17 mars 2015

LA DÉSINDUSTRIALISATION N’EST NI NOUVELLE, NI LOCALE

Marché du travail : la grande fracture (2)
Deuxième volet de l’étude de l’Institut Montaigne, son analyse sur la polarisation du marché du travail, et la montée d’une société post-industrielle.
L’étude montre clairement que le phénomène de désindustrialisation auquel fait face la France n’est ni spécifique – tous les pays développés y sont confrontés –, ni récent – tout a commencé dès les années 70.
Il est ainsi frappant de voir les évolutions parallèles de la part de l’industrie dans le PIB : de partout elle a baissé de près de vingt points, et les écarts se sont maintenus. Les pays les plus industriels en 1970 le restent en 2010.
Simplement, si les évolutions en valeur absolue sont identiques, en valeur relative, la baisse est évidemment plus rapide : en 1970, la part de l’industrie en Allemagne était d’environ 48 %, contre 35 % en France, soit un peu plus d’un tiers de plus ; en 2010, elle est de 28% versus 19%, soit 50% de plus !
Ce sont donc au sein des pays où la part de l’industrie est historiquement la plus faible – la France, les États-Unis, le Royaume-Uni – que ce phénomène de désindustrialisation est le plus sensible. L’industrie y devient de plus en plus marginale, avec la sensation d’une quasi-disparition.
Dans ce contexte, que se passe-t-il sur le marché de l’emploi ? Y a-t-il une disparition des emplois peu qualifiés ? 
Pour répondre à cette question, l’étude nous propose de faire un détour par les États-Unis qui présentent une structure proche de la France.
(à suivre)

16 mars 2015

LE CHÔMAGE TOUCHE D’ABORD LES MOINS QUALIFIÉS

Marché du travail : la grande fracture (1)
L’Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude, « Marché du travail : la grande fracture ».
Cette étude montre d’abord le lien entre le taux de chômage et le niveau de formation : dans tous les pays, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les peu qualifiés. Et la France se situe dans la queue du peloton des pays développés : seuls les pays d’Europe du Sud – Portugal, Grèce, Espagne, Italie – font pire que nous.
Jusque là rien de bien nouveau. Ce lien entre les deux et le retard de la France ont été établis depuis longtemps.
Plus intéressant, l’analyse faite par tranche d’âge qui montre que le handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans : le retard de la France est un héritage du passé. Pour la tranche des 25-34 ans, on ne constate plus de retard en France.

Si tel est le cas, pourquoi alors avoir un plus fort taux de chômage des jeunes ? N’y a-t-il pas une contradiction avec le lien entre ce taux et le niveau de formation ? Car, si la formation des jeunes est meilleure que celle de leurs aînés, on devrait donc avoir moins de chômage dans cette sous-population.
Non, car il y a un biais dans le calcul par la non-prise en compte de tous les jeunes étudiants qui ne sont pas comptabilisés comme faisant partie de la population active : si la taux de chômage apparaît comme plus élevé chez les jeunes, ce n’est pas parce qu’il y a plus de chômeurs – effet de numérateur –, mais parce que l’on sous-estime la taille de la population – effet de dénominateur.
D’ailleurs, sur les trois millions de chômeurs en 2013, 70% ont plus de trente ans, et un tiers plus de quarante ans.
Ceci dit, il n’en reste pas moins donc que l’employabilité des personnes non qualifiées est un sujet majeur : peut-on casser ce lien entre chômage et niveau de qualification ? Ou formulé autrement, les non qualifiés sont-ils condamnés à vivre le chômage de masse ?
(à suivre)

13 mars 2015

RENCONTRE INSOLITE

Dans le nord de la Thaïlande
Depuis quelques heures, je m’étais laissé perdre dans les méandres des routes. D’une pente à l’autre, les paysages étaient mangés ou surgissaient.
Une pancarte esquissée sur la droite, un chemin de terre qui s’amorce, et un escalier qui attire mes pas.
Quelques minutes plus tard, un temple perdu dans un cœur de bambous, abandonné tout en étant en chantier.
Dans un océan de bâches plastiques noires, dans une architecture de tubulures rouillées, un bouddha impassible trône.
Rien ne peut perturber sa méditation. Rien ne peut lui faire lever les yeux. Rien ne peut ternir l’or qui le ceint.
Silencieusement, je m’accroupis. Insensible à l’humidité du lieu, aveugle à ce qu’il n’est pas, je plonge dans son vide.
Longtemps, longtemps, longtemps après, en glissant, je m’éloigne pour rejoindre le monde que j’avais quitté.
(Photo prise en août 2007 à Phra That dans la région de Doi Tung, située dans le Nord de la Thaïlande)

