8 févr. 2016

PRENDRE LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR ET METTRE EN PERSPECTIVES LES ÉVOLUTIONS EN COURS

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (2)
Seulement pour amorcer une telle révolution copernicienne, faudrait-il encore avoir pris le temps d’approfondir la compréhension des logiques et des forces qui sous-tendent l’évolution de notre monde : ne plus faire du zapping intellectuel ; ne plus s’appuyer sur une connaissance superficielle et acquise depuis des bureaux toujours situés à quelques hectomètres de la Seine ; se plonger dans le temps long, celui dans lequel baigne l’histoire de l’humanité, et secondairement celle de la France, pour avoir une chance de percevoir pourquoi aucune potion ne peut être magique.
Drôle de pari, me direz-vous, que de vouloir éclairer le temps nécessairement court des politiques par des temps longs : à quoi bon savoir où va un fleuve et d’où il vient, quand on ne va naviguer qu’entre deux ponts ? Du temps perdu ! Restons focalisé sur l’instantané, sur la distance par rapport à la rive, sur la présence ou non d’un récif, sachons éviter ce tourbillon menaçant et saisir ce courant porteur, et tout ira bien. Telle est la logique de la pensée politique : elle ne s’intéresse ni d’où nous venons, ni où nous allons, mais juste à la vague immédiate. Son expertise historique ne porte que sur comment gagner ou perdre une élection. Autocentrage des politiques.
Un des premiers objectifs de cet essai est de montrer que c’est une erreur, car c’est au contraire en comprenant d’où l’on vient et où l’on va, que l’on peut s’inscrire efficacement dans un courant ou s’y opposer. Sinon, tout action est vaine et on est ballotté par les évènements. Sans vision, l’agilité est dangereuse et contreproductive : elle n’est qu’agitation. L’hyperactivité de Nicolas Sarkozy a bien peu construit, la passivité optimiste de François Hollande non plus. Une troisième voie est possible et nécessaire.
Compréhension du passé, analyse dynamique de la situation et identification des futurs possibles sont indissociables : mettre en perspective le présent, se donner des clés de lecture, identifier les ruptures, actualiser sa compréhension, trouver des marges de manœuvre, s’engager, faire des choix responsables. Sans cela, les politiques jouent au loto l’avenir de l’humanité.
Une des clés que je vais vous proposer est l’acceptation de l’incertitude : non seulement elle est irréductible, mais son accroissement s’accélère. Autre clé, celle de l’émergence d’un monde tissé de connexions fines et multiples, où les limites se fondent et s’effacent, où la proximité n’est plus tant spatiale que sémantique et intellectuelle : mon proche n’est plus seulement mon voisin physique mais souvent celui avec qui je vibre à distance. Drôle de toile dans laquelle les gestes et les mouvements des politiques s’emmêlent, comme des insectes pris au piège d’un monde qui les dépasse.
(à suivre)

5 févr. 2016

RICHE DE LA CONFUSION

Compost
En moi, tout se télescope. 
Je ne suis un que par confusion, mélange, mixture.
Seule l’analyse abstraite sépare, ordonne, explique. 
En moi, il n’y a rien à part un melting pot, 
Je ne suis qu’un compost.
Mes terres de Provence sont indissociables de celles croisées en Inde,
Les murs en pierres sèches riment avec le jardin zen de Hampi,
Les ciels et les sols se réunissent.
La vie naît de ces percussions et ces dissolutions.
J'émerge de la diversité, des connexions et des échanges avec le reste du monde.

