22 avr. 2016

AUTORITÉ

Ainsi va la vie !
Voilà un enfant qui n’en est plus un.
Elle sait que sa vie sera dure et que rien ne lui sera jamais donné : ni la protection de ses parents, ni la bienveillance de ses voisins, ni la douceur de la vie ne seront au rendez-vous de ses jours à venir.
Voilà une vache qui a intérêt à filer doux.
Elle sait que rien ne la protègerait en cas de courroux de sa petite maîtresse : ni son caractère normalement sacré, ni sa taille, ni sa force ne sont te taille face à une telle détermination.
Ainsi va la vie en Inde…

(photo prise à Hampi en juillet 2012)

20 avr. 2016

UNE EFFICACITÉ DES AIDES INTERNATIONALES QUI POSE QUESTION…

The Great escape – patchwork (4)
Qu’en est-il de l’efficacité des aides internationales ? Concourent-elles réellement à la réduction des inégalités ?
En guise d’apéritif pour nourrir la réflexion, quelques observations sur le danger d’approcher la pauvreté par l’arithmétique car « réduire la pauvreté est beaucoup plus facile à atteindre par des calculs statistiques qu’en réalité ! » :
« Le grand économiste et statisticien indien, P. C. Mahalanobis décida de demander combien les personnes avaient dépensé en riz ou blé au cours des 30 derniers jours. Beaucoup d’autres pays, pensant que les répondants ne pouvaient pas se souvenir correctement au-delà de 7 jours, optèrent pour cette période plus courte. Un jour, l’enquête indienne passa à son tour à 7 jours, et comme prévu, les dépenses journalières augmentèrent. Cet obscur et technique changement statistique divisa la pauvreté par deux : 175 Millions d’Indiens cessèrent d’être pauvres. »
« Si un Indien peut vivre avec 22 roupies par jour – et certains bien moins –, pourquoi donc un habitant des États-Unis ne peut-il pas vivre avec un dollar par jour ? (…) La pauvreté exclut pour la plupart des Indiens trois choses qui sont importantes et coûteuses aux USA : la maison, la couverture médicale, et l’éducation. En plus, dans un pays chaud comme l’Inde, pas besoin de se chauffer, ni de dépenser beaucoup pour se vêtir. Et les gens travaillent près de là où ils vivent, d’où ne dépensent presque rien en transport. »
Venons-en maintenant aux aides internationales. Un calcul a montré que la pauvreté mondiale pourrait être éliminée si chaque américain, anglais, français, allemand et japonais donnait 0,15 $ par jour. Rien que de très accessible donc. Alors pourquoi donc n’a-t-elle pas disparu ? Est-ce parce que nous n’avons pas assez donné ? Est-ce une problème de plomberie : augmentons la quantité d’eau qui rentre à un bout et nettoyons les conduits pour éviter les pertes, et tout sera réglé ?
Pas vraiment. Car comme le notait Peter Bauer en 1971 : « Si seul le capital manque pour que le développement ait lieu, il sera soit rapidement généré localement, soit fourni par l’étranger au gouvernement ou à des entreprises privées, le capital étant rémunéré par des taxes additionnelles ou des profits. Si, à l’inverse, les conditions du développement ne sont pas présentes, alors l’aide sera nécessairement improductive et donc inefficace. »
Terrifiant et limpide, non ? Et c’est ce que constatent les analyses faites par Angus Deaton : il n’y a aucun lien entre le niveau de l’aide et le développement. C’est même plutôt le contraire : c’est quand les aides sont moins élevées que la situation s’améliore !
Ainsi quand il a mis en regard pour l’Afrique le niveau des aides avec celui du développement, il a constaté que « la croissance baisse fortement pendant que l’aide s’accroit fortement. ». 
En fait la vraie corrélation est avec le niveau de prix  des commodités produites dans ces pays : la meilleure aide est d’accroître le prix de ce qu’on leur achète. Évident… mais ce n’est pas ce que nous faisons.
Angus Deaton analyse en détail pourquoi les aides sont contre-productives : 
« Un projet peut réussir selon ses propres critères, mais son déploiement au niveau de la nation peut échouer. Une évaluation parfaite d’un projet coexiste avec l’échec de l’aide pour le pays tout entier. »
« L’argument qu’une aide menace les institutions dépend de la taille de l’aide. En Chine, Inde ou Afrique du Sud, où l’aide internationale officielle a représenté ces dernières années moins de 5% du revenu national, et occasionnellement plus de 1% des dépenses totales gouvernementales, l’aide n’est pas assez importante pour modifier le comportement du gouvernement ou le développement des institutions. La situation est tout à fait différente dans l’essentiel de l’Afrique. 36 des 49 pays de l’Afrique sub-saharienne ont reçu au moins 10% de leur revenu national lors des 30 dernières années. Sachant que l’aide va au gouvernement, le ratio de l’aide par rapport aux dépenses publiques est encore plus grand. Le Bénin, le Burkina Faso, l’Éthiopie, Madagascar, le Mali, le Niger, le Sierra Leone, le Togo et l’Ouganda sont parmi les pays où l’aide a dépassé 75% des dépenses du gouvernement au cours de ces dernières années. Au Kenya et en Zambie, respectivement 25 et 50%. »