12 mars 2015

LA CRÉATION DE LA PRIME D'ACTIVITÉ, UN CANDIDAT AU GUINNESS DES DÉCISIONS ABSURDES

La logique de la dérive des dépenses publiques
La presse unanime s’est félicitée le gouvernement de Manuel Valls pour la mise en place de la nouvelle prime d'activité. Comment en effet ne pas se féliciter d'une mesure qui s'affiche comme simplificatrice en passant de deux primes, la prime pour l'emploi (PPE) et le revenu social d'activité (RSA activité), à une seule ? Surtout que pour ses bénéficiaires - ceux dont les revenus sont compris entre 0,5 et 1,2 SMIC -, elle sera plus avantageuse.
Champagne donc ?
Pas vraiment... car il y a un vice profond et (volontairement ?) caché dans cette mesure.
Revenons au système actuel et aux raisons qui ont amené cette décision.
Nous avons pour l'instant deux systèmes, la PPE et le RSA activité:
La PPE, étant versée sur la forme d'un crédit d'impôt sur le revenu, est parfaitement automatisée, avec des coûts de gestion voisins de zéro, car elle ne nécessite aucun travail additionnel pour l'administration, ni aucune démarche pour le bénéficiaire.
Le RSA activité est coûteux à distribuer (formulaires, guichet,...) et suppose que chaque bénéficiaire dépose chaque trimestre une demande... ce que moins de 40% font. Sans parler des risques de fraude, et donc du besoin de contrôler.
Pourquoi donc fusionner le premier au sein du second ? Ne serait-il pas plus logique lorsque l'on prône la simplification, les économies de dépenses publiques et la justice sociale, de faire l'inverse ? Quelle est la raison de cette décision qui heurte le bon sens commun ?
Elle est liée à un défaut congénital de la PPE : elle n'est versée qu'en année N+1.
C'est la seule raison mise en avant pour justifier que le RSA activité n'ait pas été fusionné au sein de la PPE. Pourtant, on pouvait mettre en place un mécanisme d'ajustement en année N+1 sans remettre en cause la PPE. Mais, non !
Décidément la machine bureaucratique aime les guichets et le contrôle. Et d'aucuns s'étonnent que la dépense publique continue de croître.
En espérant que cette solution n'a pas été choisie pour faire plaisir aux corporations qui cherchent à justifier leurs emplois ou, pire encore, en espérant cyniquement qu'une partie des sommes dues ne sera pas distribuée...
Enfin autre aberration de cette nouvelle mesure, la création d'un effet de seuil à 1,2 SMIC. Avec la nouvelle prime d'activité, pour un euro de plus, un salarié deviendra inéligible et verra donc son revenu net décroître.
Décidément, dès sa mise en œuvre planifiée pour janvier 2016, cette prime deviendra un candidat sérieux au Guinness des décisions absurdes. Il y a fort à parier que le prochain Président s'empressera alors de la supprimer, pouvant prouver, à bon compte, son efficacité en matière de gestion des deniers publics !

11 mars 2015

L’ABSENCE DURABLE DE CROISSANCE NOUS CONDAMNE À NOUS REMETTRE EN CAUSE

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (3)
Je ne sais pas lire l’avenir dans une boule de cristal, mais à la lecture de ces scénarios, il me semble plus que raisonnable de nous préparer à être au mieux à une croissance entre 0 et 1%, c’est-à-dire bien peu. Conclusion n’attendons pas de miracle venant de ce côté-ci !
A l’appui de ce raisonnement, je peux témoigner d’une conversation récente avec un ami en charge, au sein d’une des plus grandes banques mondiales, d’une cellule spécialisée sur la conseil auprès des fonds de pension. Les scénarios sur lequel il travaille sont bien ceux-là.
Est-ce à dire que nous sommes face à une catastrophe dans nos pays occidentaux ?
Non, car nous avons un capital accumulé considérable, et qu’une bonne partie de la population – disons les 20 à 30% les plus aisés –, gaspille allégrement l’argent qu’elle gagne dans des objets inutiles.
Nous devons donc nous remettre en cause, et développer des solidarités réelles et fortes !
Et quant à la France, ceci rend encore plus indispensable le fait d’avoir un système public ramassé et efficace. Le temps des vaches grasses est terminé, et nous devons durablement apprendre à concentrer nos dépenses publiques sur le nécessaire si nous voulons préserver le cœur de notre système social et éducatif, ainsi que maintenir les dépenses régaliennes que sont la justice, la sécurité ou la défense. Nous devons aussi recréer du lien et réapprendre à vivre ensemble.

