Voilà arrivé le temps des vacances de la Toussaint, temps des enfants. Occasion pour moi d'aller me perdre un temps dans mes arbres en Provence, et ce avec mes deux petits-fils. Tous les trois seuls, nous allons nous lancer dans le début de la taille hivernale.
Il m'a donc semblé logique – et aussi commode ! –, de faire une parenthèse sur ce blog en poursuivant mon histoire de caverne commencée en juin, puis en août. Un résumé permettra de resituer où nous en sommes. Si jamais vous trouvez comme une résonance entre cette histoire et ce que je développe sur ce blog, c'est probablement parce que c'est moi qui l'ai écrite aussi…
Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 1)
Rappel (rapide) des saisons 1 et 2 : Nous sommes à l'époque lointaine des cavernes. Après pas mal de démêlés et de luttes fratricides, je viens d'enterrer la hache de guerre avec Johnny, mon grand rival : je me suis concentré sur mon domaine de prédilection, la finance, banque et assurance, lui sur l'innovation technique et l'industrie. De plus nous possédons ensemble un réseau de panneaux d'affichage qui servent de support à notre journal « Ici la Caverne ». Jojo le devin et Paulo le magicien sont eux associés dans P&S, « Prévoir et savoir », société spécialisée dans la prévision et les notes de conjoncture ; ils sont aussi actionnaires minoritaires du réseau d'affichage. Tout allait parfaitement pour nous, mais l'impossible venait de se produire : une femme était venue depuis au-delà du bout du monde et commençait à nous inonder de ses produits. Le temps de la mondialisation venait de sonner (pour plus de détails vous pouvez lire la saison 1 et la saison 2 de mon histoire de caverne).
« Je viens de faire le calcul, commençai-je : nos ventes ont baissé de 5% et surtout les prix ont baissé de 30%. Si cela continue comme cela, nous allons à la catastrophe. »
Autour de moi, ils étaient tous là : Johnny, Jojo et Paulo.
« Mais non pas du tout, répondit Paulo en se levant et en sortant une série de pierres plates couvertes de signes. Je viens de modéliser la situation du marché actuel et son évolution future, nous ne risquons rien.
- Tu viens de quoi ? De madériser le marché ?
- Mais, non, dit-il en éclatant de rire. De le modéliser. Je viens d'inventer ce mot en même temps que cette technique. Il s'agit d'une nouvelle approche de la prévision, beaucoup plus précise et sérieuse. Laissez-moi vous expliquer. Voilà sur cette grande pierre, tous les signes que vous voyez, décrive notre position actuelle. Les lignes sont les produits que Johnny a développé, je les ai regroupé par famille – les roues, les graines, les jeux, …–, pour rendre la lecture plus facile.
- Tu parles, comme c'est plus facile. Je ne comprends même pas ce que veut dire un seul de tes traits.
- Toi, peut-être, mais moi, je comprends. Et ton fils, Thomas aussi. Il va finir magicien celui-là, si cela continue. Donc voilà pour les lignes. Les colonnes, ce sont les mois ou les années. A gauche, le passé, à droite, le futur.
- Le quoi encore ? C'est quoi c'est histoire de passé et futur.
- Le passé, c'est ce qui a eu lieu. Le futur, c'est ce qui n'a pas encore eu lieu. Le passé de demain, si tu veux
- Mais quel est l'intérêt d'un tel charabia : ce qui est déjà arrivé, je n'y peux plus rien. Et ton futur, comme il n'a pas eu lieu, il n'a pas d'intérêt, non plus. Tu nous fais vraiment perdre notre temps.
- Attends. A partir du passé, je peux savoir ce qui va arriver demain. Car j'ai aussi tenu compte des produits de Jordana. Je sais ce que sera le futur. Il y a une incertitude liée aux aléas du calcul, mais j'ai pu aussi l'évaluer et elle est négligeable. Eh bien, je peux vous affirmer, en tenant de la progression de la demande, de l'élasticité au prix, de l'impact de la nouvelle politique de communication que vous venez de lancer, sans oublier l'arrivée d'une nouvelle lune, dans six mois, plus personne ne voudra acheter les produits de Jordana.
- Tu en es sûr. Et toi, Jojo, tu en penses quoi ?
- Paulo m'avait montré tout cela avant. Je suis allé faire quelques prières, j'ai égorgé deux poulets, tout concorde : Paulo a raison.
- Donc nous n'avons qu'à attendre six mois, c'est cela ?
- Oui, affirma Paulo. Dans six mois, Jordana et ses maudits produits auront disparu.
- Très bien, c'est ce que nous allons faire alors. »
(à suivre)
2 commentaires:
Concluez-vous que le raisonnable ne peut pas s'affranchir du sacré (ou d'une pensée magique) pour emporter l'adhésion générale ?
Cordialement
Dominique
non pas vraiment ! Simplement je pense que, comme nous avons du mal à assumer le fait d'être face à l'incertitude, et que, face à elle, nous en appelons au sacré ou à la magie... cela nous rassure !
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