« Que l’aide stimule les dépenses du gouvernement a été de façon répétitive documenté, et le gouvernement est libéré du besoin de consulter ou d’obtenir l’approbation de ses citoyens »
« Dans les cas extrêmes, un afflux externe important, que ce soit une aide ou des ventes de commodités, peut accroître le risque de guerre civile, parce que les souverains ont les moyens d’éviter de partager le pouvoir, et parce que le valeur de ce flux est tel que les deux côtés sont prêts à se battre pour lui. »
« Pourquoi les donateurs laissent-ils faire et ne sanctionnent-ils pas ? Parce qu’ils ne subissent pas les conséquences de l’aide et n’ont pas d’information directe sur ce qui se passe sur le terrain. Ils dépendent des rapports transmis par les agences qui distribuent l’aide. Aussi ils se focalisent sur le volume de l’aide, non pas son efficacité. 
« Les agences gouvernementales sont sous la pression de leurs opinions publiques pour "faire quelque chose" contre la pauvreté – une pression qui est alimentée par les bonnes intentions de la population nécessairement mal informée – et ceci rend difficile pour les agences de couper les aides, même si leurs représentants locaux savent qu’elles font du mal. »
« Le problème des aides étrangères n’est pas ce qu’elles font pour les pauvres tout autour du monde – en effet elles les atteignent rarement – mais ce que les gouvernements font dans les pays pauvres. Le fait est que les aides étrangères aggravent la pauvreté en rendant les gouvernements moins attentifs aux besoins des pauvres, et ainsi leur fait du mal. »
Quel terrifiant réquisitoire !
Et ce n’est pas terminé…
 « La conditionnalité viole la souveraineté. », c’est-à-dire que le fait de conditionner l’octroi d’une aide à telle ou telle réalisation qui est décidée par le pays qui la fournit, conduit à déresponsabiliser et infantiliser le destinataire. Si les montants sont très élevés, le gouvernement local est un peu comme une marionnette artificiellement pilotée à distance.
Cela conduit Angus Deaton à ce raccourci : « Les projets d’investissements agricoles sont construits pour une économie imaginaire et ont autant de chances de réussir qu’un projet de faire pousser des fleurs sur la lune. ».
Aussi, « si la pauvreté et le sous-développement sont les conséquences de la faiblesse des institutions, alors en les affaiblissant ou en les freinant, les flots importants d’aides aboutissent exactement à l’inverse de ce qu’ils cherchent à faire. »
Quant aux programmes portant sur la santé, le bilan des programmes dits verticaux, c’est-à-dire ciblant une maladie précise, sont efficace par rapport à cette maladie qu’ils arrivent à effectivement éradiquer. Mais il y a des dommages collatéraux : 
« Les programmes verticaux d’aide médicale – comme contre le SIDA – ont des résultats positifs contre les maladies qu’ils visent, mais en détournant les ressources locales en leur faveur, ils diminuent de fait la mise en place d’une organisation locale horizontale de la santé : ils la désorganisent par exemple en retirant les infirmières et les aides paramédicales à leurs tâches routinières. »
Que faire ?
Angus Deaton propose malheureusement peu de solutions… 
Parce qu’il ne peut pas être question de ne rien faire, parce qu’admettre de voir une partie importante de l’humanité ne pas profiter de la « Grande Évasion », voici les quelques pistes évoquées à la fin du livre :
- Avoir une action pédagogique au sein de nos pays pour expliquer l’effet dévastateur des aides massives,
- Avoir une vue globale de ce que l’on fait dans un pays donné à travers tous les traités, les échanges, le commerce mondial, la banque mondiale, le FMI…
- Soutenir prioritairement les pays dotés d’un vrai gouvernement local, tout en étant conscient que l’on ne peut pas abandonner les autres qui sont justement les pays qui ont le plus besoin d’aide,
- Pour aider un pays, le mieux est de lui garantir un prix minimum d’achat de ses productions, et de le laisser choisir ce qu’il fera de cette ressource financière,
- En cas de soutien direct, privilégier des programmes de base comme la qualité de l’eau, l’assainissement, ou la lutte antiparasitaire. C’est plus complexe, mais plus efficace.