Le miracle ne va pas nous tomber du ciel, et ce ne sont les incantations miraculeuses de notre Président actuel qui vont suffire !

10 mars 2015

CROISSANCE MONDIALE ET CROISSANCE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (2)
Est-ce à dire que nous allons voir repartir la croissance mondiale ? Oui, mais nous avons la limite de l’accès aux ressources physiques rares et à l’accroissement de la consommation énergétique.
Aussi, si je vois effectivement, contrairement à ce que semble prévoir Patrick Arthus, la croissance mondiale repartir de l’avant, elle restera très probablement contrainte par ces ressources.
Quelle conséquence maintenant pour nos pays occidentaux, et singulièrement la France ? Peut-on raisonnablement parier sur un retour proche d’une croissance importante et durable, c’est-à-dire en moyenne supérieure à 2%, et proche de 3% ?
Non, car il faut prendre en compte un autre phénomène mondial, qui est celui du rattrapage des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde, et demain le reste de l’Asie, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique.
Il est en effet plus que raisonnable de prendre comme hypothèse que, sous la conséquence de la poursuite de la mondialisation des entreprises et des flux économiques, les écarts entre pays vont inexorablement et tendanciellement continuer à se réduire. Un peu comme quand vous ouvrez les vannes entre des bassins et que vous voyez les niveaux d’eau converger.
Actuellement l’Europe de l’Ouest, le Japon et l’Amérique du Nord représentent de l’ordre de 45 % du PIB mondial, et ont un PIB par habitant supérieur  à 30000 €. Tous les autres pays représentent donc 55% du PIB mondial, et ont eux un PIB par habitant de l’ordre de 6000 € (1), soit 5 fois moins.
Une simulation très simple à réaliser montre que si la croissance mondiale est de 3%, et que celle des pays en retard est de 5%, la croissance dans nos pays sera mécaniquement autour de 0,5%. Si la croissance mondiale reste à 3% et que celle des pays en retard est de 6%, alors nous sommes en récession de près de 1%.
Pour que nous puissions atteindre une croissance supérieure à 2%, il faudrait une croissance mondiale de 5% et une croissance des pays en retard de seulement 7%. 
Peu probable non ?

(1) Avec des écarts très importants entre pays puisqu’il va de plus de 15000 € en Russie à autour de 2000 € en Afrique subsaharienne.

(à suivre)

9 mars 2015

CROISSANCE ZÉRO ?

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (1)
Dans son livre publié en janvier dernier, « Croissance Zéro », Patrick Arthus expose pourquoi la France serait condamnée à faire face durablement à une croissance nulle. Pour lui, tout viendrait d’une érosion de la croissance mondiale, liée à un ralentissement de l’accroissement de la productivité.
Pourquoi ? Parce que le développement d’internet et du numérique ne s’accompagnerait pas des gains de productivité attendus. Toujours selon lui, ceci pourrait être dû à 3 raisons possibles :
- Il est encore trop tôt pour les constater : ce n’est qu’au bout de 40 ans, que le moteur électrique a donné tous ses effets,
- La population mondiale n’a pas assez été formée, et nous ne savons pas comment tirer parti des ces nouvelles technologies,
- Internet n’est pas une réelle révolution, et n’est qu’une amélioration marginale.
Je ne crois pas personnellement que la troisième hypothèse soit la bonne, mais je remarque que les deux premières ne sont que les deux faces d’une même hypothèse : il était trop tôt pour en voir les effets.
Je suis persuadé que ce n’est que maintenant que les choses commencent :
- Une nouvelle génération, la fameuse génération Y, arrive dans les entreprises et a grandi avec Internet. Elle sait intuitivement comment en tirer parti.
- Chaque homme ou femme, ou presque, est aujourd’hui connecté à haut débit, et dispose dans sa poche ou dans sa main d’un terminal avec un écran à haute définition.
- Le développement du Big Data ouvre des horizons inconnus en matière de personnalisation, d’organisation du travail et de désintermédiation.
Pour compléter le tableau, je citerais aussi la multiplication et la sophistication croissante des imprimantes 3D. Sans parler des liens prometteurs avec la biologie.
Bref tout commence !
(à suivre)

6 mars 2015

TÉLESCOPAGES D'IMAGES...

Puzzles… (billet paru le 9 mars 2012)
Quand les photos remplacent les mots...

Du bois, des pierres et un veilleur ...

