Nous ne voyons pas, nous interprétons ce que nous voyons… ce qui peut être source de déformations !
Nous croyons voir, mais en fait, c'est faux : nous ne percevons pas directement les informations transmises par le nerf optique ; elles n'arrivent à notre système conscient – le seul dont, par définition, nous sommes conscients ! – que traitées par notre cerveau, et ce sans que nous nous en rendions compte, c'est-à-dire inconsciemment.
De quoi se compose ce traitement ?
Tout d'abord d'une recherche d'identification de l'objet ou de la situation observée. Nos processus inconscients vont analyser les informations fournies par nos yeux, les rapprocher de tout ce qui a été stocké dans notre mémoire – ce que nous avons vécu, ce que l'on nous a raconté, ce que nous avons lu, … – et en tirer un diagnostic sur le « sens » de ce qui est vu : s'agit-il d'une table, d'un enfant ou d'un match de football…
Ensuite, toujours à partir de notre expérience passée, des propositions d'action seront élaborées : si c'est un lion qui est train de s'approcher, une action de fuite est proposée spontanément ; si c'est un gâteau, l'envie de manger sera amorcée…
Enfin, en cas de menace immédiate, des mesures de survie seront déclenchées automatiquement, ce sans que nous ayons à prendre une décision consciente : si un objet se dirige rapidement vers notre tête – les baskets pour Georges Bush (voir « Quand le Président des États-Unis tire parti de ses processus inconscients ») –, un mouvement automatique d'évitement est fait.
Il en est de même en entreprise quand elle analyse son marché, sa concurrence et les attentes de ses clients. Elle est incapable d'avoir accès directement aux informations brutes : tout passe par le filtre de la connaissance et de l'histoire de l'entreprise et de ses membres.
Comme pour un individu, c'est une source d'enrichissement et d'efficacité : déclenchement automatique d'actions si nécessaire, mobilisation de l'expérience pour analyser la situation et proposer des actions…
Oui mais à la condition que toute l'expérience accumulée et l'expertise ne viennent pas déformer la vision et faire prendre les mauvaises décisions.
Notamment très souvent l'entreprise peut se tromper sur les attentes des clients (voir « Quand l'entreprise est trompée par sa trop grande expertise » et « Quand on se pose une question qui n'existe pas »)
Le bouddhisme recommande le « lâcher prise » pour vivre le réel tel qu'il est, pour lutter contre les constructions mentales, et se rapprocher de la sensation directe.
Finalement tout ceci revient pour une entreprise a d'abord apprendre à oublier son expérience pour « redécouvrir » une situation telle qu'elle est. L'entreprise aussi doit apprendre à « faire le vide » !
2 commentaires:
Bonjour,
Tout d'abord, bravo pour votre site et pour la biliographie!
Les "paradygmes" utiles à notre fonctionnement opérationnel peuvent en effet nous masquer la vérité. Cela arrive même tous les jours dans le processus de vente.
Pour autant oublier tout c'est perdre le bénéfice de l'expérience et, par les temps qui courent, les entreprises semblent ancrées dans l'opérationnel là où, peut-être, un regard neuf leur permettrait un meilleur rebond.
Peut-être la résolution de cet apparent paradoxe à court terme(sens / résultat)réside-t-il dans la diversité des équipes, chacun voyant la norme collective à l'aune de son propre prisme, et introduisant de la nuance dans une mécanique parfois trop bien huilée.
Il ne s'agit pas bien sûr de "tout oublier", mais de commencer (au moins de temps en temps) par un regard neuf et "vierge", puis ensuite de mobiliser son expérience.
Oui avoir des équipes mixtes mélangeant des cultures, des sensibilités et des expériences différentes est très important pour éviter ce piège
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