18 avr. 2016

BIENVENUE DANS LE MONDE DES INÉGALITÉS EN TERME DE RICHESSES

The Great escape – patchwork (3)
Après l’espérance de vie, qu’en est-il de la répartition des richesses ? Pour cela, commençons par un zoom au sein des États-Unis.
Sans entrer dans le détail, l’idée essentielle à retenir est qu’après une période allant jusqu’aux années 1980 où les inégalités se sont fortement réduites, elles croissent à nouveau. Ceci s’observe aussi bien par l’évolution de la part des hauts revenus que l’évolution de la pauvreté. La baisse de cette dernière s’est arrêtée à partir des années 70, et les écarts semblent maintenant stabilisés.
Ce retour des inégalités s’est aussi accompagné d’une profonde transformation du type de bénéficiaire : « Non seulement il y a eu des mouvements majeurs pour les hauts revenus, mais les bénéficiaires ont aussi changé. Dans les premières années, les hauts revenus venaient du capital, et les personnes les plus riches étaient ce que Piketty et Saez appellent des "coupon clippers" (= rois des coupons) qui percevaient pour l’essentiel des dividendes et des intérêts. Les fortunes correspondantes se sont érodées au fil des ans à cause de l’accroissement progressif des salaires et des impôts. Ceux qui vivaient de leurs fortunes ont été remplacés par les PDG de grandes entreprises, les banquiers de Wall Street ou les gestionnaires de fonds, qui perçoivent des salaires, des bonus et des stock options. »
Le lien entre ces niveaux de rémunérations et les performances réelles pose question : 
« Est qu’un riche s’enrichit aux dépens de tous les autres, ou parce qu’étant plus éduqué et talentueux, il est plus productif, par exemple en inventant une nouvelle façon de faire les choses plus efficace, ce pour le bénéfice de tous ? »
« Une étude monde que les dirigeants des groupes pétroliers sont mieux payés quand le prix du pétrole est élevé, suggérant que des bonus leur sont payés parce que l’argent est là et non pas parce que les bénéficiaires l’ont mérité »
« Le phénomène de "causalité cumulative" entre argent et politique est très peu documenté, bien que les spécialistes politiques et les économistes ont commencé à s’y intéresser. Nous manquons actuellement de notions précises sur l’importance des ses conséquences variées : quelle part de l’accroissement des hauts revenus due au lobbying et aux autres activités politiques, quelle fraction attribuée à cause de la productivité élevée des top managers, et jusqu’où l’activité politique provient d’intérêts opposés aux autres, notamment les syndicats qui sont aussi représentés à Washington. »
« Parmi les pays conquis par les puissances européennes, les pays qui étaient riches sont maintenant pauvres, et ceux qui étaient pauvres sont maintenant riches. De tels retournements de fortune devraient nous mettre en garde contre la croyance que la prospérité moderne et la croissance économique sont garanties comme quelque chose que nous avons toujours connu et qui ne disparaitront jamais. »