Des pierres, du bleu et une ombre ...

Trois verticales ...

Quand les éclairs viennent du sol ...

4 mars 2015

QUE LA FORCE SOIT AVEC VOUS !

Les faces cachées de Darth Vader (Avec l'arrivée en fin d'année du nouvel épisode de la Saga Star Wars, je me devais de rediffuser ce billet paru le 11 février 2011)

Nous avons tous une vision finalement très partielle de Darth Vader, nous n'en connaissons que ce que Georges Lucas a bien voulu nous montrer. Mais comment pourrions-nous connaître la part cachée de Darth Vader ?
DARTH VADER ENFANT :
Grâce à Volkswagen, nous avons une proposition pour un Darth Vader enfant, dont les talents sont encore bien embryonnaires.



DARTH VADER AMOUREUX : 
Grâce à ces épisodes restés peu connus, nous comprenons que Darth Vader peut, comme chacun de nous, tomber amoureux, et que ce n'est pas facile alors...

2 mars 2015

ON NE CHOISIT PAS D’ÉCRIRE

Saigner sa vie - Extrait de mon roman Double J (billet paru le 20 avril 2012)
Non, cette histoire devait rester en moi, rester la confidence d’un soir, un secret partagé avec Jacques, et seulement lui. S’il voulait la réentendre, je n’aurais qu’à la lui raconter à nouveau. Écrire, c’était perdre le contrôle, ne plus savoir ce qu’elle allait devenir. Écrire, c’était mourir. 
J’en étais là de mes réflexions, quand ma main avait été captée par le stylo. Je n’avais pas pu l’empêcher de s’en saisir, et d’en faire sortir un peu du sang qui l’habitait. La vision de cette encre rouge qui avait commencé à maculer la page blanche, la douceur du contact du stylo – mais était-ce le stylo ou le corps de Jacques que je tenais ? –, m’avaient fait perdre pied. Je n’avais pas voulu écrire mon histoire, mais elle et le stylo en avaient décidé autrement. L’encre avait commencé à se répandre, et à épancher les mots qui me hantaient. La tête m’avait tourné et tout était devenu double : le stylo et Jacques, les mots et l’amant, l’encre et le sang. Comme quand je parlais à Jacques dans le noir de la nuit, l’histoire s’était mise à sortir doucement, tranquillement, un flot inextinguible, une douce hémorragie. 
Pourtant, je ne m’étais pas vidé de mon énergie, et ce sang n’était pas mon sang. Au contraire, plus j’avais avancé dans l’écriture, plus les pages s’étaient accumulées, et plus je m’étais senti renforcé. Pouvoir lire ce que j’avais pensé, m’avait apporté calme et sérénité. Je m’étais trouvé enfin. C’était comme si toutes les tensions accumulées en moi depuis mon enfance s’étaient trouvées résolues, la pression de mon imaginaire enfermé se dissipant sur le papier. 
Alors, le stylo ne m’avait plus quitté. Sans cesse, j’avais couvert des pages et des pages de lettres de sang qui dessinaient ma pensée. J’avais aimé ce papier qui se colorait de mes mots, j’avais aimé le mouvement sensuel de la plume glissant sur les feuilles, le crissement engendré, le rouge qui se répandait, j’avais aimé caresser le corps du stylo en pensant à celui de Jacques. Impossible de taper sur un clavier, mon écriture en serait devenue mécanique, vide d’émotion, vide d’énergie. 
Petit à petit, j’avais pris goût à la violence du rouge de mes écrits. Cette couleur était à la fois celle de mon sentiment pour Jacques et celle de l’hémorragie de l’écriture. J’écrivais avec ce stylo qu’il m’avait donné, avec l’encre qu’il avait choisie. Je sentais le sang de Jacques nourrir le sang de mes pensées, et voyais déjà un lecteur futur venir le boire et s’en repaître. J’aimais cette vision d’un lecteur vampire venant sucer nos sangs mêlés. C’était comme s’il s’était insinué dans notre lit et, pendant notre sommeil, était venu s’abreuver, d’une morsure, à la force de notre union. 
Le stylo avait été le talisman rendant inévitable cette écriture. Jacques avait eu raison : j’aimais écrire et ce livre était en moi. Je n’avais pas eu besoin de réfléchir, pas d’effort à faire, juste à le laisser sortir. Le stylo avait été l’accoucheur de ma pensée, tout se faisant naturellement, le livre sortant comme le flot d’une artère rompue. Qu’allait-il advenir ensuite ? Je verrais bien, je n’avais plus peur.