3 févr. 2016

NON LA SOLUTION NE PEUT PLUS VENIR D’UN CHEF OMNISCIENT ET OMNIPOTENT

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (1)
Maintenant, voici en 5 billets, l’introduction de mon livre :
Ah, si le monde fonctionnait selon les principes d’une recette de cuisine, comme tout serait simple ! Un monde bien prévisible, où il suffirait de choisir les bons ingrédients et de suivre les indications fournies pour obtenir à chaque fois le même plat, celui qui correspond à la photographie dans le livre.
Quand j’écoute les hommes politiques, participe à leurs réunions, ou échange en direct avec eux, je vois que c’est à cela qu’ils rêvent tous : une pincée de TVA en plus ou en moins, le mélange savamment dosé de trois taxes précédemment autonomes, la fusion de ces deux agences, un plan pour la relance de telle ou telle industrie, de nouvelles aides fiscales pour le logement, la nième refonte de l’apprentissage de la lecture… et le miracle devrait surgir ! Comme dans un tour de magie, les lapins de la croissance, de la chute du chômage et du bonheur social vont surgir du chapeau du Maître Queux. 
Car autre caractéristique bien française, chacun de nos politiques se sent l’âme d’un grand chef : non seulement, ils s’imaginent capables de maîtriser l’incertitude, mais ils se voient en un Paul Bocuse ou un Alain Ducasse de la politique. Un sauveur, un homme miracle. À leur décharge, la nostalgie du Général de Gaulle rivalise dans les couloirs de notre démocratie avec celles plus lointaines de Napoléon ou de Louis XIV, quand ce n’est pas de Vercingétorix.
Bref si cela ne va pas aujourd’hui en France, c’est soit parce que l’on n’applique pas la bonne recette, soit parce que le chef n’est pas le bon, ou le plus souvent dans l’esprit de tous, à cause des deux. Car c’est bien ce que l’on attend d’un grand chef : trouver et appliquer la bonne recette. Même Marine Le Pen prend des élans gaulliens, quand elle ne s’incarne pas en une Jeanne d’Arc mâtinée d’une Astérix en jupons partie à la reconquête du monde. Le soir, dans les tréfonds de la cuisine de l’hôtel particulier familial à Saint Cloud, je l’imagine avec son Panoramix de père, en train de concocter une potion magique. Du moins jusqu’à un passé récent… Tous des sauveurs quoi !
Mais est-ce bien raisonnable de penser et d’agir ainsi ? Comment croire que, dans notre monde hypercomplexe, la solution pourrait venir d’en haut, d’un chef accompagné d’un aéropage fusse-t-il le plus compétent ? La France s’est certes construite grâce à la centralisation et une conception jacobine du pouvoir, mais ne serait-il pas temps de comprendre qu’il faut changer de paradigme ? Ne faut-il pas renverser la table pour ne pas être emporté par les mouvements en cours ? N’est-il pas urgent de redonner la parole à nos territoires et de bâtir notre avenir collectif sur un logique ascendante ?
(à suivre)

1 févr. 2016

« FRANÇAIS, RÉCONCILIONS-NOUS POUR SERVIR »

2017 : le Réveil Citoyen - Préface de Jean-Christophe Fromantin
Jean-Christophe Fromantin, député des Hauts-de-Seine et maire de Neuilly-sur-Seine, a préfacé mon nouveau livre, « 2017 : le réveil citoyen ». Sa préface donne le ton : l’urgence de l’action ! La voilà in extenso :
« Français, réconcilions-nous pour servir » disait Antoine de Saint-Exupéry en 1942. Ce double appel à la réconciliation et à la mobilisation au service de la France devrait tous nous inspirer.
Les défis que la France doit relever imposent à chacun d’entre nous de prendre réellement conscience de la nature des enjeux et de nous poser la question de ce que nous pouvons faire. Car, la situation dans laquelle nous sommes tient autant de notre démobilisation face aux responsabilités politiques que de l’absence d’engagement de ceux qui nous gouvernent. 
Le monde politique est devenu hors sol. Les partis politiques ne jouent plus aujourd’hui leur rôle constitutionnel de concourir à l’expression du suffrage. Ils défendent les intérêts personnels et corporatistes de leurs membres. En fonctionnant en vase clos, ils ont empêché le renouvellement nécessaire pour capter de nouveaux talents et adapter la France aux contingences d'un nouveau monde. Hermétiques, ils n'ont pas su mobiliser les compétences dont notre pays a besoin pour relever les défis complexes du XXIème siècle.  
Les institutions sont verrouillées par l’enjeu présidentiel : l’hyper-présidentialisation et la sur-médiatisation ont fait de l’élection présidentielle une obsession, un feuilleton retransmis en continu dans les médias. Les primaires raccourcissent encore les délais déjà amputés par le quinquennat. La personnalisation de l’enjeu et l’accélération du temps électoral ne favorisent ni les ambitions collectives sur la durée, ni l’audace, ni les réformes d’ampleur et de long terme, dont notre pays a besoin.
Les élections sont préemptées par les états-majors parisiens. Les scrutins territoriaux sont vidés de leurs enjeux locaux, dévitalisant tout espoir de démocratie locale, privant ainsi les Français de débattre des projets de leurs territoires. La réaction des Français est violente: les trois-quarts d'entre eux choisissent l'abstention ou la réaction et dénoncent ainsi ce détournement de la démocratie au profit d'une caste politicienne totalement déconnectée des réalités.
Les défis à relever appellent des actes courageux, visionnaires et modernes. L’avenir de la France ne peut être détourné par quelques professionnels de la politique dont l’accumulation d’erreurs ou de non-choix au cours des trente dernières années est une des principales causes des grandes difficultés actuelles que nous connaissons. Nous ne pouvons pas continuer avec les mêmes dont les promesses, la main sur le cœur, n’opèrent plus. 
C’est la raison pour laquelle nous ne devons pas laisser passer l’échéance de 2017 qui sera une année décisive pour l’évolution de notre pays. Le renouveau viendra des Français. Le réveil citoyen est consubstantiel de cet élan dont notre pays a besoin.
Pour activer ce réveil, chacun d’entre nous devra prendre une responsabilité. Celle de réagir et de se mobiliser plutôt que de critiquer et de se résigner. Mon exemple de réveil citoyen à Neuilly, en réaction au parachutage d’un candidat, sans être un modèle, montre que, malgré l’hostilité du système, le renouvellement, gage du renouveau nécessaire, c’est possible ! A nous de redonner à nos institutions démocratiques leur sens initial : "le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple".