« Des économistes estiment que la croissance économique parle surtout de produire plus de biens – plus de maisons, plus de jupes et de chemises, plus de tables et de chaises – alors qu’aujourd’hui, c’est surtout en produire de meilleurs. Mais mesurer « le meilleur » est beaucoup plus difficile que mesurer « le plus », aussi, il est a minima possible que les statisticiens passent à côté de plus en plus de la réalité des temps présents. »
Qu’en est-il maintenant au plan mondial ?
On constate une résorption forte de la pauvreté, tirée essentiellement par la Chine et l’Inde. Par contre l’Afrique sub-saharienne reste à l’écart de cette convergence.
Ceci se confirme quand on observe la convergence du PIB par habitant des 24 pays les plus riches, alors qu’il n’y a rien de tel au sein de tous les pays. 
La convergence exclut une bonne partie du monde : « Les moyennes ne sont pas une consolation pour ceux qui sont laissés derrière. (…) Quelques pays ont été capables de saisir les opportunités pour combler leur retard. (…) Dans le même temps, d’autre sont plus pauvres en 2010 que 50 ans plus tôt. »
Et attention toute relation simpliste entre croissance démographique et pauvreté : 
« Il peut sembler évident que si la nourriture du monde et des autres biens sont partagés entre plus de monde, cela en fera moins pour chacun, (…) La question de l’appauvrissement par la quantité n’est pas une question d’arithmétique ; c’est une question de savoir combien chaque nouvelle personne ajoute, pas seulement ce qu’elle coûte. Peut-être le récit le plus simple est que chaque bouche vient avec une paire de bras : trop simple pour être certain, mais une meilleure approximation de la vérité que celui où une nouvelle personne n’apporte rien. (…) En dépit des prophéties de catastrophes, l’explosion de la population n’a pas plongé le monde dans la famine et la déinstégration. Au contraire, les cinquante dernières années ont vu non seulement décroître la mortalité à cause de cette explosion, mais aussi une sortie massive de la pauvreté et de la privation que l’explosion de la population était supposée créer. (…) Les nouvelles idées qui viennent de certains de ces nouveaux cerveaux sont bons non seulement pour leurs propriétaires mais pour toute l’humanité. »
« Les enfants qui seraient morts autrefois n’ont plus "besoin" de naître, évitant à leurs mères la corvée et les dangers d’autres grossesses et aux parents la souffrance de leurs morts. (…) Ils sont libres de poursuivre d’autres activités, comme l’éducation et le travail en dehors de la maison. Ils ont aussi plus de ressources et de temps à consacrer pour la formation et le développement de chaque enfant qui a survécu. »
(à suivre)

15 avr. 2016

DOUBLE INCENDIE

Fin

Bientôt la nuit sera totale, 
Mais le soleil n’a pas encore tout à fait fini de disparaître.
Depuis longtemps le feu déchire le bois, 
Mais l'entremêlement de branches n’est pas encore qu’un souvenir.
Bientôt, seule la lueur rouge des braises éclairera les lieux, 
Car celle des cieux se sera éteinte.
Ensuite, elle aussi disparaîtra, 
Et je n’aurai alors plus qu’à me retirer silencieusement.
Car celle des cieux se sera éteinte.
Alors la nuit et le vide règneront... jusqu'à demain
(montage de deux photos prises en Drôme provençale en février 2012)

