13 janv. 2015

LA NÉCESSITÉ D’UN PROJET POUR LA FRANCE ET POUR CHACUN DE NOUS

La France Réconciliée (2)
Sur l’importance d’un projet
« « Le projet, tout le monde s’en fout ! », m’a lancé un jour un collègue parlementaire. Voilà bien résumé l’état d’esprit… »
« Si le projet était clair, chiffré et objectivé, si les hommes politiques mettaient plus d’énergie à faire de la pédagogie pour expliquer les enjeux et les réformes, plutôt qu’à faire des petites phrases stéréotypées, assassines ou détonantes, alors, je suis convaincu que les Français accepteraient des politiques plus engagées, plus audacieuses. »
« Il me semble aujourd’hui essentiel de réaffirmer clairement nos convictions, de les assumer pleinement, et de rappeler qu’elles donnent son véritable sens à notre engagement politique. Avec un profond respect des différences. Les Français attendent de nous cette vérité, ils sont attentifs à ce que notre projet politique soit d’abord respectueux des fondements de notre humanité. »
« Les candidats à l’élection présidentielle devraient être dans l’obligation de présenter une feuille de route, lisible et chiffrée, avec des objectifs clairs et programmés. Une instance indépendante, composée de personnalités reconnues, pourrait suivre l’application de cette feuille de route et présenter aux Français des indicateurs de suivi qui permettraient d’apprécier les résultats obtenus. »
Sur la responsabilité et l’engagement
« La réalisation de l’individu par l’encouragement au mérite, par la responsabilité de chacun, par l’initiative individuelle ou par l’entrepreneuriat – au sens de la contribution de chaque individu au projet de son territoire ou de la nation – est trop souvent négligée au profit d’un principe collectif qui neutralise son engagement pour la société. »
« La liberté s’entend comme le « droit à » plutôt que comme le « droit de ». Au nom de ce principe, on ne comprend plus la liberté comme une valeur mais comme une revendication. »
« Nous avons créé de la complexité là où les choses pouvaient être plus simples ; nous engageons des moyens financiers supplémentaires là où les choses pouvaient être plus simples ; nous engageons des moyens financiers supplémentaires là où ils sont souvent inutiles ; nous avons ralenti les systèmes de décision alors qu’il faut les accélérer ; nous dissuadons les meilleurs talents de s’engager en politique alors que nous avons besoin de leur disponibilité et de leurs compétences ; et nous avons perdu la confiance des Français alors que leur soutien est indispensable pour réformer le pays. Qui plus est, avec ce type d’organisation, le seul remède pour éviter trop de dérapages consiste à renforcer les interdits, les normes et les règlements. Or, les contrôles et les procédures multiples renforcent encore l’inefficacité du système. »
Sur l’immigration, le communautarisme et la laïcité
 « En étant incapables d’intégrer les nouveaux migrants, faute à la fois d’organisation, de volonté politique et de croissance économique, nous avons fortement incité les ressortissants étrangers à se rapprocher de communautés culturelles des pays dont ils sont issus, afin qu’elles les aident à organiser leur présence dans notre pays. Renforçant ainsi leur pouvoir d’influence et accentuant ce phénomène de fragmentation. Renforçant également les tensions entre les Français au point de rendre de plus en plus difficile cette assimilation. »
« Les religions servent souvent de prétexte à ces dérives communautaristes. Elles peuvent en être la cause, mais elles en subissent le plus souvent les conséquences. Là encore, notre République a besoin de redonner de la profondeur à son discours et de revenir au cœur des valeurs qui la portent. À cause de ces dérives, notre laïcité, dont le principe est celui de la neutralité vis-à-vis des religions, se transforme progressivement en une laïcité de combat. Voire dans certaines situations en une laïcité contre les religions. Quand certains remettent en cause les fêtes chrétiennes, quand des personnalités demandent qu’une crèche soit supprimée d’un comptoir de la SNCF, quand on met en doute la légitimité des Églises à participer au débat public, dès lors qu’elles veulent défendre des principes éthiques sur la vision de l’homme, on s’éloigne de la laïcité républicaine. On cède à une nouvelle forme d’intolérance qui, là encore, relève davantage du collectivisme que du respect des différences. La laïcité porte d’abord des valeurs de réconciliation. »
(à suivre)