29 janv. 2016

LES MOUCHES SE CACHENT-ELLES POUR MOURIR ?

Vie, mort et inégalités…

Chaque année, c'est la même chose : quand je rouvre les pièces du haut de ma maison en Provence – là où « les chênes naissent égaux mais cela ne dure pas » –, je trouve comme un cimetière de mouches. Étrange.

Il y a probablement des raisons banales, liées à la vie des mouches, mais je me plais à imaginer comme une volonté d'y venir mourir. Comme un cimetière des éléphants version insecte. Ou un Bénarès du pauvre.

Peut-être que dans la mythologie des mouches, venir mourir dans cette pièce cachée et fermée tout l'hiver est un aboutissement, un nirvana terminal. Qui sait ? Que le premier qui a déjà parlé à une mouche m'affirme le contraire…
Prosaïquement elles vont finir dans le ventre d'un aspirateur…

Quant aux chênes, ils vont bien, merci.
Leur parcours inégalitaire se poursuit. Comme aurait pu l'écrire Spinoza, certains sont sur le bon chemin des rencontres adéquates et s'en trouvent renforcés ; d'autres vont de rencontres inadéquates en rencontres inadéquates, de tristesses en tristesses et survivent comme ils peuvent…

Les mouches meurent là où elles peuvent, les chênes apprennent à vivre là où ils sont, life goes on...

