27 juil. 2009

QUAND J&J JOUENT AVEC DES DISQUES…

Histoire de caverne (Saison 2 - Épisode 1)

Rappel (rapide !) de la saison 1 (cliquer pour la lire ou relire) : Pour permettre un meilleur développement de mes affaires, j'ai créé la première monnaie sous la forme de pierres. Rapidement, j'ai dû faire face à l'émergence d'une concurrence : Johnny et ses disques. Mes pierres sont alors devenues de billes de couleur et, pour asseoir ma suprématie, avec l'aide de mon ami Jojo le devin, nous avons lancé une agence de notation et de conjoncture. Aujourd'hui nous dominons le marché. Tout va bien…

« Cela ne peut plus durer, dit Jacques, tout en se resservant un verre.
- Oui, tu as raison, lui répondit Johnny. Je ne supporte plus de voir mes disques être dévalorisés sans cesse par le Devin et ses soi-disantes notes de conjoncture. Et en plus, il a maintenant le culot de me demander quelles sont mes prévisions de demande sur les disques. Comme si j'en avais la moindre idée ! Lui non plus d'ailleurs, mais comme il est le Devin, il peut dire ce qu'il veut, tout le monde le croît.
- Et comme Jojo sait que nous sommes amis, le voilà qui vient de prévoir la pluie pour mes nouvelles cavernes au Nord. »
Jacques continuait en effet ses projets d'extension. Il avait déjà tout un ensemble de cavernes avec vue sur le lac (voir notamment l'épisode 3 de la saison 1). Il venait d'avoir l'idée de se lancer dans une nouvelle aventure : créer tout un réseau de cavernes beaucoup plus au Nord à 2 jours de marche. C'était un endroit idéal : une colline avec des cavités naturelles, une vue magnifique sur une grande plaine giboyeuse, une rivière à côté.


Mais il était confronté à un double problème : le financement de son projet et la distance.
Pour le financement, il pouvait prendre appui sur ses cavernes existantes et le revenu qu'elles dégageaient. Mais cela ne suffisait pas : il devait emprunter de l'argent, et même pas mal. C'est pourquoi la prévision de pluie faite par Jojo – il continuait à l'appeler ainsi, car il l'avait connu à ses débuts, et il avait du mal avec son titre de Devin –, ne l'arrangeait vraiment pas. Il comptait aussi sur Johnny pour l'aider, mais cela supposait que ses disques se revalorisent. Et là à nouveau, il trouvait le Devin sur son chemin.
Pour la distance, il allait falloir tout porter sur une longue distance. Cela allait compliquer tous les travaux, au moins au début. Ensuite, il devrait pouvoir trouver sur place ce dont il avait besoin, et les ouvriers logeraient dans les premières cavernes. A leurs frais, bien sûr… Il faudrait aussi aménager le chemin pour aller à ces cavernes, sinon personne ne voudra s'y rendre.
Pas facile.
Machinalement, Johnny et Jacques – J&J comme on les appelait souvent – jouaient avec des disques sans s'en rendre compte. Dans un moment de colère, plusieurs leur échappèrent des mains.
Jacques pesta encore un peu plus contre lui. Si en plus, on en vient à casser le peu d'argent que l'on a, se dit-il à lui-même.
A l'inverse, l'œil de Johnny s'alluma tout en regardant les disques rebondir et se mettre à rouler sur le sol.
« Je crois que je viens d'avoir une idée. Et même une sacrée idée ! »
(à suivre)


24 juil. 2009

HISTOIRE DE BLOG

Du Neuromanagement au Lâcher-prise, 10 mois et près de 250 articles

Fin septembre dernier, j'ai commencé ce blog. Son objectif initial était de contribuer à faire connaître mon livre Neuromanagement.
Progressivement, il a évolué. Depuis ces dernières semaines, il m'a servi à commencer à mettre en forme mes nouvelles idées et à les tester. Cette "mise en débat" de ce qui va servir pour un prochain livre a été amplifiée par la reprise de bon nombre de mes articles sur d'autres sites, et singulièrement sur Agoravox.
Je me suis aussi "servi" de ce blog comme un moyen de faire passer mes amusements face à l'actualité et des situations.
J'ai volontairement évité les propos directement politiques, car ce n'est pas son objet.

