23 oct. 2014

LES BANLIEUES SONT-ELLES DES GHETTOS ?

La France périphérique (1)
Souvent quand on prend le temps de lire un livre dont tout le monde parle, on est déçu, car le niveau d’attente est tel que c’est le plus probable. 
Avec La France Périphérique de Christophe Guilluy, rien de tel. Non seulement la richesse du contenu et son originalité sont à la hauteur du buzz, mais sa lecture m’a même ouvert plus de perspectives que je ne l’imaginais avant !
Il était donc nécessaire que je lui consacre une série de billets, où, conformément à mon habitude, je vais alterner citations – selon la logique d’un patchwork de ce qui m’a le plus interpellé – et commentaires, ou digressions. Je ne vais pas suivre nécessairement le plan du livre, mais procéder plutôt à une déconstruction-reconstruction.
En route donc pour cette promenade dans, pour reprendre le sous-titre, « comment on a sacrifié les classes populaires ».
Quelques observations d’abord sur l’immigration et les banlieues des métropoles.
« L’inégalité sociale et culturelle au cœur d’un modèle sans « classes moyennes » : En 2008, dans la Seine-Saint-Denis, 63 % des actifs ayant déjà travaillé et âgés de 18 à 50 ans sont d’origine étrangère. Mais c’est le cas de près de 90 % des ouvriers, contre à peine plus de 30 % des cadres. En Île-de-France, si 61 % des ouvriers de 18-50 ans ayant déjà travaillé sont d’origine étrangère, c’est le cas de 24 % des cadres seulement. Si le phénomène est plus marqué dans la métropole parisienne, les dynamiques sont les mêmes dans l’ensemble des grandes métropoles. Partout le clivage social tend à recouvrir un clivage ethnique. »
Pour l’instant, rien de très surprenant : nous retrouvons les immigrés « là où nous les attendions », c’est-à-dire parmi la classe ouvrière, donc la moins favorisée.
Mais souvent, dès que l’on parle de banlieues, on y associe la vision d’un ghetto dont il est difficile, voire impossible de sortir. Or Christophe Guilly dresse un portrait tout autre, celui « des banlieues intégrées et qui produisent des classes moyennes » :
« On ne perçoit pas que ces territoires se caractérisent en fait par l’importance de leur mobilité résidentielle. Dans son rapport de 2005, l’ONZUS (Office National des Zones Urbaines Sensibles) révélait que le taux de mobilité en ZUS était de 61 % ce qui en faisait les territoires les plus mobiles de France. La permanence d’indicateurs sociaux dégradés est en fait une des conséquences de cette mobilité. Car si ces quartiers accueillent en effet une part essentielle des flux migratoires, ils enregistrent dans le même temps, et logiquement, le départ des ménages les mieux insérés ou les plus diplômés. »
Ainsi selon son analyse, ces banlieues qui entourent les villes métropoles, ne sont pas des lieux d’exclusion, mais d’inclusion dans l’économie-monde, certes au prix d’un modèle inégalitaire, mais les connexions sont réelles.
Alors que le reste du territoire, celui qui n’est ni métropole, ni banlieue d’une métropole, est lui coupé de l’économie-monde. C’est là que l’on trouverait les vrais défavorisés. Bienvenue dans la France périphérique !

(à suivre)

22 oct. 2014

COMMENT CONCRÈTEMENT DÉCLENCHER LE CHANGEMENT EN FRANCE ?

Vidéo sur Caféine TV (4)
Comment arriver à sortir de la complexité multidimensionnelle pour effectivement déclencher le changement dans un pays comme la France ?

21 oct. 2014

FACE À L’INCERTITUDE : AGILITÉ OU STABILITÉ ?

Vidéo sur Caféine TV (3)

Le vrai défi en système incertain, c’est plus la stabilité que l’agilité !

20 oct. 2014

COMMENT METTRE EN ŒUVRE LE LÂCHER-PRISE POUR RÉUSSIR LA COLLABORATION ET LE CHANGEMENT ?

Vidéo sur Caféine TV (2)
Les fourmis de feu grâce à leurs radeaux sont capables de créer collectivement de la stabilité dans l'incertitude. Et nous ?