12 janv. 2015

UN PROJET POLITIQUE SANS LANGUE DE BOIS

La France Réconciliée (1)
Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly, a publié fin octobre 2014, sa vision pour la France, « La France réconciliée ».
Ce livre vif, écrit sans langue de bois, détonne suffisamment au sein des écrits des hommes politiques, pour que mon blog s’en fasse l’écho.
En voici donc un patchwork, diffusé en quatre parties
Sur la réconciliation
« La réconciliation passe également par la justice et l’équité. Et, d’une manière plus générale, par une réconciliation des Français avec tout ce qui contribue à structurer notre organisation. »
« En laissant le code du travail se complexifier jusqu’à devenir une jungle administrative, en alourdissant les contraintes réglementaires sur les entreprises, ou en refusant de réformer les systèmes de formation, on a laissé filer le chômage dans des proportions indécentes. En tolérant les incivilités et les petits délits, en laissant se développer des zones de non-droit dans certaines banlieues, puis en se résignant à accepter la présence en France de véritables réseaux mafieux autour du trafic de stupéfiants, on a pris le risque de perdre le contrôle de la situation, et on a créé un très fort sentiment d’injustice dans le pays. »
Sur la mondialisation 
« En proposant une vision de la France axée sur la valorisation de nos différences, nous porterons un message à tous ceux qui craignent que la mondialisation nous emporte dans un mouvement de standardisation. »
« En stigmatisant l’ennemi et en stimulant les risques de la mondialisation, ils ont trouvé un fonds de commerce assez efficace pour faire prospérer leur carrière sur cet arrière-plan d’angoisse qui investit petit à petit l’ensemble de l’opinion. Le discours est simple, efficace, limpide, et la solution, bien que simpliste, a le mérite d’être claire, « puisque c’est à cause de la mondialisation, alors refusons-la, refermons nos frontières, et tout ira bien ». C’est sans avoir bien compris, ou en faisant semblant de ne pas comprendre, ce qu’est vraiment la mondialisation. Mais c’est surtout une manière assez efficace de s’affranchir de ses responsabilités et de ne pas chercher les vraies solutions. »
« La mondialisation n’a pas d’identité, elle n’est pas un ennemi identifié, elle n’est que l’agrégation d’identités nationales et culturelles, culturelles, de civilisations, de territoires, d’hommes et de femmes de plus en plus mobiles, qui produisent de la richesse et accélèrent leurs échanges. La mondialisation n’est qu’un ensemble de flux qui tendent à être de plus en plus denses. C’est tout. »
(à suivre)

8 janv. 2015

QUAND LA SHOAH CATALYSE LE CREUSET DE LA DIVERSITÉ

Une ode à la diversité et à la puissance collective
En ce lendemain d'une journée qui a vu l'obscurantisme et l'intégrisme amener une déferlante d'horreur sur la France, il est bon de revenir sur un film qui prône l'ouverture et la diversité

Par quoi commencer ? Comment parler de ce film sans le trahir ? Comment tenter de vous faire partager le flot d’émotions qui vient de me transpercer ?
Probablement, en ne réfléchissant pas trop, en laissant couler ce qui m’a submergé, en donnant le pouvoir à mes doigts qui pianotent devant moi… 
J’espère ainsi que tous ceux qui n’ont pas vu le film, « Les Héritiers », y courront le plus vite possible. Et que tous les autres ne sentiront pas trahi le souvenir qu’ils en ont.
De quoi s’agit-il ? 
Basiquement d’une classe de seconde de banlieue, un lycée de Créteil, et d’une professeur d’histoire, son professeur principal. Tous les poncifs sont là dès le départ : d’un côté, une classe bariolée, insoumise, black blanc beur, un mélange explosif de toutes les religions, allant des insouciants jusqu'à un Olivier devenu Brahim, en chemin sur la voie du fondamentalisme ; de l’autre une professeur qui y croît, sait se faire respecter, passionnée de sa matière et convaincue que l’irrémédiable ne l’est pas. Entre les deux, la société spectatrice incarnée par un proviseur compétent, ouvert mais résigné.
Bien sûr comme vous l’avez déjà compris, la professeur va arriver non pas à dominer cette classe, mais à la faire se révéler. À transformer une collection d’individus qui s’affrontent en un groupe d’adolescents qui se complètent, s’écoutent et se respectent. À faire parler celui qui était muet et exclus. À faire de la diversité non pas une source d’oppositions, mais un creuset pour se comprendre et s’enrichir.
Évidemment d’aucuns pourront traiter de « bisounours » cette vision de la France, mais elle est tirée d’une histoire vraie, et quel rafraichissement en ces temps où l’autre, celui qui est différent, est trop souvent stigmatisé. Le seul qui sera exclus, sera le fondamentaliste. Non pas tant par les autres, mais simplement parce qu’il ne les reconnaît plus, ne les comprend plus. Même lui, à la fin, d’un geste de la main, montrera qu’il est déjà sur le chemin du retour.
Ce qui est le plus intéressant dans ce film, est le catalyseur qui va transformer la classe : le concours national de la résistance et de la déportation. Thème du concours de l’année : les enfants et les adolescents dans les camps de concentration nazis.
Je ne vais pas ici vous raconter le chemin suivi. J’en serais bien incapable, et seules les images peuvent restituer la puissance de ce qui est vécu.
Simplement, à un moment, la classe écoute le récit d’un ancien déporté, enfant de quinze ans alors. En regardant ce passage, j’ai repensé à Shoah, l’extraordinaire film documentaire de Claude Lanzmann. L’image m’a là aussi saisi, bouleversé. La caméra va du visage quasiment impassible du déporté à ceux des adolescents dont, petit à petit, on voit les traits se tirer, puis les larmes couler. La voix est calme, posée, presque clinique.
Parfois en sortant du cinéma, on se sent grandi, renforcé, un peu plus confiant en notre pays et notre capacité à construire un futur collectif, riche et fort. C’est le cas, ce soir. 
Merci à Marie-Castille Mention-Schaar, qui a réalisé « Les Héritiers »