27 janv. 2016

ENFIN LIBÉRER TOUS LES FAIZEUX

2017 : le Réveil Citoyen – La nécessité d’une refondation
Pour poursuivre la présentation de mon livre, voici un court article qui résume son propos : 
Ah, si le monde fonctionnait selon les principes d’une recette de cuisine, comme tout serait simple : il suffirait de choisir les bons ingrédients et de suivre les indications fournies pour obtenir à chaque fois le même plat. C’est à cela que rêvent les politiques, et tous se sentent l’âme d’un maître queux, d’un homme ou d’une femme miracle. Même Marine Le Pen prend des élans gaulliens, quand elle ne s’incarne pas en une Jeanne d’Arc mâtinée d’une Astérix en jupons partie à la reconquête du monde. Tous des sauveurs quoi ! 
Mais comment croire que la solution pourrait venir d’en haut, fût-il le plus compétent ? Comment serait-ce possible dans un monde tissé de connexions multiples, où l’incertitude est irréductible, où les limites se fondent et s’effacent ? Non, tous s’entravent dans la toile mondiale, comme des insectes pris au piège d’une complexité qui les dépasse. 
Autre caractéristique de nos maîtres queux, ils s’intéressent peu au comment et détestent dire à l’avance ce qu’ils vont faire. « Un programme pour être élu ; pour le reste, on verra après », se murmurent-ils au quotidien. Comme si l’intendance suivait toujours... 
Imaginez un candidat à la reprise d’une entreprise qui serait incapable de présenter un quelconque plan d’action : « Faites-moi confiance et en trois ans, je doublerai le chiffre d’affaires. Comment ? Vous verrez bien ! ». Tels sont nos politiques : ils nous demandent un chèque en blanc. 
À contre-courant, voilà selon moi l’objectif essentiel : s’intéresser non pas à comment être élu, mais à ce qu’il conviendrait de faire si jamais on l’était. Avec l’idée absurde que c’est ainsi qu’il faut raisonner, et que c’est peut-être aussi la meilleure façon d’être élu ! 
Et ne nous trompons pas, il y a urgence : la révolution numérique déferle. Si la France n’amorce pas rapidement une transformation profonde, si elle reste lestée d’une dette qui ne fait que s’accroître, si elle continue à dépenser inefficacement l’argent public, si elle conserve des organisations rigides et pyramidales, elle sera emportée par le tsunami qui s’annonce. Comme le chêne de la fable, elle sera déracinée par la tempête qui arrive. 
Réveillons-nous quand il en est encore temps : nous avons tout pour réussir, mais être champion dans un monde en compétition ne se fait ni sans effort, ni en regardant le futur dans un rétroviseur. Ayons le courage de nous remettre en cause et de repenser notre projet collectif, de sortir du tas de spaghettis entremêlés de nos organisations collectives, de comprendre que la vie est dans l’échange et la mort le rendez-vous certain de la fermeture.
Les évènements tragiques de 2015 montrent la nécessité de stopper la désintégration en cours et d’accroître notre capacité à agir : 
- Refuser de laisser le chômage gangréner notre société et l’éducation ne plus être le ciment du vivre ensemble, 
- Refonder nos institutions pour ne plus laisser les coûts déraper, et notre souveraineté et notre marge de manœuvre être entamées,
- Converger vers nos voisins européens pour construire avec eux des politiques communes car nous ne pourrons pas faire face seuls aux enjeux et risques mondiaux,
- Associer la jeunesse et les citoyens pour cesser d’avoir des politiques coupés de la société réelle et incapables de changer ce qui devrait l’être.
Il est plus que temps d’agir. "2017 : Le réveil citoyen" est tout à la fois un invitation à cette prise de conscience, une amorce de diagnostic et une proposition de chemin pour agir. 
Alexandre Jardin avec son mouvement Bleu Blanc Zèbre en appelle à voir se multiplier les faizeux. Avec "2017", j’en appelle à une transformation réelle et profonde de nos institutions collectives pour libérer tous les faizeux, et multiplier la puissance et l’efficacité de chacun d’eux.
Chiche ?

25 janv. 2016

IL EST PLUS QUE TEMPS D’AGIR : 2017 DOIT SONNER LE RÉVEIL CITOYEN

2017 : le Réveil Citoyen – 4ème de couverture
Mon nouveau livre est maintenant disponible, donc il est temps de le présenter. Pour commencer, voici le 4ème de couverture en guise d’apéritif.
Si la France n’amorce pas rapidement une transformation profonde, elle sera emportée par les tsunamis en cours : « ubérisée » par les ruptures qui se propagent, comme le chêne de la fable, elle cassera. Pourtant elle a tout pour être un champion aux temps de la connexion globale… à condition de sortir vite de sa dépression actuelle. 2017 est l’échéance à ne pas manquer !
Située à la proue de l'Europe, dotée d'espaces disponibles, d'un climat durablement favorable et d'une population jeune et dynamique, irriguée d'un patrimoine culturel incontestable, la France est encore riche de grandes entreprises insérées dans le commerce mondial et de start-ups technologiques à la pointe dans les mathématiques – science-clé dans le monde de l'information.
Ce qui la menace au premier rang n’est pas un péril extérieur, mais son mal-être actuel : entravée par le tas de spaghettis de ses institutions collectives, elle est habitée par une dépression qui nourrit peurs et regrets, et se nourrit d'eux.
Les évènements tragiques de 2015 montrent la nécessité d’accroître notre capacité à agir et de stopper la désintégration en cours :
– À force de laisser le chômage gangréner notre société et l’éducation ne plus être le ciment du vivre ensemble, notre société est malade de ces deux cancers.
– À force de ne pas avoir entrepris une réelle refondation de nos institutions, nous en avons laissé déraper les coûts et compromis l’efficacité, entamant notre marge de manœuvre présente et future.
– À force de diverger vis-à-vis de nos voisins, nous avons rendu de plus en plus difficile la construction de politiques communes. Or, il est illusoire de croire que nous pourrons faire face seuls aux enjeux et risques mondiaux.
– À force de ne n’associer ni la jeunesse, ni les citoyens, les responsables politiques se sont coupés sans cesse davantage de la société réelle, et ne sont plus en situation de changer ce qui devrait l’être. 
Il est plus que temps d’agir : 2017 doit sonner le réveil citoyen.
Ce livre est tout à la fois un appel à cette prise de conscience, une amorce de diagnostic et une proposition de chemin pour agir.

