire parti de l’énergie de chacun et qui vit au temps des réseaux sociaux.
François Lainée, un des militants les plus actifs et les plus créatifs de notre mouvement, a écrit sur ce thème en fin 2013 un ouvrage décapant : « France 2.0 : Aux actes citoyens ! », sous-titré « Plaidoyer pratique pour une démocratie coopérative ». Il est accessible librement en ligne dans une première version qui date elle de 2012.
Pour ceux qui n’auront pas le courage de prendre le temps de le lire, je vais en quelques articles vous en livrer un patchwork, c’est-à-dire comme à mon habitude des extraits choisis que j’agrémenterai de quelques remarques ou questions personnelles.
Commençons par simplement reproduire l'introduction initiale :
« Le bateau France prend l'eau. Nos finances sont exsangues, notre modèle social sans doute insoutenable.
Et, de ce fait, notre bon vieux modèle de conduite des affaires publiques "le citoyen vote et délègue tout aux élus qui décident" arrive en fin de course.
Avant la catastrophe, il y a urgence absolue, au bénéfice de tous, citoyens et élus, à le réinventer.
Et cela est possible ! Car ce que nous vivons depuis des décennies n'est pas la seule voie. Il y a une autre approche, plus coopérative, plus exigeante aussi, où toutes les volontés d'agir au service du bien public se trouvent libérées. Elle porte le projet d'une société où le pouvoir des dirigeants est celui de faire faire, de faire avec les citoyens au lieu de faire tous seuls. D'une société où les citoyens engagés pourront changer les choses. Cette vision, en un mot, c'est France 2.0.
Les prémisses sont là, les outils pour aller plus loin sont là également.
A nous, si nous en avons le courage, de suivre ce chemin. »
Voilà un plaidoyer clair et net qui explique l’importance et la nécessite d’un mouvement comme Nous Citoyens !

(à suivre)

7 oct. 2014

MONSIEUR FRANÇOIS FILLON, ENCORE UN PETIT EFFORT !