Voilà arrivé le temps des vacances, et donc celui de faire une pause.
Je n'ai toutefois pas voulu que mon blog reste "muet" cet été.
Vous allez donc y trouver, au rythme de 2 épisodes par semaine - le lundi et le vendredi - la saison 2 de mon "histoire de caverne". J'espère que vous vous amuserez autant à la lire que moi à l'écrire.

Fin août, je reprendrai le fil de mes articles quotidiens. Mon nouveau livre sera alors en cours d'écriture, et il y aura naturellement un rebond entre les deux. Je ferai d'ailleurs évoluer alors le nom de mon blog.

D'ici là, je vais plonger à nouveau dans la jungle thaïlandaise et "perdre du temps" à regarder le Mékong se déployer paresseusement. J'espère que cette errance sans programme écrit à l'avance contribuera à aider à la maturation de mon livre, dont le thème central sera justement l'importance du lâcher-prise.
Bonnes vacances à tous !

23 juil. 2009

LES CHÊNES N'EN FONT QU'À LEUR TÊTE

Les truffes, c'est s'ils le veulent bien !

Pour clore, cette "chronique" sur mes relations avec les occupants locaux de ma maison en Provence, après les animaux, quelques lignes sur un végétal, le seigneur des lieux : le chêne truffier.
Lieu de mon conflit avec les sangliers, pères nourriciers de truffes, ils peuvent être blancs ou verts (les chênes verts sont à feuilles persistantes), grands ou petits (voir sur ce sujet, l'article : "Les chênes naissent égaux, mais cela ne dure pas").
J'aime ces arbres qui architecturent le terrain, mais, question truffes, vraiment la plupart ne font rien.
Paresse ? Incompétence ? Rébellion face à ce que l'on attend d'eux ?
Et si c'étaient les plus malins qui arrivaient à cacher si bien leurs truffes que ni les sangliers, ni les chiens ne les trouvaient... J'aime à m'imaginer des chênes complotant de la sorte.

Voilà, j'ai voulu terminer cette première année de mon blog par ces quelques billets d'humeur provençale. Une façon de glisser vers l'été et un peu de vacances.
A demain encore pour un dernier article qui vous introduira le "feuilleton de l'été" (mis en ligne au cours du mois d'août)....

22 juil. 2009

NON, JE NE SUIS PAS EN GUERRE CONTRE LE MONDE ANIMAL

Abeilles, fourmis et même crocodiles je vous aime !

Au travers de mes deux derniers écrits, je ne voudrais pas vous avoir donné l'impression que je suis en lutte avec tout le monde animal. Non, à part ma haine contre un pivert obstiné et mes démêlés avec des sangliers fantomatiques, tout va bien !
Côté abeilles, nous avons un "gentleman agreement" qui fonctionne bien : je plante des lavandes et les entretiens, elles butinent... et j'achète du miel.
Côté guêpes, c'est plus compliqué, mais nous avons trouvé un modus vivendi : chacun vit sa vie, car nous n'avons pas grand chose à nous dire. Elles viennent boire l'eau de la piscine, et, tant qu'elles ne piquent pas, tout va bien. Quand elles prospèrent de trop, je fais procéder à un "léger" contrôle des naissances sur les toits où elles habitent.
Côté fourmis, là non plus, rien de particulier, on cohabite : je contribue à leur subsistance au travers de tout ce qui tombe par terre ; elles mènent une existence fébrile à laquelle je ne comprends pas grand chose. Cela amuse certains des enfants de passage, fait peur à d'autres : elles font partie du folklore local.
Enfin côté crocodiles, c'est l'entente cordiale. Eh oui, il y a des crocodiles en Drôme provençale ! Même des crocodiles nucléaires, la plus grande ferme d'Europe. Ces êtres apparemment placides, immergés dans des eaux chauffées grâce à la centrale de Pierrelatte, font le bonheur des enfants. Il est vrai qu'ils ne quittent pas leur enclos...
Restent plein d'autres animaux - taupes, frelons, araignées, ... - avec lesquels la cohabitation ne pose pas non plus de problèmes particuliers. J'espère que d'avoir choisi de m'arrêter plutôt sur d'autres, ne les vexera pas. Mais je suis confiant, je les connais.
Reste que, face au pivert, ils ne font rien pour m'aider...

21 juil. 2009

LA GUERRE DES TRUFFES A LIEU

Il n'y a pas d'entente possible quand on veut la même chose !

