Incertitude, cloisonnement et propagation (2)
Il y a dix ou vingt
ans, nous n’étions, chacun de nous, soumis qu’à l’incertitude de ce qui était
autour de nous, à portée de notre vue et notre toucher. Nous savions que nous
pouvions subir le décès imprévu d’un de nos proches, que le ticket de loterie que
nous venions d’acheter pouvait être gagnant ou pas, qu’un client pouvait nous
faire défaut, qu’une machine pouvait brutalement se casser, qu’il était
imprudent d’affirmer qu’il ferait beau demain, etc.
Par contre, ce qui
se passait dans le lointain, dans une autre ville, un autre pays, un autre
continent, cela ne nous concernait pas. Nous pouvions regarder serein les
informations, sans nous sentir impliqué, car cela n’avait pas de conséquences
directes sur notre vie quotidienne, sur notre famille, sur notre emploi, sur
notre entreprise, sur notre pays. Ou plutôt la vitesse de propagation des
effets était suffisamment lente, pour que nous ayons le temps d’être informés
et d’avoir mis en place des actions correctives. Donc ce n’était plus incertain
pour nous.
Le monde était donc
partitionné, cloisonné, et nous en avions l’habitude. Nous étions protégés des
incertitudes des autres. Certes le champ géographique de propagation des
incertitudes s’était étendu au rythme du développement de l’énergie et des
transports, mais jusqu’à ces dernières années, la vitesse de propagation
restait limitée.
Avec le déferlement
de l’informatique, des télécommunications et d’internet, cette partition du
monde a volé en éclat. Tout se propage instantanément, et nous sommes directement
et immédiatement exposés à toutes les incertitudes. Et dès lors, l’aléa change
de dimension, et nos peurs se lèvent.
Eh bien, c’est
exactement ce qui se passe depuis peu : chacun de nous est soumis au jeu
de tous les autres.
Que faut-il faire
alors ? Essayer de reconstruire la partition du monde ? Prôner le
suicide collectif et immédiat, car il ne sert à rien de différer
l’holocauste ?
(à suivre)
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