13 avr. 2016

LA BATAILLE CONTRE LA MORT : UN COMBAT ENCORE LARGEMENT INÉGAL

The Great escape – patchwork (2)
Frappant de voir combien l’espérance de vie moyenne a stagné autour de 40 ans – à part quelques chutes lors des épidémies –, jusqu’à la fin du 19ème siècle… sauf pour les ducs : pour eux, la grande évasion du pays de la mort a commencé dès le milieu du 18ème siècle, soit 150 ans plus tôt. Cette observation faite en Angleterre est valable pour toute l’Europe.
Depuis, c’est l’envolée régulière grâce à la quasi disparition de la mortalité infantile et au traitement des grandes maladies : de plus en plus on n’y meurt essentiellement plus que de vieillesse… ou d’accident. L’inégalité face à la mort a donc largement disparu dans nos pays.
Changement majeur s’il en est : « Pourquoi l’espérance de vie a-t-elle doublé de 40 à 80 ans en 150 ans ? Vu la longue histoire de milliers d’années de stabilité et même de décroissance, c’est sûrement un des changements le plus spectaculaire, rapide et positif de l’histoire de l’humanité. Non seulement presque tous les nouveaux nés deviennent des adultes, mais chaque jeune adulte à plus de temps pour développer ses compétences, ses passions, sa vie, un gigantesque accroissement des capacités et du potentiel pour le bien-être. »
Qu’en est-il maintenant des autres pays ? Partout on constate une progression de l’espérance de vie, mais avec un retard qui reste important, même s’il tend lentement à se réduire : on vit aujourd’hui encore environ 25 ans de moins en Afrique sub-saharienne et une quinzaine années de moins en Asie.
Un seul cas réellement spectaculaire dans cette analyse, celui de la Chine qui a réussi dans les années 60 à mettre fin à la famine et a ainsi considérablement réduire son handicap.
Le tableau d’aujourd’hui est malheureusement clair :
- Dans les pays les plus riches, plus de 80 % des morts ont plus de 60 ans et moins de 1% moins de 4 ans, versus respectivement 27 et 35% dans les plus pauvres,
- Le cancer et les maladies cardiovasculaires représentent près de deux tiers des décès dans les pays les plus riches, versus 20%,
- Les maladies comme les infections respiratoires, les diarrhées, le Sida ou la tuberculose ont été quasiment complètement éradiquées dans les pays riches…
Un constat donc sans appel qui montre qu’il y a bien une corrélation entre le niveau de vie et l’espérance de vie.

(à suivre)