7 janv. 2015

LES CLÉS DE LA PERFORMANCE SUISSE

Pourquoi pas nous ? (2)
Parmi les exemples étrangers que Xavier Fontanet développe, le cas de la Suisse est un des plus intéressants, et des plus porteurs d’idées pour une refondation en France : comment, en effet, ce pays séparé de nous simplement par le Lac Léman, peut-il être à ce point prospère ?
Voilà comment Xavier Fontanet introduit le chapître qui lui est consacré :
« Enfin, les Suisses forment un peuple discret, prudent, qui n’aime pas se mettre en avant et qui très probablement répugnerait à être donné en modèle. Comment expliquer cette prospérité, cette régularité dans le développement, cette performance économique, cette absence de chômage, cette faible délinquance, cette efficacité du système éducatif, cette capacité d’intégration ? 
Quiconque a un minimum d’objectivité et s’intéresse aux bonnes pratiques ne peut pas ne pas étudier ce pays. L’emblème de cette réussite est le couple Nestlé/ Vevey, la plus grande société européenne dont le siège se trouve dans cette petite ville paisible au nord du lac Léman. La plus haute technologie agroalimentaire voisine avec les petits vins locaux et les costumes traditionnels. 
Ce n’est pas en se recroquevillant sur elle-même que la Suisse a réussi mais en mariant le local et le mondial. 
On se moque de la lenteur des Suisses, très bien ! Si eux sont lents et nous si intelligents, que ferons-nous si nous arrivons à comprendre ne serait-ce qu’une partie de leur secret ! Ouvrons l’horloge suisse et allons découvrir les rouages intimes du système. »

Quelles sont donc les différences essentielles ? Elles sont institutionnelles et sont à l’origine de cette performance dans la durée :
- un système très décentralisé où l’échelon de base est le canton : « Chaque canton est un petit État souverain qui a la main sur sa gestion. En Suisse, les deux tiers des coûts de la sphère publique sont donc gérés localement, situation inverse à celle de la France. »
- … ce qui permet le contrôle par la concurrence interne entre structures publiques : la Suisse globalement compétitive, grâce à l’adaptation constante et la saine rivalité qui existe entre cantons
- … où la démocratie n’est pas un vain mot grâce à une contrôle citoyen permanent : des votations qui peuvent être activées aux trois niveaux, national, cantonal comme municipal ; des référendums qui permettent de contrôler le travail parlementaire au niveau cantonal ; des pétitions où chaque citoyen peut poser une question écrite sur n’importe quel sujet avec droit de réponse.

Et si on faisait cela en France. Chiche ?