Refonder la France en la faisant passer de la lampe à incandescence au LED, c’est-à-dire plus de lumière et moins d'énergie consommée !
François Fillon vient d’annoncer son plan d’actions pour économiser 110 Milliards d’euros en cinq ans. En effet comme il le dit et comme Nous Citoyens l’affirme depuis un an, il y a urgence à mettre de l’ordre dans nos dépenses publiques : notre déficit se creuse – il vient de dépasser les 2000 Milliards d’euros –, et nous sommes en train de faire dépendre notre avenir de plus en plus de nos créanciers, et de leur acceptation d’un bas taux d’intérêt.
Si, pour ce record de dépenses publiques et de déficit, nous avions une qualité de services publics exceptionnels et très peu de chômeurs, ce serait une trajectoire publique risquée et dangereuse, mais encore compréhensible. Or comme chaque Français peut le voir chaque jour, il n’en est rien : l’Éducation nationale française s’enfonce dans les classements internationaux ; le manque de logements est criant et les prix plus élevés que chez nos voisins ; les projets locaux s’enlisent dans les méandres de notre millefeuille politico-administratif ; les urgences de hôpitaux sont engorgées… Et tout cet argent public gaspillé asphyxie notre économie, en prélevant sans cesse davantage sur les entreprises et les particuliers, et conduit à l’accroissement du chômage.
Bref, il y a urgence, et il n’est que temps que quelqu’un comme François Fillon s’en rende compte. Dommage simplement qu’il n’ait pas agi dans cette direction quand il était Premier Ministre. Faute avouée à moitié pardonnée comme le dit le dicton populaire !
Mais l’objectif qu’il fixe, 110 Mds €, s’il apparaît déjà ambitieux, n’est pas à la hauteur de ce qu’il faut entreprendre : comme nous l’avons indiqué dans nos propositions pour une refondation de la France (1), ce sont 200 Mds € qu’il faut viser pour à la fois remettre notre niveau de dépenses publiques au niveau de ses pays voisins et avoir un budget à l’équilibre.
Comment est-ce possible et quel est l’écart entre nos propositions et celle de François Fillon ?
D’abord première remarque, notre raisonnement ne porte pas strictement sur une période de 5 ans, mais sur 5 à 7 ans. Pourquoi ne pas nous être limité à la durée d’un mandat présidentiel ? Parce que pour déclencher le vrai changement et identifier les transformations à faire, il faut viser le bon ordre de grandeur, et ne pas laisser croire qu’au bout des 5 ans, la transformation sera aboutie : elle ne le sera que quand les 200 Milliards seront atteints.
Deuxième remarque qui, elle, accroît l’écart entre les deux objectifs : nous avons affirmé que l’économie doit être calculée par rapport aux dépenses actuelles, et non pas en intégrant une moindre augmentation future. C’est en effet le biais classique de tous les politiques : ils considèrent qu’augmenter moins, c’est déjà économiser ! Et lorsque l’inflation imaginée n’est pas au rendez-vous, les économies non plus. Voir par exemple les déboires du gouvernement actuel, et les explications de notre Ministre du Budget, Michel Sapin, qui vient d’expliquer que la faute ne venait pas des décisions prises, mais de l’absence d’inflation…
Alors quelles sont les différences entre nos propositions et celles de François Fillon et pourquoi nous pouvons affirmer qu’elles sont non seulement nécessaires, mais crédibles ?
Une convergence forte pour commencer : la proposition de passer à deux niveaux de collectivités territoriales par fusion des départements avec les régions, et des communes avec les intercommunalités. Dommage simplement qu’il passe sous silence, l’idée de laisser aux nouvelles régions le soin de définir là où elles auront besoin de structures locales de proximité. Pas un mot non plus sur la reprise des travaux de Jean-Christophe Fromantin montrant l’intérêt de passer à 8 Régions. Mais il est vrai que Fromantin est à l’UDI…
Comment donc résumer notre différence d’approche ? Pour prendre une image, je dirais qu’il en reste à la lampe à incandescence, alors que nous passons au LED : une lumière plus claire, plus naturelle et qui consomme beaucoup moins de courant ! Oui, c’est bien une refondation que nous proposons, alors que, s’il en parle, ses recommandations restent dans les anciens paradigmes.
Quelques exemples.
D’abord le paritarisme, sur lequel il ne dit pas un mot. Or c’est bien son omniprésence, tant dans la santé, que l’emploi ou la formation professionnelle, qui entrave les évolutions et interdit de passer à une gestion réellement efficace. Nous Citoyens, lui, affirme clairement qu’il faut sortir du paritarisme dans la gestion.
Autre sujet. A juste titre, François Fillon met l’accent sur la nécessité de mieux contrôler le niveau de dépenses des collectivités locales. Mais à partir de cette analyse juste, il n’en tire pas toutes les conclusions, et ne propose pas une refonte de la fiscalité locale. Nous Citoyens propose, lui, d’aller vers un système inspiré de ce qui existe en Allemagne où l’autonomie fiscale des collectivités locales est beaucoup plus réduite, l’État assurant l’essentiel de la collecte  fiscale pour tous les acteurs. On aboutit alors au tandem vertueux : plus de centralisation dans la collecte de l’impôt pour mieux contrôler le niveau de prélèvement, plus de décentralisation dans l’action pour dépenser plus efficacement.
Rien aussi sur la refonte de l’Éducation Nationale – Nous Citoyens propose une décentralisation forte avec un pilotage au niveau régional et une gestion au niveau communal–  ou sur le contrôle citoyen. A-t-il peur de voir les politiques être dessaisis de leur omnipotence ?
Dernière différence majeure : forts de notre expérience de la conduite du changement, nous pensons la transformation comme un sujet en soi. Quelle structure mettre en place, quels processus, quel phasage dans le temps pour permettre à la refondation de se faire ? François Fillon se contente de parler d’un référendum initial, mais ne dit rien du reste.
En conclusion, Monsieur Fillon, vous allez dans la bonne direction, mais soyez plus ambitieux ! Une question aussi : pourquoi, en admettant qu’il affirme vouloir plus loin, croire qu’il va faire ce qu’il dit ? Rien dans son passé, ni dans celui de l’UMP ne plaide en sa faveur…

