5 sept. 2011

L’AGORA EST DANS LE CIEL !

Émergence : de la fourmi à la fourmilière, de l’abeille à la ruche (3)
Poursuite de cette promenade parmi les propriétés étonnantes des fourmilières, toujours largement inspiré par les émissions de Jean-Claude Ameisen. Après avoir été capable de construire un radeau insubmersible, avoir inventé l’agriculture et l’élevage(1), les voilà qui sont capables de :
  • Trouver le plus court chemin entre deux points : elles peuvent faire émerger de solutions optimales à partir de connaissances uniquement locales. Pour cela, elles explorent le territoire au hasard et laissent des phéromones qui recrutent des autres fourmis : plus le chemin est court, moins il y a d’évaporation et donc davantage de recrutements, et au bout d’un moment, tout le monde passe par le voie la plus rapide. Elles savent même gérer des réseaux dynamiques, complexes et changeants, car elles savent aussi mémoriser une direction. 
  • Optimiser la circulation : avec elles, jamais d’embouteillages. Et souvent des soldats immobiles sont sur les côtés pour protéger le flux.
  • S’adapter en fonction de leur environnement : l’expérience individuelle vient compléter, voire infléchir le conditionnement originel. Ainsi chez certaines familles de fourmis, si une exploratrice ne trouve jamais de nourriture, elle finit par se spécialiser dans des tâches internes à la fourmilière. A l’inverse, celles qui ont du succès, sortent de plus en plus. Bel exemple de plasticité cérébrale collective
Les abeilles de  leur côté ne sont pas en reste, car elles peuvent :
  •  Faire part à leurs congénères de leurs découvertes : de retour à la ruche, en exécutant comme une danse, elles communiquent le résultat de leurs recherches. La qualité de la découverte est donnée par la vitesse du retour final et le nombre de circuits, la direction par l’angle de la montée par rapport à la verticale, la distance par la durée de la montée. Ensuite, à cette distance et dans cette direction, les abeilles n’ont plus qu’à chercher l’odeur dont l’abeille d’origine était imprégnée. Et comme elles sont sensibles à la polarisation de la lumière, aux rayons ultra-violets, elles trouvent leur chemin même si le soleil est caché. Pratique, non ? Et une vidéo pour vous montrer la danse de l'abeille :

  • Procéder par démocratie majoritaire : la colonie ne décidera la localisation de la nouvelle ruche qu’après un vote démocratique et collectif. Comment ? Facile… D’abord plusieurs centaines d’abeilles partent séparément à la recherche d’un nouveau site adéquat. Chacune procède à une évaluation attentive (volume de la cavité, isolement thermique, isolement par rapport à l’humidité et la pluie, taille de l’ouverture – ni trop grande, ni trop petite -), puis revient pour faire un compte-rendu dansé. Les éclaireuses qui n’ont rien trouvé, si elles sont séduites par la danse, vont à leur tour évaluer le site potentiel. Ainsi petit à petit, les destinations les plus intéressantes recrutent de plus en plus d’éclaireuses. Une option se dégage, et à un moment, il y a un consensus qui se fait et toute la colonie s’envole.                                                     

2 commentaires:

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Te voilà apparenté à l'entomologiste ,cet observateur au regard acéré du petit monde...qui en dit long sur le grand.Ceci me rappelle l'ouvrage de Von Frisch :"Vie et meoeurs des abeilles" qui rapporte avec beaucoup de précision ,ces fameuses danses des abeilles...qui laissent rêveur et dont tu parles.Même si l'on est tenu de manière antrhopomorphique ,d'appliquer des termes généralement appropriés aux activités humaines ,il est évident que nous trouvons des similitudes entre les fourmis ,les abeilles et nous-mêmes et cependant des différences...

Robert Branche a dit…

Il y a effectivement à réfléchir sur nous-mêmes, à partir des fourmis et des abeilles, et c'est bien pour cela que je viens d'écrire ces billets.
Mais, au moins pour l'instant, je préfère laisser chacun penser ou rêver à ces similitudes et différences...