6 janv. 2015

UN PRÉCIS POUR REFONDER LA FRANCE

Pourquoi pas nous ? (1)
Dans son dernier livre, « Pourquoi pas nous ? », Xavier Fontanet, ancien président d’Essilor, dresse un tableau en phase à 100% avec la vision de Nous Citoyens et nos propositions : même vision sur l’objectif de réduction des dépenses publiques à atteindre – il va même lui jusqu’à la fixer à 250 Milliards d’euros – ; même affirmation que c’est non seulement possible, mais nécessaire ; même illustration par des exemples venus d’autres pays – Canada, Nouvelle Zélande, Allemagne et Suisse.
Ce qui ne gâche rien, c’est que c’est un livre concis et clair, factuel et très documenté.
Quelques extraits pour vous donner envie de le lire !
L’importance d’avoir un système public compétitif
« Le fait nouveau de la mondialisation est la mise en concurrence des sphères publiques. La productivité d’une entreprise dépend de son excellence opérationnelle mais aussi de la facilité d’opérer dans son pays ; chacun comprend que si dans un pays donné les impôts sont normaux, le marché du travail fluide, les coûts de l’entreprise dans ce pays seront plus bas que si la même entreprise travaille dans un pays hyper fiscalisé, où le marché du travail est inefficace. La sphère publique impacte clairement la compétitivité des entreprises. »
« Quatre idées sur la mondialisation
- Toutes les entreprises baignent désormais dans un environnement mondial.
- Il y a osmose entre sphère privée et sphère publique.
- La sphère sociale est évidemment de la partie, les syndicats doivent permettre un dialogue social harmonieux.
- Chaque pays a une image à l’étranger, résultat de celles que projettent les entreprises, l’État et les syndicats. »
L’importance de l’État
« Il ne s’agit pas de se passer de l’État ; sans un État qui assure la défense de la liberté et de la propriété, rien ne peut se faire ; il suffit d’avoir travaillé, ou plutôt d’avoir cherché à travailler, dans des pays sans État ou à État mafieux pour le comprendre : sans État, pas de société. Tous ceux qui lui consacrent leur vie de travail accomplissent une belle et noble tâche. Pas de doute, il faut un État ; simplement l’État doit intégrer la nouvelle donne concurrentielle en se repositionnant et la population doit elle aussi accepter ce changement. »
C’est possible !
« François Mitterrand et Jacques Chirac étaient conscients que la croissance n’était pas ce qu’elle devait être et que cela entraînait la montée du chômage, ils ont eu tous les deux la même phrase : « On a tout essayé. ». Oui… sauf la baisse de la dépense publique. Moins par moins faisant plus, arrêter un investissement à rentabilité négative est une bonne affaire. »
Quinze idées fausses auxquelles tordre le cou
1.     « Nous, c’est différent ! »
2.     « Il y a de l’argent, il suffit d’aller le prendre là où il est »
3.     « L’argent de l’État »
4.     « L’État ne peut pas faire faillite »
5.     « On peut s’endetter puisque le taux d’intérêt est nul »
6.     « Ce n’est pas grave si des gens partent, on fera sans eux »
7.     « La baisse des charges, c’est un cadeau fait aux patrons »
8.     « C’est un droit acquis »
9.     « Nous avons le meilleur modèle social »
10.  « Nos patrons ne sont pas bons »
11.  « Le délocalisateur, c’est le patron »
12.  « Moi, monsieur, je défends l’intérêt général ! »
13.  « Ce n’est pas le bon moment ! »
14.  « La mondialisation, ça nivelle ! »
15.  « C’est un…, on sait déjà ce qu’il va dire »
(à suivre)

5 janv. 2015

ATTENTION AU MAUVAIS SORT

Quand le hasard s’invite aux sources du cancer
Des travaux qui viennent d’être publiés par deux chercheurs américains montrent que le cancer serait plus une histoire de malchance que d’environnement ou de mauvais gènes (voir notamment l’article paru dans le Monde « Cancer : le rôle du hasard réévalué »).
Selon leurs estimations, dans deux cas sur trois, le cancer serait la conséquence du hasard, juste une histoire de séquence malheureuse de mutations aléatoires. 
Une forme de concrétisation de la loi des grands nombres : nos cellules souches n’arrêtant pas de se diviser, de temps en temps, le pire survient. 
Sans raison, juste comme cela. 
Comme une tuile peut tomber sur notre tête au moment précis où nous passons sous un toit. Cette tuile n’est pas tombée parce que nous passions là, ou à cause de nous. Nous nous sommes juste trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment.
Ainsi va la vie…
Pour le cancer, cette thèse reste à être confirmée. Mais pour le reste, oui, le hasard et l’accroissement de l’incertitude sont bien les moteurs de nos vies. 
Mais comme nous n’arrivons pas à l’accepter, comme nos neurones sont programmés pour construire des explications et des relations causales (voir « Toute décision suppose une inférence bayésienne » et « Nous imaginons le monde avant de le vivre »), nous ne pouvons pas ne pas construire des explications. Si ceci est arrivé, c’est parce que… Si jamais je fais ceci, alors cela va arriver…
Ah si seulement, nous pouvions lâcher la prise et accepter la vie comme elle est, tout irait déjà mieux ! 
Alors nous serions plus efficaces pour corriger ces hasards malheureux, puisqu’au lieu de nous épuiser à comprendre pourquoi ils sont advenus, nous focaliserions notre énergie, sur comment corriger leurs effets…

2 janv. 2015

DEMAIN

Je ne peux pas faire le deuil de toi
Dans le vide du noir, dois-je faire le deuil de toi ?
Dois-je abandonner la chaleur de ta peau à la froideur de ma vie ?
Dois-je laisser ton sourire et tes yeux se poser sur un autre que moi ?
Tu étais encore ce soir, assis juste là,
Ma main pouvait se perdre dans la douceur de tes cheveux,
Mon cœur pouvait battre en écho du tien.