22 janv. 2016

COMMENT VIVRE CELLE QUE L’ON EST ?

Un moment de grâce
Elle flotte, elle toise, elle survole. Elle est belle, riche, insolente. Elle regarde le monde de haut, ou plutôt de côté car elle n’est qu’une façade. Un écueil passé, un moment où sa vraie nature avait pris le dessus, a laissé des cicatrices, mais alors elle est retournée dans le rang. Il fallait bien pour sa fille, les apparences et la société.
Finalement elle tourne, prisonnière des rails de sa vie comme ce train qu’elle va acheter pour Noël. Drôle de cadeau pour une fille. Mais ce n’est pas tant à elle qu’elle veut offrir un témoignage d’amour, mais à la vendeuse qui lui a dit en être passionnée. 
Il a suffit que leurs regards se croisent pour que la fissure ressurgisse et, petit à petit, finisse par tout emporter. 
A quoi bon en effet circuler sur des rails qui ne sont pas les siens. Simplement avoir le courage de se remettre en cause n’est jamais si simple. Comprendre que se battre pour avoir la garde de son enfant en renonçant d’être celle qu’elle est et vivre loin de celle qu’elle aime n’a pas grand sens. 
Finalement elle lâche prise pour se laisser être emportée… et enfin sortir des rails pour ne plus tourner en rond.
Nous suivons le chemin de Carol sans voyeurisme. Tout est pudeur. Des regards, une main qui s’attarde sur une épaule, des cigarettes fumées nerveusement, des doigts qui s’accrochent, un appareil photo qui est le miroir de notre regard.
Que vous dire de plus… à part de vous conseiller vivement de trouver les deux heures nécessaires pour plonger sans réserve dans les pas de Carol.

20 janv. 2016

CRÉER DE LA VALEUR EST UNE AFFAIRE D’ATTENTION

La création de la valeur comme le bonheur sont là juste devant nous … à condition que nous fassions suffisamment attention.

Extraits de « Bonheur et création de valeur » de Bernadette Babault (2002 - document d'origine en anglais « Happiness and Value Creation ») : 

« Les entreprises et les hommes sont prises dans un piège tendu par un malentendu similaire : les entreprises veulent créer de la valeur, les hommes du bonheur. Nous sommes convaincus que c'est notre but, aussi voulons-nous le faire arriver volontairement. Le malentendu est que, si c'est bien notre but d'atteindre bonheur et création de la valeur, ce n'est pas quelque chose que nous avons à faire advenir. Il est déjà là devant nous ; ce qui nous rend aveugle est notre besoin de le voir volontairement…
La création de valeur arrive partout et tout le temps. C'est un processus fait d'ajustements locaux et de coévolutions… Et ce qui prend une voie ou une autre est bien au-delà des procédures écrites, et ainsi restera invisible aux systèmes d'évaluation. Le système conscient d'une organisation ne peut pas saisir de quoi il est fait. Le management peut voir les résultats, définir des structures, des systèmes et des stratégies et vérifier que les buts sont atteints. Il peut sentir que quelque chose manque dans le paysage, mais il ne peut pas combler ce manque…

Mon approche du conseil est maintenant d'encourager les managers à observer « ce qui est là »… Observer une organisation sereinement et consciemment consiste à écouter des histoires sans les juger...

La première fois que des dirigeants sont encouragés à s'informer sur les situations quotidiennes sans réagir, ils sont sceptiques : « Je suis supposé avoir une opinion, une réponse, autrement pourquoi serais-je le patron ? »… Un PDG m'a dit un jour : « J'incarne la création de valeur ». Quel fardeau !...
Il faut de la compassion et de la patience pour rester attentif sans réagir, mais c'est aussi très gratifiant. Il faut de la force pour voir quelqu'un dans la douleur et résister à la tentation de l'aider, de lui proposer une solution, ou de s'excuser… On suppose que ne pas s'inquiéter est montrer que ce n'est pas important. Or être présent sans s'inquiéter, c'est dire sans aucun mot que « non seulement c'est important pour moi, mais j'ai aussi assez confiance en toi pour te laisser t'en sortir tout seul »…

