14 avr. 2010

IL Y A UNE DISSOCIATION ENTRE LE TEMPS HUMAIN ET LE TEMPS DE L’INFORMATIQUE

Le temps n'a pas de vitesse

En 2008, Stéphane Paoli a réalisé un documentaire centré sur le philosophe français, Paul Virilio. Ce film intitulé « Penser la Vitesse » est une réflexion riche sur le temps (diffusé sur Arte et disponible sur Arte Vidéo).

En voici, un patchwork :
« Un original, une œuvre d'art intègrent de la durée. Avec un clic de souris, on peut copier tout en numérique et l'envoyer au monde entier. (…) Il faut faire de sa vie un original, c'est-à-dire une œuvre d'art. » (Joël de Rosnay)
« Le temps n'a pas de vitesse. (…) Ceci sous-entendrait que le temps se déplace par rapport à lui-même. (…) Ce qui accélère, c'est ce qui se passe dans le temps et pas le temps lui-même. » (Etienne Klein, physicien CEA)

« La vitesse, c'est la violence suprême. Avec une main, on peut caresser ou gifler. » (Paul Virilio)
« Le monde virtuel, c'est le sixième continent. C'est un substitut à la patrie. C'est une colonie de substitution. » (Paul Virilio)    
« On a une synchronisation des émotions, une mondialisation des affects en temps réel. (…) Une communauté d'émotions remplace les communautés d'intérêts. » (Paul Virilio)
« On est au bord du monde la totalité. Il va falloir gérer le tragique de la situation. (…) Le 20ème siècle m'apparait vraiment obsolète. (…) C'est tragique, mais pas triste. » (Paul Virilio et Enki Bilal)
« Un optimiste, c'est un homme qui voit une chance derrière chaque calamité. » (Winston Churchill)

« Avec l'informatique, on est passé à la nanoseconde, la picoseconde. Ce sont des temps plus rapides que le temps humain. (…) Il y a une dissociation entre la perception et la vitesse des échanges : c'est très aliénant. » (Jeremy Rifkin, Foundation on Economic Trends), 
« Plus la vitesse s'accroît, plus l'impatience aussi. On a de moins en moins d'attention et de concentration, on zappe, car on est distrait par la quantité de l'information permanente, le bruit. (…) Notre cerveau n'est pas multitâche. (…) Nous sommes moins concentrés, moins attentifs, moins introspectifs, moins prospectifs, toutes qualités nécessaires pour affronter ce monde complexe. » (Jeremy Rifkin)
« On ne peut pas s'ajuster à la vitesse et à la densité des échanges. On prend des drogues pour essayer de se réadapter (car la drogue accélère ou ralentit notre référentiel temporel). Il y a un décalage entre la temporalité personnelle et celle de la société. » (Jeremy Rifkin)
« Dieu est si efficace qu'il peut exiger quelque chose, et que ça arrive sans aucune durée, sans que le temps s'écoule. Instantanément. (…) Le niveau suprême d'efficacité, c'est optimiser le rendement dans un laps de temps si court qu'il n'y a plus de durée. (…) Ainsi on est constamment en vie. » (Jeremy Rifkin)

8 commentaires:

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Tout ceci inspire le désir de se la couler douce..Vous n'êtes pas d'accord?D'autant que nous avons pris la fâcheuse habitude de régler notre temps-humain trop humain-sur la "volonté de puissance "de l'ordinateur.Cette distorsion dommageable modifie profondément les consciences .

Robert Branche a dit…

Effectivement, je crois qu'il est temps de reprendre la maîtrise de notre temps... il est urgent de moins se presser... il faut se presser de reconsidérer ses urgences...
Le temps est comme un jeu de miroirs
: plus nous accélérons, plus nous avons l'illusion d'aller plus vite, or c'est juste un effet de l'ivresse de la course...
il faut réapprendre à ralentir pour approfondir et ajuster le rythme à ce que l'on observe et fait. Comme le dit un proverbe chinois, ce n'est pas en tirant sur un arbre qu'on le fait pousser plus vite...
Il n'en reste pas moins que l'ordinateur est un outil précieux (comment tenir ce blog sans ordinateur ?), mais ce n'est qu'un outil et ce n'est pas lui qui doit donner le rythme.

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

J'en conviens:l'ordinateur permet cette relation rapide ,à laquelle toutefois,il convient d'être attentif:nous avons oublié avec cette montée en puissance de la vitesse ,ce temps de l'attente,la patience comme vertu.Et c'est en cela aussi que se modifient les consciences d'où cette formule que je vous livre rapidement"Je clique donc je suis"

Robert Branche a dit…

Une des solutions pour lutter contre le risque de l'excès de vitesse est de ne pas savoir taper sur un clavier. Comme cela, on fait des fautes, on est obligé de relire, de corriger... d'où une "perte" de temps, ou plutôt un temps ralenti que l'on peut mettre à profit pour réfléchir.
Finalement être un cancre du clavier préserve la pensée !

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Voilà un remède pour éviter le "pire" en effet...je partage

Robert Branche a dit…

C'est un des dangers de la trop grande expertise : on va de plus en plus vite, on ne prend plus le temps de regarder le réel et d'analyser une situation... et on se précipite sur ce que l'on connait et que l'on a déjà vécu.
Finalement la "maladresse" est source, souvent, de plus de compréhension... au prix de plus de lenteur...

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Gaston Bachelard nous a confié en son temps "que toute vérité est une erreur corrigée" et même si de la vérité on peut discuter,comme des vérités ,probablement revenir sur le métier cent fois comme disaient les Anciens ,peut paradoxalement nous éclairer bien davantage qu'une avancée fulgurante.Mais,semble-t-il,nous avons changé,du moins "chez nous"notre façon de faire avec tout cela, et avec le temps...

Anonyme a dit…

Ce qui est étonnant, mais à la réflexion, signe d'un juste retour des choses, c'est que ce genre de pensée se retrouve "dans le temps" si j'ose dire...
Qu'il s'agisse des latins "Festina lente" (hâte-toi lentement) ou des poètes français (Hâtez-vous lentement et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage - Boileau, ou encore le très pédagogique "lièvre et la tortue") le rapport au temps, celui qui passe, celui dont on dispose ou que l'on prend (devrait prendre ?) pour faire les choses n'a pas attendu l'ordinateur et la transmission de l'information à la vitesse de la lumière pour nous laisser nous interroger sur le réel besoin d'aller vite, très vite, parfois, trop vite, souvent ...