Je vous ai parlé hier de ma "haine" d'un pivert. J'ai aussi des problèmes avec des sangliers.
Mais à la différence du pivert, ils respectent eux l'intégrité de mon patrimoine immobilier - le pivert ferait bien d'en prendre de la graine ! - et notre conflit est localisé dans le terrain, et plus précisément, autour des chênes truffiers.
Pourquoi je parle de conflit et non pas de confrontation ? Parce qu'il n'y a pas de doute : nous voulons la même chose. Nous ne divergeons pas seulement sur la méthode - ils ont leur groin, nous avons un chien -, mais nous sommes en compétition pour la conquête de la même chose : les truffes ! Toutes les truffes qu'ils mangent, c'est autant que je n'aurai pas. Pas de compromis, ni d'entente possibles.
Pourquoi les sangliers aiment-ils les truffes ? Bonne question. Sont-ils amoureux du goût ? Ou alors la truffe a-t-elle une valeur énergétique idéale recommandée dans le cadre d'un régime alimentaire ? Ou une affaire de fétichisme liée à une histoire qui remonterait aux origines des sangliers et des truffes ? Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils aiment les truffes. Et moi aussi...
Dernière remarque sur ce conflit qui dure depuis plus de vingt ans. Je n'ai encore jamais pu voir un seul sanglier. D'autres les ont vus, moi pas. M'évitent-ils ? Se sentent-ils coupables ? Craintifs ? Ou est-ce juste, une fois de plus, la loi du hasard ? Ou ... ? Ce que je vois, c'est, au matin, les dégâts, le sol labouré...
Mais malgré tout, ces sangliers me sont plus "sympathiques" que le pivert : lui, il s'attaque à la maison, c'est pire. Je peux comprendre et, à la limite, accepter que des sangliers mangent des truffes, c'est dans leur nature.
Mais qu'un pivert transforme des volets en gruyère, non !

20 juil. 2009

JE HAIS UN PIVERT !

Il y a des limites à ne pas à franchir… même pour les piverts

J'aime la campagne, son calme, le rythme naturel de la vie, celui des arbres, des animaux… et bien sûr aussi des oiseaux. Ou plutôt, des oiseaux en général, car je fais actuellement un blocage mental sur un pivert.

Je m'explique.

Tout a débuté il y a 2 ans quand ce pivert a commencé à exercer ses talents de perforateur sur les volets de ma maison en Provence.

Au début, rien de très spectaculaire. Était-il encore un dilettante à l'époque, ou alors trop jeune, ou trop peu expérimenté.

Toujours est-il que ses trous étaient peu nombreux et qu'il ne s'attaquait pas aux volets de la maison principale, préférant les volets en pin de la maison secondaire.

Puis tout a dégénéré quand il est tombé « amoureux » des volets en bois exotique. Il a amélioré sa technique en étant capable de s'attaquer même aux portes du garage, tout en faisant des ronds presque parfaits.

Il est alors entré dans une attaque délibérée de tous les volets et portes de ma maison. A ce jour, bien peu y ont échappé… mais pour combien de temps ? Les photos ci-jointes vous donnent une idée de son œuvre et de son talent.

Je reconnais que ce pivert est un « être d'exception », une forme d'artiste à sa façon, mais, là, il exagère vraiment.

Un matin alors que j'étais seul dans la maison, j'ai été réveillé par des coups réguliers. Un toc toc inconnu et entêtant. J'ai mis quelques minutes à comprendre qu'il devait s'agir de lui – le pivert – en train de s'attaquer au volet de la fenêtre de ma chambre. Je me suis alors précipité dans la salle de bain attenante, me suis penché par la fenêtre et l'ai vu, consciencieusement au travail. Il a tourné la tête. Pendant une seconde, nous nous sommes regardés, puis il a, lâchement, pris la fuite. Ce jour-là, j'ai regretté de ne pas être chasseur et de ne pas avoir une carabine.

Faire le vide, évacuer la haine accumulée, savoir prendre la vie comme elle vient, c'est facile à dire… mais quand on est face à une telle obstination, une telle volonté de nuire… Car enfin, des arbres, il y en a partout tout autour. Alors pourquoi s'en prendre à mes volets ? Que lui ai-je fait ? A-t-il été martyrisé dans sa petite enfance ? Est-ce qu'il ne supporte pas les lieux clos et obscurs ? Ou ….