Dois-je donc me contenter de ces rares moments,
Où tu ne m’es que juxtaposé ?
Dois-je accepter que ce ne seront pas mes bras, 
Qui t’enserreront la nuit, cette nuit et toutes les autres ?
Dois-je me résigner à reprendre ma course,
Pour trouver quelqu’un qui ne sera pas toi ?
Mais comment pourrais-je ne pas me battre,
Alors que je sais que tu es celui qui me manque ?
Mais comment courir sur des rives nouvelles,
Alors que mes jambes ne savent pas me porter ailleurs ?

J’ai cherché les mots pour te faire le quitter,
J’ai creusé un lit pour que tu viennes t’y coucher,
J’ai inventé des images pour te donner envie de t’y perdre,
J’ai été présent tous ces jours malgré tous tes refus.
Tu es ces ailes que je sais pouvoir me faire voler,
Tu es ces épaules qui pourront me porter,
Tu es ces doigts dans lesquels je peux me plier,
Tu es cette peau où je ne veux plus pleurer.
Laisse-moi être celui avec qui tu vas avancer,
Fais le choix de ne pas me faire souffrir,
Apporte la douleur à celui que tu vas quitter,
Rejoins mon cœur qui bat déjà pour toi.

Je peux marcher dans ma vie sans ailes,
Car jamais je n’ai pensé voler.
Je peux parler demain sans certitude,
Car jamais je n’ai su le futur.
Je peux rire des coups que je reçois,
Car ce ne sont que des accidents.
Mais je ne veux plus vivre sans toi,
Car je t’attends depuis trop longtemps,
Car ensemble nous avons déjà été,
Car tu me montres que tu m’aimes encore.

Alors, jetant au loin le vide et le noir,
Non, je ne fais pas le deuil de toi,
Ni ne suicide ce qui a commencé,
Ni ne tue ce qui tu n’as pas oublié,
Ni ne laisse notre amour avorter par le choix d’un autre.
Oui, je suis devant cette porte que tu vas pousser

(publié la 1ère fois en octobre 2012)

31 déc. 2014

ÊTRE LÀ, JUSTE LÀ...

Je finis l'année avec un de mes poèmes favoris, inspiré au départ par la chanson de Dominique A, "Le courage des oiseaux". Il exprime ce lâcher-prise si nécessaire mais si difficile à atteindre.
Meilleurs voeux 2015 à tous mes lecteurs !

Le courage des oiseaux
Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé,
Nous pourrions, immobiles et stoïques,
Sans rien attendre, ni espérer,
Résister et nous opposer.

Notre regard, fixé dans le lointain, vers ce futur qui n’arrive pas,
Nous pourrions, tranquillement et posément,
Ne pas faillir, ne pas oublier, 
Être là, simplement, intensément présent.

Mais nous ne savons que voler et bouger.
Alors, comme une feuille emportée par le vent,
Nous oublions le pourquoi et le comment,
Nous nous retrouvons là où nous ne voulions pas.

Notre regard fixé vers ce futur qui n’est plus qu’un passé,
Nous pleurons nos illusions perdues, 
Nous crions après un Dieu absent.
Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé…

(publié la 1ère fois en juillet 2012)

29 déc. 2014

COMMENT POURSUIVRE ?

Hallelujah
Un visage et une voix,
Sans cesse renouvelés,
Un cri arrêté,
Comment survivre après ?
Hallelujah, hallelujah…
Avant,
Avant toi,
Avant je vivais,
Avant, avant…
Mais j’ai bougé en toi,
Mais j’ai cru en toi,
Mais…
Hallelujah, hallelujah…
Faut-il que je crie aussi ?
Faut-il que je meure aussi,
D’un trop plein de souvenirs,
D’une douleur immergée ?
Hallelujah, hallelujah…
Comment poursuivre,
Blessé, meurtri,
Enrichi de ta perte ?
Hallelujah, hallelujah…
Tout ce que j’ai appris,
Vient de ton absence.
Tout ce que j’ai appris, 
Vient de ta voix,
Qui me déchire.
Hallelujah, hallelujah…

(publié la 1ère fois en avril 2012)

26 déc. 2014

SANS LOGIQUE

Comme la vie
Les mots et les pierres,
Posés les uns sur les autres, 
Bruts, sans liant,
Râpeux, rêches, arides,
Comme la vie.
Les moments se succèdent, 
Les rencontres s’enchaînent,
Les pensées se déroulent,
Sans raison, sans logique,
Comme la vie.
Les regards en arrière, 
Construisent un chemin,
Trouvent une logique,
À ce qui n’en a pas,
Comme la vie.