6 oct. 2014

DES SYSTÈMES COLLECTIFS À REBÂTIR

Big Data II (5)
Dans sa nouvelle « Funes ou la mémoire », Jorge Luis Borges montrait que, sans la capacité d’oublier, la vie devenait impossible.
« En effet, non seulement Funes se rappelait chaque feuille de chaque arbre de chaque bois, mais chacune des fois qu'il l'avait vue ou imaginée. (…) Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d'individus dissemblables et de formes diverses; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l'anglais, le français, le portugais, le latin. Je soupçonne cependant qu'il n'était pas très capable de penser. Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes il n'y avait que des détails, presque immédiats. »
Avec le Big Data, nous risquons de perdre le droit à l’oubli. C’est déjà en débat avec Facebook et Google. Mais quand demain, les lieux où seront archivés tous nos actes seront multiples, comme le garantir ?
Un sujet de plus pour les comités éthiques…
Faut-il au nom de tout cela enrayer l’avènement du Big Data ?
Certainement pas ! Mais comme la mondialisation des activités économiques a mis à mal nos organisations politiques, le Big Data va mettre à mal nos systèmes éthiques et de protection individuelle.
Il devient donc urgent de bâtir des réponses à ces deux défis qui vont aller de plus en plus de pair !

3 oct. 2014

PERSPECTIVES

Lâcher prise
M’asseoir sur un banc, être là, juste là,
Face à rien, au temps qui passe, à l’eau immobile.

Ne plus penser, ne plus agir, respirer à peine,
Me dissoudre, me fondre, me supprimer.

Me ressourcer doucement, lentement, sans but,
Laisser la perspective à laquelle je fais face, devenir mienne.

Puis repartir plus fort, plus solide, plus déterminé,
Avoir digéré ce rien croisé par hasard…

2 oct. 2014

ANTICIPER OU SUBIR ?

Big Data II (4)
Les problèmes liés à la vie privée ne vont pas porter que sur les droits d’utilisation de nos données, ainsi que de leur utilisation. Ils vont aussi être liés à une autre menace : si une analyse de mes données montre que je vais très probablement commettre un acte délictueux, faut-il ou non agir ?
C’était le thème central du film Minority Report de Steven Spielberg où l’on arrête quelqu’un, non pas parce qu’il a commis un délit, mais parce qu’il allait le commettre.
Ce qui n’était que de la science fiction, n’en sera bientôt plus : nous n’aurons pas besoin comme dans le film de femmes mutantes capables de prévoir le futur, nous aurons des analyses de données qui nous le permettront.
Alors que faire ?
« Si grâce au Big Data, nous prévoyons qui pourrait commettre un crime à venir, nous pourrons ne pas nous contenter de simplement empêcher le crime d’arriver. Nous serons enclins à vouloir punir aussi son auteur probable. C’est simplement logique. Si nous nous contentons d’intervenir pour interdire à l’acte illicite d’avoir lieu, son auteur potentiel pourrait essayer à nouveau en toute impunité. A l’opposé, en utilisant le Big Data pour le tenir responsable de ses (futurs) actes, nous pouvons le dissuader lui et d’autres. (…) De telles mesures préventives restreignent notre liberté, mais beaucoup les verront comme un petit prix à payer pour éviter en retour des dommages plus graves. Dans de nombreux cas, l’analyse des données est déjà utilisée au nom de la prévention. (…) La promesse du Big Data est que nous faisons depuis longtemps – profilage – mais beaucoup mieux, de façon moins discriminatoire, et plus individualisée. Cela semble acceptable si nous utilisons les prévisions Big Data pour empêcher des actions non voulus. Mais cela devient plus dangereux si nous utilisons des prévisions Big Data pour décider si quelqu’un est coupable et doit être puni de ce qui n’est pas encore arrivé. »
Vaste débat qu’il va falloir trancher. Les comités éthiques ont du travail sur la planche…

 (à suivre)

1 oct. 2014

ALERTE VIE PRIVÉE !