Veuillez m'excuser de vous avoir pris à témoin de ce combat personnel, mais ce blog est aussi pour moi un exutoire. Et peut-être que le pivert va sur internet et lit mon blog. Qui sait ? Ou alors un de ses amis ? Et peut-être prendra-t-il conscience qu'il a largement dépassé les limites de la bienséance.

Car, comme cet enfant victime des agissements de son poisson rouge (voir la vidéo), je dis au pivert : « Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice ! ».

17 juil. 2009

« LE CHANGEMENT SE SUFFIT À LUI-MÊME, IL EST L’ÉTOFFE MÊME DU MOI ET DU MONDE »

Patchwork tiré de « Leçon sur la perception du changement de Henri Bergson par Jacques Ricot »

Sur le mouvement et le changement…

« A vrai dire, il n'y a jamais d'immobilité véritable, si nous entendons par là une absence de mouvement. Le mouvement est la réalité même, et ce que nous appelons immobilité est un certain état de choses analogue à ce qui se produit quand deux trains marchent à la même vitesse, dans le même sens, sur deux voies parallèles : chacun des deux trains est alors immobile pour les voyageurs assis dans l'autre. »

« Mais de quel droit avons-nous confondu le mouvement et l'espace qu'il parcourt ?... L'objet n'est pas un point, il y passe… L'immobilité n'est qu'une illusion spéculative née des besoins de la vie usuelle… Et, d'un but atteint à un autre but atteint, d'un repos à un repos, notre activité se transporte par une série de bonds, pendant lesquels notre conscience se détourne le plus possible du mouvement s'accomplissant pour ne regarder que l'image anticipée du mouvement accompli … Notre intelligence pense toujours en vue de l'action et c'est pourquoi elle doit prendre des vues stables sur le mouvant… Et la distance infranchissable qui sépare l'immobilité de la mobilité est de même nature que celle qui différencie les lettres de l'alphabet de la signification d'un poème. »

Sur la vue et l'ouïe…

« Écoutons une mélodie en nous laissant bercer par elle : n'avons-nous pas la perception nette d'un mouvement qui n'est pas attaché à un mobile, d'un changement sans que rien qui change ? Ce changement se suffit, il est la chose même… Sans doute nous avons une tendance à la diviser et à nous représenter, au lieu de la continuité ininterrompue de la mélodie, la juxtaposition de notes distinctes (…) parce que notre perception auditive a pris l'habitude de s'imprégner d'images visuelles… Faisons abstraction de ces images spatiales : il reste le changement pur, se suffisant à lui-même, nullement divisé, nullement attaché à une « chose » qui change… La vue est le sens de l'espace, l'ouïe est le sens du temps… Ainsi la page d'un livre est-elle composée d'un arrangement de lettres et de mots que l'on peut parcourir plusieurs fois et sur lesquels ont peut revenir… Par l'oreille, nous vivons au rythme de l'écoulement temporel et le champ auditif est celui de l'enchaînement inéluctable de sons que nous ne pouvons aménager à notre guide, car la propriété essentielle du temps est l'irréversibilité.»

Sur le moi et l'identité…

« Mais nulle part la substantialité du changement n'est aussi visible, aussi palpable, que dans le domaine de la vie intérieure. Les difficultés et contradictions de tout genre auxquelles ont abouti les théories de la personnalité viennent de ce que l'on s'est représenté, d'une part, une série d'états psychologiques distincts, chacun invariable, qui produiraient les variations du moi par leur succession même, et d'autre part un moi, non moins invariable, qui leur servirait de support… Il y a simplement la mélodie continue de notre vie intérieure, - une mélodie qui se poursuit et se poursuivra, du commencement à la fin de notre existence consciente. Notre personnalité est cela même… : La personnalité est tout entière dans la continuité mouvante et indivisible de la vie intérieure. Et c'est dans cette continuité que réside la substance du moi. »

Sur la conscience, le passé et le présent…

« Notre conscience nous dit que, lorsque nous parlons du présent, c'est à un certain intervalle de durée que nous pensons. Quelle durée ? Impossible de la fixer exactement ; c'st quelque chose d'assez flottant… En un mot, notre présent tombe dans le passé quand nous cessons de lui attribuer un intérêt actuel… Le passé est très exactement ce que l'attention ne tient plus sous son regard. »

« Le passé se conserve de lui-même, automatiquement… Ces faits, avec beaucoup d'autres, concourent à prouver que le cerveau sert ici à choisir dans le passé, à le diminuer, à le simplifier, à l'utiliser, mais non pas à le conserver… Mais cette opération n'appartient pas à la conscience, c'est la nature qui a inventé ce mécanisme, le cerveau, chargé de filtrer le passé. Le cerveau élimine le passé inutile à l'action pour ne retenir que ce qui peut servir le moment présent. ».