(publié la 1ère fois en mars 2012)

24 déc. 2014

SEUL

Vide
Pourquoi a-t-on, dans le froid de la nuit, 
Dans la couleur d’un ciel étoilé, 
Dans l’émotion d’une main serrée, 
Dans les pleurs d’un enfant, 
La sensation que la vie a un sens ?
Et pourtant,
Chacun de nous, 
Chaque pièce du puzzle,
Chaque instant du temps qui passe 
N’est que molécules qui s’entrechoquent. 
Pourquoi imagine-t-on un Dieu, 
Caché en un lieu connu de lui seul, 
Voulant et pensant tout cela ?
Et pourtant,
Quand la mort survient à rebours d’une passion, 
Quand le froid nous terrasse, 
Quand l’enfant que l’on n’est plus 
Nous reprend par une main,
Quand la chaleur nous abandonne, 
Nous avons, au fonds de notre corps, 
Le  froid absolu d’un vide abyssal.

(publié la 1ère fois en janvier 2012)

22 déc. 2014

DE HASARD ET DE LIBERTÉ

Libre et abandonné
Il est des cris dans la nuit 
Qui restent des cris impossibles, 
Il est des cris dans la nuit 
Qui restent des cris inutiles.
Et il faut pourtant au matin, 
Sans raison évidente, sans raison valable, 
Se lever pour poursuivre le chemin de sa vie.
Un jour parfois, on comprend,
La question ne sert à rien, 
Et il ne sert à rien de vivre, 
Personne n’a jamais décidé, 
Voulu, ni  attendu celui que l’on est, 
Construit au hasard, chocs des rencontres, 
Là, juste parce qu'on l'est devenu.
Alors fort de cette incertitude totale,
Vide de sa propre existence, 
On peut enfin, 
Sans pression, sans attente, 
Se lever le matin,
Et poursuivre son chemin
De hasard et de liberté.

(publié la 1ère fois en janvier 2012)

19 déc. 2014

SANS VIE

Abandonné
Couché, abandonné, je meurs.
Où sont les bras qui m’ont tenu, 
Les souffles qui m’ont réchauffé,
Les cœurs contre qui j’ai battu ?
Plus que l’ombre et la boue,
Le froid et le silence, 
La tristesse et la solitude.
La vie m’entoure, mais ne me regarde pas,
Le soleil brille, mais plus pour moi,
La Terre tourne, mais je ne bouge plus.
Couché, abandonné, je meurs

(photo prise à Calcutta en août 2010)

18 déc. 2014

SAVOIR PRENDRE LE POULS DE L’ENTREPRISE QUE L’ON DIRIGE

Reinventing organizations (19)
Finalement mon propos n’est pas en contradiction avec celui de Frédéric Laloux, loin de là. Simplement, lui, vient l’enrichir et le compléter avec l’idée que l’organisation est vivante et poursuit son propre but qu’il s’agit de révéler.
Simplement, et c’est un des points essentiels de mon livre, savoir révéler ce but, cette mer, ce point fixe, est difficile et compliqué.
Un peu plus loin dans les Radeaux de feu, j’écrivais que la mer était l’ADN de l’entreprise : 
« Tout être vivant naît, grandit et se reproduit. Jamais, il ne s’arrête. Jamais il ne change, mais toujours il se transforme. Au cœur de chaque cellule, se trouve l’ADN, la clé qui accompagne cette évolution et donne cohésion et identité à l’ensemble. Toute entreprise naît, grandit, et se multiplie. Jamais, elle ne s’arrête. Jamais, elle ne change, toujours, elle se transforme…à une condition : que chaque partie et sous partie, que chacun de ses membres aient en tête la mer visée, et que toujours, il veuille s’en rapprocher. La mer est l’ADN de l’entreprise. »
Je tournais donc déjà autour de l’idée de l’entreprise comme un organisme vivant.
Dans mon premier livre, Neuromanagement, j’allais même jusqu’à la doter d’un inconscient. Dans la conclusion, j’y écrivais : 
« Finalement diriger suppose de comprendre une réalité paradoxale : d’une part que la rationalité apparente n’est qu’un leurre, puisque les phénomènes cachés sont prépondérants ; d’autre part que la prise en compte du réel et la volonté collective sont nécessaires pour la survie. Si le dirigeant arrive à cet équilibre, il pourra se centrer sur le nouveau, l’imprévu, l’interprétation du complexe, les signaux faibles, le réexamen des systèmes, la reconfiguration de l’entreprise… 
Quel profil alors pour ce dirigeant ? Je crois qu’il y a deux écueils à éviter : 
- le guru mystique qui confond inconscient –– et irrationnel, qui n’est préoccupé que des approches interprétatives, qui ne s’intéresse ni aux systèmes opérationnels, ni à la mesure de la performance économique, 
- le rationnel mécanicien qui pense que le réel n’est que ce qu’il voit, que les équations mathématiques peuvent être des photographies fiables, qu’une bonne analyse conduit à une solution unique. » 
Pas grand chose à redire. Et j’ai comme envie de finir ma série sur le livre de Frédéric Laloux par ce rappel !
(Demain un nouveau billet autour d’une photographie, puis un best of pendant deux semaines où je reprendrai mes écrits préférés au rythme de 3 par semaine. Retour en live le 5 janvier )