Pendant que les autres décident où ils veulent aller avant d'embaucher des managers, les grands dirigeants (selon le dernier livre « Good to Great » de Jim Collins) embauchent des managers avec qui ils sentent qu'ils peuvent s'embarquer quel que sera le voyage à faire. Ils cherchent d'abord à avoir les bonnes personnes dans le bus, plutôt que savoir où va le bus. »

18 janv. 2016

CIEL J’AI VU UN UVLI

Quand la réflexion sur les scénarios de sortie de crise fait appel aux OVNI revisités par Madame Irma.

« Finalement, on peut classer les scénarios de sortie de crise en 4 familles, disait un expert lors d'une conférence sur la sortie de crise de 2008. Ce sont :
  • U : D'abord une chute rapide, puis une récession qui dure quelques années et ensuite la reprise. Dans ce scénario, on devrait sortir progressivement de la crise au mieux à partir de 2011. Et rien ne dit que nous ayons déjà fini la chute…
  • V : Là, la chute rapide est suivie immédiatement du rebond. C'est le scenario avancé par le gouvernement. A noter une variante, le W. Dans ce cas, on peut enchainer des crises…
  • L : Moins « optimiste » celui-là. Un scénario, disons à la japonaise. Nous nous installons durablement dans la récession, sans perspective de reprise…
  • I : Le pire. Là, la chute est sans fin…
Maintenant quelles sont les probabilités de ces scénarios ? En faisant la synthèse des prévisions et discours actuels, j'arrive à 40% pour le U, 20% pour le V, 30% pour le L et 10% pour le I. » Silence dans la salle et il commente : « Oui mais je pense que les 10% du I sont un peu surestimés, je pencherais plutôt pour 5%. »

Résumons donc la démarche de cette « expert » dont je viens de refléter exactement les propos :
  1. On peut calculer la probabilité d'un scénario de sortie de crise.
  2. La méthode proposée est de faire la moyenne pondérée du nombre de fois où un scénario est proposé (est-ce seulement en nombre ou en tenant compte du « poids » de l'expert ?) pour trouver cette probabilité.
  3. In fine, on a le droit au feeling de changer une probabilité parce que l'on sent plus ou moins un scénario.
Donc finalement c'est une version revisitée des prévisions de Mme Irma. Voilà un candidat pour le césar du fromage de tête dont j'évoquais le lancement possible dans mon article d'hier (voir « A qui décerner le césar du fromage de tête »).
Et puis tout à coup la lumière m'est apparue : cet expert en mal de repères avait dû avoir une vision. Il suffisait de relier ces 4 lettres pour comprendre qu'il avait vu passer un UVLI, la version « économique » de nos OVNI, une soucoupe volante de la prévision, un extra-terrestre sauveur et visionnaire.

En poursuivant sa logique, on voit que les anglo-saxons sont beaucoup plus optimistes : eux, ils parlent d'UVO (qu'ils ont dérivé des UFO). Ils ont donc éliminés les deux scénarios les plus pessimistes – les L et I – pour le remplacer par le O.
Quel est la logique de ce O ?
Facile, il exprime simplement que tout est dans tout et réciproquement. Ou encore que plus cela change, plus c'est pareil. Une traduction du retour aux origines et de la boucle sans fin du temps.

D'un seul coup, je me suis réveillé de ma rêverie pour me rendre compte que « l'expert » s'était rassis depuis un bon moment et que ce n'était plus lui qui parlait, mais Edgar Morin.
« Si je prolonge les tendances actuelles, nous allons dans le mur et les probabilités de la crise sont catastrophiques.
Finalement, je ne vois qu'une raison essentielle d'espérer : la possibilité de l'improbable. Pourquoi l'improbable peut arriver ? Parce que les crises réveillent les capacités créatrices. »
La vision du cygne noir comme solution…
Alors j'ai eu un éclair : Edgar Morin venait génialement de balayer tous les calculs de probabilité et de trouver un nouveau scénario de sortie de crise, le scénario Z.
Z comme Zorro, le vengeur masqué qui arrive quand on ne l'attend pas, quand on n'y croît plus.
Ce scénario Z, celui de l'improbable et de l'inconnu, pourrait être effectivement le bon !