Sur ce qui existe vraiment…

« Il suffit d'être convaincu une fois pour toutes que la réalité est changement, que le changement est indivisible, et que, dans un changement indivisible, le passé fait corps avec le présent. »

« L'idée de détermination nécessaire perd toute espèce de signification, puisque le passé y fait corps avec le présent et crée sans cesse avec lui – ne fut-ce que par le fait de s'y ajouter – quelque chose d'absolument nouveau… Dans une situation analogue à celle des deux trains (…), c'est un certain réglage de la mobilité sur la mobilité qui produit l'effet de l'immobilité. »

16 juil. 2009

POURQUOI UN SHAMPOOING POUR CHEVEUX BLONDS ET PAS UN CARBURANT POUR 4X4 ?

Un marché est tel que ce que les leaders en ont fait

Quoi de plus différent que le marché du shampooing et celui du carburant ?

D'un côté, le marché du shampooing est un marché extrêmement segmenté avec des propositions multiples, adaptées à la nature des cheveux (gras, secs ; lisses, frisés…), leur couleur (blond, brun, …), l'âge (enfant, adulte) et encore plein d'autres critères (cheveux colorés, produit naturel, …). Cette « sophistication » progresse sans cesse et le linéaire des shampooings s'allonge, ressemblant de plus en plus à une mosaïque de couleurs et d'étiquettes.

De l'autre côté, le carburant reste quasiment un « mono-produit » avec tellement peu de variantes qu'il est facile de les citer : gasoil normal et « plus », super 95, super 98, super 98 plus, GPL. Soit donc nettement moins de 10 possibilités, et moins de 5 si l'on se limite à l'essence. Rien à voir donc. Essayez seulement de citer combien il y a de sortes de shampooings !

Pourtant il y a bien une segmentation croissante du marché automobile : là aussi comme pour le shampooing, on affine sans cesse la finesse de la segmentation. Alors pourquoi à ce client qui a choisi un 4x4, on ne lui propose pas un carburant « spécialement adapté » à un véhicule comme le sien ? Et à ce collectionneur de vieilles voitures, pourquoi ne pas lui proposer un autre carburant assurant une meilleure conservation des moteurs ?

Vous pensez qu'une telle approche serait difficile et que le client ne pas se laisser convaincre si facilement ? Oui, bien sûr, mais était-ce plus facile de nous convaincre que nous avions besoin de tant de shampooings ? Est-ce que l'on s'intéresse moins à nos voitures qu'à nos cheveux ?

Je ne crois pas. Tout ceci est le résultat du jeu des acteurs en place.

Pour le shampooing, L'Oréal, Unilever et Procter & Gamble – pour ne citer que les plus grands – ont investi continûment pour nous convaincre de la pertinence de leurs propositions. N'ayant pas de barrières à l'entrée en amont, ayant à leur tête des dirigeants de culture marketing et commerciale, ils ont donné la priorité à la diversification produit et à la création de capital de marques. Résultat : plus personne « n'oserait » se laver les cheveux avec un savon…

Pour le carburant, Esso, Shell, Total et les autres ont centré leur action sur l'industrialisation de la distribution : standardisation du produit et interchangeabilité entre marques. Disposant des barrières à l'entrée fortes en amont, ayant à leur tête des dirigeants de culture industrielle, ils ont donné la priorité à la simplification du produit. Résultat : la valeur de la marque produit est très faible et nous achetons quasiment indifféremment là ou ailleurs.

Ces deux stratégies étaient pertinentes et adaptées à la logique des acteurs en place. Elles étaient possibles compte-tenu des contraintes.

Ainsi un marché est d'abord le résultat de ce que l'on a fait : il est la sédimentation des efforts, des succès et des échecs.

15 juil. 2009

ON NE PEUT PAS GAGNER AU GO EN FAISANT DES PRÉVISIONS

Savoir se centrer sur ce que l'on fait

Regardons comment procède un bon joueur de go.

Puisque le damier est composé de 19 lignes et 19 colonnes, soit donc 361 intersections, et que chaque joueur a 180 pions, le nombre de combinaisons théoriquement possibles est considérable. 