17 déc. 2014

SAVOIR RÉVÉLER LA MER VISÉE

Reinventing organizations (18)
Donc si tout commence par hasard, il faudrait ensuite prendre le temps de créer une stratégie.
Avant de faire la synthèse avec les propos de Frédéric Laloux sur l’entreprise vivante qui agirait d’elle-même ou presque, reprenons ce que je disais dans mon livre sur l’élaboration d’une stratégie. 
Mon idée centrale est celle de la mer, c’est-à-dire de l’existence de points fixes qui sont la destination de l’entreprise, et qui attire le cours de son évolution. Malgré les aléas et les incertitudes des événements, comme un fleuve, l’entreprise avance toujours vers la même destination.
« Comme dans la théorie des mathématiques du chaos, la mer se comporte comme un attracteur qui attire à lui l’eau qui tombe tout autour : peu importe l’incertitude en amont, tout converge vers elle. Le couple fleuve-mer est un système structurellement stable, la mer est un point fixe pour le fleuve. Telle est la logique qui régit notre monde : derrière les aléas immédiats, au-delà des méandres et des hésitations, les structures fondamentales restent inchangées. Il en est de même pour une entreprise : pour se renforcer tout au long de sa progression, elle doit viser un point fixe, une mer, et allier stabilité et adaptation aux événements et au terrain. Elle a commencé par hasard, intuition et volonté, mais un jour se pose la question du choix : comment trouver cette mer qui sera son point fixe, et fera d’elle un fleuve, celui dont les autres seront les affluents ? »
Quel est le rôle du dirigeant ? Il n’est pas d’inventer la mer, mais de la révéler. Voilà ce que j’ai écrit :
« Tout commence par hasard et intuition, mais on grandit par choix : sans le choix d’une stratégie stable et durable, sans l’élagage qui découle de ce choix, sans le sacrifice de ce qui n’y contribue pas, on se disperse et jamais on ne se renforce. (…) Prendre le temps d’observer ce qui s’est passé, ne pas se perdre dans les détails, identifier cette mer qui nous a fait démarrer et commencer à réussir, puis élaguer, se focaliser, et ne plus en démordre, se faire l’apôtre et le prophète de cette vision. Telles sont les conditions requises pour devenir un fleuve. Pour trouver cette stratégie, il faut la révéler : que sommes-nous en train de faire ? Pourquoi réussissons-nous ? Cette capacité est rare et exceptionnelle : tous les bricolages faits dans des garages ne se transforment en des L’Oréal bis ; toutes les innovations involontaires ne donnent pas naissance à des multinationales et des leaders mondiaux dans leur secteur ; toutes les frustrations initiales ne font pas de ceux qui les subissent des milliardaires… »
(à suivre)

16 déc. 2014

COMMENCER PAR INSTINCT

Reinventing organizations (17)
Voilà donc le dirigeant qui serait privé d’un de ses attributs essentiels : construire une stratégie et la mettre en œuvre. N’est-ce pas aller trop loin ?
Pour répondre, je vais revenir à ce que j’ai développé dans mon dernier livre, Les Radeaux de feu, concernant la stratégie.
D’abord, rien ne se déroule comme prévu au démarrage, c’est-à-dire que les entreprises sont créées par une ou plusieurs personnes, et rapidement elles semblent leur échapper : la stratégie initiale – ou plutôt l’idée de départ, car ce n’était pas réellement une stratégie construite et sophistiquée – est vite abandonnée.
Le chapitre sur la naissance des entreprises, je l’avais appelé : « Commencer en attrapant le futur plus par instinct que par logique », et j’avais mise en exergue la citation suivante d’Alain Testart : 
« Il peut sembler que la roue ait été inventée pour faciliter le transport par traction. Mais les Incas ou les anciens Mexicains qui ne l’utilisaient que pour faire des jouets ne l’ont pas inventé à cette fin. (…) On invente en général, sans but, et le milieu social fait le reste ; c’est seulement a posteriori que l’on peut dire que le dispositif ou l’agencement nouveau a été inventé à telle ou telle fin. C’est pourquoi, plutôt qu’une explication du type : ceci a été inventé pour…, c’est une autre qu’il faut préférer : ceci a été inventé parce que… »
Un peu plus loin, je notais aussi que les processus d’innovation étaient rarement maîtrisés, et que bon nombre de produits majeurs – comme le Post-it de 3M ou le Walkman de Sony – étaient quasiment nés par hasard, ou, plus exactement, détournés de leur objet initial.
Je concluais ce passage par : « Ainsi l’émergence n’est-elle pas l’apanage des petites entreprises : elle est aussi le cas des grandes. Est-ce à dire donc qu’il ne sert à rien de réfléchir à long terme et de se fixer un objectif ? Réussit-on simplement quand on a de la chance ? Les entreprises qui gagnent sont-elles juste celles qui ont eu la présence d’esprit d’amplifier et mondialiser ce qui était né par hasard ? Je ne le crois pas… et même pas du tout. »
La lecture du livre de Frédéric Laloux m’amène à actualiser mon propos…
(à suivre)