17 oct. 2014

RECYCLER UNE GARE EN UN COCKTAIL BOURGEOIS-BOHÊME

So fashion
Drôle d’endroit découvert récemment Porte de Clignancourt à Paris : La Recyclerie, une ancienne gare reconvertie en un cocktail à dominante de restaurant, avec une pincée de nature et de mini-ferme, une louche d’atelier de bricolage.
Au bord des rails désaffectés, quelques tables qui transforment un ancien quai en terrasse, style guinguette revisitée. On se surprend à regretter qu’un vieux train tiré par une machine à vapeur ne passe pas.
Côté restaurant, une sorte de grande cuisine de ferme où le self est de rigueur avec l’apport de la technologie sans fil (une mini soucoupe volante buzze quand votre plat est prêt).
Et dans la journée, des ateliers divers. J’imagine des postures de yoga prendre place sur l’escalier, des potiers maculer les tables, ou des arcs à souder redonner vie à des lampes abandonnées.
Étrange donc…
J’y vois surtout le dernier témoignage du grignotage constant des anciens quartiers populaires de Paris. Comme un exemple vivant de la France Périphérique que je chroniquais dernièrement.
Quand le marché aux puces qui n’est plus qu’à un pas, va-t-il se retrouver transformé à un immense Ikea horizontal et en plein air ?

16 oct. 2014

ET SI L’INCERTITUDE ÉTAIT UNE BONNE NOUVELLE ?

Vidéo sur Caféine TV (1)
Sans incertitude, aucune création de valeur, pas de liberté individuelle et aucun besoin d’êtres humains dans les organisations !

15 oct. 2014

MON PORTRAIT EN VIDÉO

Vidéo sur Caféine TV (1)
12 courtes vidéos pour savoir tout ou presque sur mes activités professionnelles, politiques et mes idées essentielles

14 oct. 2014

VIVE LE DÉSORDRE

Pour une France 2.0 (4)
Commençons comme on peut et partout !
Autre point commun entre le livre de François Lainée, et mon approche du management par émergence, son approche du changement et du refus de l’ordre a priori.
Il dit : « Commencer petit, mais partout à la fois (et sans plan d’ensemble !) » et « La déclinaison de l’action au niveau le plus local possible, par des bases de données : Développer le mode d’actions par la base et la fourniture d’outils pour les citoyens : en faire un axe de développement de Nous Citoyens s’appuyant sur les Régions. »
Et j’ai, de mon côté, écrit dans les Radeaux de feu : « D’abord ne lancez pas une grande mobilisation générale, ne dites pas que le passé est révolu et que tout doit changer, ne faites pas le « Grand soir ». Non, il ne faut rien entreprendre de spectaculaire, mais viser une transformation de l’intérieur, qui, au début, sera invisible et se propagera… Ensuite, inutile d’avoir un plan d’ensemble figé et définitif, le cadre stratégique et les principes d’actions suffisent. Non, il faut multiplier des chantiers locaux, au départ sans lien entre eux, et les laisser se propager. C’est cette propagation qui les fera progressivement se rejoindre, et dessinera, au bout de quelques mois ou années, un schéma d’ensemble, schéma qui n’aura pas été conçu a priori, mais aura émergé. Comme pour le chemin qui se dessine de lui-même en observant où les pas ont écrasé l’herbe… »
Pour quelle ambition ?
Je finis mon patchwork par ses remarques sur le profil nécessaire des dirigeants politiques pour entreprendre un tel  changement : 
« En effet ces appareils (les appareils politiques actuels) sont tout entier tournés vers la prise du pouvoir, au sens de l’occupation des sièges d’élus et de décideurs publics… Quand on entre dans ce jeu les enjeux personnels deviennent prépondérants. Les idées deviennent naturellement des moyens. Et ce biais est naturellement d’autant plus fort que le parcours dans ces appareils a duré plus longtemps. Il me semble donc clair qu’il vaut mieux rechercher des dirigeants ouverts à la mentalité de France 2.0 sur des parcours qui ne passent pas (ou plus) par ce cœur du système politique actuel. »
Telle est la logique de mon engagement dans Nous Citoyens, car oui le passage d’une France monarchique à une France 2.0 ne se fera pas avec les organisations et les hommes politiques actuels.
Dernièrement, je discutais avec un jeune de 22 ans qui veut nous rejoindre : il était d’abord allé voir du côté de l’UMP, et il en était reparti en courant, devant l’ambition de jeunes aux dents déjà longues. Il lui avait même été dit : « Quoi ! Tu as 22 ans et tu n’es pas déjà dans l’écurie d’un futur gagnant ! ».
Une preuve de plus qu’il est urgent de changer la politique. 
C’est possible et nous sommes en train de le faire !