Big Data II (3)
Ce monde du Big Data pose aussi de nouvelles questions.
D’abord une « simple » : comment protéger la vie privée quand tout est progressivement numérisé, quand tout est stocké, et que tout peut être traité ?
Peut-on simplement refuser de voir ses données archivées ? Certes, oui, mais quand il deviendra de plus en plus courant de tout voir être archivé, le refuser deviendra suspect…
A défaut de refuser, je peux demander à ce que mes données soient anonymes. Mais si elles sont très nombreuses et précises, ce sera facile par des recoupements, de savoir à qui elles appartiennent. Un peu comme dans l’histoire où l’on ne donne pas le nom de la personne, mais on la désigne en disant que c’est elle qui se tient appuyée contre la porte du fond…
Mais il y a plus : puisqu’il est impossible de savoir à quoi telle information pourra être utilisée dans le futur, comment pourrais-je donner aujourd’hui une autorisation pour des usages à venir inconnus ?
Ceci en revient à de fait paralyser toutes les protections de la vie privée : « Comment des entreprises pourraient-elles prévenir au nom d’un objectif qui n’existe pas encore ? Comment des individus pourraient-ils être donner une autorisation pour ce qui est inconnu ? Aussi en absence d’autorisation, toute analyse Big Data portant sur des données personnelles pourrait impliquer un retour vers chaque individu, pour lui demander la permission pour chaque réutilisation. (…) A l’ère du Big Data, les trois stratégies essentielles longtemps utilisées pour garantir la préservation de la vie privée – notification et autorisation individuelle, possibilité de retrait, et anonymisation – ont perdu beaucoup de leur efficacité. »
Le monde du Big Data suppose l’invention de nouvelles règles et d’un nouveau droit. Il va devenir de plus en plus urgent de les inventer…
(à suivre)

30 sept. 2014

LE MONDE NOUVEAU DU BIG DATA

Big Data II (2)
L’émergence du Big Data n’est pas seulement une affaire de quantité. Elle se traduit par des transformations multiples.
Dans leur livre, Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukie en identifient trois :
- La possibilité d’analyser des quantités de données croissantes : non seulement nous pouvons stocker sans cesse davantage, mais nous pouvons les traiter massivement,
- L’acceptation de l’approximation et du désordre, car l’abondance des données rend moins nécessaire l’exactitude : « Quand la donnée était rare, chaque donnée élémentaire était critique, aussi il fallait faire attention pour ne pas créer de biais dans l’analyse. Aujourd’hui nous ne vivons plus dans une situation de manque d’informations. Ayant affaire à des ensembles de données de plus en plus complets, qui captent non plus seulement une petite tranche d’un phénomène à portée de main, mais beaucoup plus, voire tout, nous n’avons plus à nous soucier autant que des données élémentaires biaisent l’analyse globale. »
La recherche des corrélations plutôt des causalités : « Dans le monde du Small Data, montrer que des intuitions de causalité sont fausses prend du temps. C’est en train de changer. Dans le futur, des corrélations issues du Big Data seront utilisées pour réfuter des intuitions de causalité, en montrant que souvent il n’y a rien qu’une relation statistique entre l’effet et la cause supposée. » (1)
Autre différence majeure avec le monde des choses matérielles, le fait de se servir des données ne les épuise pas : « La valeur des données ne diminue pas quand on s’en sert. Elles peuvent être traitées encore et encore. L’information est ce que les économistes appellent un bien « sans rivalité » : l’utilisation par une personne n’empêche un autre de s’en servir. »
Au contraire, plus on s’en sert, plus de nouvelles idées naissent et de nouvelles valorisations aussi. Mais ceci n’est pas sans poser des problèmes…
(à suivre)
(1) Attention, le monde du Big Data n’est pas non plus un monde sans hypothèses préalables : « Le Big Data est lui-même une théorie. Par exemple, il emploie des théories statistiques et mathématiques, et parfois aussi de la théorie informatique. (…) De plus, parce que le Big Data repose sur des théories, nous ne pouvons nous en extraire. Elles conditionnent à la fois les méthodes et les résultats. Cela commence avec la façon de choisir les données. »

29 sept. 2014

AIR FRANCE OU LA FRANCE QUI NE DÉCOLLE PLUS !