15 déc. 2014

L’ENTREPRISE, UN ORGANISME VIVANT QUI A UNE STRATÉGIE « NATURELLE »

Reinventing organizations (16)
Un des aspects les plus déroutants du livre de Frédéric Laloux est le regard qu’il porte sur la stratégie.
Classiquement la stratégie est pensée a priori – que ce soit par un petit nombre ou via un processus participatif impliquant largement l’encadrement de l’entreprise –, puis mise en œuvre. Pour cela, des moyens sont définis, des plans construits, les organisations éventuellement modifiées ou réadaptées. 
Bref on reconfigure l’entreprise en fonction de l’objectif à atteindre : l’organisation est un moyen au service de la stratégie.
Son approche est radicalement différente : selon lui, il ne s’agit pas d’imposer une stratégie à une entreprise, mais de comprendre celle qui est la sienne. Une entreprise est un organisme vivant, et comme tout être vivant, il évolue « naturellement » dans une direction donnée.
La citation de Margaret J. Wheatley and Myron Kellner-Rogers, qu’il a mis en exergue du paragraphe centrée sur ce sujet, est très significative de son mode d’approche : « La vie veut naître. La vie ne peut pas être arrêtée. Chaque fois que l’on essaie de la contenir, ou d’interférer avec son besoin fondamental d’émerger, on se crée des problèmes. S’associer avec la vie, travailler en cohérence avec son mouvement, suppose de prendre sérieusement en compte la direction de la vie. »
Ainsi selon lui, toute organisation a un but naturel qu’elle poursuit, un mouvement permanent de transformation, c’est ce qui est son moteur propre, ce qui la rend vivante. 
Diriger, ce ne serait donc pas imposer un but à une entreprise, mais trouver celui que naturellement elle poursuit, et l’aider à avancer plus vite et plus facilement.
Déroutant, non ?
(à suivre)

12 déc. 2014

DISPARUS

Avant…
Bouts de vêtements sur une patère,
Bribes de tissus verticales,
Odeur et humidité suantes en prime, 
Tâches sur l’ocre d’une paroi lisse.
Autre mur, un trou pour un plein,
Une flèche vers un passé révolu,
Vie disparue, vie ravagée,
Du blanc déchiré dans un ocre
Souvenirs télescopés en terre indienne,
Scories moites d'une marche de touriste,
Béance d'un salon de beauté disparu, 
Quelques mètres qui font fossé.

(Souvenir de Hampi en Inde – juillet 2012)

11 déc. 2014

TOUT CHANGER, C’EST POSSIBLE !

Reinventing organizations (15)
Développer l’auto-management, ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’organisation, ni que toute structure dans l’entreprise a disparu. Non bien sûr, simplement elle repose sur des unités de base, très autonomes, et donc dotées de tout ce qu’il faut pour fonctionner. On n’est loin des structures pyramidales et hiérarchiques, et de grandes directions fonctionnelles qui préparent et jugent le travail exécuté par d’autres.
Deuxième erreur : croire que toute le monde est égal. Non, simplement les rôles et les fonctions ne sont pas définis a priori, ils émergent dynamiquement des situations, des évolutions et des savoir-faire individuels.
Troisième point soulevé très justement par Frédéric Laloux : le malentendu de l’ « empowerment ». Si une direction veut développer l’empowerment, cela veut dire qu’elle continue à se penser supérieure, qu’elle reste le centre du pouvoir, et que, dans un geste généreux, elle en transmet une partie à la base de l’entreprise.  Dans un système auto-organisé, rien de tel : inutile de se battre pour avoir du pouvoir, plus on l’a !
Dans son livre, Frédéric Laloux détaille aussi comment concrètement la vie d’une entreprise est changée. Le tableau ci-dessous fait la synthèse des transformations principales.



(à suivre)