L'incertitude est donc forte et cela fait bien sûr partie du plaisir du jeu.

Que fait un joueur ? Focalise-t-il son énergie sur le calcul de probabilités ? Essaie-t-il de limiter cette incertitude ? Cherche-t-il à modéliser les futurs possibles ?

Non, il se focalise sur ce qu'il peut faire, sur les pions qu'il pose. 

Il a en tête un dessin qu'il va chercher à mettre en œuvre : ce dessin est une perspective qui oriente ses choix, mais ne constitue pas une forme précise. Viser ce dessin est son dessein. 

Pion après pion, il est préoccupé par ses degrés de liberté : il cherche à construire un ensemble le plus solide possible et le plus résilient face à toute attaque.

Il ne se préoccupe pas vraiment de ce que fait son adversaire, ou, du moins, pas tant que cela ne vient pas entraver les fondements de son propre dessein.

In fine il gagnera par l'effet et la puissance de la forme qu'il a dessinée.

Pourquoi ne pas faire de même dans votre entreprise ?

Pourquoi vous épuiser à vouloir prévoir l'évolution de son marché ? 

Pourquoi construire des tableaux excel avec de multiples « macro » (ces fameuses règles de calcul « automatiques » qui vont tout actualiser et tout relier), et, à partir de la situation actuelle, itérer pour produire un futur théorique et représentatif uniquement des hypothèses mises ?

Et si, à l'instar du joueur de go, vous vous centriez sur ce que vous voulez et pouvez faire.

Et si vous cherchiez "simplement" à vous rapprocher de votre objectif tout en renforçant la solidité de votre entreprise face aux aléas, sa résilience ?

S'il faut fournir une prévision pour son marché – le monde financier vit encore dans l'illusion des prévisions –, un conseil : n'y passez pas trop de temps !

13 juil. 2009

A LA QUESTION « POURQUOI SOMMES-NOUS LÀ ? », LA MEILLEURE RÉPONSE EST « PARCE QUE NOUS SOMMES LÀ ! »

Pourquoi des pourquoi ?

Nous éprouvons constamment le besoin de savoir pourquoi nous sommes là et pas ailleurs.

Cette question, qui prend rapidement des dimensions métaphysiques, n'est pas seulement présente dans le tréfonds des dépressions individuelles, elle est aussi là dans bon nombre de séminaires stratégiques se penchant sur « le comment et le pourquoi » des grandes entreprises – je le sais pour y avoir été ! –.

Questions sans fin, gouffres des interrogations, enchainements des pourquoi et des « et si »…

Depuis six mois, je viens d'entreprendre un « voyage » parmi les mathématiques du chaos, la théorie des cordes et les nouvelles visions de l'évolution. J'ai aussi fait un détour par quelques lectures d'écrits philosophiques et bouddhistes. Mon blog en a été un peu le journal, et si vous m'avez lu, ne serait-ce que de temps en temps, vous en avez été le témoin.

De tout cela, j'en ressors avec la conviction que le vrai moteur de notre monde, et donc de nous vivants, est l'accroissement de l'incertitude.

Je perçois comme cela peut être perturbant. J'aurai l'occasion dans un livre à venir de développer ce point, mais, pour l'instant, merci d'en accepter le raccourci – si vous le désirez, n'hésitez pas à utiliser les commentaires pour vous insurger contre ce que je dis ou me demander de préciser mon propos.

Et donc pourquoi sommes-nous là ? Eh bien la réponse est facile : parce que nous ne sommes pas ailleurs. Étant là, comme l'ubiquité n'existe pas, nous n'avons pas d'autre choix, d'autre alternative. Il n'était pas écrit que nous devions être là, il n'était pas écrit que, un jour, un insecte percerait une peau et donnerait naissance au moustique (voir « Pourquoi le moustique pique-t-il ? »), mais comme c'est arrivé, c'est ce qui existe.

Nous n'étions pas un présent nécessaire, mais seulement un parmi les possibles… et c'est ce qui est arrivé.

Pourquoi sommes-nous là ? Parce que nous sommes là. Et rien de plus…

Réapprenons à ne pas trop nous poser les questions inutiles et concentrons sur l'endroit où nous nous trouvons et sur les possibilités présentes et sous-jacentes. Sans raison claire, tout ceci me rappelle mon voyage en Inde de l'été dernier et la rencontre avec ce joueur de musique perdu au milieu d'un paysage de dunes…