11 avr. 2016

QUALITÉ DE VIE, ESPÉRANCE DE VIE ET POUVOIR D’ACHAT

The Great escape – patchwork (1)
Tirant son titre du célèbre film, le livre d’Angus Deaton, prix Nobel d’économie 2015, est le récit de la vraie « Grande évasion », celle de l’humanité face à la privation et à la mort. Où en sommes-nous et quelles sont les inégalités en matière de bien-être et santé ? Comment comparer les situations entre les pays ? Quelles sont les politiques qui ont été menées et ont-elles été efficaces ?
Ceci n’est pas un résumé de ce livre, mais un patchwork personnel, construit autour de ce qui m’a le plus frappé.
Forte corrélation d’abord entre qualité de vie (1), espérance de vie et pouvoir d’achat : dans les deux cas, on observe un lien direct avec le niveau de revenu par habitant d’un pays ("GDP per capita"), et une corrélation quasiment linéaire (2). Une démonstration de l’exactitude du proverbe qui affirme que « si l’argent ne fait pas le bonheur, elle y contribue » ! 
Quelques pays surperforment en matière de qualité de vie comme le Danemark, à l’inverse d’autres comme le Japon ou la Bulgarie. Notons aussi le décrochage de la durée de vie au Nigéria, Angola et Afrique du Sud où les ravages du sida se font sentir…
Pourquoi un telle proximité entre espérance de vie et qualité de vie : l’hypothèse est que bien vivre dans un pays, c’est d’abord pouvoir y vivre longtemps. Première inégalité majeure donc : selon le pays où l’on naît, on vivra plus ou moins longtemps.
Changeons maintenant la question et au lieu de demander une appréciation sur la qualité de vie, posons une question plus personnelle sur les émotions positives ou négatives éprouvées la veille. Cette fois, la dispersion est beaucoup plus forte et la corrélation avec le niveau de revenu moins nette. Les Danois ou les Italiens se déclarent cette fois nettement moins heureux, alors que des pays comme le Bangladesh ou le Népal le deviennent. Où l’on voit donc que la contribution de l’argent au bonheur n’est pas si nette !
Faisons enfin attention à ne pas tirer des conclusions trop hâtives de toutes ces comparaisons et ces jugements apparemment objectifs : tout repose sur la capacité à comparer les niveaux de revenus entre pays. Or comment savoir quelle est la valeur d’un dollar entre des pays aussi dissemblables ? 
Déjà que ce n’est pas si facile à faire entre des pays apparemment proches comme l’Europe et les États-Unis, comment le faire avec l’Afrique, l’Amérique du Sud ou l’Asie ? 
Premier exemple : « Un des produits de base pour un Britannique est la pâte à tartiner Marmite. Chez eux, c’est bon marché et tout le monde l’achète. Aux États-Unis, Marmite est disponible, mais cher (…) Si nous comparons les prix entre les deux pays à partir de Marmite, nous allons conclure que les USA sont un pays très cher. Si nous regardons maintenant les prix relatifs de biens très courants aux USA – comme par exemple les crackers Graham ou le bourbon qui sont rares et chers en Grande Bretagne –, alors ce sera la Grande Bretagne qui deviendra un pays cher. ».
Autre exemple : « Compte-tenu de l’incertitude de 25 % sur la parité en pouvoir d’achat ("PPP"), nous pouvons dire seulement que le pouvoir d’achat d’un Chinois converti en dollars se situe en 2011 entre 13 et 22 % de celui d’un Américain. La puissance économique totale de la Chine se situe elle quelque part entre 56 et 94 % de celle des États-Unis. ».
Difficile de s’y retrouver : attention à un excès de mathématiques, et surtout à tous les raisonnements basés sur des décimales !
(à suivre)
(1) Évaluée à partir d’une question posée aux habitants : quelle est leur qualité de vie ressentie sur une échelle de 1 à 10 (de la pire à la meilleure vie)
(2) En échelle logarithmique, c’est-à-dire qu’à chaque graduation, la valeur est doublée, ou, formulé autrement, cela signifie que plus le revenu augmente, plus la variation doit être importante pour obtenir le même effet.

8 avr. 2016

RAPPROCHEMENT INSOLITE

Sans raison
L’un peut voler, l’autre pas.
L’un n’a qu’un spectateur, l’autre une myriade de jeunes lycéennes.
L’un est posé sur le sol, l’autre surplombe le paysage.
L’un est sur un ilot au sud des Philippines, l’autre est l’emblème de la fière Singapour.
Ni l’un, ni l’autre ne connaît son frère opposé et improvisé.
(photos prises aux Philippines et Singapour en août 2013)

6 avr. 2016

LA NÉCESSITÉ DE PENSER ET AGIR GLOBALEMENT

Interview par Jean-Michel Lobry - WEO TV (6)
Pour réussir le changement, il faut penser et agir globalement, l'inverse des Horaces et des Curiaces

4 avr. 2016

LES DÉPENSES PUBLIQUES INUTILES

Interview par Jean-Michel Lobry - WEO TV (5)
Quelques exemples de dépenses publiques inutiles

1 avr. 2016

DISJOINTS

Moments volés
Nous ne voyons que lui, un peu de corde et beaucoup de bleu,
Son regard est au loin, ailleurs, tourné vers ce qui nous échappe.
Nous ne savons rien de ce qui le préoccupe, il ne sait rien de nous qui le regardons,
Incompréhensions, parallèles, disjonctions temporelles et spatiales.
Nous sommes les voyeurs de lui qui agit,
Lui est l’acteur d’un théâtre involontaire.
Logique de ces moments volés à coup de pixels numériques,
Logique de ces mondes qui ne font que se frôler.
(montage de photos prises en Inde, à Varkala en janvier 2014)