13 oct. 2014

ÉDUCATION ET NOUVEAU MODE DE MANAGEMENT

Pour une France 2.0 (3)
Comment faire émerger cette intelligence collective ?  Deux axes importants : avoir plus d’individus imaginatifs et créatifs et avoir un mode de management et d’organisation pertinents
Redonnons la parole à François Lainée.
Éducation et créativité
« L’environnement familial et scolaire de nos enfants favorise de façon écrasante l’apprentissage de l’obéissance plutôt que celui du questionnement et de la remise en cause. »
« Il y a donc un bénéfice social très important à donner plus de place à la créativité dans notre éducation scolaire, à donner une place au « pourquoi pas ? », à côté du « pourquoi ? » que nous enseignons si bien. »
Je retrouve là un écho de tout ce qu’a notamment développé Sir Ken Robinson, ce grand spécialiste de l’Éducation. Je lui ai consacré deux articles : « Nous éduquons des gens en dehors de leurs capacités créatives » et  « Cherchons à élever des penseurs créatifs, et non pas à éduquer de bons travailleurs ». Quel chemin à parcourir entre notre Éducation nationale et cette vision !
Une citation parmi d’autres issue des conférences de Ken Robinson : « Nous nous sommes précipités dans un modèle éducatif "fast food". Et cela appauvrit notre pensée et nos énergies autant que les fast foods détériorent nos corps. »
Où l’on parle d’entreprise
Quid maintenant du mode de fonctionnement de nos organisations publiques
« Cette façon de voir oublie un peu trop vite que ce siège est un droit à servir avant d’être un blanc-seing pour décider. »
« La finalité de l’entreprise c’est de se développer en produisant efficacement les biens et services pour ces clients. Mais n’est ce pas au fond la même chose pour les affaires publiques ? La finalité d’une organisation en charge d’un service public n’est-elle pas en principe de le rendre le plus efficacement possible pour le citoyen ? »
« Appliqué à la sphère publique ce principe remet le citoyen au centre du dispositif. Il est l’équivalent du client. Et ce serait donc de lui que devraient venir les meilleures idées sur la façon de faire évoluer les services rendus »
Vous avez dit management ?
Et enfin ce qui est presque un gros mot dans la sphère publique : le mode de management !
« Ne pas craindre d’avouer publiquement son ignorance pour chercher les meilleures solutions »
Plus généralement François Lainée insiste sur la nécessité de développer une culture des faits, et non pas seulement des opinions, et aussi sur l’importance de savoir se confronter au réel.
Ces deux aspects – connexion au réel et confrontation – sont au cœur de tous mes écrits. Pour ceux qui n’ont pas lu mes livres (j’imagine qu’il y en a encore pas mal parmi les lecteurs de ce blog !), vous pouvez aller voir la série d’articles liés à ce thème de la confrontation,  ou des faits.
(à suivre)

10 oct. 2014

AUTOMNE EN ÉTÉ

Temps déréglé ?
Août au Québec. Promenades multiples. Des marches qui s’emparent d’une sente, d’un ruisseau ou d’un murmure.
Chaleur un peu moite, transpiration. Aucune fatigue, car les pas sont lents et la foulée progressive.
Mon regard rebondit sur le paysage, ici un rocher, là de l’eau, et de partout des érables.
Parfois un trou noir temporel, un morceau d’automne surgissant, le rouge dans le vert.
Est-ce un dérèglement local, un apéritif avant la grande transformation, un arbre albinos ?
Interloqué, je m’arrête, m’imprègne de ces anomalies, accepte sans comprendre… avant de reprendre mon errance, calme et sans but.