Tous cloués au sol ?
Des avions cloués au sol, un management qui a mis plus de vingt ans à comprendre la transformation en cours, une catégorie privilégiée qui s’arcboute sur ses avantages au risque de faire capoter toute l’entreprise, des clients furieux et qui s’enfuient vers la concurrence… décidément Air France, en ce mois de septembre 2014, est une forme de résumé et de caricature de cette France qui gâche ses chances en refusant de voir son futur et reste, elle aussi, clouée au sol !
Car, enfin, pourquoi les Directions Générales successives d’Air France n’ont-elles pas prises, il y a longtemps, la décision de lancer un opérateur low cost. Il n’y avait pas besoin d’être un grand stratège pour comprendre que, le transport aérien étant devenu une commodité, la segmentation allait devenir reine, et que bon nombre de ses clients s’orienterait vers une offre premier prix. C’est la loi de tous les marchés, de tous les produits ou services…
Nos hommes politiques, face aux évolutions du monde, ont la même cécité, mais à la puissance N : incapacité à comprendre le monde qui émerge et manque d’anticipation. Il est vrai que la plupart ne commencent à voyager de par le monde qu’une fois élus, alors comment s’étonner qu’ils ne le comprennent pas ?
Incapacité donc de la Direction à donner le cap et communiquer une vision. Aussi les salariés ont-ils peur de bouger, et les corporatismes montent. Et qui voit-on aux premières loges de la résistance ? Bien sûr pas ceux qui sont les plus fragiles et les plus vulnérables, mais ceux qui se sentent les plus forts et qui sont les plus privilégiés. Dans le cas d’Air France, ce sont les pilotes qui se mettent en travers, entravant l’évolution, et faisant courir sans vergogne des risques à tous les autres salariés.
L’histoire de notre pays est peuplée de ces populations qui se lèvent pour bloquer ce qui devrait être fait. A chaque fois, ce ne sont pas les plus fragiles. Eux, on les entend pas. Ils meurent doucement dans cette France périphérique que décrit si bien Christophe Guilly. Ce sont des minorités agissantes et puissantes qui, figeant la France dans un passé largement révolu, se dressent et empêchent toute transformation réelle. A leur décharge, nos politiques manquent non seulement de vision, mais souvent de courage…
Une Direction qui suit le mouvement, plus qu’elle ne le précède, des groupes de privilégiés déterminés qui se lèvent… et des clients qui s’enfuient. Car eux, ils sont libres. Libres de choisir un meilleur service, un meilleur prix, et surtout une meilleure fiabilité. Air France n’a pas fini de payer l’addition de cette grève qui a plus d’impact, en négatif, que toutes les campagnes de publicité. Les pilotes viennent de rendre le meilleur service non pas à leurs clients, mais à leurs concurrents !
A nouveau, comment ne pas penser à la France que commencent à fuir de plus en plus les meilleurs ? Et je ne fais pas référence seulement aux grandes fortunes, mais à tout ceux qui décident d’entreprendre ailleurs, parce que chez nous, c’est trop compliqué, trop administratif, trop souvent incompréhensible pour le bon sens quotidien.

Prenons garde : si nous ne refondons pas rapidement notre pays, si nous n’élisons pas à sa tête des dirigeants politiques qui ont compris le monde dans lequel nous vivons et sont capables de projeter une vision à la fois ambitieuse et pragmatique, si nous laissons les corporatismes locaux tout figer, la France risque de se réveiller bientôt, comme la compagnie aérienne qui porte son nom, clouée au sol et menacée dans son existence même.

26 sept. 2014

MONSTRES MODERNES

Comme des crocodiles au repos
Instantanés pris dans les rues canadiennes,
Fascination d’un européen face à la puissance immobile de ces monstres urbains,
Retour en enfance au pays des contes et des mythes.
Où est la queue sur laquelle il ne faut pas marcher ?
Que cachent ces grilles aux lueurs polies ? Une bouche qui pourrait m’avaler ?
Sont-ils des amis prêts à m’emmener, à m’accepter sur leur dos ?
En absence de réponse à ces questions qui me hantent, 
Mes pas se font glissements,
Mes paroles sont chuchotements.
Inutile de courir le risque de les réveiller…